Sous-lieutenant Adolphe Pégoud
Mise à jour le 25 septembre 2017
Dans le cadre de notre 37ème Salon Toutes collections, les Cartophiles & Collectionneurs du Territoire de Belfort ont proposé une exposition sur le Centenaire de la Première Guerre Mondiale et mis à l’honneur trois militaires ayant accompli un fait historique au cours de ce conflit.
Découvrons l'un d'entre-eux, l’aviateur…
Adolphe Célestin Pégoud est né le 13 juin 1889 au hameau de Griffon sur la N75 à 2 kilomètres au sud du village de Montferrat (commune de l’Isère, au nord de Voiron). Il est le troisième enfant d’une famille d’agriculteurs, d’Etienne Pégoud et de Marie née Edant; ses deux autres frères aînés se prénommaient Régis François né en 1879 et Alphonse Marie né en 1888.
Carte postale de la maison où est né Adolphe Pégoud
Après son certificat d’étude obtenu en 1901 à l’âge de 11ans, ne voulant ni poursuivre ses études ni suivre les pas de son père comme cultivateur, il est placé chez un parent boucher à Virieu, village à une vingtaine de kilomètres de la maison familiale.
Epris de liberté, à peine âgé de quatorze ans, il rejoint Paris où il effectue de multiples petits métiers. Il sera sinon pris en charge, mais adopté par le couple Albert Crémot et sa femme. Ils furent sa seconde famille et le considérèrent comme l’enfant qu’ils n’avaient pas eu.
Pégoud s’engage
Il s’engage le 8 août 1907, ayant eu ses 18 ans, comme cavalier au 5ème régiment de chasseurs d’Afrique pour cinq ans. Il embarque à Marseille pour rejoindre son régiment en Algérie et y faire ses classes à Mustapha.
Carte postale de la caserne du régiment à Mustapha (Algérie)
En mai 1908, il demande à être affecté à Casablanca puis au Camp de Boucheron où il prend part à la campagne du Maroc. Atteint par la fièvre paludéenne, il est évacué sur l’Algérie le 23 juillet puis rentre en France le 23 janvier 1909 avec la médaille commémorative du Maroc avec agrafe ''Casablanca''.
Carte postale Maroc Camp de Boucheron (1907-1908)
Après un passage au 12e Régiment de Hussard à Gray, il rejoint l’année suivante le 3ème Régiment d’Artillerie Coloniale à Toulon où il obtient le grade de brigadier.
Carte postale Toulon Caserne de l´Artillerie Coloniale
Lors de ce passage, il fait une rencontre qui va répondre à sa soif de liberté, il s’agit du Capitaine Louis Victor Carlin (1) qui va lui transmettre une autre fièvre, celle de l’aviation. En octobre 1911, il effectue son 1er vol avec le pilote au Camp de Satory près de Versailles.
Retour à la vie civile
Il quitte l’armée en février 1913 et s’inscrit à l’Ecole de pilotage de Bron (près de Lyon), dirigée par le Capitaine Carlin pour y passer son brevet de pilote civil qu’il obtient le 1er (ou le 7) mars sur un biplan Maurice-Farman.
Carte postale du biplan Maurice Farman
Ce brevet, le numéro 1243, fut acquis sous le patronage du chef-pilote Louis Plantier, son instructeur. Il est fort probable que le montant des frais pour obtenir le brevet (800 francs) et le coût de l’assurance (1500 francs) en cas de casse, ait été payé par Albert Crémot, son mécène et père adoptif des années parisiennes.
Carte postale de l’aviateur Louis Plantier
Fort de son brevet, il rédige plusieurs lettres de motivation qu'il adresse aux pionniers de l'aéronautique devenus constructeurs d'avions dont la société REP (Robert Esnault Pelterie), inventeur de l’aileron en 1905 et du moteur en étoile en 1907) implantée à Boulogne-sur-Mer, ainsi qu'à la société de Louis Blériot qui fut le premier à traverser la Manche le 25 juillet 1909 et à la société de Gabriel Voisin titulaire du kilomètre bouclé en autonome (décollage et atterrissage) réalisé le 13 janvier 1908. C'est ce dernier qui l'embaucha... et le licenciera au bout d'une petite semaine ! Le courant n'était pas passé entre les deux aviateurs.
Cette première expérience ayant tourné court, il réussit à se faire embaucher après comme troisième mécanicien puis comme pilote d’essai chez Louis Blériot à Buc (commune des Yvelines, proche de Versailles).
Carte postale Buc Pégoud sur l’aérodrome Blériot
Saut en parachute
Conscient du nombre de pilotes tués ou gravement blessés, il fut volontaire pour tester le parachute plié avec son système d’ouverture automatique inventé par Frédéric Bonnet. La condition étant de sacrifier un aéroplane, ils achetèrent un vieux Blériot XI réformé pour que Pégoud puisse exécuter cet essai avec le parachute fixé sur la carlingue.
Carte postale des deux protagonistes Adolphe Pégoud et Frédéric Bonnet pour l’expérience du saut en parachute à partir d’un aéroplane
L’aérodrome Borel à Châteaufort (près de Versailles) fut le lieu de cette première, du moins de la première tentative de Pégoud le 16 août en fin d’après-midi. Après avoir posé devant les photographes, l’aviateur est sanglé d’un harnais de cuir lié au parachute étendu sur la carlingue de l’aéroplane. Le Blériot a du mal à prendre de la hauteur, l’aviateur déclenche le parachute et entame un piqué en coupant le moteur mais… le parachute ne s’est pas déployé ! Pégoud reprend les commandes et atterrit dans un champ.
Carte postale d’Adolphe Pégoud avant son vol
Après avoir effectué de nouveaux essais au sol, la deuxième tentative est prévue le 19 août en présence de la presse mais aussi d’une équipe des actualités cinématographiques Pathé. Le public s’est déplacé en nombre pour voir cet essai ainsi que plusieurs pilotes. Mais il était dit que cette deuxième tentative serait elle aussi perturbée ! Le maire et la maréchaussée vinrent interdire ce vol mettant en danger l’aviateur et le public. Tout de même un compromis fut trouvé pour permettre cette expérience en survolant la forte étendue de la propriété privée d’un riche homme d’affaires.
Carte postale de la préparation de l’aéroplane Blériot pour le départ
Vers 18 heures, Pégoud décolle et put atteindre une altitude d’environ 250 mètres, déclencher son parachute qui s’ouvre et rejoindre le sol sain et sauf. L’exploit est réalisé et s’ouvre l’ère du parachutisme en France à cette date du 19 août 1913.
Carte postale du second essai (et non du premier)
Lors de sa descente en parachute, Pégoud a constaté que son avion après plusieurs décrochages et embardées, avait à un certain moment retrouvé une certaine stabilité. Ce constat lui donna l’idée de réaliser ce type de figure en étant… dans l’avion.
Extrait de la feuille de timbres émis le 13 juin 2013 pour le 100ème anniversaire du 1er saut en parachute
Acrobaties aériennes
Dès le tout début septembre, l’aviateur, en présence de quelques personnes, se prépare à tenter un nouvel exploit sur le terrain de Port-Aviation à Viry-Châtillon près de Juvisy-sur-Orge (Essonne); il réalise le 1er septembre le premier vol avec l’avion retourné que lui avait confié Louis Blériot, sa tête en bas pendant quelques secondes.
Carte postale de la l’aviateur avec son Blériot XI avant le vol du 1er septembre
Mais il ne veut pas en rester là et le lendemain à Buc sous les yeux de représentants de l’aviation civile et militaire, il réitère l’exploit de la veille mais sur une distance beaucoup plus longue et en réalisant une vrille complète.
Image illustrée par Ray Lambert d’un vol sur le dos
Le 21 septembre 1913, c’est devant un large public qu’il reproduit ces figures en y ajoutant un looping (une boucle complète) confirmant ainsi le début de sa popularité.
Carte postale de Pégoud avec son départ pour un nouvel exploit
Un autre meeting eu lieu le dimanche 12 octobre, toujours à Buc, qui réunit des dizaines de milliers de personnes (plus de 200000 d’après la presse de l’époque) ce qui provoqua un bel embouteillage, déjà, sur la route menant de Versailles à l’aérodrome !
Carte postale de Pégoud avec son avion Blériot
Massée sur plusieurs rangs autour du terrain, la foule était là, voulant voir Pégoud réaliser ces figures invraisemblables même si à certains instants elle eut le souffle coupé quand l’aéroplane plongea vers la terre… mais l’aviateur redressa sa machine pour réaliser une autre figure. Pour tous, un souvenir inoubliable et pour l’aviateur une aura de plus en plus affirmée.
Carte postale allemande sur les figures effectuées par Pégoud
Fort de cette reconnaissance, il va parcourir l’Europe pour y effectuer des présentations comprenant des combinaisons de figures de plus en plus complexes… et susciter la passion pour cet oiseau mécanique. Sa tournée européenne passa par Londres en septembre 1913, Hambourg en octobre, Rotterdam en novembre, Gand en décembre, Prague en janvier 1914, l’Italie en février, de nouveau en Allemagne en mars, Moscou, la Roumanie, l’Autriche. Il était prévu de partir aux Etats-Unis mais un événement vint contrarier ce programme.
Ce fut lors de son passage en Roumanie, que le roi Carol 1er (Charles 1er en français) lui remit la Médaille de la Couronne.
Pégoud en guerre
Mais cette aventure sur les nuages prend fin le 2 août 1914 avec sa mobilisation à la défense du camp retranché de Paris comme pilote. Il est affecté à la place forte de Verdun le 14 août dans l’Escadrille HF 7. Elle est dotée d’aéroplanes Henry Farman et sous le commandement du Lieutenant Adrien Gauthier, pilote qui sera remplacé par le capitaine Henri Vaudein. Pégoud effectue des missions d’observation et de largage de bombes sur des cibles allemandes.
Carte postale de Pégoud pour largage de bombes avec son Blériot XI-2
Il reçoit sa 1ère citation à l’ordre de l’Armée le 9 octobre pour la réussite de ses missions et d’avoir été plusieurs fois mitraillé :
Il est nommé Caporal le 27 octobre 1914 et Sergent le 7 novembre; un pilote doit être sous-officier.
Carte poste de l’aviateur
En fin d’année, Pégoud à sa disposition deux avions son Blériot XI-2 et un des premiers chasseurs, un Morane pour combattre les avions allemands.
Photo du monoplan Morane-Saulnier type L
Fin janvier 1915, son escadrille est désignée pour aller s’installer à Sainte-Menehould, commune située entre Verdun et Reims, sous le commandement du capitaine Louis Quillien. Lors d’une sortie le 5 février, il mène plusieurs combats aériens contre des aviateurs allemands avec réussite puisqu’il abat deux avions, un Taube au dessus de Grand-Pré et un Aviatik C au-dessus de Montfaucon et oblige un troisième, un Aviatik C, à atterrir.
Carte postale Avion monoplan allemand Taube
Carte postale Avion biplan allemand Aviatik
Ces victoires lui ont permis de décrocher la médaille militaire pour sa deuxième citation par ordre le 17 février et d’obtenir le grade d’adjudant.
Les semaines qui suivent, sont le théâtre de nombreuses escarmouches entre les deux aviations mais les allemands préfèrent l‘esquive au combat. Le 3 avril, Pégoud peut accrocher tout de même deux avions allemands et les abattre, un biplace au-dessus de Somme-Bionne et un Aviatik C au-dessus de Chalon-sur-Saône.
Pour ces faits, il reçoit la Croix de guerre le 8 avril 1915.
Remise de la Croix de guerre à Adolphe Pégoud
Le 25 avril, l’escadrille MS 37 de Pégoud quitte Sainte-Menehould pour rejoindre Lure (Haute-Saône) où elle est affectée à des missions d’observation sur l’Alsace. Avec son nouvel avion, un Nieuport 10, il effectue plusieurs missions d’observation et de largage de bombes.
Avion Nieuport (Maquette Hobby au 1/48ème)
Lors d’une sortie, il essaie d’engager le combat avec un avion allemand qui préfère rejoindre ses lignes.
Le 1er mai, avec l‘escadrille MS 49 sous les ordres de Capitaine Constantin Zarapoff, il rejoint le Parc de Fontaine au lieu-dit ‘’Viot’’ et non à Belfort comme souvent écrit. Affecté à la chasse, il effectue principalement des missions d’observation car les avions allemands se font rares… Le 17 juin, le Général Thévenet, gouverneur de la Place de Belfort, vient rendre visite à l’escadrille pour rencontrer les pilotes, voir les appareils et prendre connaissance des résultats des missions avec les acteurs.
Le 11 juillet, Pégoud peut enfin accrocher un avion Aviatik allemand au-dessus d’Altkirch et le combat tourne à l’avantage du français.
Carte postale illustrée sur ses exploits militaires
Cette nouvelle victoire, sa 6ème complète son palmarès et la récompense ne tarde pas, il a été nommé sous-lieutenant de cavalerie le 15 juillet; il ne l’apprendra que dix jours plus tard ! La promotion n’avait certainement pas été convoyée par avion…
Une série d’emballages de sucre avec les Morane-Saulnier MS21 et MS30
Le Morane Parasol, le Blériot XI, le Nieuport 11
Une autre série dont le Blériot XI
Le 18 juillet, une troisième citation à l’ordrede l'armée en tant qu’As de guerre vient rejoindre son tableau de chasse. En voici le contenu :
"Adjudant Pilote à l’escadrille MS 49 ; seul sur son appareil, a engagé un combat avec un Aviatik puissamment armé et monté de deux passagers, l’a abattu à portée de nos lignes après une lutte très vive où il a fait preuve d’une audace et d’une habileté au-dessus de toute éloge."
Si la première quinzaine d’aout 1915 fut très pluvieuse et empêcha les sorties, par contre la deuxième quinzaine fut animée pour rester maître des airs. Le 28 août, il peut accrocher un ennemi équipé d’une nouvelle version d’Aviatik mais c’est lui qui est obligé de rompre le combat car son réservoir a été crevé par les balles allemandes. Le retour est difficile et marque la fin d’une supériorité reconnue de l’aviateur français.
Bande dessinée sur l’aviateur éditée en 2013 (dessin Thierry Boulanger)
Malgré cette défaite, il est proposé à l’obtention de la Légion d’Honneur au rang de Chevalier pour prendre rang du 28 août 1915 avec cette quatrième citation :
"Sous-lieutenant de Réserve à l’escadrille MS.49, d’un entrain et d’une bravoure au-dessus de tout éloge, aussi modeste qu’habile pilote, n’a pas cessé, depuis le début de la campagne, de mettre ses merveilleuses aptitudes au service de son pays. Accumulant journellement les traits de courage et d’audace, n’en est plus à compter les combats qu’il a engagés seul à bord contre des avions puissamment armés. Le 28 août, au cours d’un duel aérien, a eu son avion criblé de balles. Obligé d’atterrir, a pris aussitôt toutes les dispositions pour sauver son appareil, malgré un feu intense des batteries allemandes."
Le matin du 31 août, un avion allemand est repéré au-dessus de Montreux à destination de Belfort. Pégoud part seul pour l’intercepter. Il repère l’Aviatik et fonce dessus en lâchant une première bande de balles de sa mitrailleuse. Mais l’avion allemand piloté par le caporal Otto Kandulski accompagné du lieutenant Von Bilitz en tant qu’observateur et mitrailleur, était blindé.
Carte postale de Pégoud et de son mitrailleur
Le français revient à l’attaque après avoir rechargé l’arme mais il est pris dans un tir fourni de son adversaire dont une des balles fait mouche; elle atteint le cœur. Son avion part en piqué et s’écrase dans un champ à Petit-Croix, village à l’est de Belfort.
Photo des débris de l’avion et Pégoud encore au sol
De nombreuses personnes, ayant vu le combat et la chute de l’avion, se dirigèrent vers le lieu où devait se trouver l’avion. Il fut amené à l’hôpital militaire de Belfort par une ambulance, son corps enroulé dans un drapeau tricolore. Quand l’information sur ce drame fut diffusée, elle provoqua la consternation des civils et des militaires tant l’aviateur était aimé et ses exploits reconnus et admirés de toute l’Europe.
Après l’autopsie, son corps fut déposé à la chapelle de l’hôpital. Très rapidement, elle fut envahie de fleurs, de couronnes… venant de toute part.
Ancienne chapelle de l’hôpital peu avant sa démolition en 1977 (Photo BF)
NA : Elle était située devant l’actuelle Maison des Arts qui fut le dernier bâtiment construit de l’hôpital militaire le long de la Savoureuse.
Hommages à notre As de l’air
C’est le vendredi 3 septembre que les obsèques se déroulèrent à Belfort mais avec un retentissement national; la foule était massée le long du parcours entre l’hôpital militaire et le cimetière de Brasse.
Carte postale l’Hôpital Militaire
Avant de prendre la direction du cimetière, l’office religieux fut célébré dans la chapelle, par l’aumônier Stilz ancien vicaire de Saint Thomas d’Aquin, devant les autorités militaires et civiles. Puis l’abbé Pattinger, l’aumônier de l’hôpital militaire, prononça une allocution en l’honneur du pilote tué au champ d’honneur. Parmi les militaires, étaient présent le Général Demange, commandant de la région fortifiée de Belfort, le Capitaine Voisin, chef du service aéronautique de la X armée, qui souligna sa modestie, le Capitaine Zarapoff son dernier commandant… Parmi les civils, hormis le Préfet et le Maire de Belfort, M. et Mme Crémot étaient eux aussi présents pour prendre congé de leur ‘’fils adoptif’’.
Carte postale Le cortège dans le faubourg de Montbéliard
Ensuite le cortège s’est formé pour emprunter le faubourg de Montbéliard où était massée une foule venue rendre un dernier hommage à Adolphe Pégoud. Le cortège emmené par les aumôniers, était formé en tête par les couronnes portées par les mécaniciens de l’escadrille, suivi du cercueil de l’aviateur déposé dans un carrosse mortuaire accompagné des aviateurs, derrière l’un des deux mécanicien de Pégoud, Valentin, portait sur un coussin les médailles, venaient ensuite les autorités militaires et civils, puis la foule emboîtait le pas.
Carte postale Le cortège à l’entrée du faubourg des Ancêtres
Après avoir passé la place Corbis, le cortège pénètre dans le faubourg des Ancêtres pour rejoindre le cimetière de Brasse envahi par la foule.
Carte postale Le cortège à la sortie du faubourg des Ancêtres
Dans son enceinte, avant d’enterrer l’aviateur Célestin-Adolphe Pégoud, des derniers discours furent déclamés pour un énième hommage dont Henry Deutsch de la Meurthe (grand mécène pour l’aviation) qui rendit hommage ‘’au vaillant gaulois qui après avoir émerveillé l’univers, viens de tomber en soldat’’ puis ce fut le Président de l’Aéro-club qui souligna que les oiseaux étaient jaloux des prouesses de Pégoud.
Carte postale du cimetière de Brasse
Ensuite, le Capitaine Zarapoff rappela la bravoure de l’aviateur, toujours près à partir au combat, le Général Demange retraça son parcours courageux et sa passion pour le ciel, et le Capitaine Voisin souligna sa modestie malgré les succès acquis…
Cartes postales de la tombe et des couronnes
Les jours suivant, la tombe de Pégoud fut lieu de pèlerinage pour tous ceux qui voulaient lui rendre un dernier adieu.
Hommage toujours… mais de ses adversaires
Ayant seulement appris le lundi 6 septembre qu’il avait tué Adolphe Pégoud lors de ce combat du 31 août, l’équipage allemand revint sur les lieux et jeta une couronne sur Chavannes-sur-l’Etang. Elle était composée de mousse et de lauriers enlacés d’un ruban de moire blanche et portant le texte en lettres dorées :
Den im Kampfe
Für sein Vaterland gefallenen
Flieger Pegoud
Ehrt der Gegner
Traduction
A l’Aviateur Pégoud
Mort en combattant pour sa Patrie
Hommage d’un adversaire
Carte postale Couronne de l’aviateur allemand adressée à son feu adversaire
Le 18 mai 1916, l’adjudant Roger Ronserail (2) avec son mitrailleur Marius Monteil de l’escadrille C34 (Belfort-Fontaine), vengèrent Pégoud en descendant près de Mulhouse l’avion du caporal allemand Otto Kandulski. Cette victoire lui valut l’appellation de "Vengeur de Pégoud".
Carte postale de l’aviateur Roger Ronserail devant son avion
Montparnasse, un second enterrement
Les Amis de Pégoud souhaitent que l’aviateur soit enterré à Paris. Albert Crémot acheta dans cet objectif, le 19 février 1917, une concession perpétuelle au cimetière de Montparnasse. Après bien des discussions, il convint la mère d’accepter que son fils aviateur soit enterré à Paris et non sur sa terre natale de Montferrat comme souhaitait la famille.
En 1918, le journal L’Auto lance une souscription pour l’achat d’un buste, représentant l’aviateur Adolphe Pégoud, destiné au monument de sa tombe. Il fut réalisé par le sculpteur Jules-Prospère Legastelois (3).
Le 20 octobre 1920, le cercueil de Pégoud fut retiré de sa tombe au cimetière de Brasse de Belfort pour être transféré à Paris. Sa dépouille transita par l’église de Montgeron, commune située au sud-est de Paris.
Carte postale de l’intérieur de l’église de Montgeron
NA : Point d’attention, des personnes sont photographiées ce qui est rare pour les cartes postales.
La cérémonie solennelle des obsèques eut lieu à Notre-Dame devant un aréopage d’autorités civiles et militaires venant rendre un dernier hommage à l’aviateur mort aux champs d’honneur en 1915 dont une forte représentation de l’Aéro-club menée par son président André Michelin.
Le cortège (Photo Gallica)
Le cortège formé à destination du cimetière de Montparnasse, fut accompagné par une section du 22ème RIC (Régiment d’Infanterie Coloniale).
Carte postale du cimetière Montparnasse à Paris
Outre les discours du Vice-président de l’Aéro-club, le Comte de la Vaulx, du capitaine Pinsard et de M. Plandin, le sous-secrétaire d’état à l’aéronautique, la doyenne de la Comédie Française, Mme Caroline-Eugénie Segond-Weber lut un poème de René Berton.
J’aurais voulu, ce n’est qu’un rêve de poète,
Qu’on mit son corps sur son avion de combat,
Qu’on l’eut laissé monter, tout seul dans la tempête,
Si haut qu’il n’était pas possible qu’il tombât.
…
Image Guérin-Boutron sur Mme Segond-Weber et les 1er vers du poème
Sur la face principale du monument, sont inscrits
Adolphe Pégoud Aviateur
Né à Montferrat (Isère) le 13 juin 1889
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Mort pour la Patrie dans un combat aérien
A Petit-Croix (Alsace) le 31 août 1915
-------------------
Chevalier de la Légion d’Honneur,
Médaille militaire, Croix de Guerre,
Médaille du Maroc, Couronne de Roumanie
------------------
Soldat le 1er août 1914
S. Lieutenant le 18 juillet 1915
Sur les autres faces du monument, des textes sont inscrits rappelant les hommages du ministre de la guerre Paul Painlevé, des aviateurs Eugène Gilbert et Jules Védrines, le texte de sa 4ème citation à l’Armée du 28 août 1915, les remerciements aux souscripteurs.
Monument de Pégoud à Montparnasse (Photos Aérostèles)
Il y a aussi des paroles de l’aviateur avant son premier vol tête en bas près de Juvisy-sur-Orge (au sud-est de Paris dans l'Essonne), le 1er septembre 1913 sur la distance de 400 mètres :
"Si je meurs, ce ne sera qu'un aviateur de moins.
Si je réussis que d'existences précieuses conservées à l'aviation."
Hommage à Petit-Croix
Cette partie fait l’objet d’un autre article, pour la consulter : Cliquer ici
Hommage de Montferrat, sa ville natale
Sollicité par des entreprises, la municipalité de Montferrat accepta en 1920 d’édifier un monument aux morts place de l’église. Ce monument formé d’un haut piédestal avec l’aviateur Adolphe Pégoud en pied portant une capote et chaussé de bottes, fut acquis, en autres, par une souscription nationale. Aux pieds de l’enfant de la commune, une allégorie représente la France (une femme) tenant dans ses bras un soldat mort. Sur le monument étaient inscrits les 44 enfants de la commune morts pour la France.
L’inauguration se déroula le 23 juillet 1922 en présence d’une belle assistance dont la mère de l’aviateur et de plusieurs aviateurs.
Cartes postales du 1er monument aux morts et de Pégoud à Montferrat
En 1960, le monument ayant très mal vieilli, fut remplacé par un autre formé d’une stèle portant un médaillon réalisé par Eugène Quentric. Il fut inauguré le 3 juillet 1960.
Carte postale du 2ème monument aux morts et de Pégoud à Montferrat
Lors de la commande au sculpteur de ce nouveau monument, un buste sur Pégoud sur console fut acquis pour être installé à la Mairie.
Il fut inauguré le 1er décembre 1963.
Le buste (Photo Collection Musée Pégoud)
En 2012, lors de la création du musée, le buste rejoint ce nouveau dédié à l’aviateur à Montferrat.
Sous l’action du Comité Pégoud (créé en 1985), une stèle fut érigée en 1989 en mémoire de l’enfant du pays à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance. Elle fut réalisée par le sculpteur isérois Gilbert Primard.de Fitilieu. Elle est implantée proche de l’église du village.
Monument dédié à l’aviateur (Photos (Photos du Musée Pégoud)
Le 13 juin 2012, toujours sous l’action du Comité Pégoud, le Musée Pégoud fut créé dans des locaux mis à disposition par la municipalité de Montferrat.
Il recueille une véritable mine de documents (photos, courriers…) et d’objets de toute sorte (vêtements, maquettes, pièces d’avions…) rappelant l’illustre aviateur Adolphe Pégoud.
Salle d’exposition (Photos Collection Musée Pégoud)
Par contre il manque un objet insolite, une peluche, la mascotte de l’aviateur qui l’accompagnait pendant ses vols.
Il s’agit de son pingouin conservé au Musée de l’Armée aux Invalides.
Le pingouin (Photo Collection Musée de l’Armée)
Toujours à Monferrat, Auguste Pégoud à sa place.
Plaque d'idenfication de la place Célestin Pégoud
Mais aussi, un restaurant a mis à l'honneur l'aviateur ou inversement l'aviateur favorise l'attrait de la clientèle via l'enseigne '"Le looping de Célestin"...
Le restaurant "Le looping de Célestin"
Le 13 juin 2013, le timbre émis par La Poste pour le Centenaire du premier saut en parachute fut vendu en avant-première, à juste titre, dans la commune.
Timbre créé par Jame’s Prunier avec une gravure de Marie-Noëlle Goffin
Enveloppe 1er Jour émise à l'occasion de la sortie du timbre avec le cachet Montferrat
Les 7 & 8 septembre 2013, une manifestation s’est déroulée à Montferrat pour célébrer le centenaire des exploits de l’aviateur avec la participation de l’équipe de voltige aérienne de l’armée de l’air.
Affiche (Document du Musée Pégoud)
Affiche pour la manifestation reprise de la BD
Médailles et citations
Pour ces faits civils et militaires, l’aviateur Adolphe Pégoud reçut 4 citations et 5 médailles.
Mais il n’eut pas l’honneur de porter de son vivant la croix de la Légion d’honneur attribuée le 28 août à l’aviateur vaillant et audacieux.
Adophe Pégoud avec ses 4 premières médailles
Déjà que cette décoration lui était promise pour le 14 juillet 1914 pour le récompenser de ses exploits en tant que pilote civil, mais n’étant pas possesseur de son brevet militaire de pilote, cette attribution lui fut ajournée !
Carte postale avec le tableau de ses 5 médailles
Tableau reconstitué avec les médailles récompensant Adolphe Pégoud
Dans ce cadre sont regroupées les cinq Médailles acquises par Adolphe Pégoud : Militaire, Chevalier de la Légion d'honneur, Croix de guerre avec 4 palmes (citations), Commémorative du Maroc avec agrafe "Casablanca" et Couronne de Roumanie
Carte postale sur Adolphe Pégoud en 3 tenues différentes
NA : Pour terminer cet article en hommage à Adolphe Pégoud qui a préféré utiliser son deuxième prénom à Célestin, une petite anecdote… il fut un des premiers AS de la guerre sans avoir son brevet militaire…
Références : Livre ‘’Un héros dauphinois Roi de l’Air Adolphe Pégoud’’ (Germaine L’Herbier-Montagnon), le site officiel Adolphe Pégoud, Brochure ‘’Autrefois l’Aviation à Belfort’’ (André Larger), Brochure ‘’Hommage à Pégoud 15 mai 1982 (Le Souvenir Français), le site asoublies1914.fr, Journal La Frontière, Journal L’Est Républicain, nombreux sites…
JM
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Appendice
(1) Louis Carlin : Victor Edmond Louis Carlin est né le ??? Il obtient le grade de capitaine le 25 juin 1910 au 3ème RAC (Régiment d’Artillerie Coloniale) à Toulon.
Il obtient son brevet militaire (n°554) de pilotecourant 1912.
Photo Bibliothèque National de France
Il est nommé au commandement de l’escadrille n°4 basée Saint-Cyril qui participa aux manœuvres avec les six avions Deperdussin acquis par la souscription nationale. En septembre 1912, il est nommé chef du centre aéronautique d’Ambérieu (Lyon). En 1917, il est affecté en Indochine.
NA : Beaucoup d’incertitudes sur cet aviateur…
(2) Roger Ronserail : Né le 4 avril 1894 à Pau, fut un des AS de la guerre 1914-1918 de l’aviation française. Il s’est engagé le 2 décembre 1912. Il est mobilisé le 25 août 1914 au 286ème RIT (Régiment d’Infanterie Territorial) à Le Puy en Velay; au début de la guerre, chaque régiment créé un régiment de réserve en ajoutant un ‘’2’’ devant son numéro. Il obtient le grade de sergent le 11 décembre 1914. Il devient élève pilote le 9 mai 1915 et pilote le 15 septembre au RGA (Régiment du Génie de l’Air).
Il est rejoint l’escadrille C34 à Belfort le 26 février 1916 et venge Pégoud. Il devient adjudant le 15 janvier 1917. 7 victoires à son actif, il est détendeur de la Médaille militaire, de la Croix de Guerre et a fait l’objet de 5 citations.
Photo Wikipédia
A la fin de la guerre, il est démobilisé et avec son brevet en poche, il entra au Zoo Circus en tant que pilote publicitaire. Le 26 février 1925, il trouve la mort lors d’un spectacle d’acrobatie aérienne à Mont-de-Marsan; une aile de son biplan s’étant détachée, provoqua la chute de l’avion et sa destruction en percutant le sol. Il fut inhumé dans le cimetière de Mont-de-Marsan.
(3) Jules-Prosper Legastelois : Né le 24 mai 1885 à Paris, il fut un sculpteur et graveur français. Il avait étudié la sculpture avec Joseph Carlier (1849-1927) et la gravure de médaille avec Eugène Levasseur (1822-???) et Georges Tonnelier (1858-???). Il a beaucoup travaillé pour la Monnaie de Paris en réalisant de nombreuses plaquettes et médailles (Georges Clémenceau, Bataille de la Marne, Général Pershing…). Hormis le buste d’Adolphe Pégoud, il a exécuté des monuments commémoratifs à Epinay, Ermont… Il est décédé en 1931.
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