MAJ le 30 octobre 2017
En 2016, le Marché aux puces fêterait son demi-siècle d’existence si l’on en croit Claude Struck qui s’en approprie la création même si certains réfutent cette idée.
Plaquette de l’Office du tourisme émise pour le cinquantenaire
Un petit historique
Dans tous les cas, il est de fait qu’il fut l’un, sinon le promoteur de ce concept via sa démarche dès septembre 1966 où il effectua, seul, un déballage de vieux objets sur la place de la Grande Fontaine. Il reconduit cette vente au déballage un peu particulière le mois suivant. Apparemment, cette opération type vide grenier attira un nombreux public.
Photo de la place de la Grande Fontaine années 60 (collection BF)
Au mois de mars de l’année suivante, Claude Struck n’était plus seul, d’autres brocanteurs ou menant des activités similaires l’avaient rejoint dont le propriétaire de la Galerie du Vieux Belfort, Marc Hudier (livres anciens…), Alfred Hacquemand* un collectionneur-vendeur… et tous s’installèrent sur le même lieu avec un rythme mensuel. Le marché aux puces de la vieille ville était lancé.
*Il rejoindra notre association, les Cartophiles & Collectionneurs du Territoire de Belfort (CCTB) dès sa création en 1982.
Carte postale éditée par la Galerie de Vieux Belfort (en 1983-84)
Sur cette place, il va ouvrir son magasin Le Grenier en 1967, sis au numéro 2, où est actuellement installé le magasin Art & Traditions.
Photo du magasin actuel Art et Traditions
Suite aux opérations de démolition liées à la rénovation des immeubles de la vieille ville, il fut contraint de déménager dès 1969. Toutefois, il put négocier et acquérir le magasin situé en face, appartenant à Monsieur Roucayrol au 2* rue du Général Roussel (1).
*Initialement, le magasin portait le numéro 18 de la rue du Général Roussel. La numérotation des immeubles fut modifiée suite à la rénovation de ce secteur.
Photo du magasin actuel Antic’Arts
NA : Une petite particularité à signaler, pour ce magasin comme d’autres de la vieille ville situés en coin de rue, la façade et l’accès pour les clients ne se trouve pas à son adresse mais sur l’autre rue. La façade et l’entrée de la boutique Antic’Arts donnent sur la place de la Grande Fontaine.
Avec ce nouveau lieu, il profita d’un espace disposant d’une plus grande surface d’exposition et surtout put rester sur cette place; elle était pour lui un peu emblématique, vu les circonstances.
Cachet du magasin Le Grenier (en 1986)
Peu à peu, le nombre d’exposants va augmenter pour atteindre la petite centaine, la place ne pouvant plus les accueillir tous, ils devront migrer sur les rues avoisinantes.
Cette situation d’expansion fit que le bénévolat ne pouvait plus gérer cet accroissement du nombre d’exposants avec les contraintes associées (circulation, sécurité…). En 1976, la mairie prit en charge l’organisation du marché aux puces.
Carte postale du Marché aux puces (éditée en 1977)
En 1989, il lance les puces d’hiver à Andelnans permettant de supprimer la trêve des brocanteurs imposée par les conditions hivernales de janvier et février.
En récompense de ses initiatives et de son implication au développement de cette manifestation ancrée dans la Cité du Lion, le créateur du marché aux puces, Claude Struck reçut la médaille de la ville par le maire Jacky Drouet, le 5 décembre 1998. Au printemps, il avait fermé son Grenier.
Claude Struck avec le maire Jacky Drouet lors de la cérémonie (photo Le Pays)
L’année suivante, il reçu une nouvelle médaille, celle du Tourisme le 15 juillet, décernée par le secrétaire d’état au tourisme.
Carte postale illustrée par Damien Eschbach
Après ce petit historique, découvrons, le marché aux puces d’aujourd’hui…
Petit reportage d’une ballade en ce 3 avril 2016
Malgré un soleil timide, j’ai décidé d’effectuer un reportage photographique sur ce rendez-vous mensuel belfortain du premier dimanche du mois, de mars à décembre. La brocante se déplaçant au parc d’exposition d’Andelnans en janvier et février.
Avant d’entrer plus en avant sur le marché aux puces, prenons le temps de contempler les deux magnifiques parterres de tulipes que les jardiniers des espaces verts ont réalisés sur le perron de la mairie.
Après ce détour botanique, restons sur la place d’Armes, dominée par l’église Saint-Christophe en cours de réfection, où de nombreux brocanteurs ont installé leurs étals ou déposé simplement leurs objets à même le sol.
Les transactions entre vendeurs et clients, voire les simples renseignements demandés par les badauds ne sont pas perturbés par les notes silencieuses du kiosque de musique…
Les milliers, que dis-je, les dizaines de milliers d’objets exposés ne sont là que pour être acquis par des acheteurs potentiels. Certains profitent d’une exposition plus attractive leur donnant une chance supplémentaire pour passer dans d’autres mains…
A l’opposé de la mairie, le Moblot et l’Alsacienne de la statue Quand-Même regardent avec bienveillance ce manège de la matinée où de plus en plus de visiteurs arrivent, regardent, jaugent, touchent, discutent… et inversement, de moins en moins d’objets restent sur les étals.
Dans la masse des objets exposés des différents stands, des opportunités de combinaisons ou de mariages existent, comme le suggèrent les deux photos suivantes où une chambre d’enfant peut accueillir ce baigneur bien seul.
Poursuivons notre ballade plus avant en remontant la Grande Rue où les voitures sont interdites, ce qui parait normal au regard de ce type de déballage, quoi que…
car je découvre un bouchon formé par un flot de voitures comme bloquées en attente au péage…
Petite particularité, elles sont toutes d’un autre siècle !
Ici le bruit de fond des échanges entre brocanteurs et acheteurs potentiels laisse entendre la douce musique d’un saxophoniste délivrant des notes gratuites, exemptes de justificatif…
Toujours, aux abords de la Petite Fontaine, d’autres émetteurs de notes sont aphones ne perturbant point ainsi la mélodie délivrée par le musicien pratiquant avec son instrument à vent*.
*Le saxophone ne fait pas partie de la famille des cuivres.
Quittons la Grande Rue pour prendre la rue de la Grande Fontaine,
et redescendre via la rue des Bons Enfants. Là aussi, les étals sont riches d’objets de grandes variétés, qu’ils soient de collections ou pas, très souvent, utilisés simplement à titre de décoration.
Si suspendre du linge est interdit, suspendre des cartes botaniques ne l’est point ! Pour les conserver, ne faut-il pas faire sécher les plantes…
Grace à ces cartes, nous arrivons rue du Général Roussel.
Si l’orgue de la messe domine à l’intérieur de Saint-Christophe, derrière la cathédrale, un duo de guitaristes apporte un peu de chaleur à défaut de soleil.
Peu après, je découvre une famille d’ours en fâcheuse posture. Elle ne semble pas avoir eu les attirances des promeneurs, il faut dire que le brocanteur n’avait pas essayé de les mettre en valeur ou inversement, le peu de volonté du brocanteur à les mettre en évidence, fit que les promeneurs, acheteurs potentiels, n’ont point jeté leur dévolu sur ces peluches.
A défaut de rayon de soleil, la lumière peut venir de l’éclairage où deux types s’opposent, la bougie et l’électricité.
Cet enchevêtrement de chaises n’est pas destiné aux badauds fatigués par cette sortie dominicale mais elles sont en attente d’acheteurs et, en attendant, se reposent, elles !
La sortie de la rue du Général Roussel débouche sur la place de la Grande Fontaine. Donc, c’est sur cette place qu’est né en 1966, un premier déballage, minimaliste, qui deviendra au fil du temps, le Marché aux puces de Belfort.
Il va voir sa popularité s’accroître pour dépasser largement le cadre du département, de la région et même les frontières du pays, puisque allemands et suisses viennent en nombre pour acquérir de nombreux objets. C’est un peu de notre patrimoine qui s’expatrie…
Même à la lumière de cette lampe, je ne connaissais pas cette variété de gramophone transformé en tourne-couverts… les microsillons pourraient-ils être gravés au couteau ?
Avant de quitter la place, devant la boutique Antic’Arts, un plâtre rappelle que nous sommes dans la Cité du Lion…
Revenons vers la place d’Armes via la rue du Canon d’or où sont installés d’autres brocanteurs devant le Palais du Gouverneur et devant l’antiquaire qui, lui, a baissé la grille de fermeture.
Dans l’exposition de leurs objets à vendre, des brocanteurs les regroupent par thème ou sont, eux-mêmes, spécialisés dans un thème (verroterie, opaline, vieux grès, poupées, meubles…).
Dans ce secteur, pas de musicien… le violoniste est peut-être au violon* et son violon a perdu ses cordes ! Les spectateurs dépités ont quitté leur chaise faute de musique.
*Dans le rue des Boucheries, la rue à gauche de la mairie, est implantée la prison.
La balade se termine en revenant sur la place d’Armes où d’autres objets s’étalent sur les étals ou à même le sol, la fragilité étant l’un des critères du choix. Les plus fragiles sur les tables, les autres au sol.
NA, question : Pourquoi mettre les objets les plus fragiles sur la table, s’ils tombent, la probabilité tend à penser qu’ils vont casser… au sol les plus fragiles ne risquent-ils pas moins, surtout si l’on les dépose sur une bâche ?
Manque de pot malgré le grand nombre présent sur l’établi, le brocanteur voisin ne veut pas qu’on teste sa chaise longue.
Si une majorité d’objets sont de petites tailles, d’autres sont de dimensions imposantes ou volumineuses, il faut avoir prévu son coup et leur coût pour les ramener à la maison. Une sacoche de vélo ou un sac à dos, ne fera pas l’affaire.
Souvent en fin de matinée, les dernières transactions entre acheteurs et exposants débouchent positivement; ces derniers étant enclins à baisser leur prix pour éviter de remballer leurs objets.
Si les organisateurs du FIMU sont en recherche de bénévoles, ce brocanteur, lui, est en recherche d’un musicien et de spectateurs !
Pourtant on dit que tout finit par une chanson, ‘’Pas là’’ comme le chante Vianney depuis 2014.
Epilogue ou quelques instantanés récents ou moins…
A l’ouverture du marché aux puces du 2 mars 2014, seul le socle de la statue Quand-Même était présent.
Elle n’a retrouvé son socle que le 10 juillet 2014.
Il y un an, le kiosque à musique était lui emmailloté pour sa réfection.
Plus loin dans le passé, le 5 mars 2006, pour le premier marché aux puces de l’année, l’épaisseur de la neige avait gelé les brocanteurs, un seul courageux s’était installé !
Reportage photographique : JM, hors les 3 dernières photos qui appartiennent à mon ami Bernard (BF).
Références presse : Le Pays, L’Est Républicain
Référence Web : Wikipédia, autres
Mes remerciements à Claude Struck pour les informations fournies.
JM
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Légende
(1) Général Roussel : Jean Pierre François Dieudonné Roussel, plus connu sous le nom de Pierre Roussel, est né à Belfort le 29 mai 1782, au numéro 6 de la Grande-Rue, une plaque apposée sur la façade de l’immeuble le rappelle.
Dès 1798, il s’engage au 12ème Régiment de Chasseurs à cheval mais sa grande taille (près de 2 mètres) pose problème pour monter à cheval. Il rejoint donc l’infanterie peu après, le Bataillon Auxiliaire du Mont-Terrible (Suisse). Il participe aux campagnes de la République avec l’Armée du Rhin puis aux campagnes napoléoniennes dans le 94ème Régiment d’Infanterie de Ligne. Grace à sa bravoure, il va monter en grade rapidement, sous-lieutenant dès 1804, capitaine en 1811, année où il obtient la Légion d’honneur.
Sous la Restauration, il est chargé d’organiser le 10ème Régiment d’Infanterie de Ligne. Lors de la bataille de Waterloo le 18 juin 1815, le colonel et son régiment est un des derniers à se retirer en ordre. De retour à Paris, il est mis en retraite. Dès 1822, il est rappelé pour commander le 28ème Régiment d’Infanterie de Ligne et effectuer la campagne d’Espagne en 1823 où il va obtenir l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis. Il prend la tête du 3ème Régiment d’Infanterie de Ligne pour l’expédition d’Alger en 1930 où il se distingue à nouveau. Il est nommé Commandeur de la Légion d’honneur.
De retour en France, il est nommé Maréchal de camp en 1834 et va commander les départements de Vendée, de la Moselle et de la Haute-Saône.
Il rentre définitivement à Belfort en 1848 après avoir bien servit son pays pendant 50 années. Sa retraite fut brève car il décéda le 19 mars 1851 et fut inhumé au cimetière de Brasse.
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