3e Championnat d'Europe des Nations de Football : Italie 1968

MAJ le 2 juillet 2021

Après deux éditions sous l'intitulé "Coupe d'Europe des Nations de Football", la compétition créée par l'UEFA en 1956, prit le nom de Championnat d'Europe des Nations de Football pour la 3^e édition. Mais cette nouvelle appellation eut beaucoup de mal à être utilisée ! La presse s'attachant plus à utiliser le titre d'origine.

La phase finale de cette édition se déroula en Italie en 1968.

Logo de la Coupe d'Europe des Nations (Wikipédia)

Après l'Union Soviétique en France en 1960 et l'Espagne chez elle en 1964, qui mettra ses crampons sur le trophée dans la botte ?

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder au Sommaire des articles consacrés à cette compétition et à son historique, compétition née sur une idée du français Henri Delaunay.

3e Championnat d'Europe des Nations

Avec cette 3^e édition, une évolution notable car la phase éliminatoire s'effectua par poules et non plus par matches aller-retour à élimination directe, comme en 1960 et 1964.

Cette solution mise en place par l'UEFA (Union of European Football Associations) permettait aux Nations engagées de jouer plusieurs rencontres, quel que soit leur niveau.

Les 8 équipes qualifiées passaient ensuite par un quart de finale joué en matches aller-retour, par élimination directe, pour ne rester que les quatre équipes propulsées en phase finale.

Cette phase finale se déroulait dans l'un des quatre pays qualifiés pour les demi-finales, 3e place et finale.

Pays participants

Pour cette 3^e édition, 31 pays s'étaient inscrits pour participer au tournoi, contre 17 pour la première.

Albanie, Allemagne de l'Est, Allemagne de l'Ouest, Angleterre, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, Danemark, Eire, Ecosse, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande du Nord, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pays de Galles, Pologne, Portugal, Roumanie, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie, Turquie, Union Soviétique et la Yougoslavie.

Carte des pays participants (réal. BF)

Après deux éditions dédaignées, l'Allemagne de l'Ouest fut présente à cette compétition

Phase préliminaire par poules

Les 31 Nations participantes furent réparties par tirage au sort dans 8 poules, 7 poules de 4 équipes, et une poule avec 3 équipes.

Le premier match de cette phase se déroula le 7 septembre 1966 à Rotterdam, où les Pays-Bas recevaient la Hongrie

La France tomba dans la Groupe n°7 avec la Belgique, le Luxembourg et la Pologne.

Cette phase se termina le 24 février 1968

Jean Snella & José Arribas

Après la démission d'Henri Guérin en septembre 1966, suite à l'élimination de l'Équipe de France en Angleterre, lors du 1^er tour, le Bureau fédéral de la FFF (Fédration Française de Football) décida de le remplacé par un duo d'entraîneurs-sélectionneurs, composé de Jean Arribas et Jean Snella, ayant les mêmes conceptions sur le jeu.

    Jean Snella

Jan Snella dit Jean Snella est né le 9 décembre 1914 à Nette devenu Dortmund (Allemagne). Polonaise d'origine, la famille émigra en France.

Il débuta dans les clubs locaux du Pas-de-Calais puis intégra l'Olympique Lillois en 1934, rejoint l'AS Saint-Etienne en 1938.

Illustration Jean Snella (coll. privée)

Après-guerre, il devint entraineur au FC Lorient en 1946 puis il dirigea l'AS Saint-Etienne de 1948 à 1959, et de 1963 à 1967.

En 1958, il fut l'assistant d'Albert Batteux lors de la Coupe du Monde 1958. Il accepta de prendre l'intérim en tant qu'entraîneur-sélectionneur des tricolores en septembre 1966 avec José Arribas.

    José Arribas

José Arribas est né le 16 janvier 1921 à Bilbao (Espagne)

La guerre civile en Espagne, le fait venir en France, à Nantes. Il joua à l'US Le Mans en 1948. Il devint entraîneur à Saint-Malo en 1952, au SS Noyen-sur-Sarthe en 1954 et au FC Nantes 1960.

Image Panini José Arribas

Il accepta de prendre l'intérim en tant qu'entraîneur-sélectionneur des tricolores en septembre 1966 avec Jean Snella.

France-Pologne, match aller

Pour son premier match, le 22 octobre 1966, la France recevait la Pologne à Paris, au Parc des Princes où avaient pris place 23524 spectateurs.

Carte postale Paris Parc des Princes (coll. privée)

L'arbitre de la rencontre fut l'allemand Gerhard Schulenburg.

     Composition de l'Équipe de France

Georges Carnus, Jean Djorkaeff, Claude Robin, Robert Budzynski (cap), André Chorda, Jean-Claude Suaudeau, Jacques Simon, Yves Herbet, Georges Lech, Fleury Di Nallo et Paul Courtin.

Le coup d'envoi de ce match fut donné par Michel Jasy, le chapion d'Europe du 1500 et 5000 mètres.

Inspiré par ce champion, l'Équipe de France débuta pieds au plancher étouffant les Polonais ce qui se concrétisa par un but de Fleury Di Nallo à la 26^e minute. Mais malheureusement, les attaques étaient assez stériles ne permirent pas d'augmenter le score.

Image Fleury Di Nallo (coll. privée)

En 2^e mi-temps, la Pologne revint avec un allant plus convainquant et posa problème aux tricolores, moins fringants. Confirmation à la 61^e minute qui vit l'égalisation par Ryszard Grzegorczyk suite à un tir à l'entrée de la surface de réparation.

Photo Ryszard Grzegorczyk (coll. privée)

Les polonais tenaient tête et il fallut attendre la 85^e minute pour que Georges Lech donne la victoire à l'Équipe de France.

Photo Georges Lech (coll. privée)

Si le public était satisfait de la victoire, il restait sur sa faim au regard du jeu produit face à une équipe empruntée mais qui avait résisté avec ces moyens. L'absence du buteur nantais Philippe Gondet s'était fait sentir.

Belgique-France, match aller

Le 11 novembre 1966, pour son 2^e match, l'Équipe de France se déplaçait en Belgique, au stade du Heysel de Bruxelles, qui avait attiré 43404 spectateurs.

Au sifflet pour cette partie, l'anglais John Taylor avec un "y" pour ne pas confondre avec "Tailor" de la phrase d'apprentissage emblématique "My tailor is rich".

Carte postale Bruxelles Stade du Heysel (coll. privée)

     Composition de l'Équipe de France

Georges Carnus, Jean Djorkaeff, Claude Robin, Robert Budzynski (cap), André Chorda, Jean-Claude Suaudeau, Jacques Simon, Bernard Blanchet, Hervé Revelli, Georges Lech et Gérard Hausser.

Les Belges, chez eux, partirent à l'assaut du but français où ils firent le siège. Mais pas assez précis, ils ne parvinrent pas à concrétiser leur emprise sur le match. Si les Français étaient étouffés, ils laissèrent passer l'orage en ayant peu l'occasion de s'approcher du but du gardien Jean Nicolay. La 1^ère mi-temps fut atteinte sans but.

Au retour, à nouveau les Belges reprirent l'occupation avec toujours autant de dynamisme. Mais à force d'occasions potentielles non concrétisées, le virulent Paul Van Himst va après un nouvel échec à la 48^e minute, trouver la réussite à 51^e minute en driblant Georges Carnus, tout en étant parti hors-jeu. L'arbitre entérina tout de même le but malgré les protestions des tricolores.

Carte postale Paul Van Himst (coll. privée)

Récompensé de ses efforts, Paul Van Himst va récidiver 3 minutes plus tard avec un second but malgré la parade de Georges Carnus.

La Belgique avec ces deux buts tenait une victoire pour son premier match.

Les Français piqués au vif revinrent au score à la 67^e minute par Georges Lech qui récupéra un ballon renvoyé par Jean Nicolay sur un tir de Gérard Hausser.

Image Panini Georges Lech

Ce but avait galvanisé les tricolores qui assaillirent le but adverse mais sans avoir la réussite, pour obtenir le match nul.

Jean-Claude Suaudeau blessé à la cheville droite, en fin de première mi-temps, dû sortir et quand il revint en 2^e, il fut plus figurant que footballeur; les remplacements n'étaient pas autorisés !

Luxembourg-France, match aller

Pour son 3^e match, l'Équipe de France rencontrait son troisième adversaire de son groupe, à l'extérieur. Le Luxembourg recevait le 26 novembre 1966, son voisin sur le stade Municipal Josy-Barthel situé… à Luxembourg.

Le référé pour ce match fut le néerlandais Laurens van Ravens.

     Composition de l'Équipe de France

Georges Carnus, Jean Djorkaeff, Marcel Artelésa (cap), Bernard Bosquier, André Chorda, Joseph Bonnel, Michel Watteau, Yves Herbet, Hervé Revelli, Georges Lech et Laurent Robuschi.

Un terrain légèrement enneigé, glissant voire boueux par endroit ne permit pas aux deux équipes de proposer du beau jeu. Tout de même contre la faible Équipe du Luxembourg, l'attaque français assura va victoire en première mi-temps. Dès la 7^e minute, Yves Herbet ouvrit le score.

Carte postale Yves Herbet (coll. privée)

Les Luxembourgeois bien regroupés en défense, tinrent la dragée haute aux attaques tricolores; il fallut attendre la 41^e minute pour qu'un deuxième but soit marqué par Hervé Revelli.

Carte Hervé Revelli (coll. privée)

Dans la minute suivante, Georges Lech va ajouter un troisième but.

Photo France Football Georges Lech (coll. privée)

Le score n'évolua pas en seconde mi-temps, la victoire étant assurée, les joueurs assurèrent la prudence sur ce terrain devenu un champ de patates, pour éviter les blessures.

À mi-parcours, la France, la Belgique et la Pologne avaient 4 points.

Changement d'entraîneur : Louis Dugauguez

Le duo d'entraineurs Jean Snella & José Arribas qui s'étaient engagés à assurer un intérim pour le poste, furent remplacés par Just Fontaine après cette dernière rencontre. Il ne tint le poste que pour deux matches amicaux, deux défaites ! Où plutôt trois car un premier match fut joué contre l'équipe… de Corse, au Stade Vélodrome de Marseille, perdu 2-0 !

Pour reprendre en charge l'Équipe de France, la FFF (Fédération Française de Football) confia le poste à Louis Dugauguez qui avait en charge les équipes des juniors et des espoirs.

Louis Dugauguez est né le 21 février 1918 à Thénac (Charente-Inférieure)

Photo Louis Dugauguez (doc. FFF)

Instituteur, il joua en amateur à Bully-les-Mines, Béthune puis rejoint le RC Lens en 1936, suivi de Toulouse en 1940, l'US Ruch Carvin en 1945, l'US Sedan-Tory en 1948 en tant qu'entraîneur-joueur puis en 1952 comme entraîneur où il remporta deux Coupes de France, 1956 et 1961.

Pologne-France, match retour

Le 17 septembre 1967, l'Équipe de France se rendit en Pologne pour jouer son 4^e match. La rencontre eut lieu à Varsovie, au stade Dziesięciolecia devant 51010 spectateurs.

La rencontre fut arbitrée par l'autrichien Ferdinand Marschall.

     Composition de l'Équipe de France

Marcel Aubour, Jean Djorkaeff, Roland Mitoraj, Bernard Bosquier, Jean Baeza, Yves Herbet, Robert Herbin (cap), Henri Michel, André Guy, Fleury Di Nallo et Charly Loubet.

Après leur défaite à Paris, les Polonais voulurent prendre leur revanche et le démontrèrent sur leur terrain. Mais la défense mise en place par l'entraîneur français, brisa les velléités polonaises pas suffisamment percutantes et inversement les contre-attaques tricolores percèrent assez facilement le mur polonais. A la 13^e minute, Robert Herbin va trouver l'ouverture et ouvrir le score.

Carte Miroir Sprint Robert Herbin (coll. privée)

A l'engagement, la Pologne eut l'opportunité d'égaliser mais le tir de Robert Gadocha va s'écraser sur le poteau. Mais Lucjan Brychczy permit à son équipe de revenir à un score de parité à la 26^e minute.

Livre Lucjan Brychczy (coll. privée)

Mais les Français vont de nouveau passer devant à la 33^e minute par Fleury Di Nallo qui trompa le gardien Hubert Kostka permettant à la France de mener à la fin de la première mi-temps.

Image Fleury Di Nallo (coll. privée)

Au retour des vestiaires, le jeu fut cadenassé et il fallut attendre la 63^e minute pour un nouveau but d'André Guy donnant un avantage certain dans cette rencontre.

Photo André Guy (doc. FFF)

Les polonais dépassés subirent les attaques françaises et à nouveau, la défense fut dépassée; Fleury Di Nallo corsa l'addition à la 85^e minute avec sa seconde réalisation.

La France avait effectué une bonne opération contre un concurrent direct à la qualification, surtout que pour les deux matchs suivants, elle recevait ses adversaires.

France-Belgique, match retour

Lors du match aller, l'Équipe de France avait perdu à Bruxelles, son intention était de bien de reprendre sa revanche, synonyme de qualification; mais les Belges ne l'entendaient pas de la sorte !

La rencontre se déroula à Nantes, sous un vent assez fort, au stade Marcel Saupin où 14591 spectateurs était venu voir ce match à enjeux. L'arbitrage fut assuré par l'italien Francisco Franscecon.

Carte postale Nantes Stade Marcel Saupin (coll. privée)

     Composition de l'Équipe de France

Marcel Aubour, Jean Djorkaeff, Claude Quittet, Bernard Bosquier, Jean Baeza, Yves Herbet, Robert Herbin (cap), Henri Michel, Fleury Di Nallo, Hervé Revellli et Charly Loubet.

Lors de cette rencontre, l'enjeu pris le pas sur le jeu où les défenses renforcées ne permettaient pas ou peu de marge de liberté aux attaquants.

Contre toute attente, ce furent les Belges qui ouvrirent le score par un but de la tête de Roger Claessen à la 37^e minute suite à un centre de Johann Devrindt, malgré la parade de Marcel Aubour qui envoya le ballon sur son poteau. Ce but refroidit du coup le public nantais.

Carte Roger Claessen  (coll. privée)

Au retour des vestiaires, les français aidés par le vent, à leur tour, furent plus présents dans le camp belge mais les attaquants eurent du mal à régler la mire. Ce ne fut pas Henri Michel, le nantais, qui fêtait sa première titularisation qui apporta la délivrance à la 84^e minute, mais le stéphanois René Herbin.

Carte Caltex René Herbin (coll. privée)

Le nul permettait toutefois de maintenir la France en tête du Groupe 7.

Il fut le premier match retransmis en couleur par la télévision française.

France-Luxembourg, match retour

Pour son dernier match de poule, l'Équipe de France recevait le Luxembourg au Parc des Princes le 23 décembre 1967, une victoire à sa portée… mais le nul avec la Belgique avait suscité un peu d'humilité.

Le Parc des Princes ne vit que 7320 spectateurs ! Le public avait boudé la rencontre, il est vrai que la météo était exécrable.

Le référé fut le portugais Anibal Oliveira.

     Composition de l'Équipe de France

Marcel Aubour, Jean Djorkaeff, Claude Quittet, Bernard Bosquier (cap), Jean Baeza, Richard Krawczyk, Henri Michel, Charly Loubet, Didier Couécou et Georges Bereta.

La pelouse gorgée d'eau ne permit pas de proposer une rencontre avec du beau jeu, le ballon ne sachant pas nager, avait des caprices inattendus rendant les contrôles aléatoires, ce qui arrangeait de fait la défense luxembourgeoise.

Il fallut attendre la 42^e minute pour qu'enfin l'Équipe de France marqua par Charly Loubet, sur un service de Georges Bereta, qui sur sa lancée anticipa la sortie du gardien René Hoffmann.

Image Panini Charly Loubet (coll. privée)

L'ouverture du score permit en 2^e mi-temps de voir les Français plus à leur avantage, du moins l'un d'entre-deux, le virevoltant Charly Loubet qui va marquer par deux fois, aux 47^e et 53^e minutes, réussissant ainsi un hat-trick (ou coup du chapeau).

Les Luxembourgeois purent sauver l'honneur à la 85^e minute suite à un but de Jean Klein.

Photo Jean Klein (doc. Site profootball.lu)

La victoire permettait à la France de se qualifier avec 9 points devant la Belgique (7 pts), la Pologne (7 pts) et le Luxembourg (1 pt).

Résultats des Groupes

Gr. 1 : Espagne (8 pts), Tchécoslovaquie (7pts), Eire (5 pts), Turquie (4 pts)
Gr. 2 : Bulgarie (10 pts), Portugal (6 pts), Suède (5 pts), Norvège (3 pts)
Gr. 3 : Union Soviétique (10 pts), Grèce (6 pts), Autriche (6 pts), Finlande (2 pts)
Gr. 4 : Yougoslavie (6 pts), Allemagne de l'Ouest (5 pts), Albanie (1 pt)
Gr. 5 : Hongrie (9 pts), Allemagne de l'Est (7 pts), Pays-Bas (5 pts), Danemark (3 pts)
Gr. 6 : Italie (11 pts), Roumanie (6 pts), Suisse (5 pts), Chypre (2 pts)
Gr. 8 : Angleterre (9 pts), Ecosse (8 pts), Pays de Galles (4 pts), Irlande du Nord (3 pts)

NA : Pour le Groupe 8, ce fut les éditions 1966-67 et 1967-68 du British Home Championship (Tournoi des 4 Nations du Royaume-Uni) qui servirent à la qualification pour le Championnat d'Europe des Nations.

Lors du match Écosse-Angleterre à Hampden Park, pas moins de 130 000 spectateurs sont présents dans les tribunes, le record d'affluence pour un match de football de Championnat d'Europe.

Phase préliminaire, 4e de finale

Pour la suite de la compétition, l'UEFA s'était réunie à Paris, sous la présidence de l'espagnol Augustin Pujol, le 16 janvier 1968, pour effectuer le tirage au sort des quarts de finale et choisir le pays devant accueillir la phase finale.

Tirage au sort

Le tirage au sort réserva à la France comme adversaire, la Yougoslavie.

Les autres rencontres furent :

  - Bulgarie-Italie
  - Hongrie-Union Soviétique
  - Angleterre (ou Ecosse)-Espagne

Les 8 équipes qualifiées s'affrontèrent en match aller-retour, à élimination directe, du 3 avril au 11 mai 1968.

Choix du pays organisateur

La phase finale devant être obligatoirement organisée par l'un des quatre pays qualifiés, la commission d'organisation du Championnat d'Europe des Nations décida d'attribuer, par ordre de préférence, à l'Italie puis l'Angleterre ou l'Ecosse* et enfin l'Espagne.

*Ecosse : A cette date, la qualification de l'Angleterre n'était pas actée car il restait encore une rencontre entre ces deux équipes, prévue le 24 février; il suffisait un match nul à l'Angleterre, pour être qualifiée.

Les dates arrêtées étaient 5 juin pour les demi-finales et dimanche 9 juin pour la finale et le match de classement.

France-Yougoslavie, match aller

Pour ce quart de final aller du 6 avril 1968, la France reçut la Yougoslavie à Marseille au stade Vélodrome devant 35 423 spectateurs.

Carte postale Marseille Stade du Vélodrome (coll. privée)

L'arbitre de la partie fut l'allemand de l'Est Erwin Vetter

     Composition de l'Équipe de France

Marcel Aubour, Jean Djorkaeff, Claude Quittet, Bernard Bosquier (cap), Jean Baeza, Robert Herbin, Jacques Simon, Charly Loubet, Nestor Combin, Fleury Di Nallo et Georges Bereta.

La France prit le match par le bon bout car dès le début du match, Fleury Di Nallo envoya une volée des 25 mètres qui s'écrasa sur la barre transversale. Puis ce fut Nestor Combin qui menaça Ilija Pantelic. Mais peu à peu, les Yougoslaves bien regroupés en défense mirent le pied sur le ballon pour empêcher les Français de développer leur jeu. La mi-temps arriva sans but marqué.

Au retour du vestiaire, les tricolores vont reprendre la possession du ballon mais le verrou Yougoslave tint bon et ce fut sur une contre-attaque que de Dzajic va obtenir un coup-franc suite à une faute de Bernard Bosquier; suite à un coup franc tiré de la gauche, Vahidin Musemic va s'élever plus haut que son défenseur et marqua de la tête, à la 66e minute.

Photo Vahidin Musemic (coll. privée)

Ce but révolta les Français qui ne voulaient pas être défait sur leur terrain et compromettre leur qualification pour la phase finale. Ils vont être récompensé à la 78^e minute par Fleury Di Nallo; un moindre mal !

Photo Fleury Di Nallo (coll. privée)

Avec ce nul, l'Équipe de France devait montrer une tout autre figure en Yougoslavie pour se qualifier.

Yougoslavie-France, match retour

Pour la France, ce match retour couperet se joua à Belgrade le 24 avril 1968 au Stade Crvena Zvezda chaud bouillant devant 70900 spectateurs.

Carte postale Belgrade Stade Crvena Zvezda (coll. privée)

L'autrichien Paul Shiller fut le référé de cette rencontre.

     Composition de l'Équipe de France

Marcel Aubour, Vincent Esteve, Claude Quittet, Bernard Bosquier (cap), Jean Baeza, Yves Herbet, Jean Djorkaeff, Robert Szczepaniak, André Guy, Fleury Di Nallo et Charly Loubet

Lors de cette rencontre, les tricolores furent laminés par les Yougoslaves qui imposèrent leur football technique et athlétique. Dès la 3^e minute, Ilija Petkovic ouvrit le score.

Image Ilija Petkovic (coll. privée)

Ce but fut suivi d'un deuxième par Vahidin Musemic à la 12^e minute, sur penalty.

Image Panini Vahidin Musemic (coll. privée)

Les français furent totalement dépassé et vont encore prendre un troisième but à la 24^e minute par Dragan Dzajic.

Extrait fiche Dragan Dzajic (coll. privée)

L'addition n'était pas terminée car à la 33^e minute, un nouveau but fut marqué par Ilija Petrovic, son deuxième. Heureusement, dans la minute suivante, l'Équipe de France va réagir par un but de Fleury Di Nallo.

Image Panini Fleury Di Nallo (coll. privée)

À la mi-temps, perdant 4-1, la qualification pour la phase finale s'était envolée, par contre, les Yougoslaves pouvaient commencer à préparer leurs valises.

Lors de la deuxième mi-temps, l'Équipe de Yougoslavie géra son avance mais marqua tout de même un cinquième but par Vahidin Musemic à la 79^e minute.

Le Championnat d'Europe des Nations était terminé pour les Français !

Les autres équipes qualifiées

Italie face à la Bulgarie (2-3, 2-0)
Union Soviétique face à la Hongrie (0-2, 3-0)
Angleterre face à l'Espagne (1-0, 2-1)

L'Italie accueille la phase finale

Pour mémoire, le règlement prévoyait que le choix du pays organisant la phase finale était une des quatre nations finalistes.

S'étant qualifiée, il revint à l'Italie d'organiser la phase finale de ce 3^e Championnat d'Europe des Nations de Football.

Le tirage au sort fit que les demi-finales furent :

  - Italie-Union Soviétique
  - Angleterre-Yougoslavie

Demi-finale, Italie-Union Soviétique

Le 5 juin 1968, à Naples au stade San Paolo, se joua la première demi-finale entre l'Italie et l'Union Soviétique devant 68582 spectateurs.

Pour l'Union Soviétique, ce fut sa 3^e demi-finale consécutive; éliminée par l'Espagne en 1964, elle fut sacrée championne en 1960.

Carte postale Naples Stade San Paolo (coll. privée)

Lors de cette rencontre, il n'y eut point de but malgré les prolongations ! Le règlement prévoyait pour ce type de situation… le tirage au sort. L'arbitre de l'Allemagne de l'Ouest eut dans sa main, du moins dans sa pièce, le sort des deux équipes. Le capitaine italien Giacinto Facchetti choisit "pile", le bon choix.

L'Italie était qualifiée pour la finale.

Demi-finale, Angleterre-Yougoslavie

Dans l'autre demi-finale jouée, le même jour à Florence, au stade communal, se déroula la rencontre Angleterre-Yougoslavie devant 21834 spectateurs.

Carte postale Florence Stade communal (coll. privée)

La Yougoslavie remporta la rencontre par le plus petit score, 1-0 avec un but de Dragan Dzajic à la 86^e minute.

La Yougoslavie se qualifiait pour sa 2^e finale après celle de 1960 contre l'Union Soviétique.

Match pour la 3^e place, Angleterre-Union Soviétique

 

La finale pour la 3^e place fut jouée à Rome le 8 juin, au stade Olympique, devant 68817 spectateurs, entre l'Angleterre, pour sa première participation à la compétition, et l'Union Soviétique qui comme en 1964 dût se satisfaire, à nouveau de "la petite finale".

Carte postale Rome Stade Olympique (coll. privée)

La 3^e place revint à l'Angleterre qui gagna la rencontre sur le score de 2-0 avec les buts de Bobby Charlton à la 39^e minute et de Roger Hunt à la 63^e minute.

L'Angleterre venait de gagner la Coupe du Monde chez elle en 1966.

La finale, Italie-Yougoslavie 8 juin 1968

Pour cette finale, l'Italie rencontra la Yougoslavie qui pour la 2^e fois, jouait une finale après celle de 1960 contre l'Union Soviétique; perdue 2-1 à Paris.

La rencontre se déroula aussi le 8 juin 1968 à Rome, au stade Olympique, devant 85000 spectateurs. Au sifflet, le suisse Gottfried Dienst.

Carte postale Naples Stade San Paoli (coll. privée)

     Composition de l'Équipe d'Italie

L'entraîneur était Ferruccio Valcareggi

Dino Zoff, Pietro Anastasi, Tarcisio Burgnich, Ernesto Castano, Angelo Domenghini, Giacinto Facchetti (cap), Giorgio Ferrini, Antonio Juliano, Aristide Guarneri, Pierino Prati et Giovanni Lodetti

     Composition de l'Équipe de l'Union Soviétique

L'entraîneur était Rajko Mitic

Ilja Pantelic, Mirsad Fazlagić, Milan Damjanovic, Blagoje Paunovic, Dragan Holcer, Ilija Petkovic, Jovan Acimovic, Vahidin Musemic, Dragan Dzajic, Miroslav Pavlovic et Dobrivoje Trivic,

Les absences de Rivera pour l'Italie et d'Osim pour la Yougoslavie, les deux créateurs tous deux blessés, firent que cette finale plutôt virile n'offrit pas un très beau jeu aux spectateurs venus très nombreux.

Les Yougoslaves par leur technique imposèrent leur jeu qui se concrétisa à la 39^e minute par un but de Dragan Dzajic suite à une passe de Dobrivoje Trivic.

Image Panini Dragan Dzajic (coll. privée)

La présence du gardien Dino Zoff fut salutaire pour l'Italie souvent débordée malgré une défense solide.

Mais les Italiens vont toutefois revenir à la marque à 80^e minute, contre le cour du jeu, par Angelo Domenghini sur coup-franc.

Image Angelo Domenghini (coll. privée)

Malgré les prolongations, les deux équipes ne purent se départager. Le règlement en telle situation, imposait un match d'appui.

La finale rejouée, Italie-Yougoslavie 10 juin 1968

Suite au match nul, la finale fut rejouée le 10 juin à Rome dans le même stade, mais avec un nombre de spectateurs moindre, ils n'étaient plus que 55 000. Tout commel'arbitrage fut confié à l'espagnol José Maria Ortiz Mendibil.

     Composition de l'Équipe d'Italie

L'entraîneur était Ferruccio Valcareggi

Dino Zoff, Pietro Anastasi, Tarcisio Burgnich, Giancarlo De Sisti, Angelo Domenghini, Giacinto Facchetti (cap), Giorgio Ferrini, Roberto Rosato, Aristide Guarneri, Alessandro Salvadore et Luigi Riva

L'entraîneur avait effectué quatre changements : Ernesto Castano par Giancarlo De Sisti, Antonio Juliano par Roberto Rosato, Pierino Prati par Alessandro Salvadore et Giovanni Lodetti par Luigi Riva.

L'Équipe d'Italie (Livre Coup du sport Euro, doc JM)

     Composition de l'Équipe de l'Union Soviétique

L'entraîneur était Rajko Mitic

Ilja Pantelic, Mirsad Fazlagić, Milan Damjanovic, Blagoje Paunovic, Dragan Holcer, Idriz Hošić, Jovan Acimovic, Vahidin Musemic, Dragan Dzajic, Miroslav Pavlovic et Dobrivoje Trivic,

De son côté, l'entraineur yougoslave n'avait effectué qu'un seuil changement, Ilija Petkovic par Idriz Hosic.

Autant que l'Équipe d'Italie fut peu existante lors du premier match, pour le second, elle démontra une toute autre facette ! Les quatre entrées n'étaient pas pour rien dans cet autre visage… un judicieux choix.

La première mi-temps fut italienne avec un milieu menant les débats. À la limite du hors-jeu, l'entrant Luigi Riva marqua dès la 12^e minute, sur une balle repoussée par le gardien suite à un tir d'Angelo Domenghini.

Image Panini Luigi Riva (coll. privée)

Les Italiens vont doubler le score à la 31^e minute par Pietro Anastasi d'un tir en pivot au 18 mètres, laissant pantois Ilia Pantelic.

Image Panini Pietro Anastasi (coll. privée)

Les Yougoslaves n'étaient pas dans leur match, ils avaient perdu la maîtrise du ballon, la fatigue ? L'entraîneur Rajko Mitic n'ayant effectué qu'un seul changement, avait-il présumé des forces de son équipe qui aurait dû gagner la première rencontre ?

L'Italie passée par un trou de souris, et une pièce de monnaie, remportait le 3^e Championnat d'Europe des Nations. La fête bâtit son plein dans les rues de Rome et pas seulement.

La presse italienne fut dithyrambique pour cette victoire même jusqu'à écrire "L'Europe est à nous". 

Le capitaine Facchetti lève le Trophée (Livre Coup du sport Euro, doc JM)

Cinq italiens étaient dans l'équipe type : Dino Zoff, Giacinto Facchetti, Sandro Mazzola, Angelo Domenghini et Luigi Riva

Épilogue

Troisième édition de cette compétition européenne, nouvelle version avec poules en phase éliminatoire, et troisième Nation différente pour l'emporter avec l'Italie.

Après 1964, la France n'avait su aussi se qualifier pour cette phase finale; elle était entrée dans un tunnel dont elle ne voyait malheureusement pas le jour !

JM

Lien pour accéder aux articles cités

Championnat d'Europe de Football Sommaire : Cliquer ici

Vidéo match Italie-Yougoslavie : Cliquer ici

Références livres : Les coups du sport, l'Euro, 100 ans de football en France

Référence Web : Wikipédia, YouTub, Divers sites WeB

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