Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE CARTOPHILION
27 juin 2021

Tour de France 1911, Ballon d’Alsace & Belfort

MAJ le 10 juillet 2022

Depuis 1907, le Tour de France avait au programmeune l'étape Metz-Belfort avec le passage du Ballon d'Alsace. En 1911, le départ fut déplacé à Longwy.

Cette modification fait suite à l'interdiction par les autorités allemandes de franchir la frontière à partir de cette édition.

Présentation Tour 1910 L'Auto - Copie

Annonce Tour de France 1911 (Réal. JM, doc. L'Auto, Gallica BNF)

Le départ était prévu le lendemain à Danjoutin pour rejoindre Chamonix, au lieu de Lyon, lieu d'arrivée traditionnel de cette étape.

NA : En fin de texte un lien permet d'accéder au Sommaire recensant les articles sur le Tour de France.

Le Tour et le Ballon d’Alsace, un passage obligé…

Comme depuis 1905, les coureurs du Tour de France durent franchir le Ballon d'Alsace, en montant le versant vosgien pour parvenir à Belfort. Il fut le tout premier col à gravir pour les forçats de la route. À cette difficulté, fut ajouté d'autres au cours des années suivantes.

CPA Ballon d'Alsace La Jumenterie

Carte postale Ballon d’Alsace La Jumenterie (coll. BF)

NA : Dans l’article traitant le Tour de 1907, j’ai listé les passages (20) ou arrivées au sommet (4), un lien en fin du texte vous permet d’y accéder.

Tour de France 1911, 7e visite dans le Territoire de Belfort

Lors de cette 9e édition du Tour de France, 5344 kilomètres étaient au programme en 15 étapes avec un départ le 2 juillet à Paris, depuis le quai d’Asnières vers le Pont de l’Ile de la Jatte et une arrivée le 30 juillet au Parc des Princes à (Boulogne) Paris.

Carte Tour de France 1911 R

Tracé du Tour de France 1911 (création BF)

Le tracé 1911 subit de nombreuses modifications en termes de villes étapes, avec 5 nouvelles : Dunkerque, Longwy, Chamonix, Cherbourg et le Havre.

Après les cols des Pyrénées, dont le Tourmalet, en 1910, l'organisateur ajouta pour cette édition de 1911, les Alpes d'où l'étape Belfort-Chamonix au lieu de la traditionnelle arrivée à Lyon. Au programme les cols des Aravis (1486 m), du Télégraphe (1566 m), du Galibier (2642 m), du Lautaret (2057 m), de Laffray (910 m), Bayard (1250 m), d'Alllos (2247 m) et de Braus (1002 m).

CPA Col du Galibier

Carte postale Col du Galibier (coll. privée)

Lors de cette édition, une étape de 470 kilomètres était au programme, entre La Rochelle et Brest; il fallut au meilleur près de 18 heures, 17h40 pour être précis.

Cette édition avait réuni 84 coureurs dont 37 au sein de 4 équipes avec Alcyon-Dunlop, La Française (marque Diamant), Le Globe et Automoto (de Saint-Étienne) et 47 indépendants (ou isolés).

Dans ces équipes, on retrouvait des candidats sérieux pour gagner le Tour de France 1911 avec Octave Lapize vainqueur en titre, François Faber le vainqueur 1909, Gustave Garrigou 3e en 1910, Émile Georget 3e en 1907, Louis Trousselier vainqueur en 1905…

Le vétéran du Tour était Ferdinand Payan, il avait 41 ans.

Photo Ferdinand Payan Wikipédia R

Photo Ferdinand Payan (doc. Wikipédia)

Pour cette 9e édition du Tour de France, il n'eut pas de coureur local quand ils furent trois en 1910 : Émile Abbeg, Charles Clodi et André Herbelin.

Quelques infos… sur le règlement

Une nouvelle définition de la fermeture de la table de contrôle à l'arrivée fut appliquée. Elle est égale au temps du vainqueur de l'étape plus 50% de ce temps.

Exemple : Temps mis par le vainqueur = 10 h, heure de départ + 15 heures.

Pour le Tour 1911, les coureurs avaient droit à une seule bicyclette, par ailleurs identifiée par poinçonnage par les organisateurs pour s'assurer du respect de ce point du règlement. Pour le passage en Suisse, elle devait être plombée.

1910 07 09 Publicité Bicyclette

Exemple de bicyclette (Journal L’Auto, doc. Gallica BNF)

Pour le classement général, le système retenu fut le comptage par point. Les coureurs cumulaient les places obtenues à chaque étape; le vainqueur était celui qui avait récolté le moins de points, donc les meilleures places.

Les premières étapes…

1ère étape : Paris-Dunkerque

Le départ de l'édition 1911 s'effectua du Pont de l'île de Jatte à 5 heures à destination de Roubaix. Le contrôle s'effectua avant le départ, place de la Concorde.

La victoire à Dunkerque, c'était une première pour cette ville de recevoir le Tour, revint à Gustave Garrigou de l'équipe Alcyon, après 12h32 de course pour effectuer les 351 kilomètres de l'étape !

Image Gustave Garrigou

Gustave Garrigou (coll. privée)

Si un groupe de six coureurs dont entre-autres François Faber, Octave Lapize, Georges Passerieu, Louis Trousselier, s'était détaché avant Clermont (73e km), Gustave Garrigou accompagné de André Blaise, Gustave Garrigou, Jules Masselis, René Vandenberghe les avait rejoints avant le 2e contrôle à Montdidier (108e km).

À Amiens (144e km), le groupe avait évolué car il avait perdu Octave Lapize et André Blaise, mais complété de Edouard Léonard et Louis Heusgheim. Au passage à Abbeville (188e km), ils n'étaient plus que quatre, Gustave Garrigou, Louis Heusghem, Jules Masselis et Edouard Léonard, avec 5 minutes d'avance. Mais ce dernier lâcha avant Boulogne-sur-Mer (269e km). Lors du passage à Calais (308e km), Garrigou n'était plus accompagné que de Jules Masselis.

CPA Georges Passerieu

Carte postale Georges Passerieu (coll. privée)

L'arrivée à Dunkerque avait attiré environ 10000 spectateurs qui avaient pris place sur les trottoirs le long du parcours où le 110e Régiment d'infanterie renforçait les agents de la ville. Au 200 mètres, Gustave Garrigou prit une légère avance sur son adversaire belge. François Faber prit la 3e place à 15 minutes.

Lors de cette étape, Lucien Petit-Breton fit une chute à Boulogne-sur-Mer l'obligeant à abandonner; sa pédale lui avait labouré la partie droite de la figure et il souffrait de l'œil.

CPA Lucien Petit-Breton H

Carte postale Lucien Petit-Breton (coll. privée)

2e étape : Dunkerque-Longwy

Après une journée de repos, les 70 coureurs restants partirent tôt de Dunkerque le 4 juillet, à 2h30 pour une étape de 388 kilomètres dont une partie en pavé pour rejoindre Cambrai.

CPA Dunkerque Un bonjour

Carte postale Dunkerque Un bonjour (coll. privée)

À Lille (90e km), passa un groupe important, une petite trentaine de coureurs dont le leader au classement, avec une avance d'une dizaine de minutes. Cambrai (155e km) où est prévu une collation, ils étaient encore seize. Par contre, au passage à Hirson (225e km), à Charleville (281e km) et à Sedan (384e km), le groupe avait fondu à 12 unités.

Pour l'arrivée à Longwy, 4 coureurs s'étaient détachés du groupe et ce fut le belge Jules Masselis qui régla le sprint d'une demi-roue sur François Faber qui avait lancé les hostilités, et Gustave Garrigou; Émile Georget finissant à une longueur.

CPM Jules Masselis R

Jules Masselis (coll. privée)

Le Belge de l'équipe Alcyon était le vainqueur du Tour de Belgique 1910.

Au classement général, Jules Masselis (3 pts) arrivé 2e à Dunkerque fut le nouveau leader devant Gustave Garrigou (4 pts) et le luxembourgeois François Faber (5 pts), l'équipe Alcyon trustait le podium.

3e étape Longwy-Belfort par le Ballon d’Alsace

La 3e étape du jeudi 6 juillet, reliait Longwy à Belfort (331 km) avec comme plat de résistance pour les coureurs, la traditionnelle montée du Ballon d'Alsace. À cette difficulté, une autre via l'allongement de l'étape de 90 kilomètres par rapport aux années précédentes !

À 3 heures, 65 coureurs étaient sur la ligne de départ, placée sue la route nationale en direction de Pont-à-Mousson.

Au 1er contrôle à Briey (47e km), arriva un groupe détaché comprenant Émile Georget, Crupelandt, Marcel Godivier, Paul Duboc, Alphonse Charpiot, Charles Cruchon, Julien Maitron, François Faber, Gaston Garrigou, Louis Heugghem, Maurice Pardon, Constant Ménager, Alfred Faure, Ernest Ricaux, Paul Deman et René Vandenberghe. Il devançait de 2 minutes un autre groupe où se trouvait le leader du classement Louis Masselis.

CPA Longwy Salut

Carte postale Un salut de Longwy (coll. privée)

À Nancy (125e km), entra dans la ville un groupe de 22 coureurs. Une neutralisation de 2 minutes fut donnée et François Faber en profita pour prendre la pourpre d'escampette !

Les autres coureurs du groupe ne furent pas lésés car à Baccarat (178e km), la direction de course l'obligea d'attendre 2 minutes plus 20 secondes de pénalité. Malgré cet arrêt, il quitta la ville avec 13 minutes d'avance sur le groupe. Au passage à Épinal (221 km), il avait encore 9 minutes de marge.

Il était passé 11 heures quand le Géant de Colombes entra dans Remiremont (248 km) acclamé par une foule importante qui compta le nombre de minutes d'avance possédées sur ses poursuivants qui arrivèrent à 11h20. Le groupe se composait de Octave Lapize, Émile Georget, Charles Crupelandt, Marcel Godivier, Paul Duboc, Charles Cruchon, Julien Maitron, Gaston Garrigou, Louis Masselis, Brocco et le belge Paul Demain, le premier des isolés.

À l'assaut du Ballon d'Alsace

Pour accueillir les coureurs au sommet, une fête fut organisée et un nombreux public attendait les coureurs près de la stèle de René Pottier, le premier à avoir franchi en tête ce col en 1905 et 1906.

 

La stèle avec la nouvelle plaque (photo JM)

NA : Un lien en fin de texte permet d’accéder à l’article concernant cette inauguration du 18 juillet 1908.

Avec près de 20 minutes d'avance, François Faber, bon grimpeur effectua les 9 kilomètres de montée depuis Saint-Maurice et franchit en premier le sommet du Ballon d'Alsace, inscrivant au passage, son nom pour la deuxième fois sur les tablettes, après une première en 1909.

CPA François Faber (2)

Carte postale François Faber (coll. privée)

Il pouvait attaquer la descente sur Giromagny avec prudence car elle était assez piégeuse donc dangereuse.

Derrière, la bataille s'engagea entre les coureurs composant le groupe. À ce jeu-là, Émile Georget passa en deuxième position le sommet suivit de Marcel Godivier, tous deux courant pour La Française; suivaient Gustave Garrigou et Paul Duboc.

Classement au sommet du Ballon d’Alsace (passage)

  1905 : René Pottier
  1906 : René Pottier
  1907 : Émile Georget
  1908 : Gustave Garrigou
  1909 : François Faber
  1910 : Émile George
  1911 : François Faber

Mais Émile Georget, un des favoris de l'étape joua de malchance car voulant éviter une moto, il chuta dans le fossé pas très loin de l'Hôtel Tourtet-Kolb !

CPA Ballon d'Alsace Hôtel Tourtet-Kolb

Carte postale Ballon d'Alsace Hôtel Tourtet-Kolb (coll. privée)

Il se releva avec un doigt cassé et des contusions, mais il ne put reprendre la route, la roue de sa bicyclette était brisée.

CPA Émile Georget 2

Carte postale Émile Georget (coll. privée)

Il dut se résoudre à poursuivre… à pied pour effectuer les 30 derniers kilomètres pour rejoindre Belfort ! Mais à Giromagny, il récupéra une jante en remplaçant le moyeu par le sien poinçonné et put reprendre la route à grands coups de pédale.

Belfort, ville d’arrivée le 6 juillet

Dès le 3e Tour de France, Belfort fut traversée en 1905 et 1906, où les coureurs devaient toutefois s'arrêter pour émarger leur passage à la table de contrôle installée devant l'Hôtel de l'Ancienne Poste.

Belfort CPA Fbg France n°2 Hôtel Ancienne Poste

Carte postale Belfort Hôtel de l'Ancienne Poste (coll. JM)

À partir de 1907, changement de statut car Belfort devint ville étape.

Pour cette 9e édition du Tour de France, la météo offrait un beau soleil, voire un soleil de plomb, pour accueillir les coureurs.

Comme toujours ou avec fidélité implicite, l'arrivée du Tour de France s'effectuait sur le quai Vauban où était implanté le magasin de Fernand Chaussin, le représentant du journal L'Auto, l'organisateur de cette épreuve depuis 1903.

*Fernand Chaussin avait pris la succession de son père, Bernard.

1911 07 05 Fernand Chaussin L'Auto R

Photo Fernand Chaussin parue dans L'Auto (doc. Gallica)

En termes d'organisation, le représentant de L'Auto pouvait compter sur les membres des Sports Réunis, du Cycle Belfortain et de l'Avant-Garde Salbérienne.

Pour recevoir le Tour de France, la ville avait pavoisée ses rues et faubourgs. Un nombreux public belfortain était présent pour acclamer les coureurs, mais pas que, car des Sociétés sportives de Mulhouse et Colmar étaient venues ainsi que le Vélo Club de Delle avec sa fanfare de trompettes et aussi des villages aux alentours, même une délégation de Montbéliard…

La sécurité fut assurée par la gendarmerie et la police municipale. Des cordes sur près d'un kilomètre, maintenaient les spectateurs sur les trottoirs pour laisser la route au Tour. Le beau temps avait attiré un nombreux public, certainement un record; le quai Vauban était noir de monde. Plusieurs entreprises et commerces avaient libéré leur personnel pour l'occasion. Alsaciens et Suisses étaient venus voir les forçats de la route.

L'arrivée fut jugée par les membres de l'organisateur, Georges Abran et Alphonse Steinès arrivés en train; au drapeau jaune d'arrivée, l'inspecteur général, Georges Abran.

À la tribune officielle et sur les côtés, les notables avaient pris place dont le général Azibert, le gouverneur de Belfort, le préfet Georges Surugue, Charles Dreyfus et Dolffus directeurs d'usine, le colonel Colonel de Nourquer du Camper du 11e Dragons, des officiers… des journalistes de la presse locale et nationale.

Belfort CPA Quai Vauban

Carte postale Belfort Quai Vauban (coll. BF)

Peu avant 14 heures, la voiture d'Henri Desgranges arriva annonçant l'arrivée des coureurs.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à un article consacré en parti à Henri Desgranges.

Fort de son avance au Ballon d'Alsace, François Faber franchit seul la ligne d'arrivée où la sécurité avait du mal de tenir le public un peu trop enthousiaste, voulant passer par-dessus les cordes placées le long du quai Vauban.

Affiche François Faber 1909

Affiche François Faber (coll. privée)

La Cité du Lion était pour le Géant de Colombes, une ville fétiche avec sa 3e victoire en quatre années !

Le coureur de l'équipe Alcyon avec pneus Dunlop avait roulé seul pendant 206 kilomètres et réalisé le temps de 10h50 pour rejoindre Longwy à Belfort.

17 minutes plus tard, il revint à Marcel Godivier de l'équipe La Française, de prendre la deuxième place devançant Gustave Garrigou de deux minutes, de l'équipe Alcyon, malgré sa chute de ce dernier après Remiremont.

Pour la quatrième place, un coureur de l'équipe La Française, Paul Duboc et Georges Paulmier de l'équipe Automoto prit la 5e place.

Les vainqueurs à Belfort

   1907 : Émile Georget
   1908 : François Faber
   1909 : François Faber
   1910 : Émile Georget
   1911 : François Faber

De 1907 à 1910, l'étape était Metz-Belfort

François Faber

Bio François Faber

Interviewer par le journaliste de L'Auto, Alphonse Steinès, il lui dit :

"Je ne savais pas que le contrôle de Nancy devait être neutralisé… l'arbitre me l'a imposé à Baccarat. Depuis, je n'ai revu aucun concurrent. Au pied du Ballon, j'ai changé de multiplication ce qui m'a demandé une minute et trente secondes… DE l'autre côté du Ballon, j'ai encore changé de multiplication pour reprendre l'ancienne ce qui m'a couté le même temps… et me voilà. Je ne suis pas fatigué . Je suis frais comme une rose qu'on aurait laissé tomber dans la poussière…"

Il montait une bicyclette Alcyon avec des pneus Dunlop.

Affiche François Faber Alcyon

Carte postale Publicité bicyclette Alcyon (coll. privée)

Côté des indépendants, le belge Paul Deman prit la 11e place avec 40 minutes derrière le vainqueur, sur une bicyclette J.-B. Louvet pneus Dunlop; Marius Villette la 19e place et Jules Deloffre à la 22e place. 

Le classement général

   François Faber (6 pts)
   Gustave Garrigou (7 pts)
   Louis Masselis (11 pts)
   Godivir (11 pts)
   Durac (17 pts)

Les enregistrements à la brasserie Danjean

Les enregistrements s’effectuaient chez Marcel et Georges, les propriétaires de la Brasserie Danjean. Les coureurs recevaient un ticket à leur arrivée et étaient dirigés vers ce lieu. François Faber fut accueilli au son de La Marseillaise par l'orchestre de la maison et les acclamations des spectateurs; les coureurs suivants eurent la même réception.

Belfort CPA Fbg Montbéliard n°1 Théâtre LL 28

Carte postale Belfort Fbg de Montbéliard, Brasserie Danjean (coll. JM)

Une partie du public était venue vers ce lieu pour mieux voir les forçats de la route, profitant que le cordon de sécurité était moins présent.

Émile Georget franchit la ligne d'arrivée un peu avant 17 heures, 16h57 pour être précis. Il fut classé 43e à 3 heures du vainqueur, mais le temps n'avait point d'importance car c'était la place qui était comptabilisée. Côté finance, il reçut une amende de 100 francs pour l'utilisation de cette jante…

La fermeture du contrôle s'effectua à 22h30.

Les primes

À chaque étape, des primes étaient distribuées par l’organisateur du Tour, aux meilleurs coureurs de la journée. Le montant de la prime était fonction de la distance parcourue.

Pour cette étape, les 7 premiers coureurs par équipe étaient récompensés.

1911 07 05 Les primes L'Auto

Extrait du journal L’auto (coll. BNF)

Concernant les "Isolés" (ou Indépendants), seuls les deux premiers recevaient une prime, 100 francs au premier et 40 francs au second.

D'autres récompenses fournies par des commerçants, industriels, sociétés… étaient attribuées en fonction des critères retenus par les donateurs.

1911 07 05 Belfort Les gains L'Auto

Les primes récoltées (doc L'Auto, Gallica BNF)

Soirée de Gala chez Danjean

Les propriétaires de la Brasserie Danjean avaient organisé une soirée en l'honneur du Tour de France, un concert et un cinématographe où furent projeté des scènes vécues au cours de la course.

Belfort CPA Fbg Montbéliard n°4 Café Danjean Façade

Carte postale Belfort La Brasserie Danjean (coll. JM)

Dans d'autres secteurs de la ville, des commerces proposaient aussi des animations.

Vendredi 7 juillet, la journée de repos

Pour cette édition comme pour les précédentes, une journée de repos était prévue après chaque journée de course.

Pour le gîte, les coureurs étaient répartis dans les différents hôtels de la ville, les équipes ensembles, les isolés plus dispersés pour cause de règlement; pas plus de deux par hôtel.

Belfort CPA Av gare n°23 Hôtel France Rue Banque

Carte postale Belfort Hôtel de France (coll. JM)

La plupart des coureurs profitèrent de cette journée pour recharger les batteries, mais surtout les organismes mis à rude épreuve par la longueur des premières étapes et ce premier col du Ballon d'Alsace, effectuer des soins... Certains firent toutefois quelques kilomètres pour faire mouliner les jambes.

D'autres visitèrent avec l'ascension… du Lion. Si cette visite fut appréciée, ils furent déçus car il était interdit de se faire photographier devant le symbole belfortain ! Il fallait une autorisation spéciale.

Belfort CPA Lion 2 Lejeune & Groupe personnes

Carte postale Belfort Le Lion (coll. JM)

Pour noyer leur déception, ils se rendirent à l'étang des Forges pour piquer une tête.

Les mécaniques recevaient elles aussi des soins…

L'envoyé du journal L'Auto fit la comparaison entre Longwy et Belfort en termes d'accueil; autant la première ville avait mis les petits plats dans les grands autant la seconde ne fit rien ou presque; il fit même ce commentaire "Le maire de Belfort n'est pas de cette jeune école qui s'intéresse aux choses nouvelles et nous partiront vers d'autres cieux, sans réceptions officielles. On peut , d'ailleurs, s'en passer."

NA : En 1911, le maire était Charles Schneider; de santé fragile avait-il snobé volontairement cet évènement…

Samedi 8 juillet, 4e étape Belfort-Chamonix

Pour cette 4e étape, entre la Cité du Lion et Chamonix, nouvelle ville étape, le départ s'effectua à partir de Danjoutin, le samedi 9 juillet à 3 heures du matin.

Au programme de cette nouveauté de 344 kilomètres, plusieurs difficultés : la côte de Maiche près de 10 km, le col de la Savine culminant à 990 mètres, le col de la Faucille avec ses 1323 mètres et 22 km de montée, et pour finir la montée de Chamonix à 1043 mètres et 19 kilomètres avec une pente variant entre 4 et 8 % !

Mais avant le départ, les coureurs devaient effectuer leur enregistrement à partir de 2 heures du matin, à la table de contrôle installée à la Brasserie Danjean, faubourg de Montbéliard où le secteur était brillamment illuminé avec une foule enthousiaste.

Belfort CPA Fbg Montbéliard n°4 Café Danjean Maison Café Restaurant R

Carte postale Belfort La Brasserie Danjean (coll. JM)

Ils n'étaient plus que 59 coureurs à prendre le départ.

Le contrôle s'effectua sous la responsabilité de Fernand Chaussin assisté par les membres du Cycle Belfortain, des Sports Réunis et de l'Avant-Garde Salbérienne.

Ensuite les coureurs se rendirent à Danjoutin pour le départ qui s'effectua depuis le café d'Émile Muller, dépositaire de cycles et président du Cycle Belfortain. La rue était partiellement illuminée par des lampions disséminés.

CPA Danjoutin Route de Belfort

Carte postale Danjoutin Route de Belfort (coll. BF)

NA : Toujours le fameux Café Muller ! Une étude m'a permis de localiser son lieu, toutefois avec une part d'incertitude… Un lien en fin de texte permet d'y accéder.

Le départ

Après l'appel des coureurs, le départ fut donné à 3 heures tapantes par le starter aux 66 coureurs restants pour cette étape de 344 kilomètres. La météo pour cette journée devait être ensoleillée.

Ce fut le leader du classement François Faber qui prit la commande d'un premier groupe voulant durcir la course depuis le départ. Au passage à Montbéliard (17e km), 24 coureurs s'étaient détachés. Le groupe passa à Morteau (89e km) dans la même configuration.

CPA Morteau Souvenir

Carte postale Souvenir de Morteau (coll. privée)

Un peu avant 7 heures, les coureurs arrivèrent à Pontarlier (118e km), du moins un coureur car Maurice Brocco était seul devant avec 5 minutes d'avance sur le groupe réduit à 20 unités dont François Faber, Gustave Garrigou, Ernest Paul, Paul Deman, Jules Masselis, Louis Heusghem…

À Champagnole (194e km), Maurice Broco avait conforté son avance à 8 minutes sur ses poursuivants regroupant 25 coureurs. Toujours pas rattrapé, il passa Morez-en-Jura (201 km) avec 10 minutes sur la meute qui tirait la langue.

CPA Maurice Brocco

Carte postale Maurice Brocco (coll. privée)

Un favori du Tour abandonna dans cette ville, Octave Lapize, le Champion de France, épuisé.

Au col de la Faucille, le coureur échappé avait encore 9 minutes d'avance sur 4 coureurs : François Faber, Gustave Garrigou, Louis Heusghem et Jules Masselis.

Vers midi, Genève (256 km) fut traversé dans cette même configuration, tout comme Cluze (300 km) avec toujours 8 minutes d'avance sur les 4 poursuivants.

L'arrivée à Chamonix

Avec 1h30 d'avance sur l'horaire prévisionnel (14h30 au lieu de 16h), le premier coureur arriva dans la ville alpine, surprise car point de Maurice Brocco mais Charles Crupelandt triomphant à Chamonix.

Charles Crupelandt Wikipédia

Carte postale Charles Crupelandt (doc. Wikipédia)

Maurice Broco qui fut devant une grande partie de la journée eut une défaillance dans la dernière montée, il termina à la 16e place, à 53 minutes du vainqueur.

Louis Heusghem prit la 2e place à une minute et Gustave Carrigou la troisième à 6 minutes. Ce dernier reprenant la première place (10 pts) du classement général devant François Faber (11 pts) et Paul Duboc (25 pts).

10 juillet, 5e étape Chamonix-Grenoble

Le lendemain dans cette étape était au programme, le Galibier, une première ! Il fut vaincu par Émile Georget.

30 juillet, la dernière étape Le Havre-Paris

Le 30 juillet, pour la dernière étape, les 28 coureurs rescapés partaient d'une nouvelle ville étape, Le Havre remplaçant Caen. Cette 15e étape de 317 kilomètres mettait un point final au Tour de France 1911.

Au classement général avant le départ, Gustave Garrigou (40 pts) était devant Paul Duboc (59 points) et Émile Georget (73 pts); donc possédait une petite marge sur ses concurrents directs.

CPA Le Havre Bonjour

Carte postale Un bonjour du Havre (coll. privée)

Le départ fut donné à 5 heures depuis l'octroi de la ville, à l'extrémité du boulevard Maritime.

À Fécamp (53e km), 20 coureurs s'étaient légèrement détachés, du moins 8 coureurs avaient déjà lâché prise. Au passage à Saint-Valéry-en-Caux (93e km), Marcel Godivier, Paul Duboc et Émile Georget étaient devant, ils avaient faussé compagnie au peloton et possédait 6 minutes sur Gustave Garrigou, Albert Dupont et Julien Maitron.

La ville de Dieppe (127 km) fut atteinte un peu avant 9 heures par le duo formé de Marcel Godivier et Paul Duboc, Émile Georget suivait à 6 minutes et le trio suivant à 10 minutes. Toujours devant à Neufchâtel-en-Bray (170 km), à Gisors (228 km)… à Mantes (253 km), ils avaient une avance de 18 minutes sur Gustave Garrigou et Albert Dupont, et 25 minutes sur Henri Devroye, Jules Deloffre et Charles Cruchon.

Marcel Godivier passa seul à Versailles (301 km), traversant sa ville en triomphe, avec 3 minutes sur Paul Duboc qu'il avait lâché peu après Mantes.

Comme pour les éditions précédentes, l’arrivée finale s’effectua sur la piste du vélodrome du Parc des Princes à Boulogne, devant une foule des grands jours.

CPA Boulogne sur Seine Vélodrome Parc des Princes

Carte postale Le vélodrome du Parc des Princes à Boulogne-sur-Seine (coll. privée)

À 15h45, quand il pénétra sur la piste, Marcel Godivier reçut un flot d'applaudissements et de notes de musique qui l'accompagnèrent tout le long de son tour.

Photo Marcel Godivier Gallica

Photo Marcel Godivier (doc. Gallica)

Son tour terminé, arriva Paul Duboc tout aussi applaudit. La troisième place revint au leader de la course, 29 minutes après l'arrivée du vainqueur de l'étape. Gustave Garrigou reçut une belle et longue ovation de la part du public. Il devançait d'une minute Charles Cruchon et de 2 minutes Jules Deloffre.

Classement final

Le Tour de France 1911 revint donc à Gustave Garrigou avec 43 pts, précédant Paul Duboc (61 pts),  Émile Georget (84 pts), Charles Crupelandt  (119 pts) et Louis Heusghen (135 pts)

CPA Gustave Garrigou 151

Carte postale Gustave Garrigou (coll. privée)

Il avait construit sa victoire finale par la régularité de ses résultats dont 2 victoires d'étapes :

  2 places de 1er (1ère et 13e étapes)
  3 places de 2e (3e, 6e et 10e étape)

  5 places de 3e (2e, 4e, 5e, 8e et 15e étapes)
  3 places de 4e (7e, 9e et 11e étape)
  1 place de 5e (14e étape)
  1 place de 7e (12e étape)                    

1911 07 31 Tour de France L'Auto 8R

Publicité Alcyon dans le journal L'Auto (doc. Gallica)

Après des places sur le podium, 2e en 1907 et 1909, 3e en 1910, il inscrivait son nom, en étant le 8e vainqueur de Tour de France.

La menace rouennaise !

A noter, qu'il fut "protégé" pour effectuer cette étape par l'organisation car ayant reçu de nombreuses lettres de menaces des supporters de Paul Duboc, le passage dans sa ville de Rouen était risqué pour Gustave Garrigou. Ils le tenaient pour responsable de son empoisonnement lors de l'étape Luchon-Bayonne.

CPA Rouen

Carte postale Souvenir de Rouen (coll. JM)

Sa bicyclette fut peinte en noire, il porta un maillot sans numéro et fut escorté par trois voitures lors de son passage à Rouen.

Lors de l'étape Pyrénéenne, Paul Duboc pouvait prendre la première place du classement à Gustave Garrigou. Mais au pied de l'Aubisque, le rouennais fut pris de vomissements et diarrhées, lui enlevant toute force. Son bidon avait-il été trafiqué ? A qui profitait le crime sinon au leader de la course !

Classement final des isolés

Concernant le classement des Isolés, le premier fut Paul Deman (31 pts) devant Jules Deloffre (43 pts) et Ottavio Pratési (54 points).

CPA Paul Deman

Carte postale Paul Deman (coll. privée)

Paul Deman termina 13e au classement général de l'ensemble des participants.

Le vainqueur, Gustave Garrigou

Cyprien Gustave Garrigou est né le 24 septembre 1884 à Jaoul, commune de Vabre-Tizac (Aveyron). Il préféra utiliser son 2e prénom, Gustave. Fils de Paul Louis Garrigou et de Marie dite Elisa Brémond. Il fut le sixième d'une fratrie de 10 enfants. Son père, Paul, fut régisseur à Jaoul puis épicier à Pantin.  

Attiré par la pratique du cycle, il obtint rapidement des résultats dans un premier temps comme amateur; en gagnant la course Paris-Amiens en 1904. L'année suivante, il remporta de nouveau cette course et Paris-Dieppe. Il obtint les podiums, 2e sur Paris-Provins-Paris, 3e sur Paris-Caen et Paris-Gien.

Après avoir travaillé dans l'épicerie familiale, il fut mécanicien avant de devenir professionnel en 1907 chez Peugeot, puis chez Alcyon en 1909 jusqu'en 1914.

Fiche Gustave Garrigou R

Fiche cyclisme Gustave Garrigou (coll. privée)

Le 30 septembre 1909, il se maria à Pantin,  avec Céline Adèle Prévost et eut deux enfants, Suzanne et Lucien.

Après ses très bons résultats en amateur, il va concrétiser en professionnel avec les victoires :

  Champion de France sur route en 1907 et 1908
  Paris-Amiens et Paris-Dieppe en 1907
  Tour de Lombardie et Paris-Bruxelles en 1908
  Tour de France 1911

Mais aussi de beaux podiums et de belles places dans le top ten :

  Tour de France : 2e en 1907 avec les 10e et 12e étapes, 4e en 1908, 2e en 1909 avec la 12e étape, 3e en 1910 avec la 13e étape, 1er en 1911 avec les 1ère et 13e étapes, 3e en 1912, 2e en 1913 avec la 8e étape et 5e en 1914 avec la 11e étape
  Paris-Bruxelles : 6e en 1908, 2e en 1909, 5e en 1910, 9e en en 1911, 8e en 1913
  Paris-Roubaix : 4e en 1907, 8e en 1908, 7e en 1909, 6e en 1910, 4e en 1911, et 2e en 1912
  Bordeaux-Paris : 3e en 1907 et 3e en 1912
  Milan-San Remo : 2e en 1907, 2e en 1912 et 9e en 1913
  …

Après avoir raccroché sa bicyclette de course au clou, il ouvrit une quincaillerie à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne). Il décéda dans ce département, le 28 janvier 1963 à Esbly.

Tour des Indépendants

En 1911, eut lieu un autre Tour de France, le Tour des Indépendants (ou Tour de France Peugeot-Wolber) du 4 août au 3 septembre.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à l'article consacré à cette épreuve concurrente

Épilogue

Gustave Garrigou après avoir obtenu plusieurs podiums lors des éditions précédentes, remporta enfin son Tour de France en 1911, grâce à une belle régularité au classement de chaque étape; maîtrisant ainsi ses adversaires.

Pour cette édition 1911, François Faber réalisa un triplé en gagnant à Belfort après les réussites de 1908 et 1909; en ayant passé en tête au sommet du Ballon d'Alsace comme en 1909.

JM

Liens pour accéder aux articles cités

Sommaire des Tours de France : Cliquer ici

Tour de France, le Ballon d'alsace (Article 1907) : Cliquer ici

Inauguration stèle René Pottier (Article Pottier) : Cliquer ici

Henri Desgrange (Tour 1937) : Cliquer ici

Tours de France Lieu de départs à Danjoutin : Cliquer ici

Tour des Indépendants 1911 : Cliquer ici

Références presse : Journaux La Frontière et L’Alsace (doc. Archives départementales du Territoire de Belfort), Journal L'Auto (doc. Gallica BNF)

Référence Web : Wikipédia, Site La Grande Boucle, Divers autres Sites…

Infos pratiques  

Vous pouvez laisser des commentaires sur cette présentation via le lien "Commentaires" en fin de l'article après la liste des tags.

En cliquant sur une photo ou un document, vous pouvez l’agrandir.

---o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o---

Publicité
Commentaires
LE CARTOPHILION
  • Le CartophiLion outil de communication des CCTB, mais surtout un journal proposant des articles centrés sur la ville de Belfort et du département, ainsi que d'autres thématiques (sports, fêtes & traditions...); agrémentés de visuels liés aux collections.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 947 832
Publicité