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LE CARTOPHILION
4 juin 2024

15 mai 1914, enterrement du Sapeur Laverdure décédé dans un puits de mines au Fort Denfert, à Belfort.

Il y a 110 ans, eut lieu un drame à Belfort, au Fort Denfert où le jeune sapeur Léon Laverdure périt de sa vie, suite à un éboulement dans une galerie de mines, le mardi 12 mai 1914.

Carte postale Belfort Route de Bavilliers* (coll. JM)

 

*Route de Bavilliers : Elle séparait le Fort Denfert en deux.

 

Le drame attrista une très grande partie des militaires de la Place, ainsi que la population belfortaine tout comme les habitants du village d’Auxelles-Bas, commune d’origine du défunt, située au nord de la Cité du Lion.

 

Le drame

 

Il était 14h30, ce mardi 12 mai 1914, quand un éboulement se produisit dans une galerie de mines, lors d’un exercice, au polygone du Fort Denfert, à Belfort. Le sapeur Léon Laverdure, militaire au 28e Bataillon du génie, fut pris dans l’écroulement d’un rameau.

 

Descendu à deux dans ce puits, le sapeur Laverdure détecta un éboulement imminent, alerta son camarade le sapeur Thomas et lui intima de quitter le boyau quand l’écroulement survint. Si ce dernier en partie enseveli put s’échapper tout de même du rameau, malheureusement, il en fut tout autre pour le premier qui fut beaucoup plus enseveli l’empêchant de s’extraire de sa cauchemardesque situation !

 

Ce fut d’ailleurs, le sapeur Thomas qui tenta en premier de porter secours à son sauveur. Il fut rejoint par le sergent Pillods, les sapeurs Bignet, Bosdevaux et Conard qui se dépensèrent sans compter pour extraire leur camarade du fond du puits, dans des conditions difficiles et extrêmement dangereuses, voire périlleuses.

Carte postale Sapeur du génie (coll. privée)

 

L’opération de sauvetage fut cordonnée sous la responsabilité du commandant du 28e Bataillon du génie, le capitaine Normand.

 

Le jeune médecin aide-major Hassendorfer, du 171e Régiment d’infanterie, arrivé la veille du Val de Grâce, était descendu lui aussi pour être prêt à effectuer les premiers soins, sur place.

 

L’intervention des sapeurs-sauveteurs fut proche de la réussite, ayant dégagé partiellement leur camarade,  quand un deuxième éboulement se produisit nécessitant de forer un deuxième puits latéral d’environ quatre mètres, pour accéder au militaire prisonnier de la terre. Il fallut tout de même une bonne heure supplémentaire pour le dégager complètement et le remonter afin que le médecin-major de la Chapelle assisté de trois autres médecins militaires, puisse lui pratiquer des soins. Malgré leurs interventions pendant plus d’une heure trente, ils ne purent ramener à la vie, le sapeur originaire d’Auxelles-Bas.

 

Il fut conduit à la chapelle de l’hôpital militaire.

Carte postale Belfort L’Hôpital militaire (coll. JM)

 

Le général Claude Thévenet, gouverneur de la ville, informé de suite de la situation, était venu assister à l’opération de sauvetage. Les militaires qui étaient intervenus, le sergent Pillods, les sapeurs, Bignet, Bosdevaux, Conard et Thomas furent accablés de la mort de leur camarade, eux qui avaient réussi à l’extraire dans des conditions difficiles et dangereuses.

 

Léon Laverdure

 

Né le 5 juillet 1892, à Auxelles-Bas (Haut-Rhin), Léon Eugène Laverdure est le fils de Joseph (décédé) et Julie Sarrazin. La famille était domiciliée à Auxelles-Bas. Il était maçon.

Carte postale Auxelles-Bas Vue générale (coll. JM)

 

Il fut incorporé le 10 octobre 1913 (matricule 1298, classe 1912), au 4e Régiment du Génie; il fut versé le 14 avril 1914, au 28e Bataillon du génie. Il obtint le grade de 1ère classe le 1er mai 1914.

 

Le Fort Denfert

 

Le plateau de Bellevue, une hauteur à l’ouest de la ville, accueillit en 1870, le Fort de Bellevue construit afin de sécuriser la Cité sous la protection du Fort des Barres (Fort Hatry) et des Basses Perches. Il résista aux prussiens jusqu’au 8 février 1871, lors du Siège de Belfort (1870-1871).

 

Il fut rebaptisé Fort Denfert-Rochereau par le décret présidentiel, du 15 mai 1878, en mémoire du colonel Denfert-Rochereau qui fut le commandant de la défense héroïque de la place de Belfort.

Vue aérienne de l’emplacement du Fort Denfert
(doc. BF, complété JM)

 

La partie nord du fort acquis par la ville en 1925, fut rasée pour laisser place au nouveau cimetière de Bellevue, l’année suivante.

 

Dans la bible belfortaine d’André Larger où j’ai tiré les informations pour rédiger ce chapitre, "Les rues de Belfort", l’historien belfortain écrit "La porte métallique du cimetière donnant sur le faubourg de Lyon, est le seul vestige de cet ouvrage".

La porte métallique de l’ancien Fort Denfert (photo JM)

 

La partie sud devint une caserne d’artillerie et de génie, édifiée en 1899-1900, puis fut occupée par la gendarmerie dont les gardes mobiles et le peloton autoroutier.

 

À ma connaissance, le Fort Denfert a la particularité de ne pas avoir laissé de cliché sous la forme de carte postale ! Existe-t-il des cartes photos ?

 

Cités à l’Ordre de la Place

 

Le 14 mai, le général de Division Thévenet, Commandant d’Armes, fit publier ses décisions où il adressa au nom de la garnison, son salut au sapeur-mineur Laverdure, tombé victime du devoir.

Carte postale Le général Thévenet (coll. JM)

 

Il cita à l’Ordre de la Place, la belle conduite et le dévouement du sergent Pillods, des sapeurs Thomas, Bosdevaux, Conard et Bignet qui au péril de leurs vies, sont restés pendant plus de deux heures au fond du puits et ont réussi à en arracher le corps de leur camarade.

 

Il cita à l’Ordre de la Place, le médecin aide-major Hassendorfer du 171e Régiment d’infanterie d’être descendu aussi dans le puits, pour donner les premiers soins. 

 

L’enterrement du sapeur 1ère classe Léon Laverdure

 

Les obsèques du Sapeur Léon Laverdure se déroulèrent le vendredi 15 mai 1914; la levée du corps eut lieu à 9 heures à la chapelle de l’Hôpital militaire après la cérémonie religieuse.

 

Un cortège très important accompagna le militaire en sa dernière demeure.

 

Il revint à la musique du 171e Régiment d’infanterie de prendre la tête, précédant le prêtre et les nombreuses couronnes offertes par la famille, les officiers du Génie, le 28e bataillon du Génie, la Société des anciens artilleurs et sapeurs, les différents corps de la garnison de la ville…

Carte photo Belfort Le début du cortège au passage de la place Corbis (coll. JM)

 

Vint ensuite le chariot du Parc portant le cercueil décoré de drapeaux et de feuillages, escortés par les militaires de sa section d’appartenance.

Carte photo Belfort Le chariot mortuaire où était déposé le cercueil,
au passage de la place Corbis (coll. privée)

 

Suivaient la famille du défunt puis les différentes autorités et les délégations des différentes garnisons de la Place, dont le préfet Georges Goublet, le général Thévenet, le gouverneur de la Place de Belfort, le général Jean Joseph Rouquerol, l’adjoint du gouverneur, le général Jean Gendron commandant de la Brigade des Dragons, tous les chefs de corps, de nombreux officiers, sous-officiers et soldats, une délégation de la Société des anciens artilleurs et sapeurs, des civils…

Carte photo Belfort Les officiers suivant le chariot mortuaire (coll. BF)

 

Les honneurs militaires furent rendus au défunt pour rejoindre l’arrêt prévu, dans un premier temps, au début du faubourg des Vosges, après la porte de l’enceinte du faubourg des Ancêtres.

Carte postale Belfort La porte du faubourg des Ancêtres (coll. JM)

 

Le piquet a rendu les honneurs devant une assistance dense, avant que le commandant du 28e Bataillon du Génie rende hommage au Sapeur mort pour la France.

Carte photo Belfort Musique du 171e Régiment d’infanterie (coll. BF)

 

Puis ce fut au général Thévenet de faire un long discours commençant par ses paroles "Le 28e Bataillon du Génie compte à peine 15 jours d’existence et déjà la mort vient de faire un vide dans ses rangs. Victime du devoir, un de ses meilleurs soldats, le sapeur Laverdure est tombé à son poste, inscrivant glorieusement son nom sur la première page du Livre d’or du Bataillon."

Carte photo Belfort À l’entrée du faubourg des Vosges (coll. AD90)

 

Il poursuivit par d’autres mots sur la mort… puis revint sur le déroulement du drame dans le polygone Denfert, en soulignant le mérite des sapeurs et médecins étant intervenu pour le sauver.

 

Après ces hommages, le cortège réduit mais toujours accompagné par la Compagnie du sapeur remontèrent le faubourg des Vosges pour rejoindre Valdoie, là, les militaires laissèrent la famille accompagnée, poursuivre la procession pour rejoindre la commune d’Auxelles-Bas.

Carte postale Auxelles-Bas Vue générale (coll. privée)

 

Le sapeur Léon Laverdure fut enterré dans le cimetière de son village natal.

 

Épilogue

 

À peine sept mois après son incorporation, Léon Laverdure mourrait dans d’atroces conditions, enseveli dans un puits de mines du Fort Denfert, malgré le sauvetage désespéré tenté par ses camarades. 

 

Ce décès marqua la garnison d'où ce grand hommage qui lui fut rendu.

 

JM

 

Références : Les journaux L’Alsace et La Frontière (documents Archives départementales du 90, AD90), Livre Les rues de Belfort d’André Larger (coll. JM)

 

Infos pratiques  

 

Vous pouvez laisser des commentaires sur cette présentation via le lien "Commentaires" en fin de l'article après la liste des tags.

 

En cliquant sur une photo ou un document, vous pouvez l’agrandir.

 

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