Tour de France 1924 (2e partie) : Belfort ville de passage, dernière étape, résultats & bio du vainqueur!
MAJ le 16 juillet 2024
À la fin de la première partie de l'article, le Tour de France 1924 arrivait dans le Territoire de Belfort pour simplement… le traverser comme lors des éditions précédentes, depuis 1919 !
Lors de cette 12e étape Gex-Strasbourg, du 14 juillet 1924, toutefois, les coureurs s'arrêtèrent tout de même, quelques instants, car ils devaient émarger la feuille de contrôle à Belfort.
/image%2F0405742%2F20240714%2Fob_5d0ebd_1924-07-16-tour-de-france-la-frontier.jpg)
Une nouvelle fois, le Ballon d'Alsace, qui fut le premier sommet escaladé en 1905, ne fut pas retenu par les organisateurs de L’Auto !
NA : En fin de texte des liens permettent d'accéder à la 1ère partie de l'article et au Sommaire recensant l'ensemble des articles sur le Tour de France.
Deuxième demi-étape de l’article
Belfort, ville de passage du Tour 1924
Comme écrit plus haut, Belfort après avoir été ville étape de 1907 à 1914, devint ville de passage après la fin de la Première Guerre Mondiale, à partir de 1919.
Le lundi 14 juillet 1924, Belfort et le Territoire étaient donc, à nouveau sur le parcours du Tour de France, lors de la 12e étape.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_c76dd4_belfort-cpa-multivues-4-vues-souvenir.jpg)
Carte postale Souvenir de Belfort (coll. JM)
Les coureurs rejoignaient Strasbourg depuis Gex, en passant par le col de la Faucille, Morez, Pontarlier, Morteau, Montbéliard, Belfort, Mulhouse et Colmar.
Belfort, au 217e kilomètre
La veille du passage du Tour de France, les amoureux de la Petite Reine eurent droit à un programme de course sur le nouveau Vélodrome, faubourg des Vosges. Parmi les têtes d’affiche, l’ex recordman du Monde de l’heure, Paul Guignard, avec la distance de 101,2 kilomètre-heure, du 15 septembre 1909 !
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_aa4648_1924-07-12-courses-velodrome-la-front.jpg)
Extrait journal la frontière du 12 juillet (doc. AMB)
Une petite précision, ce record s'effectua derrière une moto sur la piste du vélodrome de Munich-Milbertshofen; mais plus de 100 km/h, tout de même. Il fut le premier à dépasser le plafond des 100 kilomètre-heure.
/image%2F0405742%2F20240716%2Fob_9a6631_cpa-paul-guignard-101-2-kmh-r.jpg)
Carte postale Paul Guignard lors de son record en Allemagne
(coll. privée)
Son record ne fut que battu le 31 mars 1914, par l’allemand Paul Nettelbeck (102,358 km/h), mais il ne fut pas homologué par la Verband Deutscher Radrennveranstalter (Association des organisateurs cyclistes allemands). Il faudra attendre… 1924, le record établi par le belge Léon Vanderstuyft, à 107,710 kilomètre-heure.
Paul Guignard avait déjà inscrit à son palmarès de pistard sur demi-fond, le record de l'heure, obtenu le 8 avril 1905, mais avec 89,904 kilomètre-heure.
Info ou Intox ?
Il est dans le journal L’Alsace du 15 juillet, que le Tour de France aurait pu ne passer pas par Belfort, car le maire (Noël Lapostolest, nom ajouté par moi) aurait demandé la somme… de 70,00 francs à Henri Desgranges, pour le défraiement du service d’ordre. Info ou intox politique ?
Le passage du Tour
Malgré la déception de ne pouvoir assister qu’au passage du Tour de France, à Belfort, le public vint en très grand nombre sur le parcours prévu dans la ville, avec une cohue indescriptible qui saturait les trottoirs du faubourg de Montbéliard au quai Vauban, chacun voulant la meilleure place pour acclamer les coureurs, et surtout les voir !.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_5e50e6_belfort-cpa-fbg-montbeliard-n-36-av.jpg)
Carte postale Faubourg de Montbéliard (coll. JM)
Un grand nombre de spectateurs s’était approprié très tôt, un morceau de trottoir, synonyme de meilleure place, acquise de haute lutte, face à la concurrence. Certains cherchaient à s’infiltrer pour s’imposer par indélicatesse assumée ! Les spectateurs en prenant place ne savaient pas que l’attente estimée serait beaucoup plus importante, près d’une heure supplémentaire !
Acquise au fil des années, l’expérience pour organiser cette réception ne posait pas de problème pour Charles Chaussin, le correspondant du journal L'Auto; il savait qu'il pouvait compter sur la mobilisation de nombreuses personnes volontaires dont les sociétaires du UCB (Union Cycliste Belfortaine), du président Albert Schneitter et de plusieurs de ses membres dont XXX Prévot le vice-président, XXX Petitjean, XXX Lejeune, XXX Forestier, A. Fulleringer, XXX Laslaz, XXX Lods, Barthélémy Vives…
La sécurité était assurée par la police municipale dirigée par son commissaire Louis Lalanne et l’officier de Paix Prosper Dumaine, épaulée par le concours de sociétaires de l’Union Cycliste Belfortaine.
La table de contrôle était installée au café des Halles, quai Vauban.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_5b5dad_belfort-cphoto-restaurant-charles-quai.jpg)
Carte photo Belfort Café des Halles (coll. JM)
Après le faubourg de Montbéliard, le parcours intra-muros empruntait le pont Carnot, puis le quai Vauban où était prévu initialement le contrôle.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_df302f_carte-tour-de-france-1922-r.jpg)
Parcours du Tour dans Belfort (réal. BF)
Si le Tour ne s'arrêtait pas dans la Cité du Lion, les coureurs devaient descendre de leur destroyer métallique pour émarger la feuille de contrôle, une minute était décomptée pour chaque concurrent.
Vers midi, la voiture ouvreuse, une Peugeot 15 HP type 153 B.R.A., celle du directeur de la course, Henri Desgranges, annonça l’arrivée prochaine d’un peloton.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_e6b0fe_1924-06-21-tour-de-france-l-auto-velo.jpeg)
La voiture du directeur de la course (journal L’Auto, doc Gallica, BNF)
À 12h20, les spectateurs virent arriver les coureurs du peloton toujours à peu près constitué, un peu étalé, avec en tête Joseph Muller, le strasbourgeois qui visait de récidiver sa victoire de l’année dernière, profitant du contrôle dans la Cité du Lion, il avait filé à l’anglaise et ses adversaires ne purent le rattraper !
Mais pour cette édition, il fut surveillé comme le lait sur le réchaud ! Les leaders du classement général étaient dans les premières place du peloton, dont les trois premiers, l’italien Ottavio Bottecchia, le luxembourgeois Nicolas Frantz et l’italien Giovanni Brunero, mais ce fut Joseph Muller qui signa le premier la feuille d’émargement, voulant prendre la poudre d’escampette… mais il ne put point concrétiser son idée, les autres coureurs connaissant le lascar, lui collèrent de suite, au train.
Pour cette édition, il n'y avait pas de coureur représentant le département.
Donc ce fut un peloton qui quitta la Cité du Lion par l'avenue du Capitaine de la Laurencie, puis la côte du faubourg de Brisach, et passa sous la Porte du Vallon.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_b89bb5_1924-07-19-tour-de-france-miroir-des-s.jpeg)
Les coureurs passant la Porte du Vallon
(journal Miroir des Sports, doc.Rétronews)
N’ayant pu récidiver lors de l’opération d’émargement à la table de contrôle, Joseph Muller retenta, tout de même, de s’échapper dans la descente pour rejoindre Roppe.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_cd65b1_1924-07-19-tour-de-france-miroir-des-s.jpeg)
Les coureurs à destination de Roppe
(journal Miroir des Sports, doc. Rétronews)
Les coureurs quittèrent le Territoire de Belfort après le passage à Lachapelle-sous-Rougemont
En direction de Strasbourg
Avec le retour de L’Alsace au sein de la Patrie française, à la fin de la Première Guerre Mondiale, les organisateurs décidèrent à partir de 1919, de faire passer le Tour de France par ces deux départements. Cette décision avait rempli de joie les alsaciens et alsaciennes qui, à chaque passage, étaient très nombreux au bord des routes, pour encourager les coureurs.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_9bf311_cpa-souvenir-alsacienne.jpg)
Carte postale Souvenir d’Alsace (coll. privée)
Donc la foule des grands jours fut présente à Mulhouse (258e km), pour offrir une véritable ovation aux 22 coureurs du premier peloton arrivant à 13h40, emmené par Joseph Muller. Les suivants ne furent pas oubliés, non plus !
Avant d’arriver à Colmar (274e km), où fut prévu le ravitaillement, le peloton vit le retour en son sein, de 12 autres coureurs. L’alsacien fut toujours dans les premiers du groupe pour mener sur les routes alsaciennes, tentant à plusieurs reprises de partir seul, mais le bon de sortie lui fut interdit.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_63c010_1924-07-19-tour-de-france-miroir-des-s.jpeg)
Joseph Muller au ravitaillement
(journal Miroir des Sports, doc. Rétronews)
Le rythme imposé par les leaders, voulant contrôler la course, fit que la première partie du parcours en Alsace fut cadenassée donc rendant difficile à des coureurs, de partir à l’aventure.
Strasbourg reçoit le Tour de France le 14 juillet
Pour cette 18e édition du Tour de France, Strasbourg était doublement en fête en ce jour de Fête nationale en recevant les coureurs lors de cette 12e étape, pour la 6e année consécutive. L’arrivée fut prononcée sur le vélodrome du Parc des Sports de Schiltigheim.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_6b12f0_cpa-strasbourg-14-juillet.jpg)
Carte postale Strasbourg en fête (coll. privée)
Pas une place de libre dans cette enceinte, où l’attente fut beaucoup plus longue que prévue, car les coureurs firent les fortes têtes lors du départ de Gex, du moins dans les lacets du col de la Faucille, gravis à une vitesse d’escargot.
Lors de la venue du Tour de France, Strasbourg accueillait aussi l’Exposition Coloniale et Industrielle installée au Wacken, du 6 juillet au 19 octobre. Elle fut inaugurée par le ministre des Colonies, Édouard Daladier.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_aa74da_cpa-strasbourg-exposition-coloniale.jpg)
Carte postale Strasbourg Exposition coloniale (coll. privée)
L’arrivée des coureurs
Il fallut attendre d’avoir quitté Colmar pour que plusieurs coureurs tentent de partir, dont Romain Bellenger, mais la bonne échappée fut déclenchée après Benfeld. Un duo parvint à se détacher, composé de Georges Cuvelier et du belge Raymond Englehert, mais le luxembourgeois Nicolas Frantz sentant le bon coup les rattrapa, vite rejoint par le leader du classement Ottavio Bottecchia, qui ne voulait pas laisser partir le 2e du classement général !
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_41c6f3_cpa-georges-cuvelier.jpg)
Carte postale Georges Cuvelier (coll. privée)
À 17h50, le quatuor prit de l’avance sur le peloton et arriva seul sur le vélodrome de Schiltigheim pour la victoire de cette 12e étape. À la cloche, Georges Cuvelier lança son sprint mais fut débordé par le luxembourgeois; le belge Raymond Englehert, prit la 3e place devant l’italien Ottavio Bottecchia.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_f9439e_1924-07-19-tour-de-france-miroir-des-s.jpeg)
L’arrivée sur le vélodrome (journal Miroir des Sports, doc. Rétronews)
Le peloton de 17 coureurs précédé par Philippe Thys d’une bonne minute, arriva avec 3mn 50s de retard sur le quatuor international.
Ainsi Nicolas Frantz gagna sa 2e étape consécutive, après Gex, Strasbourg ! Une victoire importante car il obtenait une nouvelle bonification de 3 minutes.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_451085_cpa-nicolas-frantz.jpg)
Carte postale Nicolas Frantz (coll. privée)
Malgré que Joseph Muller ne pût récidiver sa victoire de 1923, il obtint le record des acclamations à l’applaudimètre.
Classement général
Cette étape n'eut pas d'impact sur le classement général, hormis les 3 minutes grignotées par le deuxième du général sur le leader.
1er Ottavio Bottecchia (I) 179 h 31 mn 16 s
2e Nicolas Frantz (L) à 35 mn 52 s
3e Giovanni Brunero (I) à 49 mn 25 s
4e Bartolomeo Aymo (I) à 1 h 35 mn 19 s
5e Lucien Buysse (B) à 1 h 36 mn 31 s
Le régional alsacien, Joseph Muller put tout de même gratter une place, de la 9e à la 8e.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_e8a40d_joseph-muller-l-alsace.jpg)
Photo Joseph Muller (doc. le journal L’Alsace)
N'ayant pas eu de saut de chaîne… sautons à la dernière étape !
Dernière étape : Dunkerque - Paris
Au départ de Dunkerque, pour la 15e étape de cette 18e édition, le dimanche 20 juillet, il restait 61 coureurs sur les 157 au départ, avec 17 Première catégorie, 5 Deuxième catégorie et 39 Touristes-routiers, pour effectuer les 340 derniers kilomètres, les menant au Parc des Princes
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_a1cceb_cpa-dunkerque-bonjour-r.jpg)
Carte postale Un bonjour de Dunkerque (coll. privée)
Généralement, la dernière n’avait pas d’impact sur le classement général; l’italien Ottavio Bottecchia possédait plus de 30 minutes sur son poursuivant, un petit pécule, à préserver tout de même !
1er Ottavio Bottecchia (I) 211 h 36 mn 11 s
2e Nicolas Frantz (L) à 32 mn 26 s
3e Lucien Buysse (B) à 29 mn 3 s
4e Bartolomeo Aymo (I) à 1 h 29 mn 37 s
5e Théophile Beekman (B) à 2 h 8 mn 2 s
Le départ à Dunkerque fut donné à 2 heures du matin par le commissaire Lucien Cazelis, après les opérations d’enregistrement à la table de contrôle. Il fut effectué sur la route de Bourbourg devant une foule considérable, précédée de la Marseillaise.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_988410_cpa-dunkerque-les-quais-r.jpg)
Carte postale Dunkerque Le bassin (coll. privée)
Les coureurs traversèrent groupés ou presque, Calais (42e km) et Boulogne-sur-Mer (82e km), par contre à Abbeville (163e km), un premier peloton de 19 unités, suivi par une vingtaine d’autres avec un retard s’étalant entre 3 à 10 minutes.
À Beauvais (249e km), peu à près 13 heures, arriva un groupe de 9 coureurs légèrement détachés comprenant Arsène Alancourt, Romain Bellenger, Nicolas Frantz (L), Ottavio Bottecchia (I), Jean Alavoine, Bartolomeo Aymo (I), Ermano Valazza (I), Joseph Muller et Louis Mottiat (B). Ils étaient suivis de près, par d’autres concurrents plus ou moins seuls.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_86971f_cpa-beauvais-souvenir.jpg)
Carte postale Souvenir de Beauvais (coll. privée)
Le groupe évolua au fil des kilomètres avec des entrées et des sorties, au passage à Poissy (314e km), le groupe était formé de 14 coureurs, avec Georges Cuvelier, Ottavio Bottecchia (I), Nicolas Frantz (L), Jean Alavoine, Romain Bellenger, Alfons Standaert (B), Louis Mottiat (B), Joseph Muller, Émile Hardy (B), Raymond Englebert et Maurice Arnoult
Comme on peut le voir les deux premiers du général, le maillot jaune et le luxembourgeois se maintenaient devant, par contre le belge Marcel Buysse n’était pas dans le même wagon !
Le Parc des Princes
Pour cette édition 1924, la tradition fut conservée avec l’arrivée du Tour au Parc des Princes. Très tôt le secteur fut envahi par les sportsmen, car les places étaient non payantes, mais chères pour être bien situées et toutes les places, payantes, dans l’enceinte furent acquises.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_5c158a_boulogne-parc-des-princes.jpg)
Carte postale Boulogne Vélodrome Parc des Princes (coll. privée)
Tradition aussi, avec un programme alléchant pour faire patienter les spectateurs avant l’arrivée des coureurs tant attendus, composé de belles courses avec des champions.
- Le Match à Trois : Compétition entre 3 coureurs derrière motocyclette, en 4 manches
- Le Prix du Galibier : Individuelle en 2 manches sur 10 km, 5 coureurs
- Course de primes : 6,66 km, 10 tours, 10 coureurs
Victoires, dans l’ordre, des 3 épreuves : Georges Sérès, R. Rousseau et Casas
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_cef879_cpa-georges-seres.jpg)
Carte postale Georges Sérés (coll. privée)
Retour… sur le Tour pour les derniers tours de roues
Le petit peloton de 17 coureurs entra dans Paris, pour en terminer avec ce Tour de France 1924, il restait encore une arrivée à franchir, donc une dernière bataille, pour en terminer avec ces 5350 longs kilomètres qui furent au programme de cette nouvelle édition.
L’arrivée au Parc des Princes se régla avec un sprint lancé par Arsène Alancourt, pensant pouvoir récidiver une 2e victoire après celle de Metz (13e), mais l’italien Ottavio Bottecchia fut plus fort et remporta la 15e étape lui qui en avait déjà gagné trois, 1ère, 6e et 7e étape.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_8907db_1924-07-23-tour-de-france-miroir-des-s.jpeg)
Ottavio Bottecchia devant Arsène Alancourt
(journal Miroir des Sports, doc. Rétronews)
La 3e place revint à Jean Alavoine.
Les français remportèrent 4 étapes, Romain Bellanger (2e et 14e), Felix Goethals (4e) et Arsène Alancourt (13e), les italiens (5), les belges (4).
Classement général du Tour de France 1924
L’italien Ottavio Bottecchia remporta le Tour de France 1924, lui qui s’accapara du Maillot jaune dès la 1ère étape et en le conservant sur la totalité des 14 autres étapes, un petit exploit, mais pas le premier, en 1903, Maurice Garin et en 1914, le belge Philippe Thys, réalisèrent cet exploit.
Livre Ottavio Bottechia (coll. privée)
Après avoir été le 1er italien à porter le Maillot jaune deux journées, lors des 3e et 4e étape, l’année précédente, suite à sa victoire lors de la 2e étape, et après avoir 2e derrière Henri Pélissier, le vainqueur 1923, il inscrivit son nom en grand sur la tablette du Tour de France. Il fut donc aussi le premier italien qui remporta cette compétition.
1er Ottavio Bottecchia (I) 226 h 18 mn 21 s
2e Nicolas Frantz (L) à 35 mn 36 s
3e Lucien Buysse (B) à 1h 32 mn 13 s
4e Bartolomeo Aymo (I) à 1 h 32 mn 47 s
5e Théophile Beekman (B) à 2 h 11 mn 11 s
Les français furent hors du TOP 5, le premier fut l’alsacien Joseph Muller avec la 6e place, devant Arsène Alancourt (7e) et Romain Bellanger (8e).
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_20f00d_1923-07-29-tour-de-france-strasbourg-l.jpeg)
Extrait Le Petit Journal Illustré Joseph Muller (coll. privée)
Présent au classement final, à la 7e place, Arsène Alancourt établit un nouveau record, celui du coureur détenant le record de participation au Tour de France.
Avec un classement général aux points, système appliqué encore en 1922, c’est-à-dire en additionnant les places à chaque étape, le résultat serait strictement, le même, pour les quatre premiers comparés !
La moyenne du vainqueur du Tour de France 1924 fut de 24,018 kilomètres/heure.
Classement Deuxième catégorie
Le belge Omer Huysse remporta le classement général de la 2e catégorie en 229 h 16 mn 34 s, en prenant la 9e place au classement général global.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_6e803c_image-publicitaire-chocolat-omer-huyss.jpg)
Image publicitaire chocolat Omer Huysse (coll. privée)
Il devançait le français Gaston Degy et le belge Alphons Standaert dans cette catégorie, classés respectivement, 15e et 17e du classement général.
Classement Touristes-routiers
Comme l’année précédente, l'italien Ottavio Pratesi remporta la 1ère place des Touristes-routiers en 232 h 18 mn 25 s, en se classant à la 19e place du général complet.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_695cf1_1924-07-23-tour-de-france-miroir-des-s.jpeg)
Ottavio Pratesi (journal Miroir des Sports, doc. Rétronews)
Il précédait deux Henri, le français Touzard (22e) et l’italien Ferrara (24e).
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_0b40ac_1924-07-23-tour-de-france-miroir-des-s.jpeg)
Les vainqueurs des 3 catégories,
Omer Huysse, Ottavio Bottecchia et Ottavio Pratesi
(journal Miroir des Sports, doc. Rétronews)
Les récompenses
Les primes pour les professionnels
Ottavio Bottecchia toucha le montant de 18 995,75 francs dont 10 000,00 francs au titre de la victoire finale offert par la société Gibbs, complétant les primes de L'Auto.
Quant aux suivants
2e Nicolas Frantz (L) : 10913,75 francs
3e Lucien Buysse (B) 5761,75 francs
4e Bartolomeo Aymo : 4052,00 francs
5e Théophile Beekman (B) : 2850,00 francs
…
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_57b5f2_carte-marcel-buysse.jpg)
Carte postale Nicolas Marcel Buysse, 3e du classement (coll. privée)
Comme pour les éditions précédentes, de nombreuses autres primes furent offertes par de généreux et nombreux donateurs aux coureurs… tout au long du parcours de cette 18e édition du Tour de France.
Anecdotes
Lors de la 3e étape, les frères Pélissier, Henri et Francis abandonnèrent pour s’élever contre les conditions dantesques subies pour effectuer les 15 étapes, pour eux un vrai chemin de croix. Ils s’en ouvrirent auprès du journaliste grand reporter Albert Londres qui fut envoyé, contre son gré, par le rédacteur en chef du journal Le Petit Parisien, sur cette édition. Leur esprit de révolte fit l’objet d’un grand papier dans ce journal, qui devint le mythe de l’origine de l’expression des "Forçats de la route" bien qu’elle n’y fut pas présente. Ils informèrent aussi le journaliste sur la prise de médicaments destinée au dopage nécessaire, pour tenir le coup !
Livre Les forçats de la Route par Albert Londres (coll. privée)
Dès le début du Tour 1924, Ottavio Bottecchia se sentit menacé en trouvant ses pneus crevés; il demanda à Henri Desgranges de ne pas porter le Maillot jaune sur l’étape Toulon-Nice, proche de l’Italie, craignant une intervention des Chemises noires du Duce Mussolini; il obtint gain de cause et courut avec le maillot violet de sa marque !
NA : Un autre livre, cite l’année 1925 !
Le vainqueur du Tour de France 1924
Ottavio Bottecchia est né le 1er août 1894, à San Martino di Colle Umberto, un hameau de la commune de Colle Umberto, province de Trévise, au nord-est de la Botte. Ottavio comme huit, le huitième enfant et denier bambino de la famille. Quittant l’école très tôt, il apprit le métier de maçon.
Lors de la Première Guerre Mondiale, il fut affecté comme estafette à bicyclette; l’armée avait mis son pied à l’étrier, du mois, sur les pédales. De retour à la vie civil, il reprit son métier de maçon et commença, en parallèle, à effectuer des courses amateurs. À partir de 1920, obtenant de bons résultats dans les courses régionales, il se fit remarquer par ses qualités et ses capacités dans différentes configurations de course, bon grimpeur, bon sprinteur, endurant… De plus, il gagnait ses courses avec toujours de la marge sur ses concurrents.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_d5a11d_cpa-ottavio-bottecchia.jpg)
Carte postale Ottavio Bottecchia (coll. privée)
Son talent fut reconnu par le Champion italien Luigi Ganna, vainqueur du Giro en 1909, qui l’intégra dans son équipe Ganna-Dunlop, comme professionnel en 1922. L’année suivante, il prit une très belle 9e place de Milan-San Remo et 5e sur le Tour d’Italie dans la catégorie des isolés.
Remarqué par Henri Pélissier, il le fit entrer dans son équipe, Automoto-Hutchinson et l’imposa sur le Tour de France. Bien lui en prit, il termina deuxième du classement général, en ayant gagné une étape et portant même le Maillot jaune sur les deux étapes suivantes, étant ainsi le 1er italien avec à la porter. Il termina 4e sur le Tour de Lombardie.
/image%2F0405742%2F20240713%2Fob_08fb49_1924-07-21-tour-de-france-l-auto-velo.jpeg)
Illustration d’Ottavio Bottecchia (journal L’Auto, doc. Gallica, BNF)
1924, fut l’année de sa consécration en remportant le Tour de France avec 4 étapes, après avoir été 5e sur le Milan-San Remo.
Il récidiva en 1925 en inscrivant de nouveau le Tour de France à son palmarès, en gagnant 4 étapes. Il remporta aussi le Tour de la province de Milan complété d’une étape.
/image%2F0405742%2F20240714%2Fob_ce6e27_cpa-ottavio-bottecchia-2r.jpg)
Carte postale Ottavio Bottecchia (coll. privée)
À partir de 1926, Ottavio Bottecchia marqua le pas, abandonnant à plusieurs reprises dans des classiques et même dans le Tour de France lors de 10e étape.
Les principales victoires ou places marquantes de son palmarès
1920 : Giro del Piave
1922 : 2e de la Coppa Abazia, du Giro d’Irpinia e Sanno, et 8e Tour de Lombardie
1923 : 2e du Tour de France (et 2 étapes) et de la Coppa Caivano, 4e Tour de Lombardie
1924 : Tour de France (et 4 étapes) et Tour de la province de Milan, 5e au Milan-San Remo
1925 : Tour de France (et 4 étapes), Tour de la province de Milan
1926 : 2e Tour du Pays Basque, 4e Tour de Lombardie
Ottavio Bottecchia (nommé en entre-autre Le Bûcheron du Frioul) décéda le 15 juin 1927, à Gemona del Friuli, province d’Udine, dans des conditions mystérieuses (crime politique !), même si le décès fut déclaré accidentel.
Épilogue
Le Territoire de Belfort dut se faire à l’idée de ne plus être ville étape sur le Tour de France, en 1924 comme depuis 1919, la Cité du Lion ne vit que traverser les coureur. Mais la foule était toutefois bien présente pour les acclamer.
Que le Tour de France reliait L’Alsace à la Patrie, après avoir été annexée par l’Allemagne pendant 37 années, fut une excellente démarche des organisateurs de cette épreuve.
En 1924, une nouvelle nation remporta le Tour de France, l’Italie, grâce à Ottavio Bottecchia qui avait pris acte l’année précédente, en prenant la 2e place du podium.
JM
Liens pour accéder aux articles cités
Sommaire des Tours de France : Cliquer ici
Tour de France 1924 (1ère partie), Belfort ville de passage : Cliquer ici
Références presse : Journal L'Auto (Gallica, BNF), Journaux L’Alsace et La Frontière (Coll. Archives départementales du Territoire de Belfort), Miroir des Sports (doc. Rétronews), Livre Tour de France Histoire extraordinaire des géants de la route et Les 100 histoires du Tour de France (doc. Bibliothèque Deubel)
Référence Web : Wikipédia, La Grande Boucle, Divers autres Sites…
Infos pratiques
Vous pouvez laisser des commentaires sur cette présentation via le lien "Commentaires" en fin de l'article après la liste des tags.
En cliquant sur une photo ou un document, vous pouvez l’agrandir.
---o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o---