Le tireur Philippe Héberlé aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984

Au fil des Olympiades depuis 1908, le Territoire de Belfort a fourni des athlètes pour cette compétition majeure. Après sept gymnastes, deux boxeurs, un footballeur, un escrimeur, vint Philippe Héberlé, un tireur en or, sa spécialité, le tir à la carabine à 10 mètres.

Philippe Héberlé (journal Le Pays, doc AMB)

La société de gymnastique, La Belfortaine, fournit aussi deux cadres, un directeur sportif (2 participations) et un juge (5 participations)

Philippe Héberlé se qualifia pour les Jeux de Los Angeles de 1984, où il fit un véritable carton !

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Très tôt, un sport ciblé !

Philippe Héberlé est né le 21 mars 1963, à Belfort. Il est le deuxième enfant de la famille.

Carte postale Belfort Le Lion (coll. JM)

Ce fut d’ailleurs sa sœur ainée, Isabelle qui donna le virus du tir à la carabine à son frère, lors d’un passage au stand de tir Simon, au Stade Mattler de Belfort. En 1973, elle fut invitée à une séance de tir par le président Achille Guillaume et l’avait emmené…

NA : Je reviendrai sur Isabelle Héberlé dans un article car elle aussi, aurait dû être du voyage pour les JO de Los Angeles, mais un accident de ski l’en a empêché… ce ne fut que partie remise, elle fut présente aux deux olympiades suivantes, Séoul 1988 et Barcelone 1992.

Philippe et Isabelle Héberlé devant le stand de tirs Simon
(journal Le Pays, doc JM)

Si sa sœur délaissa la natation pour le tir après ce premier contact, son frère fut comme "envouté" par cette discipline… en tout enfant, même adolescent, sommeille un cow-boy ! Dès 1974, à l’âge de 11 ans, Philippe Héberlé entra à la section de tir à la carabine au club de l’ASMB (Association Sportive Municipale de Belfort).

Carte postale Le stand de tir de la Miotte (coll. JM)

À cet âge, il n’est pas facile de tenir une carabine, avoisinant les 4 kilogrammes; il devait s’appuyer sur un coussin pour se concentrer sur la visée. Cette configuration de tir lui permit de progresser dans sa discipline par une maîtrise plus rapide des lâchers, liée à une concentration ciblée sur cette séquence.

Les premières compétitions

Dès l’automne 1976, fort de ses progrès, il participa à ses premières compétitions départementales, aux résultats probants, qui vont aguerrir le belfortain.

Les résultats ne se firent pas attendre, car dès juillet 1978, aux Championnat de France à Nantes, il réussit un coup double en obtenant deux titres de Champion de France cadet, aux épreuves de tir à la carabine à 50 mètres, en position couché et aux trois positions.

Fiche Le tir à la carabine (coll. JM)

Au regard de ses résultats, la Fédération Française de Tir surclassa le junior Philippe Héberlé, en senior tout début 1983. L’objectif étant qu’il soit sélectionné en vue des Jeux Olympiques de 1984 à Los Angeles.

Il remporta l’épreuve de sélection au tir à la carabine à 10 mètres.

En février 1983, il rejoignit le Bataillon de Joinville pour effectuer son Service National où il en profita pour s’entraîner au tir et améliorer ses capacités physiques.

Titres mondiaux

En septembre 1983 à Innsbruck (Autriche), Philippe Héberlé emporta le titre de Champion du Monde à la carabine à 10 m, avec le score de 589 points, devant le russe Yuriy Zavolodko et l’allemand de l’ouest Frank Reetkovski.

L’Équipe de France, formée avec Jean-Pierre Amat, Michel Bury et notre Belfortain, remporta la médaille d’or devant l’Allemagne de l’Ouest et la Russie.

Livre Médaillés olympiques français (doc. JM)

Lors des Championnats d’Europe de 1984 qui se déroulèrent à Budapest (Hongrie) du 1^er au 3 mars, il obtint la médaille d’argent, avec 588 points. Ce fut la même couleur de médaille, l’argent que l’Équipe de France remporta au tournoi par équipe. Elle était formée avec Michel Bury et Patrice de Mullenheim, et bien entendu de notre belfortain.

1984, JO à Los Angeles

Fort de ses titres, Philippe Héberlé fut sélectionné pour les Jeux Olympiques de Los Angeles de 1984, en individuel et par équipe.

Carte postale Affiche des JO de Los Angeles (coll. privée)

Cette édition se déroula du 28 juillet au 12 août 1984. Une quinzaine de pays du bloc communiste dont l’URSS boycotta ces jeux, en réponse au boycott américain, quatre ans plus tôt, lors des Jeux de Moscou.

La compétition de tir à Los Angeles

Les épreuves de tir olympique furent expatriées sur un champ de tir construit sur l’Aire de loisir du Prado, à Chino-Valley, ville située à environ 65 kilomètres au sud-est de Los Angeles.

La discipline du tir sportif se déroula du 29 juillet au 4 août, où 68 nations étaient représentées totalisant 460 athlètes, avec 382 hommes et 78 féminines.

Carte postale JO de Los Angeles (coll. privée)

Pour ces Jeux, cette discipline comprenait 5 épreuves masculines (carabine à 10 m, à 50 m tir couché et 3 positions, pistolet à 25 et 50 m), 3 épreuves féminines (carabine à 10 m, à 50 m 3 positions et pistolet à 25 m) et 3 épreuves mixtes (fosse olympique, skeet et 50 m cible mobile).

La préparation olympique

En avril, l’Équipe de France participa au tournoi pré olympique et put prendre ses marques sur ce nouveau stand de tir qui était sous une tente et soumis à une forte chaleur étouffante. Philippe Héberlé  intégra ce paramètre dans sa préparation, en reconstituant ces conditions sur son lieu d’entraînement.

Livre Médaillés olympiques français (doc. JM)

Pour éviter le trajet entre le lieu des compétitions et le village olympique, le DTN (Directeur Technique National), Jean-Richard Germont loua des camping-cars pour être proche du site. Ce choix fut très judicieux.

La carabine

L’arme utilisée pour la compétition était un Walther LGR, une carabine allemande de haut de gamme à air comprimé.

Épreuve du tir à la carabine à 10 m

C’était la première fois que cette épreuve était au programme olympique où 54 concurrents furent alignés.

Carte postale Mémorial Museum et des médailles pour les JO
 (coll. Privée)

Notre Belfortain était le favori de l’épreuve avec son titre de Champion du Monde.

Cette pression ne fit pas déjouer le français, qui remporta le titre olympique avec la médaille d’or, totalisant 589 points, le 3 août; le même score qu’aux Championnat du Monde à Innsbruck, l’année précédente.

Pour obtenir sa victoire, Philippe Héberlé réalisa pour ses 6 séries de tir, les résultats suivants : 98, 97, 99, 99, 99 et 97.

Le Champion Olympique sur le podium
(photo journal L’est Républicain, doc. AMB)

Le deuxième français, Nicolas Berthelot, termina 4e avec un score de 585 points. Il obtiendra 4 ans plus tard, la médaille d’argent aux JO de Séoul.

Seuls quatre tireurs réussirent une série parfaite de 100, l’autrichien Andreas Kronthaler, le français Nicolas Berthelot, l’allemand Peter Heinz et le grecque Ignatios Psyllakis.

Avers et revers de la médaille d’or des JO de Los Angeles
 (coll. privée)

Avec ce titre, Philippe Héberlé mettait fin à une disette de 60 ans pour un titre olympique au tir sportif, le dernier français à obtenir une médaille d’or dans cette discipline, fut Pierre Coquelin de Lisle, en 1924 à Paris, à la carabine à 50 m position couchée.

Il n’y a pas d’épreuve par équipe (3 tireurs), hors le mixte, au programme de cette compétition, comme aux Championnats du Monde, où le trio français aurait pu prétendre à l’or.

1984, le retour à Belfort

Le 31 août, le médaillé d’or fut reçu à l’hôtel de ville avec sa famille, par Jean-Pierre Chevènement plus maire que ministre de l’éducation nationale en cette journée, pour une sympathique réception en son honneur.

Jean-Pierre Chevènement entre Philippe et sa maman
(photo Revue municipale Belfort, doc. JM)

Si les autorités civiles et militaires étaient invitées, les sportifs étaient en majorité dont Claude Bourquard l’épéiste, triple Champion du Monde et médaillé de bronze aux JO de Tokyo en 1964. Tout ce monde était sous les feux des projecteurs pour les caméras des télévisions de TF1 et de FR3.

Suite à une blessure à la colonne vertébrale, il ne put défendre son titre à Séoul en 1988. Il était devenu entraineur de l’Équipe de France.

NA : Cet article est complété d’un article plus complet couvrant la totalité de sa carrière. Un lien en fin de texte permet d‘accéder à cet article.

Épilogue

Après le boxeur Paul Fritsch à Anvers en 1920, un 2^e belfortain rapportait une médaille d’Or au Territoire de Belfort, médaille acquise à la carabine par Philippe Héberlé, tireur émérite, qui avait fait un véritable carton aux États-Unis. 

Ce titre victoire confirma sa médaille d’Or obtenue aux Championnats du Monde en 1983, à Innsbruck (Autriche).

JM

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Références presse : Revue municipale Belfort (doc. JM), Les journaux Le Pays et L’Est Républicain et (doc. AMB), Livre Médaillés olympiques français (doc. JM)

Références internet : Wikipédia, Site Sport Reference

Infos pratiques  

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