La locomotive CC 72090 parrainée Belfort en 1974
MAJ le 4 décembre 2024
En 1974, le 23 novembre pour être précis, la gare de Belfort fut le lieu d’un petit évènement ferroviaire, car la locomotive diesel électrique SNCF CC 72090, fabriquée dans l’usine belfortaine d’Alsthom, fut parrainée au nom de la Cité du Lion.
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La loco CC 72090
(photo retouchée, livre Les locomotives CC de France, doc. MC)
Un blason fixé sur la face latérale de la locomotive, mémorise ce parrainage.
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Le blason Belfort (photo privée)
Le choix de la CC 72090 n’est pas anodin…
Le parrainage de la locomotive CC 72090
Comme de nombreuses villes de France possédant une gare, leurs noms est présent sur des locomotives de la SNCF (Société Nationale des Chemins de Fer Français), via une armoirie !
Le 23 novembre 1974, Belfort parraina la locomotive diesel électrique CC 72090, sortie des ateliers belfortains de l’usine Alsthom. Cet évènement se déroula pendant les Fêtes du 30e anniversaire de la libération de la Cité du Lion, dans la gare.
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Carte postale Belfort La gare (coll. JM)
De nombreuses personnalités des collectivités publiques, des administrations, du monde de l’industrie, furent présentes pour ce parrainage, dont le maire et président du Conseil général Jean-Marie Bailly, le sénateur Bernard Talon, le secrétaire général de la préfecture XXX Pascal, le président de la CCI Claude Monnier, le commandant d’armes le colonel de Boisboissel, le directeur Alsthom Traction Belfort Georges Vacher… et du côté de la SNCF, le directeur régional Marcel Haouy et ses adjoints XXX Groshenny et XXX Guérin, le chef de la circonscription d’exploitation de Belfort…
Une foule importante était présente aux abords de la Reine du jour. Il y avait aussi des élèves du groupe scolaire de La Pépinière, venus pour un cours…
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Carte postale Belfort La gare, illustration (coll. JM)
Il revint au directeur de la SNCF, Marcel Haouy, d’effectuer le premier discours. Il monta sur l’estrade prévue et il commença par évoquer la situation de la ville "comme carrefour des voies de communication ferroviaires, qui vit l’arrivée du chemin de fer le 15 février 1858."
Il compléta par une information pas ou peu connue de l’assemblée en précisant "qu’une autre locomotive portant le numéro 159 de la Compagnie de l’Est, commandée en 1854*, avait déjà porté les armes et le nom de la ville !" et précisa que la SNCF a récemment décidé que "les locomotives des séries modernes pourraient porter les armes et le nom des villes qui le souhaiteraient. Belfort figure dans le peloton de tête, comment aurait-il pu en être autrement, le nom de Belfort tant connu et apprécié sous les latitudes les plus diverses et les plus lointaines."
Commandée en 1854* : Information du compte-rendu du journaliste de L’Est Républicain quand celui du journal L’Alsace écrit baptisée le 3 février 1854…
Ensuite, il énuméra des caractéristiques de cette locomotive : sa puissance de 3 600 chevaux, sa consommation de 3 à 7 litres au kilomètre, soit pour un trajet Belfort – Paris environ 3 000 litres, le prix de la machine à 3 millions de francs… Rappela qu’elle fut fabriquée par Alsthom et la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques (moteur diesel).
Il précisa "que la locomotive Ville de Belfort n’aura pas le loisir de traverser les paysages francs-comtois puisqu’elle est affectée au dépôt de Rennes et sera appelée à assurer principalement les liaisons Paris – Brest, Rennes – Quimper ainsi que de nombreuses liaisons de l’ouest et du sud-ouest de la France."
Avant de passer la parole au maire, il termina en souhaitant "bonne route à la nouvelle recrue".
Jean-Marie Bailly remercia vivement les responsables SNCF de Strasbourg, Mulhouse et de Belfort et vanta les qualités des ingénieurs SNCF et le mérite des ouvriers, employés et ingénieurs d’Alsthom "Les 8 000 ouvriers peuvent être fiers de leur travail (…). Je souhaite donc longue vie à notre locomotive, à notre ambassadrice".
Il rappela aussi "le record obtenu par une CC à traction électrique, qui atteignit 330 kilomètres heure, sur les voies des Landes".
NA : Il s’agit de la CC 7107 qui atteint les 330 kilomètres heure, le 28 mars 1955.
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Carte postale La CC 7107 lors du record (coll. privée)
NA : En fin de texte, un lien permet d’accéder à l’article consacré à ce record et à d’autres records des CC 7100.
Il descendit de l’estrade et dévoila le blason fixé sur le flanc de la locomotive; il reçut le même des mains du directeur régional de la SNCF.
Il revint à l’épouse du maire, Madame Marcelle Bailly, de couper le ruban tricolore retenant la traditionnelle bouteille de Champagne qui se brisa sur l’un des marchepieds de la locomotive, sous les applaudissements.
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Madame Bailly vient de couper le ruban
(photo journal L’Est Républicain, doc AMB)
Une gerbe de roses fut offerte à Madame Bailly.
Étaient présentes deux jeunes filles ayant revêtu l’habit belfortain.
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Le maire et son épouse, avec les jeunes filles en belfortaine
(photo journal L’Alsace, doc AD90)
Après cette cérémonie, il fut offert un vin d’honneur.
Les locomotives CC 72000
Le 29 décembre 1965, la SNCF commanda 92 locomotives diesels électriques CC 72000, à la société Alsthom. Elle voulait se doter de nouveaux matériels destinés à remplacer les machines vapeurs, mais en étant plus puissantes et plus rapides.
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Carte postale CC 72014 sur la ligne Lyon - Bordeaux (coll. privée)
Au cahier des charges, elles devaient tracter avec un seul moteur des trains de
- 1 650 tonnes à 80 kilomètres par heure en palier
- 770 tonnes à 140 kilomètres par heure en palier
Elles devaient aussi, être capable de circuler sur des rampes de 35°/oo et de pouvoir atteindre la vitesse de 160 kilomètres par heure, tout comme délivrer le 1500 volt continu pour alimenter le chauffage train et la climatisation dans les compartiments de voyageurs.
Deux ans après, la première locomotive, la CC 72001 fut livrée le 21 novembre 1967 et entra en service commercial, le 27 décembre 1967. Elle fut affectée au dépôt de Rennes.
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La locomotive CC 72001 livrée à la SNCF
(photo L’Est Républicain, doc AD90)
Quant à la dernière, la CC 72092, elle fut livrée le 21 juin 1974.
Ce nouveau matériel ferroviaire dérivait des séries des locomotives BB 67000 et 68000.
Ce sont les locomotives diesel-électrique les plus puissantes de la SNCF.
Principales caractéristiques
En réalité, elles furent construites sous la forme de deux séries, les 20 premières limitées à la vitesse de 140 kilomètres par heure et les suivantes à 160 kilomètres par heure.
CC 72001 sur une voie Alsthom (photo Alsthom, coll. JM)
Elles s’appuyaient sur des équipements éprouvés et fiables.
Généralités
Longueur hors tout : 20,190 mètres
Largeur de la caisse : 2,950 mètres
Hauteur totale : 4,290 mètres
Diamètre des roues : 1,140 mètre
Masse en ordre de marche : 110 tonnes (72001 à 20) et 114 tonnes (72021 à 72092)
Puissance UIC : 3 105 ch (2250 kW)
Équipements
Moteur diesel SACM AVO V16 ESHR
- 16 cylindre en V à 50°
- Puissance à l’origine : 3 650 ch / 2 650 kW à 1350 tours/mn
- Puissance après détarage* : 3 250 ch / 2 355 kW à 1230 tours/mn
*Détarage : Réduction du régime du moteur diesel en fonction du besoin.
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Le moteur diesel de la CC 72000
(photo livre Les locomotives CC de France, doc. MC)
Turbosoufflantes : 2 x Hispano-Suiza HS 419 B
Alternateur triphasé Alsthom AT 5
Moteur de traction Alsthom TAO 656 B1 à courant continu et à ventilation forcée
- Nombre : 2
- Masse : 5 450 kg
- Alimentation : 1 215 Volts / 980 ampères
Bogie monomoteur Y 218 (Qté = 2)
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Le bogie de la CC 72000
(photo livre Les locomotives CC de France, doc. MC)
Cuve à fuel de 5 000 litres
Paul Arzens
Le design de cette locomotive est dû au créateur industriel Paul Arzens (1903-1990). Concepteur dans l’automobile (La Baleine, L’œuf magique, Peugeot 402…) et dans l’aviation (transformation du Boeing B17 Forteresse volante en avion VIP), il intervint à la demande de la SNCF, au début des années 1940. Ces premières conceptions pour l’entreprise française furent le design des locomotives CC 7001 et CC 7002, construites en 1949, avec la présence des hublots sur les faces latérales.
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Carte postale Locomotive CC 7001 (coll. privée)
NA : En fin de texte, un lien permet d’accéder à l’article sur ces locomotives.
Il est aussi le concepteur les locomotives dites "Nez cassés" dont la première fut la CC 40100.
Il est intervenu aussi sur les autorails et le matériel des métros.
Renumérotation
La SNCF et les Régions, suite à de nombreuses plaintes à la gare de l’Est de Paris, à l’encontre des CC 72000 pour le bruit et la pollution, et l’obligation de respecter les nouvelles réglementations antipollution de l'UIC, mais aussi la volonté de prolonger leur durée de vie, décidèrent de remotoriser un certain un nombre de 30 locomotives.
Entre 2002 et 2004, 30 locomotives 160 km/h reçurent un nouveau moteur diesel, moins polluant, le SEMT Pielstick* PA4-200 VGA développant 4 000 ch (2 941 kW).
*SEMT Pielstick : Société d'Études des Machines Thermiques & Nom du fondateur.
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Carte postale CC 72000 en tête du train Paris-Bâle,
à la hauteur de Langres (coll. privée)
Elles furent renumérotées CC 72100 en conservant leur numéro d’origine (ex. le 72090 est devenue la 72190) et reçurent une livrée "En voyage".
Elles furent affectées au dépôt de Chalindrey (Haute-Marne) pour assurer la ligne Paris-Bâle.
L’arrivée des rames Régiolis Alstom vont peu à peu remplacer les CC 72100; la dernière liaison s’effectua le 28 août 2017.
Quelques autres dates importantes
- 20-25 novembre 1967 : Essais de la CC 72001 dont un démarrage d’un train de 2 000 tonnes en rampe de 6°/oo, une marche à 145 kilomètres par heure avec un train de 595 tonnes et une marche à 168 kilomètres par heure avec un train de 350 tonnes
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Carte postale CC 72000 en tête de train Clermont-Ferrand à Paris 1969
(coll. privée)
- Printemps 1968 : Plusieurs essais avec la CC 72002, dont une marche à 170 kilomètres par heure en tractant un train de 315 tonnes et un démarrage d’un train de 2 050 tonnes en rampe de 6°/oo.
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Carte postale CC 72006 en livrée verte (Fret)
en gare de Vauriat, Puy-de-Dôme (coll. privée)
- 22 mars 1972 : Essais avec des pointes de 170 kilomètres par heure
- 1973 : Livraison de la CC 72075 avec un moteur de 4 200 ch (3 100 kW)
- Octobre 1975 : Essais avec de 4 800 ch (3 530 kW)
L’exploitation des CC 72000
Si les premières locomotives furent affectées au dépôt de Rennes, deux autres dépôts furent aussi pourvus de nouveau matériel, la CC 72009 fut la première à rejoindre celui de Vénissieux (Rhône), le 18 novembre 1968 et la CC 72019 à Chalindrey (Haute-Marne), le 25 juin 1969.
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Lignes parcourues par les CC 72000
(doc. livre Les locomotives CC de France, doc. MC)
Au fil des rails, il y eut des réaffectations dans le cadre d’évolution de l’exploitation.
Dés l’été 1969, des CC 72000 vinrent à Belfort pour assurer le service InterCity TTE Arbalète sur la ligne Paris-Bâle par Mulhouse, en remplacement des 68500. Mais un changement de locomotive s’opéra à Belfort ou à Mulhouse à partir de 1979, car elle était interdite d’accès à la gare de Bâle, pour cause de non-conformité anti-pollution.
La locomotive CC 72090
Cette locomotive CC 72090 est sortie des ateliers de l’usine d’Alsthom de Belfort, en mars 1974. Elle débuta son service commercial à la SNCF, le 8 avril 1974.
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La loco CC 72090
(photo retouchée, livre Les locomotives CC de France, doc. MC)
Elle fut affectée au dépôt de Rennes.
Le 1er novembre 2003, elle fut renumérotée en CC 72190, après avoir reçu son nouveau moteur diesel.
Son exploitation par le service commerciale de la SNCF s’est arrêtée, le 19 décembre 2017. Elle fait partie des cinq dernières locomotives qui furent en exploitation réellement commercial.
Un record
La locomotive CC 72 030 (renumérotée CC 72130) détient le record du monde du nombre de kilomètres effectué pour un engin thermique, en ayant parcouru 9 021 938 km, depuis sa mise en service, jusqu’au 23 octobre 2017.
Elle est conservée au Musée du train à Mulhouse.
La CC 72000 exportée
Cette locomotive fut exportée au Maroc et au Portugal.
Les chemins de fer marocains, l’ONFC, achetèrent 14 locomotives à Alsthom, en deux commandes (8+6); la série DF 100. Les 8 premières furent livrées en 1968 et 6 autres en 1970.
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Belfort Locomotive Maroc DF 100 (photo Alsthom, coll. MC)
Elles furent complétées en 2007, par 6 autres, des CC 72000 achetées à la SNCF, appartenant à son parc.
Un autre réseau ferré acheta une dérivée de la CC 72000, il s’agit des chemins de fer portugais qui passèrent deux commandes à Alsthom, pour 30 locomotives. Elles furent fabriquées par la société portugaise SOFERAM (Sociedades Reunidas de Fabricações Metálicas), sous licence Alsthom.
Belfort Locomotive Portugal Série 1930 (brochure Alsthom, coll. JM)
Elles concernent deux séries différentes, Série 1900 (Qté =13) et la Série 1930 (Qté = 17), mises en service commercial à partir de 1981.
Épilogue
Il y a 50 ans, une locomotive fabriquée par les ateliers de l’usine Alsthom à Belfort, la CC 72090 fut parrainée par l’épouse du maire de Belfort, Madame Marcelle Bailly; à cette occasion, elle reçut sur sa face latérale, le blason de la Cité du Lion.
Elle fut renumérotée CC 72190 en novembre 2003, lors du changement de moteur diesel.
JM
Lien pour accéder à l’article cité
Vidéo YouTube Loco CC 72 000 plus puissance d’Europe : Cliquer ici
Les locomotives Alsthom CC 7001 & CC 7002 : Cliquer ici
Les locomotives CC 7100, Reines de records : Cliquer ici
Référence livre : Les locomotives CC de France (doc. MC)
Références internet : Wikipédia, Sites cheminot-transport, trans-europe,
Infos pratiques
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