Quid de cette carte photo du Maréchal Pétain devant une réplique du Lion, accompagné de plusieurs personnes (2e partie) ?

Comme annoncé dans la première partie de cet article, je me suis attelé à ce sujet suite à l’achat de cette carte photo dans l’objectif d’en savoir un peu plus sur ce cliché !

Carte photo Maréchal Pétain près d’une reproduction du Lion
(coll. JM)

À quelle occasion fut pris ce cliché ? Fut-il photographié à Belfort ? En quel année ?

Toujours dans la première partie, on a pu voir qu’il existait d’autres clichés similaires, dans les livres des historiens locaux.

La deuxième partie de l’article concerne la suite du déroulé de cette initiative de rendre hommage au Maréchal Pétain, par des professionnels de différents types d‘activités. Ils avaient sollicité l’appui des autorités civiles qui avaient répondu positivement, en s’impliquant ostensiblement dans la démarche, dont le préfet Robert Martin et le maire de Belfort, Hubert Metzger.

NA : En fin de texte, un lien permet d’accéder au Sommaire de l’article, donc à la première partie.

2^e partie de l’article

La lettre en hommage au Maréchal

Le Comité d’action rédigea un projet de note intitulée "L’hommage du département de Belfort au Maréchal Pétain", elle fut amendée puis approuvée par le Comité d’honneur. Elle fut datée au 1^er mai, jour de la Saint Philippe.

Extrait de la note en hommage au Maréchal (doc. AD90)

En résumé, elle rappelait que le Maréchal Pétain avait pris la direction de la France aux pires heures de son histoire… Que le département de Belfort se devait manifester loyauté envers le Chef de l’État et que plusieurs personnes de professions diverses ont décidé d’ouvrir une souscription, à laquelle Monsieur le préfet du département avait accordé son haut patronage. Elle permettrait de lui offrir une œuvre d’art, une réduction fidèle, sculptée dans le grès des Vosges, du Lion de Belfort. Mais aussi, l’associer à un acte de solidarité nationale, démarche prônée par le Maréchal, avec l’accueil dans le département d’enfants réfugiés de Boulogne-sur-Mer et de la région environnante.

Elle informait que la souscription devait être lancé très prochainement

Elle était complétée de la liste des membres du Comité d’honneur.

Elle fut adressée à la presse pour diffusion à leurs lecteurs; le 5 mai, le journal La République de l’Est en diffusa une synthèse.

Le 3 mai 1942, le préfet informa le Chef du gouvernement, ministre secrétaire d’État à l’Intérieur, Pierre Laval, sur la démarche effectuée par le Comité d’action, appuyée par le Comité d’honneur, il précisa qu’il avait pris la présidence d’honneur, de ce dernier.

La souscription

Comme annoncé dans la lettre "Hommage", la souscription fut lancée le 1er juin 1942.

Tous les maires du département furent informés par une circulaire du préfet sur la démarche entreprise, en demandant de la relayer dans leur commune réciproque.

Pour donner une plus grande solennité, des bons spécifiques avec le Lion pour témoin, de différentes valeurs (5 francs, 20 francs, 100 francs), furent créés, sous forme de reçus.

Y a-t-il eu une variante sans valeur pour les dons très supérieurs à 100 francs ou les bons de cette valeur étaient-ils cumulés pour obtenir le montant reçu ?

Exemple de reçu de souscription, le 5 francs (doc. AD90)

La conception de ces bons fut confiée à l’artiste Jean-Eugène Bersier, déjà impliqué pour la réplique du Lion.

Jean-Eugène Bersier (coll. privée)

Bien que né à Paris en 1895, il s’impliqua dans la vie artistique de Belfort entre 1925 et 1946, où habitait son père. Il collabora avec Léon Delarbre à l’enrichissement du Musée et, il participa à la décoration du théâtre et de l’Hôtel de Ville. Il réalisa les dessins de cinq nouveaux vitraux de la chapelle de Brasse

À Belfort, la souscription fut effectuée par profession et dans les autres communes, elle fut organisée par le maire. Les bons de souscriptions étant disponibles en mairie, et à Belfort, en plus, dans les épiceries et les bureaux de tabacs.  

À partir des souches des bons, il était prévu d’établir Un livre d’Or de la souscription.

La Réplique du Lion

Le Comité d’action avait choisi de faire exécuter la réplique du Lion, au sculpteur belfortain, Eugène Traut.

Eugène Traut (photo journal La République)

Le choix porté sur le statuaire, Grand Prix 1902 de l’École des Arts Décoratifs de Paris, était lié aux nombreuses réalisations à son actif, dont la reconstitution de la Petite Fontaine, les décors de la gare du Tramway départemental et de la Grande Taverne, des monuments funéraires…

Il avait demandé le concours de l’artiste-peintre, Jean Bersier, président de la Commission des Beaux-Arts et l’auteur du nouveau timbre à l’effigie du Maréchal, pour sa conception.

Timbre Pétain 1941, gravure Jean Bersier (coll. privée)

L’œuvre fut taillée dans un bloc de grès rose des Vosges, comme celui utilisé par Auguste Bartholdi pour réaliser le Lion. Il avait pris modèle sur la maquette en plâtre conservée par le musée de Belfort. Ses dimensions étaient 0,90 mètre de longueur, 0,70 mètre de hauteur et 0,30 mètre de profondeur, donc une échelle au 1/25^e.

Extrait de carte photo : La réplique du Lion (photo retravaillée JM)

Mi-juin, la réplique du Lion fut terminée par le sculpteur et présentée, dans son atelier, au préfet Robert Martin et au maire Hubert Metzger, qui félicitèrent l’artiste ayant réalisé une œuvre d’art conforme à celle d’Auguste Bartholdi.

Elle fut exposée toutes les après-midis, du 27 juin au 7 juillet, dans la salle du conseil municipal à la mairie, pour permettre au public de la voir.

Carte postale Belfort La Mairie (coll. BF)

Je n’ai pas trouvé de compte-rendu dans la presse de cette présentation.

D’autres cadeaux

En complément de la réplique du Lion, d’autres cadeaux furent offerts par deux sociétés du département.

Une machine à écrire

Les Établissements Japy Frères offrirent une machine à écrire portative Japy type P.6 dans un écrin en cuir, aux armes du Maréchal. De conception moderne, elle fut lancée en 1938 par l’entreprise.

Machine à écrire Japy type P6 (coll. privée)

Peu encombrante, elle était fabriquée mensuellement à 350 exemplaires, dans l’usine de Beaucourt. Elle monopolisait 350 ouvriers pour réaliser toutes les pièces entrant dans sa composition, hors achat de certains éléments.

Un album des usines Alsthom de Belfort

La société Alsthom offrit un album des usines de Belfort composé spécialement pour cette occasion. Il comprenait un texte donnant l’historique du site et résumant les principales fabrications, ainsi que les œuvres sociales développées.

Belfort Usine SACM  (photo 1940, doc. MC)

Il était agrémenté d’une vingtaine de photographies montrant l’importance des ateliers, des produits fabriqués, des installations, les cités, l’école d’apprentissage, le cercle des employés et les "Berceaux".

L’accueil des enfants

Le mardi 12 mai 1942, le préfet avait réuni sous sa présidence une Commission chargée de l’organisation d’un centre d’hébergement des enfants réfugiés de la région de Boulogne et Calais. Y participèrent les épouses des personnalités engagées, dont Madame Martin, dans cette démarche caritative et d’autres bénévoles.

Le préfet Robert Martin venait de cette région, il fut sous-préfet de Boulogne-sur-Mer, avant de venir en poste, dans la Cité du Lion

Carte postale Boulogne-sur-Mer Sous-préfecture (coll. privée)

Dès le 19 juillet, 80 enfants, de 6 à 14 ans venant de la région de Boulogne-sur-Mer, furent accueillis à la gare par le préfet et le maire ainsi que des membres du Secours National et de la Croix-Rouge, des infirmières… Ils furent conduits à leur résidence, par cars dans la propriété de "La Charmeuse" pour être pris en charge par ces deux entités. 

Carte postale Bavilliers La Charmeuse (coll. privée)

Un deuxième groupe de 55 autres petites boulonnaises arriva fin juillet.

Le 10 août 1942, un groupe de 150 enfants vinrent de Calais, accompagnés par l’abbé Deseille, doyen de Saint-Pierre, directeur du Secours au Foyer Calésien et des Garderies de Vacances de Calais. Il remercia vivement le préfet, le maire et toutes les personnes impliquées, à son nom, au nom du maire de Calais, Georges François, et de toute la population calaisienne, pour la démarche d’accueillir ces enfants.  

Il rappela que Belfort et Calais étaient liés par le drame du sous-marin Pluviôse, qui avait vu la mort de 27 sous-mariniers sous le commandement du lieutenant de vaisseau Maurice Calot et de son second, l’enseigne de vaisseau Pierre Engel.

Carte postale Le Pluviôse, le pompage de l’eau (coll. privée)

L’après-midi, l’abbé Deseille se rendit au cimetière de Bavilliers, avec l’épouse du préfet, au monument construit par la famille Engel, pour y déposer une gerbe, avec cette simple inscription, "La Ville de Calais".

NA : En fin de texte, un lien permet d’accéder à l’article sur la tragédie du Pluviôse.

Une délégation pour Vichy

Mi-juillet, il fut prévu qu’une délégation de personnalités du département devait se rendre à Vichy courant août, pour remettre au Maréchal, les cadeaux prévus. Le préfet prit en charge la démarche.

Carte postale Belfort La préfecture (coll. JM)

Il sollicita un rendez-vous auprès du cabinet du Maréchal, via un courrier circonstancié et détaillé le 9 août 1942, adressé au Chef du gouvernement, ministre secrétaire d’État à l’Intérieur, Pierre Laval, déjà informé précédemment, de la souscription lancée et du but visé.

NA : Cette démarche sera développée dans la 3^e partie de l’article.

La souscription est fermée

Début septembre, la souscription fut clôturée.

Un document émis le 9 septembre 1942, par le président du Groupement des Chambres Syndicales, Pierre Walser, fut adressé au préfet. Il récapitulait les sommes récoltées par les différents syndicats qui s’élevaient au montant de 108 010,00 francs, et étaient énumérés des dons supérieurs à 500,00 francs effectués par les commerces.

Extrait du document (doc. AD90)

Le 11 septembre 1942, un bilan provisoire de la souscription fut élaboré par le trésorier, Lucien Valentin, et fut communiqué; le montant s’élevait à 568 760,25 francs.

    - Recettes : 602 546,10 francs
    - Dépenses : 33 785,85 francs

Étaient listés les dons par entités

Extrait du document (doc. AD90)

Vu les montants collectés, la population au travers de ces entités politiques, ses industriels, ses artisans, ses commerçants et ses habitants, avait participé à la réussite de la souscription.

Fin de la 2^e partie

NA : En fin de texte, un lien permet d’accéder au Sommaire, donc à la 3^e partie de l’article.

Épilogue

Cette deuxième partie permet de connaître les cadeaux prévus à être offerts au Maréchal Pétain, l’accueil des enfants venant de Boulogne-sur-Mer et Calais, la constitution de la délégation et la démarche pour le rencontrer à Vichy.

JM

Lien pour accéder à l’article cité

La tragédie du Pluviôse : Cliquer ici

Quid carte photo Pétain & réplique Lion, Sommaire : Cliquer ici

Référence : Dossiers Visites à Vichy (doc. Archives départementales du 90, AD90), Livre Le Territoire de Belfort 1939-1945, Les années noires dans le Territoire de Belfort 1939-1945 et Le Territoire de Belfort dans la tourmente 1939-1944 (Bibliothèque Deubel Belfort), La République de l’Est et Le Pays de l’Est (AD90, L’Echo de Nancy (Archives municipales de Belfort, AMB)…

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