Canalblog Tous les blogs Top blogs Associations & ONG
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
LE CARTOPHILION
Publicité
7 mai 2025

Square Jean Jaurès (Lechten) Mosaïculture, le millésime 1955 !

Lors d’une recherche pour un futur article sur un évènement s’étant déroulé en 1955, j’ai découvert un nouvel article de presse sur le square Jean Jaurès (square Lechten depuis 1961).

 

Cet article du journal La République intitulé "Des flamants roses au Square Jean-Jaurès" m’a de suite accroché le regard.

Article du journal La République (doc. AD90)

 

Depuis plusieurs années, je me suis attelé à dater les clichés des cartes postales. Comme ce square fut mitraillé par les focales des appareils de photos, dont ceux des photographes travaillant pour les éditeurs de cartes postales, il y a matière à recherches mais surtout à trouver, sans paraphraser notre Grand Charles !

 

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder au Sommaire des articles sur les squares dont le square Jean Jaurès (Lechten), et aux autres réalisations ponctuelles des Espaces verts.

 

Préambule

 

En octobre 2024, j’ai rédigé et diffusé un article sur ce massif principal du square Jean Jaurès, dont le motif représentait deux oiseaux, des hérons. Il avait été daté comme une réalisation de 1953 !

 

Erreur manifeste puisqu’il est présenté avec forts détails, dans la presse de 1955.

 

Sans rentrer dans les détails, l’erreur provient d’un cachet présent sur le dos d’une carte postale, que j’ai mal décrypté et de l’avancement supposé de la construction de l’immeuble ouest du boulevard de Lattre de Tassigny, à partir d’un cliché similaire daté de 1952 !

 

NA : En fin de texte, un lien permet d’accéder à cet article conservé en l’état avec un point d’attention sur l’erreur de date et un renvoi à cet article.

 

L’article de la presse

 

En ce mois de juin 1955, le journaliste de La République informa les lecteurs du nouveau motif réalisé au square Jean Jaurès, par les jardiniers de la ville sous la conduite du maître-jardinier et créateur des motifs en mosaïculture, Émile Lechten.

Article du journal La République (doc. AD90)

 

Cette année-là, il proposa de réaliser un couple de flamants roses de 17 mètres de long, pour le motif principal au pied de la statue L’Age de Pierre, qui vient de profiter d’un lifting effectué par l’entreprise belfortaine Eugène Traut.

 

18 000 plantes furent nécessaires pour réaliser l’ensemble du massif principal

 

Comme beaucoup de motifs, celui-ci existe en carte postale.

Carte postale Belfort Square Jean Jaurès, motif avec hérons (coll. BF)

 

Ce cliché existe aussi sans colorisation.

Carte postale Belfort Square Jean Jaurès, motif avec hérons (coll. JM)

 

Tout comme, il existe dans plusieurs configurations de colorisation, dont une que je trouve plus réussie, du moins par rapport à la première ! Même si les flamants roses ne sont pas… roses !

Carte postale avec une colorisation différente, plutôt bien réalisée
(coll. privée)

 

D’autres cartes postales existent avec des colorisations différentes, pas toujours heureuses… on verra un peu plus loin dans ce texte.

 

D'autres articles de presse

 

Par curiosité, je me suis attelé à vérifier dans la presse, si d’autres articles existaient sur cette création annuelle. Dans un premier temps, j’ai fait chou blanc en consultant les autres journaux disponibles.

 

L’Est Républicain

 

Mais poursuivant mes recherches pour l’article cible, le lendemain, j’ai trouvé un nouvel article, mais là au mois d’avril, dans L’Est Républicain. Le journaliste avait trouvé un joli titre musical de circonstance.

Extrait du journal L’Est Républicain (doc. AD90)

 

Dommage qu’il ait ajouté un "i" au nom du maître-jardinier !

 

Le journaliste s’était rendu sur place où Émile Lechten et les jardiniers s’affairaient sur la préparation de la future décoration du massif principal. L’idée du décor pour 1955 avait germé dans le cerveau du maître-jardinier, depuis l’année précédente car il fallait anticiper pour préparer les plans nécessaires pour réaliser le décor; son 28e à son actif, sortant de sa palette florale.

 

Le résultat final ne serait disponible que début juin.

Extrait de la carte postale : Le décor central

 

Il rappelait que la décoration florale ne concernait pas seulement le motif principal du square, qu’il y avait aussi le bassin, l’Age de Pierre, le parterre grec et tous les massifs dispersés… tout comme, il y avait les squares du Souvenir et de la Roseraie, l’esplanade des Fêtes, la statue Édith Cavell, la place Corbis, le Monument des Trois Sièges…

 

Au programme, pas moins de 190 000 plantes de 94 variétés différentes, dont 70 000 en pots.

 

L’Alsace

 

Toujours par curiosité, j’ai poursuivi mes consultations dans le journal L’Alsace et toujours au mois d’avril, un article y était présent avec le titre suivant

Extrait du journal L’Alsace (doc. AMB)

 

L’article du journaliste de cet hebdomadaire était dans la mouture de celui-ci de son confrère. On retrouvait peu ou prou, les mêmes informations, par contre, il possédait deux visuels dont les jardiniers en action.

Extrait du journal L’Alsace (doc. AMB)

 

Mais il donnait des dimensions totalement différentes, les flamants n’avaient plus que 14 mètres de longueurs et il précisait leur largeur, 9 mètres.

 

Il avait dressé un portrait d’Émile Lechten "… la pipe à la bouche, le béret enfoncé sur les yeux, est partout à la fois, donnant des ordres et des conseils, apportant une dernière retouche aux plans qu’il a conçus durant l’hiver."

 

Pour agrémenter son article, le journaliste avait photographié le plan du maître-jardinier, pour le faire figurer.

Le plan du massif (journal L’Alsace, doc. AMB)

 

Il donna aussi des informations concernant le monument de L’Age de Pierre qui verrait la partie avant de son pourtour "flanqué de chaque côté d’un médaillon de 4 m 50 de diamètre au milieu duquel se détachera un papillon gracieux aux multiples couleurs. Devant le monument, un autre médaillon de même diamètre représentera deux perroquets au plumage coloré qui se tourne le dos."

Extrait de la carte postale : Le massif de L’Age de Pierre

 

Le journaliste lista lui aussi, d’autres secteurs du square où les jardiniers s’affairaient dont le parterre grec qui sera entouré de broderie florale, ainsi que d’autres lieux dans la ville…

 

Quid de la mosaïculture ?

 

L'apparition de cet art, pouvant être considéré comme des peintures florales éphémères, nait au 16e siècle en Europe, avec une utilisation plus marquée sous le Second Empire. Son essor vint à la fin du 19e siècle.

 

L'ornementation par la mosaïculture est l'art de composer des massifs fleuris par l'utilisation de plantes en associant leurs couleurs, pour créer des motifs voire des textes. Elle demande une maîtrise du fleurissement, couleur, croissance, volumétrie… pour obtenir l'homogénéité du décor visé défini par un dessin préalable du projet.

Extrait de la carte postale : Le motif 1952 (voilier & cygnes)

 

Les villes ont recours à la mosaïculture pour représenter leur blason, égayer les platebandes et les squares. Les motifs traditionnels sont aussi agencés avec ce moyen, telles les horloges, les corbeilles de fleurs, les noms...

 

Mais les jardiniers ne s'arrêtent pas à ces basiques car leur créativité est sans limites, offrant des motifs variés, figuratifs ou abstraits. Elle est même déclinée pour des décors réalisés en trois dimensions.

 

D’autres visuels de ce motif du millésime 1955

 

Ce massif fut l’objet d’un autre cliché édité en cartes postales, décliné sous deux formats différents.

 

Une carte postale de l’éditeur belfortain Brard

 

Ce cliché fut pris du sol, le photographe étant entre le bassin et le motif principal, peut-être sur un escabeau ! Le précédent étant photographié d’un point plus haut, depuis l’immeuble de l’avenue Jean Jaurès ?

 

Elle fut donc émise par l’éditeur Brard, installé au 33 bis du faubourg des Ancêtres. Le cliché fut photographié par Raymon. Elle est au format des cartes postales anciennes (14x9 cm).

Carte postale n°18 Le Square J. Jaurès (coll. JM)

 

La colorisation du cliché n’est pas vraiment une réussite ! Les hérons en rouge sont juste reconnaissables.

 

Au début du 20e siècle, la colorisation photographique fut un procédé utilisé par les éditeurs pour accroître soi-disant le réalisme des clichés en noir et blanc, ou en sépia, apportant un réalisme significatif favorisant les ventes. Trois procédés existaient, le coloriage à la main mais ne permettait pas une production importante, le pochage et l'utilisation de calques.

 

Une carte postale de l’éditeur belfortain Boulanger

 

Même cliché pour cette autre carte postale, hormis le format qui est celui des cartes postales modernes (15x10 cm).

 

Elle fut émise par l’éditeur belfortain Boulanger, installée au 33 du faubourg des Ancêtres. Donc le successeur de l’éditeur Brard, même si ce dernier s’est déclaré au 33 bis !

Carte postale n°18 Le Square Jean-Jaurès (coll. JM)

 

Concernant les formats des cartes postales semi-modernes, appelées ainsi car se situant entre deux périodes, celle des cartes postales anciennes (format 14x9 cm) de l’origine à la fin des années 1940, et celle des cartes postales modernes (format 15x10 cm) des années 1950 à ce jour, possédant pour la très grande majorité un bord ondulé, j’ai une hypothèse !

Carte postale Le même visuel en noir et blanc (coll. JM)

 

Elles furent éditées dans un premier temps au format des cartes postales anciennes puis très rapidement au format des cartes postales modernes, le nouveau format venu en vigueur.

 

Point d’attention

 

Si vous avez bien lu, vous avez dû remarquer que les journaux et le maître-jardinier Émile Lechten citent des flamants roses (Phoenicopterus roseus) et que les textes sous les visuels citent des hérons. Il n’y a pas d’erreur dans ce texte rédigé, mais une erreur de la part des informations provenant de la presse et du créateur du massif… car il s’agit bien de deux hérons représentés dans le massif !

 

Dans l’article "1953", seul le nom "héron" était présent.

Carte postale Un héron cendré (coll. privée)

 

Ce distinguo est fait par la présence d’une aigrette derrière la tête du héron qui est inexistante sur celle du flamant rose, et aussi la forme du bec plus long tout comme le cou qui sont aussi très différents pour ces deux échassiers.

Carte postale Des flamants rose (coll. privée)

 

Merci à Bernard et à Philippe pour avoir argumenter sur ces éléments différenciant.

 

Épilogue

 

Peu à peu, le travail de recherches pour dater ces cartes postales avance, après 1952, 1961, 1995, 1964, 1968, voici 1955 avec une identification rectifiée et sure ! Mais qu’une petite partie du chemin est amorcée…

 

Comme on peut le constater, l’ornementation via la mosaïculture à Belfort, sous la conduite du maître jardinier Émile Lechten, fut mise en valeur, une forme de reconnaissance pour cette créativité perpétuelle.

 

JM

 

Liens pour accéder aux articles cités

 

Le square Lechten ex Jean Jaurès  : Cliquer ici

 

Square Jean Jaurès Mosaïculture, le millésime 1953 ! : Cliquer ici

 

Sommaire des articles sur les squares : Cliquer ici

 

Infos pratiques  

 

Vous pouvez laisser des commentaires sur cette présentation via le lien "Commentaires" en fin de l'article après la liste des tags.

 

En cliquant sur une photo ou un document, vous pouvez l’agrandir.

 

---o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o---

Publicité
Commentaires
LE CARTOPHILION
  • Le CartophiLion est un journal proposant des articles centrés sur la ville de Belfort et du département, ainsi que d'autres thématiques nationales et internationales (sports, fêtes & traditions...); agrémentés de visuels liés aux collections. A l'origine, il fut imaginé comme outil de communication des CCTB.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 987 430
Publicité
Publicité