Le gymnaste belfortain Arthur Hermann aux Jeux Olympiques d'Anvers 1920 et de Paris 1924

MAJ le 22 mars 2024

Après avoir (re) découvert le premier sportif Terrifortain*, Georges Thurnherr ayant participé aux Jeux Olympiques de Londres en 1908 et d’Anvers en 1920, nous allons continuer cette série avec un autre athlète gymnaste belfortain, Arthur Hermann.

Arthur Hermann aux JO (photo Revue municipale Belfort, doc. JM)

Il se qualifia pour concourir à deux Olympiades, aux Jeux Olympiques d'Anvers en 1920 et de Paris en 1924. 

*Terrifortain : Nom des habitants du Territoire de Belfort. Il a été choisi en 2011 par les auditeurs de Radio France Bleu Belfort et un jury de personnalités. Ce nom n'est pas, à ce jour, officialisé mais couramment employé.

Un futur gymnaste de grand talent

Arthur Hermann est né en Alsace plus précisément à Mulhouse, le 16 octobre 1893.

Carte postale Mulhouse (coll. privée)

Le Traité de Francfort qui permit à l'Allemagne d'annexer L'Alsace en 1871, fit que la Famille Hermann se résolut à venir s'installer à Belfort.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à son parcours en dehors des Jeux Olympiques, l'objet de cet article…

Un futur champion à La Belfortaine

Dès 1902, il entra à la société de gymnastique de la Cité du Lion, La Belfortaine, créée à l'initiative d'Émile Parrot en 1901.

Le coq, symbole de La Belfortaine

Cette société de gymnastique devient un véritable vivier où de nombreux athlètes vont progresser et obtenir de nombreux trophées lors des compétitions régionales, nationales et internationales, Arthur Hermann fut l’un d’eux.

Dès 1913, il assure la fonction de moniteur adjoint et encadre les jeunes gymnastes de la société. Mais l’arrivée de la Première Guerre Mondiale va sinon interrompre tout au moins freiner sa progression dans cette discipline où il excelle malgré un petit gabarit.

Qualification pour les Jeux Olympiques d'Anvers 1920

La 24e Fête Fédérale de gymnastique organisée à Nice, par l’USFG* (Union des Sociétés de Gymnastique de France), les 4 et 5 avril 1920, vit La Belfortaine obtenir le 1^er Prix d'excellence et Arthur Hermann le 24^e Prix. Ces très bons résultats firent qu'il obtint un ticket pour participer au Tournoi de qualification pour les Jeux Olympiques d'Anvers.

Carte postale Nice Président Paul Deschanel (coll. privée)

*USGF : L’Union des Sociétés de Gymnastique de France fut fondée le 28 septembre 1873 par l’enseignant et journaliste Eugène Paz qui, créa dès 1859, la première société de gymnastique parisienne. Elle fut en charge de gérer la gymnastique masculine française.

Elle organisa les Fêtes Fédérales de gymnastique à partir de 1875 intitulées ‘’Fête de la régénération nationale’’ et initier les premiers tournois internationaux dès 1903.

Le 2 avril 1942, sous la pression du gouvernement, l’USGF et son homologue féminine la FFFGEP (Fédération Féminine Française de Gymnastique et d’Éducation Physique) fusionnent pour devenir la FFG (Fédération Française de Gymnastique).

Joinville, un sésame pour Anvers

Le 25 juillet 1920, à Joinville, se déroula ce Tournoi de qualification pré olympique organisé par la Fédération française, l'USGF, où 35 concurrents se confrontèrent pour obtenir une des neuf places mises en jeu. Arthur Hermann et son coéquipier de la Belfortaine, Georges Thurnherr, se qualifièrent avec respectivement les 4^e et 2e places.

Carte postale Joinville Ecole Normale de gymnastique (coll. privée)

Aux deux qualifiés à Joinville, quatre autres gymnastes de la Belfortaine furent invités par l’USFG à rejoindre l’équipe de France pour former la section de 24 athlètes devant effectuer la démonstration de la gymnastique française. Ces autres terrifortains étaient Henri Hermann, le frère à Arthur, Albert Hilbert, Alfred Droesch et Albert Goepfert.

Pour accompagner les belfortains, Émile Parrot fut lui aussi invité pour les encadrer dans l'optique des Jeux Olympiques d’Anvers.

Les six athlètes et leur moniteur-chef rejoignirent les 24 gymnastes de La Maubeugeoise qui fut la formation sélectionnée pour former l’Équipe de France, sous les ordres du moniteur général français Georges Paillot.

La Belfortaine à Anvers (Revue municipale, doc. JM)

(1) Albert Goepfert, (2) Alfred Droesch, (3) Albert Hilbert,
(4) Henri Hermann, (5) Georges Thurnherr, (7) Arthur Hermann,
(Au centre) Émile Parrot

Dans le cadre de sa préparation pour les Jeux d’Anvers, le gymnaste belfortain participa le dimanche 15 août au 1^er Concours organisé par la Fédération du Haut-Rhin où il se classa à la 8e place en 1ère catégorie.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder au Sommaire des articles sur les JO, dont ceux recensant les articles concernant ces sportifs.

1920, Jeux olympiques à Anvers

La ville belge d’Anvers fut choisie pour organiser la 7e Olympiade, le 5 avril 1919 à Lausanne par le CIO (Comité International Olympique).

Télécarte du Japon, affiche des JO d’Anvers 1920 (coll. privée)

Les épreuves de gymnastique se déroulèrent du 23 au 27 août à Anvers, dans le tout nouveau Stade de Beerschot construit pour cette Olympiade. 

Carte postale Stade de Beerschot (coll. privée)

Il accueillit plusieurs autres disciplines comme l’athlétisme, le football et le rugby.

NA : Un lien en fin de texte permet d'accéder à l'article consacré à cette Olympiade.

Concours général par équipe (système européen)

Le Concours général par équipe dit système européen se déroula les 23 et 24 août 1920 où cinq équipes composées de 16 à 24 athlètes étaient en compétition pour obtenir une médaille. Au total, 119 athlètes participèrent à cette épreuve.

Les gymnastes étaient jugés sur huit exercices aux barres parallèles, à la barre fixe, au cheval-d’arçons, aux anneaux et aux obstacles; les trois premiers comprenaient un exercice imposé et un libre.

Carte postale Exercice au cheval-d’arçons (coll. privée)

Pour cette compétition, l’Équipe de France était composée de Georges Berger, Emile Bouchès, René Boulanger, Alfred Buyenne, Eugène Cordonnier, Léon Delsarte, Lucien Demanet, Paul Durin, Victor Duvant, Fernand Fauconnier, Albert Hersoy, André Higelin, Auguste Hoel, Louis Kempe, Georges Lagouge, Paulin Lemaire, Ernest Lespinasse, Emile Martel, Jules Pirard, Eugène Pollet, Marco Torrès, François Walker, Julien et  Paul Wartelle, et bien sur d’Arthur Hermann et Georges Thurnherr, les deux belfortains.

La France va se hisser à la 3e place derrière l’Italie championne et la Belgique, seconde.

Carte postale Équipe italienne aux barres parallèles (coll. privée)

Ainsi Arthur Hermann et Georges Thurnherr furent les premiers terrifortains à obtenir une médaille, pas tout a fait, car seul le capitaine de l’Équipe de France reçue la médaille de bronze; les autres athlètes devant se contenter seulement d’un diplôme.

Arthur Hermann aux JO (photo Revue municipale Belfort, doc. JM)

Los du déroulement de la compétition, le moniteur général Georges Paillot en charge de l’Équipe de France s’offusqua de la notation partiale des jurés belges et anglais.

Le podium du Concours général par équipe (conception JM, réal. BF)

Ce fut la Tchécoslovaquie qui se classa derrière la France laissant à la Grande-Bretagne, la dernière place.

Pour Arthur Hermann, cette première participation était une belle réussite avec cette 3e place collective même si la compétition prenait fin plus vite que prévue pour le belfortain, contraint !

La médaille olympique 1920

Ce fut sculpteur-graveur belge Josuë Dupon qui réalisa la conception de la médaille olympique.

 La médaille de bronze d’Anvers (coll. privée)

Sur l’avers est représenté un athlète nu tenant une palme avec en arrière plan, la figure de la Renommée jouant de la trompette et l’inscription "VII OLYMPIADE". Sur le revers est représenté le monument de la légende de Brabo d’Anvers et les inscriptions "ANVERS"’ et "MCMXX’’.

Concours général individuel

Arthur Hermann ne put prendre part au Concours général individuel du 26 août suite à une blessure à la main. Seul Georges Thurnherr, comme belfortain, participa à cette épreuve et prit une très belle 5e place (3e français).

De retour à Belfort après les Jeux d’Anvers

La Cité du Lion effectua un véritable triomphe à ses sportifs médaillés. Le train venant de Paris qui arriva en gare de Belfort, le samedi 28 août à 15h30, ramèna Arthur Hermann mais aussi son co-équipier de la Belfortaine, Georges Thurnherr qui avait participé à l’obtention de cette médaille de bronze lors du Concours de gymnastique par équipe et le Champion olympique en boxe poids plume, Paul Fritsch.

Carte postale Déjà l’effervescence devant la gare un an avant

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder au Sommaire des articles sur les JO, dont celui sur Paul Fritsch.

Dans la cour de la gare, avait pris place la Lyre Belfortaine, la Fanfare de Valdoie, des membres des comités et des sportifs des sociétés de La Belfortaine et de l’Union Sportive Belfortaine… et une foule compacte et heureuse d’accueillir ses champions.

Les 3 médaillés remontèrent le faubourg de France en voiture pour rejoindre l’Hôtel de ville sous les acclamations de la foule où le nouveau maire Noël Lapostolest* remit une montre en or aux trois champions.

*Noël Lapostolest fut élu le 28 août 1920

Carte postale Belfort Hôtel de ville (coll. JM)

Après la cérémonie à la mairie, les athlètes poursuivirent leur bain de foule jusqu’au bâtiment de La Belfortaine pour se retrouver en famille sportive et familiale...

Même si pour le gymnaste, le retour à Belfort avait tout de même un petit goût amer avec l’absence de cette médaille physique et une notation jugée défavorable… mais la réception faite par la population à la délégation belfortaine lui donna chaud au cœur.

Extrait lettre de La Belfortaine en 1921 (doc. AD90)

Après cette brillante participation, Arthur Hermann poursuivit sa carrière sportive au sein de La Belfortaine et participa à de nombreuses compétitions en espérant pouvoir se qualifier pour les prochains Jeux Olympiques.

Qualification pour les Jeux Olympiques de Paris 1924

La 46e Fête Fédérale de gymnastique qde l'USGF qui se déroula du 6 au 8 juin 1924, à Clermont-Ferrand, servit de sélection définitive pour les Jeux Olympiques de Paris.

Carte postale de Clermont-Ferrand (coll. privée)

La Belfortaine s’était déplacée avec sa section adulte dont Arthur Hermann qui voulait obtenir un billet pour participer à sa deuxième olympiade malgré une concurrence de qualité.

Si le début de sa compétition se déroula conforme à son plan de marche en étant 1^er au classement après quatre exercices, lors de sa sortie à la barre fixe, il se fit une entorse synonyme d’un arrêt irrémédiable dans sa conquête, pour obtenir sa qualification  pour la prochaine Olympiade !

Carte photo 46e Fête Fédérale à Clermont-Ferrand (coll. privée)

Mais au regard du déroulement de sa compétition et certainement grâce à son titre de Champion de France acquis en 1923 à Rouen, le jury va tout de même lui accorder une place dans l’Équipe de France.

Carte postale Arthur Hermann Champion de France 1923 (coll. JM)

1924, Jeux Olympiques de Paris

Le choix de Paris comme ville organisatrice des Jeux Olympiques de 1924 le fut grâce à la pugnacité du baron Pierre de Coubertin qui défendit cette candidature auprès du Comité International Olympique. Le CIO n’y était pas favorable, préférant Amsterdam ou Los Angeles…

Carte postale Affiche des JO 1924 à Paris par Jean Droit (coll. privée)

Los du Comité du 2 juin 1921 à Lausanne, le baron parvint à convaincre les membres à se ranger à sa demande… n’était-il pas le Président du CIO !

La 8e Olympiade se déroula à Paris du 5 au 27 juillet.

NA : Un lien en fin de texte permet d'accéder à l'article consacré à ces Jeux.

Le stage de préparation

La préparation de l’Équipe de France pour ces jeux se déroula… à Belfort, belle reconnaissance pour la société de gymnastique !

Au regard des résultats de La Belfortaine et de son moniteur-chef, Émile Parrot fut nommé Directeur de l’Équipe de France de gymnastique et eut en charge d'assurer la préparation des athlètes sélectionnés pour représenter la Nation à Paris.

Émile Parrot (Bulletin La Belfortaine, doc. AD90)

Les 15 gymnastes sélectionnés utilisèrent les équipements de La Belfortaine pour s'entraîner lors de ce stage débuté le 28 juin et finalisé lors de la Fête de la Nuit, le 12 juillet.

Caricatures des sélectionnés par Léon Delarbre (L'Alsace, doc. AD90)

Le 10 juillet, des délégués américains de leur Équipe Olympique de gymnastique étaient présents à Belfort pour suivre la journée d'entraînement des français.

La compétition de gymnastique

Les épreuves de gymnastique se déroulèrent du 17 au 20 juillet dans le stade de Colombes entre 9 nations et 72 athlètes (8 par équipe). Chaque équipe pouvait avoir 4 suppléants mais après le début de des épreuves, un gymnaste ne pouvait pas être remplacé.

Les pays participants étaient : États-Unis, Finlande, France, Grande-Bretagne, Italie, Luxembourg, Suisse, Tchécoslovaquie et Yougoslavie.

Carte postale Équipe de France défilant devant les tribunes
(coll. privée)

La compétition se déroula par l’enchainement d’un exercice imposé et un libre à chacun des engins : anneaux, barre fixe, barres parallèles, cheval-d’arçons, grimper de corde en vitesse, saut au cheval en largeur et en longueur.

Les résultats simples ou cumulés permettaient d’effectuer les trois classements : Concours individuel par engin, Concours général individuel et Concours général par équipe.

Concours général par équipe

Arthur Hermann avec l’Équipe de France conduite par Émile Parrot, va obtenir la 2e place au Concours général par équipe derrière l’Italie et devant la Suisse.

Podium Concours général par équipe (conception JM, réal. BF)

L’Équipe de France était composé d’Eugène Cordonnier, Léon Delattre, François Gangloff, Jean Gounot, Arthur Hermann, André Higelin, Joseph Huber et Albert Seguin.

L’Équipe de France, Arthur Hermann 3e à partir de la droite
(coll. privée)

Concours général individuel

Arthur Hermann se plaça à la 27e place sur 72 concurrents au Concours général individuel, 6e français. Il avait obtenu deux places dans le Top 10, 6e à la corde et 9e au cheval-d’arçons.

Arthur Hermann aux JO (photo Revue municipale Belfort, doc. JM) 

Les résultats du gymnaste belfortain aux autres agrès furent, 17e à la barre fixe, 20e aux anneaux, 28e aux barres parallèles, 35e au cheval en largeur et 67e au saut de cheval.

Deux français finirent dans le Top 10 du Concours général individuel, Jean Gounot (8e) et Léon Delattre (9e), remporté par le Yougoslave Leon Stukelj devant deux tchécoslovaques Robert Prazak et Bedrich Supcik.

 Leon Stukelj Champion olympique (photo Rapport officiel JO 1924)

Concernant les médailles, certainement que la distribution fut identique à celle de 1920, seul le capitaine avait la médaille, les autres membres de l'équipe recevait qu'un diplôme !

La médaille olympique 1924

Pour les Jeux Olympiques de Paris, la médaille olympique fut conçue par André Rivaud. Les médailles dans les trois matières (vermeil, argent et bronze) furent fabriquées par la Monnaie de Paris.

Sur l’avers de la médaille, un athlète victorieux tend la main à son concurrent assis au sol pour l'aider à se relever. En dessous, les anneaux olympiques. Sur le revers, une lyre comme symbole du programme culturel des Jeux et différents équipements sportifs, aussi bien d'hiver que d'été, formant un arc de cercle. Au centre, l'inscription ‘’ VIIIème OLYMPIADE PARIS 1924’’.

Médaille olympique 1924 en argent (coll. privée)

De retour à Belfort après les Jeux de Paris

Pour sa deuxième participation aux Jeux Olympiques, Arthur Hermann avait franchi un pas supplémentaire avec sa médaille d’argent par équipe après celle de bronze à Anvers.

Arthur Hermann (Bulletin La Belfortaine, doc. AD90)

Après ces deux Olympiades à son actif, il effectua encore quelques compétitions mais surtout pris de plus en plus de responsabilités au sein de La Belfortaine.

Épilogue

Ainsi La Belfortaine, après avoir formé un premier gymnaste Champion médaillé olympique, Georges Thurnherr, récidiva avec un deuxième avec Arthur Hermann !

Après une belle participation aux Jeux Olympiques d’Anvers en 1920, la concrétisation de ses efforts vint avec cette médaille d'argent par équipe aux Jeux Olympiques de Paris.

Blason Belfort Olympique (conception JM, réalisation BF)

Lui aussi, n'oublia pas ce que La Belfortaine lui avait donné en s'impliquant dans le management de sa société et le développement des gymnastes.

JM

Liens pour accéder aux articles cités

Arthur Hermann, gymnaste belfortain : Cliquer ici

Sommaire des Jeux Olympiques d'été : Cliquer ici

Jeux Olympiques 1920 à Anvers : Cliquer ici

Jeux Olympiques 1924 à Paris : Cliquer ici

Références internet : Wikipédia, Site Mouvement Olympique, Site Sport Reference, Rapports officiels JO Anvers 1920 et Paris 1924

Références presse : Revues municipales Belfort (coll. JM & BF), Les journaux La Frontière, L'Alsace et L’Est Républicain (Doc. Archives Municipales de Belfort et des Archives Départementales du 90). Documents La Belfortaine (doc. AD90)

Infos pratiques  

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Comments

[P2b]

Dans la liste des gymnastes ayant fait les jo à Anvers en 1920 en fait emile martel et une faute de transcription. Il s'agit en fait d'Émile Boitelle. Je suis son petit fils. J'ai créé le site gymojeux1920.fr histoire qu'on se rappelle de cette équipe. Vous pouvez me laissez un mot et une réponse par rapport à ce message sur mon site. Bien à vous. Boquet Boitelle Patrick