Jeux Olympiques 1924 à Paris (1ère partie), la présentation de l'évènement
MAJ le 8 août 2024
Pour la deuxième fois, Paris fut choisi pour organiser des Jeux Olympiques, la 8e édition en 1924. La capitale française avait déjà organisé ceux de 1900, qui s’étaient déroulés lors de l’Exposition Universelle. Le rendez-vous quadriennal de 1924 venait après celui organisé en Belgique, à Anvers.
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Carte postale Affiche des JO de Paris 1924, illustrée par Jean Droit
(coll. privée)
*Jeux de 1900 : Ces Jeux furent éclipsés par l’Exposition Universelle, ne furent pas nommés "Jeux Olympiques" mais "Concours Internationaux d’Exercices Physiques et de Sports".
Au regard du contenu, cet article est en deux parties.
NA : En fin de texte, un lien permet d’accéder à la 2e partie de l’article concernant la compétition où participèrent deux terrifortains, le gymnaste Arthur Hermann et aussi son maître-chef Émile Parrot, en tant que responsable de l’Équipe de France.
1ère partie de l’article
Le choix de Paris
Initialement le CIO (Comité International Olympique) n’était pas enthousiasmé, voire hostile, de redonner à Paris l’organisation de cette Olympiade. La préférence allait aux villes d’Amsterdam ou de Los Angeles. Mais le président du Comité, le Baron Pierre de Coubertin sut convaincre les membres et obtenir le 2 juin 1921 à Lausanne, lors du 19e Congrès, l’attribution des 8e Jeux à Paris.
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Carte postale Baron Pierre de Coubertin (coll. JM)
Par la même, cette décision finale éliminait donc Amsterdam et Los Angeles, ainsi que les autres villes candidates telles Barcelone, Prague, Rome et… Lyon.
Par contre, le CIO décida de créer des Jeux Olympiques d’hiver indépendants de ceux d’été et il revint à Chamonix, l’organisation de cette compétition, du 24 janvier au 5 février 1924.
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Affiche des JO de Chamonix Mont-Blanc 1924 (coll. privée)
En 1920, à Anvers, deux disciplines hivernales furent pratiquées, le patinage et le hockey sur glace. D’autres furent adjointes comme le ski, le saut à ski, le bobsleigh, le curling…
NA : En fin de texte, un lien permet d’accéder à l’article consacré aux Jeux d’Anvers.
Les nations de la Triple Alliance (Allemagne, Autriche, Bulgarie, Hongrie et Turquie) exclues de participation aux Jeux d’Anvers en 1920, suite aux décisions prises par le CIO à leur encontre après la Première Guerre Mondiale, purent participer aux Jeux de Paris. Seule l’Allemagne ne fut pas invitée, le conflit était encore trop présent sur les terres de France.
Timbres français émis pour les JO de Paris (coll. privée)
L’Union Soviétique, plus exactement l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques ne vint pas considérant "Les Jeux comme un symbole de la dégénérescence bourgeoise de l’occident" !
Organisation des Jeux
Pour mener à bien ce projet, le COF (Comité Olympique Français) nomma un Comité exécutif d’organisation en 1922, sous la présidence du Comte Clary. Il était composé de 26 membres issus des fédérations sportives, de responsables gouvernementaux et d’anciens sportifs réputés.
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Logo de l’Olympiade de Paris 1924 (coll. privée)
Il fut en charge du financement, des infrastructures pour les compétitions, de l'organisation du programme des compétitions, de l'accueil des athlètes et des spectateurs… L’état et la ville de Paris apportèrent les subventions nécessaires.
Les équipements
Pour accueillir les Jeux, Paris dut investir pour s’équiper de plusieurs nouvelles enceintes sportives.
Le Stade de Colombes
Il fut décidé de construire un stade et son implantation incomba à la ville de Colombes, au nord-est de Paris (8 km). Ce ne fut pas le 1er choix, car initialement, il fut envisagé de construire un stade de 100 000 places, mais l’idée fut abandonnée, trop chère en cette période d'après-guerre; l’état était déjà fort endetté.
Le RCF (Racing Club de France), le plus grand club de France, finança en partie cette nouvelle enceinte. Le site fut en concurrence avec le Parc des Princes et le stade Pershing à Vincennes.
Le projet retenu fut celui de l’architecte Louis Faure-Dujarric (1875-1943).
Carte postale Stade de Colombes (coll. privée)
Il remplaça le stade Martin et permit d’accueillir 45 000 spectateurs dont 20 000 places assises. Il fut renommé Stade Yves du Manoir en 1928, nom d’un grand joueur international du RCF, mort en avion le 2 janvier.
Pour le desservir, il fut créé une gare à Colombes avec renforcement du nombre de trajet pour réduire la circulation automobile.
La piscine des Tourelles
Un autre équipement fut construit pour les épreuves de natation, la piscine des Tourelles située dans le 20e, à l’est de Paris. L’investissement permit d’obtenir un petit joyau dédié à cette discipline avec un bassin de 50 m à couloirs séparés par des lignes. Ce fut l’architecte Louis Bévière (1864-1935), qui en assura la conception en 1924.
Carte postale Paris Piscine des Tourelles (coll. privée)
Depuis le 4 mars 1959, elle porte le nom de piscine Georges Vallerey, ancien champion de natation. Il fut médaillé de bronze au 100 m dos en 1948, aux Jeux de Londres.
Carte postale Plongeon à la piscine des Tourelles lors des Jeux
(coll. privée)
Stand de tirs de Reims
La discipline du tir fut délocalisée à Reims où un pas de tir fut construit. Ce stand de facture art déco fut conçu par l’architecte Hippolyte Thomasson (1883-1982). Il était complété de jardins à la française.
Carte postale Reims Nouveau stand de tir (coll. privée)
Autres équipements
D’autres installations furent mises à contribution pour permettre le déroulement de la compétition internationale comme le Vélodrome d’hiver qui permit d’accueillir… la boxe, l’haltérophilie et la lutte.
Carte postale Paris Vélodrome d’hiver (coll. privée)
Deux stades de football permirent d’organiser des épreuves de cette discipline. Le premier, situé dans le 19e arrondissement, fut le stade de Bergeyre*.
*Stade de Bergeyre, du nom d’un excellent rugbyman du SCV (Sporting Club de Vaugirard), Robert Bergeyre mort le 22 août 1914 au champ d’honneur à Ethe, à la frontière sud belge, à peine âgé de 20 ans. Le stade fut démoli en 1926 suite à son sol trop instable.
Carte postale Paris Stade de Bergeyre (coll. privée)
Le second fut le stade Pershing situé dans le bois de Vincennes. Construit en 1919, par des américains des YMCA (Young Men's Christian Association), une association américaine chrétienne, il fut utilisé pour la première fois lors des Jeux Interalliés de 1919, organisés par les États-Unis.
Carte postale Paris Stade Pershing (coll. privée)
Les épreuves d’aviron se déroulèrent dans le bassin d’Argenteuil quant à la voile, elle fut délocalisée au Havre et à Meulan (Yvelines). D’autres disciplines utilisèrent des équipements de Bagatelle, Boulogne-Billancourt, Meudon, Saint-Cloud et Versailles.
Le Village Olympique
Pour la première fois, fut créé un Village Olympique comprenant 60 maisons construites en bois avec un équipement sommaire, pour accueillir les athlètes du monde entier. Il disposait d’un bureau de poste, d’un salon de coiffure et d’un restaurant.
L’entrée du Village Olympique (photo privée)
Il fut construit près du stade de Colombes.
Ces lieux ne convinrent pas les américains qui s’installèrent… au Château de Rocquencourt.
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Carte postale Château de Rocquencourt (coll. privée)
Les récompenses
Pour cette Olympiade, plusieurs objets furent créés pour récompenser les participants.
Les médailles
Lors de ces Jeux Olympiques, deux médailles furent éditées. Initialement, un concours international devait être lancé pour leur création mais il fut ramené à demander à des artistes ciblés de proposer des projets.
Carte postale La médaille Olympique (coll. privée)
La médaille Olympique
La première, Olympique, en trois matières différentes (vermeil, argent et bronze) récompensait les athlètes montant sur les podiums. Elle fut créée par le graveur français André Rivaud (1892-1951).
La médaille Olympique (coll. privée)
L’avers de la médaille représente un homme nu aidant à se relever un concurrent. Quant au revers est illustré de plusieurs équipements sportifs et l’inscription "VIIIe OLYMPIADE PARIS 1924".
912 médailles vinrent récompenser les athlètes présents sur les podiums.
La médaille commémorative
La seconde, commémorative, fut distribuée aux athlètes ayant participé aux Jeux et aux officiels. Elle fut créée par le graveur-médailleur Raoul Bénard (1881-1961), titulaire du Prix de Rome 1911.
La médaille commémorative (coll. privée)
Cette médaille fut distribuée en 9 500 exemplaires.
Il réalisa la médaille Olympique des Jeux de Chamonix-Mont-Blanc.
Diplôme
Avec chaque médaille olympique, un diplôme fut remis aux athlètes des podiums, pour les épreuves individuelles et collectives. Il fut conçu par La maison Dewanbez à Paris, graveur et éditeur de livres d’art.
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Le diplôme des Jeux de Paris (Extrait du Rapport officiel, doc. CIO)
10 700 diplômes furent remis pour ces Jeux.
Vase olympique
Un vase fut créé à l’occasion de cette Olympiade, le dessin fut élaboré par l’artiste Octave Guillonnet (1872-1967) et la réalisation en fut confiée à la Manufacture Nationale de Sèvres, via son céramiste Émile Louis Bracquemond (1889-1971).
Ce vase en porcelaine de Sèvres, réalisé dans la tradition de la manufacture, possède quatre médaillons présentant des scénettes d’épreuve olympique : l’aviron, le football, la natation et le rugby.
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Vase Olympique JO 1924 (coll. privée)
Il fut distribué à des athlètes ayant marqué les Jeux comme Johnny Weissmuller et chaque délégation reçut un exemplaire.
Le vase posséderait des variantes avec des dessins différents, dont un avec le cyclisme, le tennis, le tir et la voile…
Les participants
52 nations furent invitées le 19 mars 1923, par le Comité Olympique Français à participer à ces Jeux; 44 acceptèrent de venir à Paris, pour concourir à cette 8e Olympiade.
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Vignettes éditées pour les JO de Paris, Version 1 (coll. privée)
Donc Paris accueillit 3 089 athlètes dont 135 féminines (+ 4%), établissant ainsi donc un triple record en nombre de Nations (+14, 50% en plus), Athlètes (+443, +15%) et Féminines (+70, plus du double).
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Carte postale Stade de Colombes Défilé des féminines (coll. privée)
Les nations participantes
- Afrique : Afrique du Sud et Égypte
- Amérique : Argentine, Brésil, Canada, Chili, Cuba, États-Unis, Équateur, Haïti, Mexique et Uruguay
- Asie : Inde Britannique, Japon, Philippines et Turquie
- Océanie : Australie et Nouvelle-Zélande
Carte des nations participantes (réal. BF)
- Europe : Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grande-Bretagne, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Monaco, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie et Yougoslavie
Carte des nations européennes (réal. BF)
De nouvelles nations entraient pour la première fois dans cette compétition avec l’Équateur, l’Irlande, la Lituanie, les Philippines et l’Uruguay.
La France eut la plus forte délégation, devant les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Couverture médiatique
Près de 700 journalistes couvrirent ces 8e Jeux Olympiques.
Pour la première fois les épreuves sont retransmises à la TSF (Télégraphie Sans Fil), via la voie du commentateur Edmond Dehorter, premier commentateur sportif de l’histoire nommé le « Parleur inconnu », lui qui fut commentateur des matches de boxes.
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Edmond Dehorter (photo 1928, doc. Gallica, BNF)
Il fut interdit de stade par les organisateurs voulant privilégier la presse écrite, il commenta les premières épreuves à partir d’un ballon captif, mais le vent lui n’était pas toujours captif entraînant des difficultés. Il put tout de même avoir une place en s’engageant de ne commenter que les compétitions et de ne pas effectuer de compte-rendu !
Lors de ces Jeux, le CIO créa un pool image en charge de filmer les épreuves et qui vendait les films aux entités intéressées; cette démarche est toujours d’actualité.
Cérémonie d’ouverture
La cérémonie d’ouverture se déroula le 5 juillet 1924, dans le tout nouveau stade de Colombes qui accueillit les 44 délégations devant 40 000 spectateurs.
Ce fut à la délégation de l’Afrique du Sud, premier pays par ordre alphabétique, de débuter le défilé des nations participantes.
Carte postale Défilé de la délégation sud-africaine (coll. privée)
Il revint à Gaston Doumergue, le nouveau président de la République, il fut élu le 24 juin, de proclamer l’ouverture de la 8e Olympiade; à ses côtés, des chefs d’états ou leurs représentants ainsi que le président du CIO, le Baron Pierre de Coubertin et les autres membres du Comité Olympique, ainsi que des membres du Comité Olympique Français dont son président le Comte Justinien Clary.
Carte postale La Tribune officielle (coll. privée)
Depuis les Jeux d’Anvers, il était procédé à un levé du drapeau olympique. Avant, le protocole prévoyait une sonnerie de trompette et un coup de canon.
Carte postale Défilé de la délégation française (coll. privée)
La cérémonie se poursuivit par le discours du président du Comité Olympique Français et du Comité de l’organisation des Jeux, le Comte Justinien Clary.
Carte postale panoramique Les délégations dans le stade (coll. privée)
Il revint au porte-drapeau de la délégation française, George André, d’effectuer le serment olympique après la levée du drapeau olympique. Appelé communément Géo André, l’athlète multi-sport pratiquait l’athlétisme et le rugby. Il était double médaillé olympique, en 1908 (argent en saut en hauteur) et 1920 (bronze au 4x400m).
Carte postale Serment olympique par l’athlète Géo André (coll. privée)
La devise en musique
Bien que la devise olympique Citius, Altius, Fortius (plus vite, plus haut, plus fort) de l’abbé Henri Didon fut proposée par le Baron Pierre de Coubertin dès la création du CIO en 1894, ce ne fut qu’à l’occasion de ces Jeux qu’elle fut intronisée.
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Il existe une œuvre musicale "Ouverture Olympique" composée par Maxime Goulet pour mettre en valeur cette devise. Elle fut interprétée lors des Jeux Olympiques de Vancouver en 2010.
NA : En fin de texte, un lien permet d’accéder à la vidéo de YouTube de cette Ouverture olympique.
Fin de la 1ère partie de l’article
Épilogue
La 8e Olympiade qui se déroula en 1924 à Paris et sur les autres sites, fut une grande réussite et apporta de nouvelles installations sportives édifiées pour le bon déroulement des 17 disciplines totalisant 126 épreuves olympiques.
Les athlètes furent donc accueillis dans de bonnes conditions pour concourir.
JM
Liens pour accéder aux articles cités
Jeux Olympiques d'Anvers 1920 : Cliquer ici
Ouverture olympique : Cliquer ici
JO Paris 1924, 2e partie, la compétition : Cliquer ici
Référence : Wikipédia, Rapport officiel du CIO JO 1924, Site Olympique, Autres sites...
Infos pratiques
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