Edith Cavell, les hommages internationaux (2)
La première partie de l’article était destinée à connaître le déroulement de la vie d’Edith Cavell jusqu’au rapatriement de son corps en Angleterre en mai 1919.
Cette seconde partie est consacrée aux hommages internationaux rendus à l’infirmière anglaise fusillée en Belgique le 12 octobre 1915 par l’armée allemande.
Carte postale immortalisant la mort d’Edith Cavell
Hommages mondiaux
La vie et surtout la mort d’Edith Cavell avaient eu un retentissement international et de nombreux pays ont voulu lui rendre mémoire en dédiant, sinon un monument, un lieu ou autre.
Carte postale Edith Cavell (peinture)
Ses deux pays, de naissance et d’accueil, ne pouvaient pas honorer la mémoire sans édifier un monument pour l’infirmière martyre…
En son pays, en Grande-Bretagne
Pour la Grande-Bretagne, un premier mémorial réalisé par le sculpteur Henry Alfred Pegram (1862-1937) fut installé et inauguré dès le 12 octobre 1918 dans Tombland, le centre historique du village de Norwich, devant The Maid’s Head Hotel. Il est composé d’une colonne en pierre, avec un militaire soutenant une couronne de lauriers, dominé par le buste d’Edith Cavell.
Carte postale de la statue à Norwich (emplacement d’origine)
En 1983, la statue sera déplacée pour être implantée près de la Porte Erpingham de la cathédrale de la cité.
Le mémorial à l’emplacement actuel (photo Wikipédia)
Inauguré le 17 mars 1920, un second mémorial fut implanté à Londres, sur la place St Martin sise près de Trafalgar Square. La statue en marbre de Carrare (Toscane) est due au sculpteur britannique Sir George James Frampton (1860-1928). Elle porte une des dernières phrases prononcées par Edith Cavell à son confesseur le révérend Stirling Gahan, la veille de sa mort.
‘’Patriotism is not enough
I must have no hatred or
bitterness for anyone.’’
En français
‘’Le patriotisme n'est pas assez,
je ne dois avoir ni haine
ni amertume envers quiconque.’’
Carte postale de la statue à St Martin’s place à Londres
Hormis ces deux imposants monuments, Edith Cavell est présente dans d’autres lieux, comme dans son village natal de Swardeston où l’église Ste Mary possède un vitrail commémoratif en hommage à l’enfant de la paroisse. Donnant sur l’est, il fut réalisé par Ernest Heaseman et posé dès 1917.
Un autre mémorial rappelle son souvenir, il est installé sur l’un des piliers de la cathédrale Peterborough, ville où elle obtint son diplôme d’institutrice en 1884.
Mémorial de la cathédrale Peterborough et texte traduit
En son pays d’accueil, en Belgique
La Belgique va aussi rendre hommage dès 1915 à l’infirmière en édifiant un monument à Uccle où elle est associée à Marie Depage, l’épouse du docteur Depage.
Carte postale du monument à Uccle
Réalisé en 1920 par le sculpteur belge Paul Du Bois (1859-1938), il est composé d’un piédestal en pierre et de deux statues allégoriques en bronze représentant le titan Kronos et la déesse Glory; seuls les noms des deux femmes sont inscrits sur le bloc. Il fut implanté devant l’école d’infirmières Edith Cavell et inauguré le 15 juillet en présence de la reine Elisabeth de Belgique.
Carte postale de l’Ecole d’infirmière avec le monument
A la fin de la guerre, huit monuments éphémères en stuc furent réalisés et implantés en plusieurs lieux de Bruxelles, le 22 novembre 1918 pour célébrer la Joyeuse Entrée des souverains Albert 1er et Elisabeth, son épouse. L’un d’entre eux rendait hommage à Edith Cavell.
Carte postale illustrée du monument éphémère dédié à Edith Cavell
Son monument réalisé par le sculpteur belge Jacques Marin (1877-1950), possédait un socle imposant intégrant des marches d’escalier et un groupe statuaire composé de cinq infirmières dont Edith Cavell pleurée par les autres; au-dessus du bloc, une allégorie de la Gloire avec des fleurs.
Carte postale du monument éphémère dédié à Edith Cavell
Sur les huit monuments éphémères, seule la statue de la Brabançonne fut conservée, coulée en bronze en 1930 et installée sur la place Surlet de Chokier; le projet éphémère en stuc était à l’origine sur la Grand-Place.
Timbre vignette pour la martyre Edith Cavell
Pour le centenaire de sa mort, le 12 octobre 2015, dans le parc Montjoie à Uccle, un nouveau buste de l’infirmière réalisé par le sculpteur Nathalie Lambert, a été inauguré par le maire avec la présence de la princesse Astrid de Belgique accompagnée de la princesse Anne de Grande Bretagne.
Photo Eric Lalmand AFP
Hormis ses monuments, Edith Cavell est présente sur plusieurs plaques commémoratives en des lieux où elle se rendait comme à la Sainte-Eglise de la Trinité à Bruxelles, où elle fut contrainte de se rendre par la force comme à la prison St Gilles où elle fut emprisonnée le 5 août 1915 et comme au Sénat où elle fut jugée à partir du 7 octobre 1915.
Carte postale L’Eglise de la Trinité à Bruxelles
En 1957, la Belgique émit un timbre unissant Edith Cavell, Marie Depage et Sainte-Camille.
Timbre Belgique 1957 Edith Cavell, Marie Depage et St Camille
D’autres hommages et d’autres lieux belges ont tracé le souvenir de l’infirmière anglaise qui avait été fusillée sur leur terre le 12 octobre 1915.
Ailleurs dans le monde…
La Grande-Bretagne et la Belgique ne furent pas les seules nations à rendre hommage à Edith Cavell. Nombreux sont les témoignages rendus par d’autres pays à l’infirmière en lui consacrant monument, inscrivant son nom sur des mémoriaux, donnant son nom à des rues, des écoles…
Timbre Costa Rica 1945 Florence Nightingale* et Edith Cavell
* Florence Nightingale (1820-1910) fut une infirmière pionnière des soins infirmiers modernes et de l’exploitation des statistiques pour améliorer les soins médicaux et la santé publique.
Hormis la France, que ce soient l’Afrique du Sud, l’Argentine, l’Australie, le Canada, le Costa-Rica, les Etats-Unis, l’Inde, la Nouvelle-Zélande, le Portugal… tous ont rendu hommage à l’infirmière fusillée par les allemands. De tous ceux-ci, découvrons en quelques uns…
Au Canada
Le Canada dès 1916, en son gouvernement, va choisir un élément particulier de son patrimoine pour rendre hommage à l’infirmière. Il va baptiser du nom de Mont Edith Cavell, la montagne de la Grande Traversée, culminant à 3363 mètres, située dans le parc national de Jasper dans la province d’Alberta.
Timbre canadien édité en 1930 du Mont Edith Cavell
Carte postale Mont Edith Cavell Alberta Canada
Si la démarche canadienne se différencie significativement, d’autres sont plus traditionnelles dans ce pays comme le mémorial réalisé en 1921 par Florence Wyle (1881-1968), qui lui est consacré à l’entrée de l’hôpital général de Toronto.
Mémorial Edith Cavell de Florence Wyle, à Toronto
En Australie
A Melbourne, initialement sur St Kilba road et maintenant dans le parc ‘’King’s Domain’’ (Domaine des Rois), est présent un buste d’Edith Cavell en marbre sur piédestal où sont présentes des plaques en bronze montrant l’activité de l’infirmière, son exécution et en citant une de ses dernières phrases.
Il a été réalisé par la sculpteuse Margaret Baskerville (1861-1930) et fut inauguré le 11 novembre 1926 en présence de Sir Harry Chauvel, le chef d’état-major australien.
Statue Edith Cavell de Margaret Baskerville à Melbourne
En Nouvelle-Zélande
Dans ce pays, un édifice d’art porte le nom d’Edith Cavell. Il est situé au lieu-dit ‘’Point Arthur’’ près de la ville de Queenstown, au sud-ouest de l’île. Surplombant la rivière Shotover, avec sa structure composée de béton et d’acier, le pont fut conçu par l’ingénieur Frederick William Furkert (1876-1919) et construit entre 1917 et 1919.
Carte postale (extrait) Pont Edith Cavell à Queenstown (Nouvelle-Zélande)
Le nom donné '’The Edith Cavell Bridge'’ (le Pont d'Edith Cavell) fut à l’initiative d’un mineur habitant près du lieu, refusé dans un premier temps par les autorités, il le devint au fil du temps par la ténacité de son auteur qui fit les inscriptions signalétiques.
Du côté de la France…
La France, elle aussi, a voulu témoigner son devoir de mémoire envers l’infirmière martyre; son nom est porté par de nombreuses rues de villes françaises (Antibes, Arques, Biarritz, Le Havre, Lille, Nice, Rennes…).
A Paris, après une commémoration émouvante le 28 novembre 1915 en présence du Président de la République, Raymond Poincaré, place du Trocadéro, un projet de monument en son hommage fut évident.
Carte postale Place du Trocadéro à Paris
A l’initiative du quotidien Le Matin, un monument à Edith Cavell est inauguré le 20 juin 1920 dans le jardin des Tuileries par le ministre André Maginot et le Lord Burnham. Il fut le projet retenu par le Comité parmi les quatorze projets proposés et exposés au musée du Petit Palais début novembre 1916.
Projet d'André Vermare classé 2ème au concours
Projet Paul Gasq classé 3ème au concours
Réalisé par le sculpteur Gabriel Pech, le monument retenu fut érigé contre le mur est de la Galerie du Jeu de Paume.
Carte postale du monument, l’infirmière est représentée couchée
Le monument a été détruit par les allemands le 17 juin 1940, peu après leur occupation dans Paris. Elle était pour eux un symbole antiallemand trop idéologique !
Après la guerre traumatisante, la volonté politique étant d’établir une paix durable, la reconstruction du monument était un élément trop sensible pour être envisagé.
Ce monument détruit, seule une autre ville en possède un… Belfort. Il fait l’objet de la 3ème partie de l’article.
Biographie (Littérature, théâtre et cinéma)
Littérature
Edith Cavell a une place de choix dans la littérature, son histoire dramatique a suscité l’écriture et l’édition de nombreux livres par différents écrivains dont Terri Arthur, Catherine Butcher, Archibald Edmund Clark-Kennedy, Jonathan Evans, Théodore Felstead, Adolphe A. Hoehling, Brian Peachment, Anthony J Randall, Diana Souhami, William Hille & Jacqueline Van Til, Sheila Upjohn…
Plusieurs couvertures de livres sur Edith Cavell
Cinéma
Généralement, quand il y a littérature, il y a souvent ses corollaires que sont le théâtre et le cinéma…
Le cinéma a pris le devant du théâtre voir même de la littérature. Dés 1916, un film muet australien racontait l’histoire de l’infirmière Edith Cavell dans ‘’The Martyrdom of Nurse Cavell’’ (Le martyre de l’infirmière Cavell) des réalisateurs John Gavin (1875-1936) et Charles Post Mason (18XX-1918), avec l'actrice Vera Pearce (1895-1966).
Scène du film The Martyrdom of Nurse Cavell (collection Wikipédia)
Il fut suivi deux ans plus tard de ‘’The woman the Germans shot‘’ (La femme que les allemands ont exécutée) par le réalisateur américain John G. Adolfi (1888-1933) avec l’actrice canadienne Julia Arthur (1869-1950).
Publicité film The woman the Germans shot (collection Wikipédia)
En 1939, les anglais Anna Neagle (1904-1986) et Georges Sanders (1906-1972) sont les acteurs du film américain ‘’Nurse Edith Cavell‘’ réalisé par le britannique Herbert Wilcox (1890-1977).
3 affiches différentes du film
Théâtre
Coté théâtre, l’écrivain britannique Cecil Scot Forester (1899-1966) mis en scène en 1933 ‘’Nurse Cavell’’ une pièce en trois actes, avec la collaboration de son confrère Carl Eric Bechhofer Roberts (1894-1949), avec Margaret Linden.
En 2010, Christopher Joby présenta la pièce Edith.
Epilogue
Cette deuxième partie de l’article démontre que la mort d’Edith Cavell fut vécue dans de nombreux pays comme une ignominie et la réponse fut à la hauteur de l’inconcevabilité de la décision allemande de fusiller l’infirmière qui n’avait fait que preuve d’humanité !
Affiche de propagande (collection Archives municipales Belfort)
Ne pas oublier...
Pour consulter les autres parties de l’article : Cliquer ici
JM
Références Web : Wikipédia, Site Edith Cavell Belgique, SiteMonuments for Edith Cavell, Autres sites dont lieux où l’on trouve mémorial, monument et statue d’Edith Cavell…
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