Le lieutenant aviateur Edmond Gaubert

MAJ le 14 mai 2024

Suite à l’article consacré à la remise de la Légion d’honneur au lieutenant Edmond Gaubert, le 21 janvier 1913 à Belfort, je vous propose un article complémentaire pour découvrir un peu mieux cet aviateur.

Carte photo Le lieutenant Gaubert (collection BNF)

Edmond Gaubert

Né le 22 mars 1876 à Alger, Edmond Eugène Gaubert est le fils d’Adrien, ajusteur, et de Marie Dufau.

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(coll. privée)

Forgeron, il s’engagea le 10 juin 1895 à la mairie de Toulon pour une durée de cinq ans (matricule 859, classe 1894). Il fut incorporé le jour même au 4e Régiment de marine.

Certainement à sa demande, il effectua sa première campagne militaire à Madagascar, du 10 juin 1896 au 13 avril 1897; dans ce cadre, il fut muté au 13^e Régiment de marine. À son retour, il retourna dans son régiment d’origine.

Carte postale Expédition à Madagascar (coll. privée)

Lors de cette campagne, il obtint la Médaille commémorative de Madagascar type 1895.

La médaille commémorative de Madagascar, avers et revers (coll. JPP)

Dès le 12 mars 1898, il anticipa sur un prolongement de la fin de son engagement prévu en juin 1900, pour une durée de trois ans supplémentaires, comme caporal, afin de pouvoir participer à sa deuxième campagne militaire à Madagascar.

2e campagne de Madagascar

Elle se déroula du 10 avril 1898 au 31 octobre 1901. À nouveau, réaffecté au 13e Régiment de marine pour cette campagne, il fut muté le 6 février 1901, pour trois mois, au 1^er Régiment de tirailleurs malgaches, certainement en tant qu’encadrant.

Carte postale Musique du 1^er Régiment de tirailleurs malgaches
(coll. privée)

Peu avant son retour en France, il décrocha le grade de sergent, le 6 septembre 1901.

À la suite de cette nouvelle campagne, il obtint la Médaille coloniale agrafe Madagascar.

La médaille coloniale agrafe Madagascar, avers et revers (coll. JC)

Le 25 janvier 1902, il fut affecté au 2e Régiment d’infanterie coloniale. Le 22 août, il ré anticipa un engagement de deux ans à compter du juin 1903, lui permettant de se porter volontaire pour une nouvelle campagne.

Campagne du Tonkin

À cette fin, il fut versé au 3^e Régiment des tirailleurs tonkinois pour effectuer sa troisième campagne, au Tonkin, du 1^er mars 1903 au 21 décembre 1904.

Carte postale Souvenir du Tonkin (coll. privée)

Pendant cette campagne, le 28 septembre 1904, il anticipa une nouvelle prolongation de la fin de son contrat, pour une durée de cinq ans, le portant jusqu'en juin 1910.

En prévision de son retour en France, le 14 novembre 1904, il passa au 4^e Régiment d’infanterie coloniale. Puis le 16 mai 1905, il fut muté au 22^e Régiment d’infanterie coloniale avant de rejoindre le 36e Régiment d’infanterie, le 19 juin 1906, en vue d’accéder à l’École militaire.

École militaire de Saint Maixent

Il entra le 4 avril 1907, à l’École militaire de Saint Maixent pour devenir officier.

Carte postale École militaire de Saint Maixent (infanterie) (coll. privée)

Il fut promu sous lieutenant le 1^er avril 1908, au regard de ses résultats (rang 195/197 élèves) et fut affecté au 100^e Régiment d’infanterie, à la même date, caserné à Tulle.

Carte postale Tulle Caserne du Champ de Mars où était le 100^e Régiment (coll. privée)

Il épousa une veuve, Marie Chèze, le 14 janvier 1909, à Saint-Angel, commune de la Corrèze, entre Tulle et Ussel.

Carte postale Église fortifiée de Saint-Angel (coll. privée)

Edmond Gaubert obtint le grade de Lieutenant le 1^er avril 1910.

Il posa sa candidature pour rejoindre l’aviation, fut muté au 144^e Régiment d’infanterie le 7 mars 1911, à la maintenance.

Carte postale du 144^e Régiment d’infanterie (coll. privée)

Edmond Gaubert aviateur

Formé comme pilote à partir de mai 1911, il décrocha son brevet militaire, le numéro 75, le 19 septembre 1911. Il fait parti des cents premiers pilotes brevetés militaires.

Carte postale (extrait) le lieutenant Gaubert (coll. JM)

Il fut affecté à la section aéronautique de Mourmelon à Chalons, constituée d’avions d’appui à l’artillerie, sous les ordres du capitaine Etienne-Augustin Badet. Elle était attachée au 2^e Groupe d’aviation de Reims, créé en mars 1912.

NA : L’Aéronautique fut organisée par la loi du 29 mars 1912 (décret du 22 août), créant 3 Groupes d’aéronautique (1^er Versailles, 2^e Reims et 3^e Lyon) supervisant 10 sections d’aviation. Elles reçoivent aussi 7 compagnies d’aérostation provenant du 25^e Régiment du génie qui fut dissout.

Carte postale Camp de Chalons à Mourmelon (coll. privée)

Les Grandes Manœuvres de 1912

Du 8 au 18 septembre 1912, il participa aux Grandes manœuvres du Poitou avec sa section équipée de monoplans d’artillerie Blériot. Elles se déroulèrent en Touraine et dans le Poitou sous la direction du général Joffre. Pas moins de 60 avions furent présents lors de cet entraînement. Deux armées étaient constituées pour ces manœuvres, sous le commandement du général Charles Marion pour l’armée bleue et du général Joseph Gallieni pour l’armée rouge.

Carte postale Grandes manœuvres militaires de septembre 1912
(coll. privée)

Sa section composée de six pilotes était chargée de l’observation pour l’artillerie; hormis le chef d’escadrille, le capitaine Etienne-Augustin Badet, les autres pilotes étaient les lieutenants Armand des Prez de La Morlais, Chabeit (ou Victor Chabert ?) et Marcel Rolland. Les lieutenants Edmond Gaubert et de Geyer d'Ortli étaient pilotes de complément.

Carte postale Grandes manœuvres 1912, monoplan et biplan
(coll. privée)

L’escadrille avait pris ses quartiers à Châtellerault.

Le 14 septembre, Edmond Gaubert fut victime d’un incident d’avion, tombant en panne à Saint-Flovier, commune à l’ouest de Châtellerault.

Carte postale Souvenir de Saint-Flovier (coll. privée)

À la fin des Grandes Manœuvres, le 27 septembre, le Ministre de la guerre Alexandre Millerand passa en revue les différentes escadrilles, regroupées à Villacoublay, effectuant ainsi la première grande parade de l’aéronautique militaire.

Carte postale Aéroplanes à Villacoublay pour la revue du 27 septembre (coll. privée)

Edmond Gaubert rejoint l’escadrille BL3

À la fin des manœuvres de 1912, Edmond Gaubert fut versé à l’escadrille BL3 qui fut affectée à l’armée bleue.

Attaché au 3^e Groupe de l’aéronautique, elle fut créée en juillet 1912 à Pau, placée sous le commandement du lieutenant Georges Bellenger. Elle était équipée de Blériot XI-2.

Carte postale Camp d’aviation de Pau (coll. privée)

NA : Le capitaine Georges Bellanger (1878-1977), né à Evreux, artilleur, fit l’École polytechnique. Avant de se lancer dans l’aviation, il fut aérostier dès 1906. Il obtint son brevet de pilote le 25 avril 1902, le n°45. En 1911, il fut le vainqueur du Paris-Pau. Le 1^er septembre 1914, il prit le commandement de l’aviation de la 6^e Armée. Il fut un promoteur de la photo aérienne.

Carte Le capitaine Bellanger et son Blériot X1 (coll. privée)

Dès les grandes manœuvres de septembre 1912 terminées, son escadrille fut affectée au camp d’aviation installé sur le Champ de Mars à Belfort. Il arriva dans le Cité du Lion, le 19 septembre.

Carte postale Lt Gaubert et camp d’aviation (dessinée) de Belfort
(coll. JM)

Un article de la presse locale belfortaine, paru dans le journal La Frontière du 29 octobre, rapporte les sorties du lieutenant Gaubert avec deux aéroplanes différents.

Extrait du journal L’Alsace (doc. AMB)

Il fut nommé Chevalier de la Légion d’honneur, le 31 décembre 1912 et fut décoré le 21 janvier à Belfort par le général Jean Rouquerol.

Carte postale Décoration du lieutenant Gaubert (coll. privée)

NA : Un lien en fin de cet article permet de découvrir le détail de cette cérémonie.

Il fut nommé à la Commission des marchés pour l’achat des aéroplanes avec le capitaine Destouches et le lieutenant Marcel Boucher. Le 21 juin 1913, il participa à la réception du Blériot biplace sur le site de Chalais-Meudon avec le capitaine Jacques Faure et le lieutenant Marie Guin. Après un vol comme passager avec les démonstrateurs Adolphe Pégoud ou Domenjoz, les deux capitaines prirent le manche de ce nouveau modèle; il reçut le feu vert de la commission.

Carte postale Adolphe Célestin Pégoud (coll. privée)

NA : Un lien en fin de cet article permet de d’accéder à l’article consacré à Adolphe Pégoud.

Les Grandes Manœuvres de 1913

Du 11 au 18 septembre, avec son escadrille, il participa aux Grandes manœuvres de 1913, organisées dans le sud-ouest, toujours dirigées par le général Joseph Joffre. 6 escadrilles étaient réparties entre les deux camps. Les deux armées étaient commandées par le général Nicolas Chomer (rouge) et le général Paul Pau (bleu).

Carte postale Grandes manœuvres militaires de septembre 1913
(coll. privée)

La BL3 fut affectée à l’armée bleue. Dans le cadre de la préparation, elle avait rejoint Châtellerault, puis Agen, lieu de ralliement des escadrilles, avec ses Blériot XI sous les ordres du capitaine Hubert Jacquet. Le 10 septembre, elle se positionna sur le terrain de Saint Clar (au sud d’Agen).

Carte postale Le Lt Tretarre de la BL 3 au-dessus de la Garonne
vers Agen (coll. privée)

Il quitta l’armée le 16 janvier 1914…

Le Lieutenant Gaubert pendant la Grande Guerre

À la mobilisation générale, Edmond Gaubert rejoint Dijon le 2 août où il fut réaffecté au 2^e Groupe de l’aviation, fin août.

Carte postale illustrée sur le 2e Groupe d'aviation (coll. privée)

Apparemment? il fut mis à la disposition de l’escadrille V29 créée le 1^er septembre 1914 et implantée dans le sud-ouest de Paris sur le secteur Bois d’Arcy, Issy-les-Moulineaux et Saint Cyr.

Carte postale Camp d’aviation à Saint Cyr (coll. privée)

Son escadrille, sous le commandement du capitaine Alexandre Sourdeau, était équipée d’avions Voisin L, et fut l’une des sept escadrilles utilisées pour former L’Armée de Saint-Pol, créée le 4 octobre 1914, sous le commandement de la 10e Armée. Les autres escadrilles étaient les HF1, HF32, MF33, R15, R27 et V14.

Carte postale Saint-Pol-sur-Ternoise, militaires et autos (coll. privée)

La V.29 rejoint le secteur de Saint-Pol*, un peu plus au sud, à Herlin-le-Sec. L’escadrille, tout en changeant de terrain, resta dans ce secteur de Saint-Pol, jusqu’à sa dissolution le 15 mai 1915 !

*Saint-Pol-sur-Ternoise est une commune du Pas-de-Calais, située entre Berck et Lens.

Carte postale Saint-Pol-sur-Ternoise (coll. privée)

NA : Malgré mes recherches et mes contacts, je n’ai pas trouvé d’informations sur le lieutenant Gaubert sur la période d’octobre 1914 à avril 1915 !

Carte postale Congrès philatélique à Saint-Pol en 1978, thème aviation (coll. privée)

L’escadrille V29 fut dissoute et le matériel fut versé à l’escadrille VB112 qui prit ses quartiers à Croisette, commune du Pas-de-Calais, à l’ouest de Saint-Pol.

Carte postale Prisonniers allemands à Saint-Pol (coll. privée)

NA : Une escadrille créée le 31 mai fut baptisée MF29 et s’établit le 4 juin 1915 à Belfort, sans le lieutenant Gaubert. L’escadrille était équipée de huit avions Maurice Farman, type MF11.

Carte postale Belfort Camp d’aviation du Champ de Mars (coll. JM)

NA : Les aviateurs de cette escadrilles étaient le Capitaine Maurice Happe, le Lieutenant Eugène Parent, l’Adjudant Vincent Almonacid, le Sergent Maxime Cochet, le Sergent Roger Fencels, le Caporal Alexandre Lemaire et le caporal Alexandre Sallès.

Par contre, Edmond Gaubert a quant à lui, rejoint la RGA (Réserve Générale de l’Aéronautique), le 10 avril 1915. Elle fut créée le 13 décembre 1914 et était implantée au Camp du Bourget. Il fut certainement chargé de participer à la validation des nouveaux appareils livrés par les constructeurs.

Carte postale souvenir du Bourget (coll. privée)

Nouvelle mission le 20 juin au Service du Matériel, pour réceptionner les avions à la Division Voisin.

Le 2 juillet 1915, il est nommé Capitaine.

Avant de rejoindre la RGA le 22 octobre, il assura une prestation au SFA (Service des fabrications de l’aviation) à partir du 9 octobre.

Le 8 décembre, il rejoint l’escadrille V.21 commandée par le capitaine Guichard, certainement pour accompagner les pilotes à l’utilisation de leurs nouveaux avions. L’escadrille était cantonnée sur l’aérodrome implanté à La Ferme d’Alger, appelé La Baraque. Il était situé dans la Marne, sur la commune de Vaudemanges, au sud-est de Reims.

Carte postale Monoplan Morane-Saulnier type L en fâcheuse position (coll. privée)

Carte postale Reste d’un avion allemand L’Albatros (coll. privée)

NA : Le 2 avril 1915, au-dessus de Vaudemanges, eut lieu un combat aérien entre l'adjudant Georges Pelletier d'Oisy aux commandes d’un Morane-Saulnier type L, nommé "Jeanne d’Arc" et d’autre part, un Albatros type C piloté par Uffz Otto von Keussler. La victoire, sa première, revint à l’aviateur français de l’escadrille MS12; il était accompagné du lieutenant René Chambe, en tant qu’observateur.

Après cette mission, une autre lui fit rejoindre le camp d’Orchey près de  Toul pour former les aviateurs à l’utilisation des nouveaux avions Breguet-Michelin de l’escadrille BM169. Destinés aux bombardements de nuit, ils posèrent de gros problèmes d’utilisation car lourds et peu maniables.

Carte postale Parc de Longvic Biplans Breguet (coll. privée)

Début février 1916, le 11, il rejoignit le GB4 (Groupe de Bombardement n°4) implanté à Malzéville, commune au nord de Nancy.

Après un retour au RGA, le 1^er mai 1916, son point d’attachement, et une période de convalescence, il fut affecté au GDE (Groupement des Divisions d’Entrainement) de Plessis-Belleville, à partir du 5 septembre.

Livre traitant du GDE du Plessis-Belleville (coll. privée)

Le GDE fut créé le 21 novembre 1915. Sa mission fut dans la continuité du RGA mais avec une importante accélération dans son développement. Il devait répondre aux besoins de rendre rapidement opérationnelles les escadrilles avec l’utilisation de nouveaux avions fournis par les constructeurs.

Décès de l’aviateur

Il meurt de maladie le 29 mars 1917 à Paris, au Val de Grace, en rendant son épouse veuve.

Carte postale Paris, pavillon des officiers au Val-de-Grâce (coll. privée)

Il fut enterré certainement sur la commune de son épouse, à Saint-Angel; son nom est inscrit sur le monument aux morts du village.

Carte postale Monument aux morts de Saint-Angel (coll. privée)

Il fut décoré, à titre posthume, de la Médaille commémorative de la Grande Guerre 1914-1918.

Médaille commémorative de la Grande Guerre 1914-1918 (coll. privée)

Épilogue

Ainsi se termine l’article consacré à la carrière de l’aviateur Edmond Gaubert qui fut décoré la Légion d’honneur à Belfort. Pour ce militaire de carrière, j’ai essayé d’établir son parcours sans être certain de toutes les informations car j’ai dû parfois supposer ou choisir une hypothèse pour construire cet article.

Je suis preneur de toute correction étayée.

JM

Mes remerciements à Denis Albin qui m’a apporté beaucoup d’informations via son Site (https://albindenis.free.fr) et lors de nos échanges par courriel suite à mes nombreuses questions pour comprendre ou décoder certaines informations. Beaucoup d’informations aussi prélevées sur le forum Pages 14-18 (https://forum.pages14-18.com) qui ont aidé à construire cet article…

Liens pour accéder aux articles cités

Pour accéder à la cérémonie du 21 janvier 1913 : Cliquer ici

Pour accéder à l’article sur Adolphe Pégoud : Cliquer ici

Référentiel : Wikipédia, Site Mémoire des Hommes, Sites Leonor et Anom, Site As oubliés 14-18, divers autres Sites

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Comments

[Marcel Agostinel]

Bonjour, merci pour les informations et images que contient votre site. A tout hasard et pour vous aider à l'enrichir, je vous signale que l'Aéro, le journal du sport aérien signale le Lte Gaubert sur l'aérodrome Blériot à Buc dans on édition du 6 mars 114, page 3 "le lieutenant Gaubert, un de nos plus distingués aviateurs, exécute plusieurs looping fort bien réussis".