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LE CARTOPHILION
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28 juillet 2019

Tour de France 1919, Belfort ville de passage & Premier Maillot Jaune

En ce centenaire du Maillot Jaune, j’avais l’obligation d’en parler même si Belfort ne fut que ville de passage lors de ce Tour de France 1919 !

CPM Tour de France 2019 100 ans Maillot Jaune

Carte postale 100 ans du Maillot jaune (coll. JM)

La Cité du Lion était sur le parcours de la 12e étape entre Genève et Strasbourg, le 21 juillet.

Petit historique avant le Tour de 1919

Belfort était devenu une étape incontournable du Tour de France à partir de 1907; il vint systématiquement jusqu’en 1914. La Première Guerre Mondiale va stopper le déroulement de cette épreuve pendant cinq ans.

Avant d’être ville étape, Belfort fut déjà ville de passage en 1905 et 1906 où les coureurs ne s’y arrêtaient que pour signer la feuille de contrôle à la table des juges, installée devant le Grand Hôtel de l’Ancienne Poste, place Corbis.

Belfort CPA Fbg France n°2 Hôtel Ancenne Poste FB

Carte postale Grand Hôtel de l’Ancienne Poste (coll. BF)

Par contre, le Ballon d’Alsace qui fut systématiquement au programme des coureurs à partir de 1905, n’était pas sur le parcours de cette 12e étape en 1919.

Pour mémoire toujours, René Pottier fut le premier coureur à franchir le sommet en tête et il récidiva l’année suivante. En 1907, une stèle en son honneur fut installée au col et inaugurée le samedi 18 juillet 1908 lors de la journée de repos à Belfort.

Ballon d'Alsace Stèle René Pottier

La stèle avant son déplacement en 2009 (coll. privée)

NA : En fin d’article, un lien permet d’accéder à l’article consacré à René Pottier.

Le Tour 1919

Henri Desgrange*, dès l’armistice signé, a voulu remettre sur route son enfant et fit le nécessaire pour que cette épreuve soit de retour l’année suivante.

Livre Henri Desgrange L'homme qui créa le Tour de France

Page de garde du livre ‘’Henri Desgrange, l’homme qui créa le Tour de France’’

*Henri Desgrange : Il fut le créateur du Tour de France en 1903 qui s’élança de Villeneuve-Saint-Georges avec six étapes au programme, Paris-Lyon, Lyon-Marseille, Marseille-Toulouse, Toulouse-Bordeaux, Bordeaux-Nantes, Nantes-Paris.

La victoire revint à Maurice Garin, le premier nom d’une grande liste qui voit en 2019, le nom d’un colombien, Egan Bernal, s’inscrire sur les tablettes de la grande Boucle.

CPM Maurice Garin Timbre  Egan Bernal Le Parisien R

Carte postale Maurice Garin 1903 & Egan Bernal 2019 (coll. privée)

Le Tour de France 1919 eut deux particularités, d’une part d’être le 1er Tour après le conflit mondial de 1914-1918 et d’autre part, le passage pour la première fois, par les routes d’Alsace, région qui était redevenue française ainsi que la Moselle !

Livre 1919 Le Tour renait de l'Enfer

Livre Le Tour renait de l’Enfer

La 13e édition du Tour de France s’articulait autour de 15 étapes sur 5560 kilomètres du 29 juin au 27 juillet 1919, dans le sens Ouest-Est.

Carte Tour de France 1919R

Carte du Tour 1919 (réalisation BF)

Les participants

Au départ à Paris pour Le Havre, seuls 69 coureurs s’étaient alignés. Une majorité de Français (36) et de Belges (28). Initialement, une délégation d’italiens devait participer mais seulement deux vont confirmer leur venue. L’Espagne avait un représentant.

Tour de France 1919 En tête 28 juin L'Auto

En-tête du journal L’Auto Tour 28 juin 1919 (doc. BNF)

Au sein de ce peloton, il y avait 3 équipes, deux françaises, La Sportive* et JB Louvet, et une italienne Bianchi. Par contre le règlement imposait que les coureurs roulent en individuel !

On n’était pas une incohérence près…

*La Sportive réunissait les As dans un consortium des firmes les plus importantes.

Les coureurs étaient classés en deux catégories de licenciés, 45 en A et 24 en B. Le doyen Henri Moreillon avait 43 ans.

La catégorie A était attribuée à des cyclistes d’expérience.

Parmi les grands absents, trois vainqueurs du Tour, Lucien Petit-Breton le vainqueur des éditions 1907 et 1908, François Faber en 1909 et  Octave Lapize en 1910, tous trois morts pendant la Première Guerre Mondiale.

CPA Lucien Petit-Breton Piste

CPA François Faber (2)   CPA Octave Lapize

Cartes postales Lucien Petit-Breton 1907 & 1908, François Faber en 1909 et  Octave Lapize en 1910 (coll. privée)

Par contre, les vainqueurs des 3 dernières éditions étaient partants, les belges Odile Defraye en 1912 et Philippe Thys en 1913 et 1914.

Photo Odile Defraye Wikipédia  CPA Philippe Thys 1

Odile Defraye (doc. Wikipédia) et Carte postale Philippe Thys (coll. privée)

La délégation belge semblait posséder en son sein de forts potentiels avec ces deux anciens vainqueurs mais aussi d’anciens vainqueurs d’étapes Firmin Lambot, Louis Mottiat et Jean Rossius, et un coureur en devenir  Marcel Buysse.

La délégation française pouvait compter sur Jean Alavoine 3e du tour 1914, Eugène Christophe, Paul Duboc et Henri Pélissier.

Quelques points du règlement

Hormis que les coureurs devaient courir en individuel, donc pas d’entre-aide… ils ne devaient utiliser qu’une seule bicyclette par ailleurs poinçonnée (marquage du numéro d’inscription) au pédalier, à la tête de fourche et aux moyeux des roues. Un plomb était fixé à la plaque où était le numéro attribué au coureur.

Les coureurs devaient effectuer eux-mêmes les réparations.

Pour ce Tour, une nouveauté fut le ravitaillement assuré des coureurs par l’organisation.

Tout non respect du règlement entraînait des pénalités.

Concours

Plusieurs concours furent organisés pour ce Tour.

Le journal L’Auto proposa à ses lecteurs un concours de pronostics pour trois étapes (Sables d’Olonne, Marseille et Genève) où il fallait donner le vainqueur et son temps, récompensé par 10 prix de 500 à 25 francs, et aussi pour le classement général, avec les mêmes questions et récompensé par 17 prix de 2000 à 50 francs.

L'Auto Concours pronostics

Le support du concours Classement général (doc. BNF)

De même en Belgique, ‘’La Louvière’’ organisa aussi un concours de pronostics.

La revue La vie au Grand Air proposa un concours de photographies avec une récompense de 200 francs pour la plus beau cliché. Toute photo reprise dans la revue sera payée en fonction du format reproduit, de 10 à 100 francs.

Belfort, ville de passage du Tour 1919

Après avoir été pendant les huit dernières années ville d’arrivée et de départ, Belfort n’était plus que ville de passage le 21 juillet. La 12e étape de 383 kilomètres, partait donc de Genève pour rejoindre Strasbourg, en passant par le col de la Faucille, Morez, Pontarlier, Morteau, Montbéliard, Belfort, Mulhouse et Colmar.

CPA Belfort Souvenir

Carte postale Belfort (coll. JM)

Du côté des autorités sportives, ce déclassement n’était pas trop apprécié. D’ailleurs, Charles Chaussin, le représentant de L’Auto, fit passer un encart dans le journal pour informer qu’à Belfort :

’Tout est prêt ici pour le passage des vaillants routiers et notre brave directeur* peut dormir sur ses deux oreilles’’

*Directeur : Sous-entendu Henri Desgrange.

Il citait les hommes connus de confiance assurant l’organisation… du passage : Mrs Lissot, Lacreuse, le représentant de l’UVF*, Prévot.

CPA Belfort Bonjour

Carte postale Belfort (coll. JM)

Il appuya en informant que :

‘’Les Belfortains regrettent amèrement que Belfort ne soit plus ville-étape, chacun se rappelle ici comment les coureurs étaient reçu dans la grande cité patriotique, mais ils se rendront quand même en masse applaudir les glorieux champions Du Tour de France et espèrent être plus heureux l’année prochaine.’’ 

L'Auto Lettre Chaussin 17 juil 1919

Article de Charles Chaussin dans L’Auto du 20 juillet (doc BNF)

*UVF : L’Union Vélocipédique de France est l’ancêtre de la Fédération Française de Cyclisme (créée en 1940).

Mais le message ne porta par, il fallut attendre 1927 pour que Belfort soit ville étape arrivée et départ, les 12 et 13 juillet.

NA : En fin de texte, un lien permet d’accéder à l’article sur ce Tour de France de 1927.

Le déroulement des premières étapes

Le rassemblement le 29 juin s’effectua depuis le Parc des Princes où furent signées les feuilles de contrôle. A 2h45 du matin, les coureurs précédés de la voiture officielle avec le chronométreur rejoignirent la place d’Armes à Saint-Cloud où fut donné à 3 heures le départ officiel du Tour 1919.

CPA Saint Cloud Place d'Armes

Carte postale Saint-Cloud  Place d’Armes (coll. privée)

La foule avait envahi les rues pour voir passer et applaudir les coureurs, elle était en manque après cinq ans d’abstinence…

Partis pour effectuer une étape de 371 kilomètres, pour rejoindre Le Havre, seuls 41 coureurs arrivèrent à bon port dont 4 repêchés… ainsi 28 coureurs ne purent affronter les flots de kilomètres de l’étape.

La victoire revint au belge Jean Rossius devant Henri Pélissier à 1 minute et un autre belge, Joseph Vandaele à 2 minutes. Il avait mis 15h56 pour relier Paris à Le Havre.

CPA Jean Rossius

Carte postale Jean Rossius (coll. privée)

Quand au dernier coureur arrivé dans les temps, le strasbourgeois Paul Zlenck, il avait mis 4 heures de plus (19h57’55) pour atteindre la ligne d’arrivée.

Le dernier des 4 coureurs repêchés avait passé une journée plus 36 minutes.

12e étape, départ de Genève

Au départ de Genève un peu avant 2 heures du matin, les coureurs rescapés des étapes précédentes n’étaient plus que… 11 pour cette 12e étape les menant à Strasbourg à travers le Jura, le Haut-Doubs, le Pays de Montbéliard, la Trouée de Belfort et la plaine d’Alsace.

11 coureurs dont dix licenciés A et un B. 

Dès la 1ère étape, 26 coureurs étaient éliminés, 14 à la 2e, 2 à la 3e, 5 à la 4e, 3 à la 5e, 2 à la 8e, 1 aux 6e, 7e, 9e et 10e.

Classement général : Liste des 11 coureurs

Le Maillot jaune était porté par Eugène Christophe avec 167h16’56 de course. Il était suivi de :

2 Firmin Lambot à 23’19

3 Jean Alavoine à 39’51

4 Honoré Barthélémy à 2h49’39

5 Léon Scieur à 3h24’31

6 Jacques Coomans à 12h51’09

7 Alfred Steux à 13h56’42

8 Luigi Lucotti à 15h44’29

9 Paul Duboc à 15h46’55

10 Joseph Vandaele à 16h12’35

11 Jules Nempon à 185h 09’57

Le départ

Si le contrôle était installé au Café de la Couronne, au 16 Grand-quai, le départ s’effectua à 2 heures du matin à la hauteur de la brasserie de Montbrillant, dans la rue du même nom, en direction de Gex.

CPA Genève Souvenir

Carte postale Genève (coll. privée)

Les coureurs avaient, au programme de cette 12e étape, 371 kilomètres à parcourir pour rejoindre Strasbourg avec une difficulté, le col de la Faucille.

Après 54 kilomètres de course et environ 2h30, le col de la Faucille à 1322 mètres, vit passer les coureurs relativement groupés, aucun n’avait voulu partir tôt, à l’aventure sur cette étape.

CPA Col de la Faucille

Carte postale Col de la Faucille (coll. privée)

Même situation ou presque à Pontarlier à 7h05, après 115 kilomètres, on retrouvait 7 coureurs ensembles, dont les 5 premiers au classement général suivi de près, à 5 minutes, par Jacques Coomans et Paul Duboc et enfin les 2 derniers avec un retard significatif, Joseph Vandaele et Alfred Steux soufrant des chutes arrivées dans les étapes précédentes.

CPA Pontarlier

Carte postale Pontarlier (coll. privée)

Au 144 kilomètres, à Morteau eut lieu le premier ravitaillement préparé par les organisateurs du Tour

Le groupe arriva à 11h10 dans La Cité des Princes après 217 kilomètres, formé des coureurs passés en tête à Pontarlier et des deux proches poursuivants.

CPA Montbéliard

Carte postale Montbéliard (coll. privée)

Montbéliard était en liesse, le 44e Régiment d’infanterie avait renforcé les policiers de la ville pour établir un service d’ordre renforcé pour contenir le public parfois indiscipliné…

CPA Montbéliard Douebes & Diaichottes 

Carte postale Montbéliard Bouebes & Diaichottes (coll. privée)

Les deux retardataires passèrent avec une heure de retard, marqués par la fatigue.

Il va sans dire mais encore faut-il l’écrire, le passage des coureurs avait déplacé de nombreux spectateurs sur le bord des routes et encore plus dans les villes où étaient établies les tables de contrôles (Col de la Faucille, Pontarlier, Montbéliard…).

Ils entrèrent au 227e kilomètre dans le département du Territoire de Bellfort par Châtenois,

CPA Chatenois

Carte postale Chatenois des Forges (coll. privée)

puis traversèrent Trétudans, Danjoutin pour arriver à Belfort.

Belfort, au 234e kilomètre

Comme l’avait souligné Charles Chaussin dans sa tribune dans le journal L’Auto, Belfort était prêt à accueillir les coureurs même s'ils ne faisaient que passer… en direction de Strasbourg !

La table de contrôle était installé au café Charles quai Vauban sous la direction d’A. Prévot et de Charles Chaussin, le correspondant du journal L’Auto. A  la feuille de contrôle opérait M. Littot (ou Lissot).

Belfort CPhoto Restaurant Charles Quai Vauban

Carte photo Belfort Café-restaurant Charles (coll. privée)

Pour le passage du Tour, la municipalité avait installé des poteaux sur le trajet où des oriflammes flottaient au-dessus des nombreuses têtes des spectateurs dont beaucoup de poilus. Les discutions allaient bon train avec un peu d’amertume de ne pas voir les coureurs se battre pour une victoire dans la Cité du Lion !

Le service d’ordre était assuré par les agents de police de la ville renforcés par des militaires sportifs sous le commandement du Capitaine Berger.

Tour de France 1919 Tracé Belfort R 

Parcours du Tour dans Belfort (réalisation BF)

A 11h30 sous le soleil revenu, arriva la voiture officielle d’Henri Desgrange qui précéda de dix minutes le passage des 9 coureurs toujours groupés. Les deux derniers avaient plus d’une heure de retard.

Belfort CPA Quai Vauban n°19 Chemiserie

Carte postale Belfort Quai Vauban (coll. JM)

Après l’enregistrement de  leur passage, ils filèrent en direction de la plaine d’Alsace, une région qui n’avait jamais vu passer les coureurs du Tour de France… puisqu’elle était devenue allemande par le traité de Francfort du 10 mai 1971, suite à la défaite de la France contre la Prusse. Elle venait d’être revenue une terre française par le traité de Versailles du 28 juin 1918, après la défaite de l’Allemagne lors de cette Première Guerre Mondiale .

Charles Chaussin profita du passage d’Henri Desgrange pour lui reprocher que Belfort n’était que ville de contrôle et non ville étape comme précédemment !

Ils traversèrent Roppe puis Les Errues pour rejoindre Lachapelle

CPA Lachapelle

Carte postale Lachapelle (coll. privée)

et quittèrent ainsi le Territoire de Belfort après 23 kilomètres effectués dans le département. 

En direction de Strasbourg

Pour la première fois, le Tour de France entrait en terre d’Alsace. Il revint au village de Soppe-le-Bas d’avoir l’honneur d’accueillir les coureurs.

Le passage à Mulhouse fut un grand évènement, les alsaciens firent une chaleureuse réception aux 9 premiers coureurs quand ils arrivèrent à 13h13; ce fut la cohue autour du contrôle. Un sprint avait été organisé pour donner un peu de piment à cette venue. Il fut remporté par Jean Alavoine devant Luigi Lucotti et Eugène Christophe qui furent récompensés par des primes offertes par de généreux donateurs.

CPA Mulhouse Souvenir

Carte postale Mulhouse (coll. privée)

Toujours à Mulhouse, eut lieu le deuxième ravitaillement de la journée par les organisateurs.

La course se poursuivit et à nouveau, un sprint fut organisé à Colmar après 311 kilomètres. Le groupe réduit à 7 coureurs arriva à 14h44 sous de chaleureux applaudissements et la victoire revint à nouveau à Jean Alavoine devant Luigi Lucotti. Trois minutes plus tard arriva Jules Nempon suivi à 3 minutes de Jacques Coomans.

CPA Colmar Souvenir

Carte postale Colmar (coll. privée)

Les deux derniers coureurs arrivèrent 1h30 après la tête de la course; l’écart grossissait.

L’arrivée à Strasbourg

La capitale alsacienne avait réalisé une belle fête pour accueillir pour la première fois le Tour de France.

CPA Strasbourg

Carte postale Strasbourg (coll. privée)

L’arrivée était positionnée au bout d’une belle ligne droite devant les usines Mathis quant au contrôle, il était effectué au Grand Café du Commerce, place Kléber.

CPA Strasbourg Place Kléber

Carte postale Strasbourg Place Kléber (coll. privée)

Pour cette première, le public était venu en nombre et bien avant 15 heures, l’heure  prévisionnelle de l’arrivée des coureurs. A cette heure là, ils étaient encore loin ayant quitté Colmar à 14h40.

Peu après 17 heures, l’information arriva qu’ils étaient en approche par l’arrivée de la voiture officielle. Les spectateurs virent enfin un groupe de sept coureurs foncer vers la ligne d’arrivée.

La victoire au sprint revint à l’italien Luigi Lucotti, il devança Jean Alavoine d’une roue et Léon Scieur d’une longueur. Ils avaient bouclé l’étape en 15h08’42, étant partis à 2 heures de Genève.

Photo Luigi Lucotti

Photo Luigi Lucotti (coll. privée)

Ces résultats n’eurent pas d’impact sur le classement général des 5 premiers. Par contre l’italien fit une bonne opération en passant de la 11e à la 8e place.

Classement général final à Paris

Depuis l’étape 11, le peloton était réduit à 11 coureurs qui eurent le courage et la volonté de vouloir terminer à Paris, ce premier Tour de France après guerre.

Dernière étape : Etape Dunkerque - Paris

Au départ de Dunkerque, le Maillot jaune était porté par le belge Firmin Lambot qui avait pris la veille la tunique à Christophe; il l’avait reçue officiellement à Grenoble.

CPA Dunkerque

Carte postale Dunkerque

Pour les 11 coureurs, la dernière étape entre Dunkerque et Paris était la bienvenue mais elle ne fut pas sans surprise car l’un d’entre deux va être disqualifié ! Paul Duboc va casser son axe de pédalier et commettre l’irréparable en montant dans une voiture à Neufchâtel pour rejoindre le contrôle établit à Etaples, distant de 15 kilomètres, pour pouvoir réparer son vélo !

CPA Paul Duboc Wikipédia

Carte postale Paul Duboc (doc. Wikipédia)

La victoire sur la piste du Parc des Princes où avaient pris place 30000 spectateurs, revint à Jean Alavoine qui régla au sprint ses compagnons d’échappée Luigi Lucotti, Honoré Barthélémy, Léon Scieur et Jacques Coomans. Ils avaient pris la poudre d’escampette dans la côte d’Hénonville à 60 kilomètres de Paris.

CPA Jean Alavoine

Carte postale Jean Alavoine (coll. privée)

Le vainqueur du jour signait sa 5e victoire sur le Tour.

Classement général

Le belge Firmin Lambot remporta la 12e édition du Tour de France le 27 juillet en un peu plus de 231 heures et 7 minutes.

CPM Firmin Lambot

Carte postale Firmin Lambot (coll. privée)

Il devançait les français Jean Alavoine de 1h42’54 et Eugène Christophe de 2h26’31 après 5560 kilomètres.

A noter que le 10e était le français Jules Nempon qui était le seul rescapé de la catégorie B, coureur normalement plus faible que la catégorie A. Il était pourtant loin d’être un novice… il avait effectué les Tours 1911 à 1914.

Jules Nempon L'Auto 28 juin 1919

Jules Nempon (doc. L’Auto)

Il eut par contre, la joie de remporter tous les prix de la catégorie sauf ceux remportés précédemment par les coureurs de la catégorie B, avant leur abandon !

Le Maillot jaune

Ce maillot distinctif fut attribué pour la première fois à Eugène Christophe, le leader du classement général du Tour de France 1919, lors de la journée de repos à Grenoble, le soir du 18 juillet au café de l’Ascenseur, sis boulevard Gambetta.

CPM Eugène Christophe

Carte postale Eugène Christophe (coll. privée)

Plusieurs versions existent sur le titulaire de cette idée originale, provenant de journalistes de L’Auto… mais la version la plus crédible serait qu’elle soit d’Alphonse Baugé, nouveau collaborateur du même journal. Il aurait soufflé l’idée à Henri Desgrange pour que le leader du classement général soit identifiable par le public. Le directeur du Tour fit sienne du concept et commanda quatre tuniques à Paris avec l’objectif de la remettre à Marseille. Mais le délai non tenu, fit que cette attribution fut reportée !

Le choix de la couleur, le jaune était la couleur du journal L’Auto, donc très symbolique comme référence.

Par contre, l’idée du Maillot jaune serait née avant guerre en 1913 (ou 1914) ! Henri Desgrange aurait rêvé une nuit d’une casaque d’Or et proposa à Philippe Thys de porter un maillot jaune, lequel aurait refusé, ne voulant pas être la cible de tous… Ne voulant pas se résigner au refus, le directeur du Tour demanda à ce même Alphonse Baugé, alors directeur sportif de Peugeot, d’imposer l’idée au coureur. Un maillot jaune fut acheté et mis sur plusieurs étapes.

Coureur Philippe Thys

Carte postale Philippe Thys (coll. privée)

D’autres versions existent… pour que le Maillot jaune entre dans la légende.

Dans tous les cas, le Maillot jaune est devenu incontournable et 2019, on y fête son Centenaire. Pour marquer l’évènement, à chaque étape du Tour, le leader du classement général revêt un maillot où un symbole est représenté. Pour le départ de Belfort, c’est le Lion qui plastronne sur la poitrine du coureur.

Maillot jaune Belfort Tour 2019

Le Maillot Jaune Belfort du 12 juillet 2019

Si Eugène Christophe est considéré comme le premier porteur du Maillot jaune, il ne lui porta pas chance car il perdit sa place lors de l’avant dernière étape entre Metz et Dunkerque, malgré 28 minutes d’avance sur son suivant ! La cause, la casse de sa fourche vers Valenciennes.

Fiche Eugène Christophe R

Extrait fiche Eugène Christophe (coll. privée)

Pour redonner du baume au cœur du malchanceux, une souscription fut lancée à Paris; elle lui rapporta autant que les gains du vainqueur.

Lors de la 5e étape du Tour 1922, il devint le leader du classement général et donc, eut à nouveau le maillot jaune à l’âge de 37 ans lui donnant le record du coureur le plus âgé. Il le conserva trois jours.

Maillots jaunes refusés !

Inversement des coureurs devant le porter, le refusèrent ! En voici quelques exemples…

En 1934, le français Georges Speicher vainqueur de la 1ère étape ne porta pas ce maillot car il portait celui de Champion du Monde !

CPA Georges Speicher R

Carte publicitaire Georges Speicher (coll. privée)

En 1949, le belge Norbert Callens qui devait le revêtir au départ à Boulogne, en fut privé car il n’avait pas été le chercher au camion magasin avant le départ !

En 1950, le suisse Ferdi Kübler refusa de le porter car il était devenu le leader suite au retrait de l’équipe italienne où courait Fiorenzo Magni, le titulaire du classement général !

En 1971, le belge Eddy Merckx refusa lui aussi de porter le maillot jaune suite à la chute entraînant l’abandon de Luis Ocana.

CPM Eddy Merckx Equipe Faema

Carte postale Eddy Merckx (coll. privée)

Par contre, Eddy Merckx possède le record de jours en Jaune, 96 jours. Bernard Hinault suit avec 78 jours.

Inversement, en 1929, trois coureurs partirent de Bordeaux avec la Tunique jaune, Victor Fontan, Nicolas Frantz et André Leducq car ex-æquo au classement général suite à la 7e étape entre Les Sables-d’Olonne et Bordeaux !

NA : Il y encore plein d’autres anecdotes ou statistiques sur ce maillot ; il ferait l’objet d’un article à lui tout seul... le ferai-je ?

Epilogue

Même si Belfort ne fut que ville d’étape en 1919 pour la 14e édition du Tour de France, il était passé dans le département et avait ouvert les portes de sa Trouée pour lui permettre d’aller en Alsace pour la première fois.

Cette année est aussi symbolique par le concept et la naissance du Maillot jaune qui sera copié dans de nombreuses autres activités comme la finance, l’université, l’industrie…

JM

Liens pour accéder aux articles cités

Article sur le Tour 1907 (1905 & 1906) : Cliquer ici

 

Article sur le Tour de France 1927 : Cliquer ici

 

Tous les articles sur le Tour de France : Cliquer ici

Références presse : Journaux L’Alsace et La Frontière (Coll. Archives départementales du Territoire de Belfort), Livre Tour de France Histoire extraordinaire des géants de la route

Référence Web : Wikipédia, Site La Grande Boucle, Divers autres Sites…

Infos pratiques  

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