Foire aux livres de Belfort, les premières années (1972-1979)

MAJ le 16 octobre 2025 (remise en forme en cours)

La Foire aux livres de Belfort est née en 1972, grâce à la volonté d'un homme, Pierre Nétange.

Titre annonçant la 1ère Foire aux livres
(Le Pays du 24 octobre 1972, coll. AMB)

Je vous propose de découvrir sa saga au fil des années, avec dans un premier temps en ouvrant le Tome 1, couvrant les premières années entre sa naissance jusqu'en 1979.

Tome 1 : Les années 1970

1972, la naissance

C'est un beau jour de 1972 qu'est née cette dynamique quarantenaire par la grâce d'un homme, Pierre Nétange* cet amoureux addictif du livre. Depuis cette date, il a accompagné cette dame ou plutôt ils se sont accompagnés sur cette longue épopée pour faire de la Cite du Lion un lieu incontournable où le livre est roi pour la plus grande joie de ses vassaux ou plus justement de ses aficionados car consentant, en un mot ses lecteurs.

Qu'ils soient compulsifs ou amateurs, ils sont accros ou en devenir à cette drogue naturelle et viennent se ravitailler dans ce paradis littéraire ouvert chaque année.

En cette année 1972, Pierre Nétange est invité à participer à un groupe de réflexion piloté par le CDEP* (Comité Départemental d’Éducation Populaire), sous la direction de Michel Legrand*, sur la mise en valeur du livre dans le cadre de l'Année Internationale du Livre organisée par l’UNESCO*.

*CDEP : Le Comité Départemental d’Éducation Populaire est né le 15 avril 1960. Il était chargé de coordonner 68 organismes que sont les clubs, les associations, les foyers culturels, les mouvements de loisirs et de pleine air du Territoire de Belfort. Il assurait aussi la gestion et la création des services collectifs mis à la disposition des membres. En 1974, il devient le CDAC Comité Départemental d’Animation Concertée. Son action était étendue aux interfaces ministérielles et régionales. Il était chargé du développement éducatif, social et culturel de façon permanente.

*Michel Legrand : En fin de texte, un lien permet d'accéder à une présentation de cet activiste culturel.

*UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture), est une institution spécialisée des Nations Unies (ONU) qui a pour rôle, entre-autre, de développer la culture. Elle regroupe près deux cents membres (états).

Ce fut lors de sa Conférence générale, en 1972, que l’institution décréta cet axe de développement. Pour promouvoir son projet, elle lança un programme à long terme de développement de la lecture et du livre avec pour objectif que les pays en développement comblent leur retard sur les pays industrialisés.

Elle invita les états membres à encourager, plus particulièrement les jeunes, à la philosophie et à la littérature. L’idée étant de mettre le livre à la portée de tous, à des prix réduits. Le slogan de ce leitmotiv était "Des livres pour tous".

 

Affiche de Rolf Ibach "Des livres pour tous"

A cette occasion, Pierre Nétange proposa d'organiser une foire aux livres d'occasion ! L'idée émise fut acceptée avec enthousiasme. Le concepteur bénéficiant d'un réseau de libraires parisiens, permis de réaliser cette première.

Elle se déroula dans l'enceinte un peu trop vaste de la Salle des Fêtes, du 20 au 30 octobre de l'an 1972. Pour cette première, 3 000 livres furent à la disposition des visiteurs.

Carte postale Belfort la Salle des Fêtes (coll. JM)

Comme tout événement, il fut inauguré par les autorités représentatives, le samedi matin 20 octobre, en présence du préfet Jean Clauzel, du secrétaire général de la préfecture Jean-Jacques Pascal, de l’adjoint au maire Jean-Marie Huot-Marchand, des inspecteurs de l’Éducation Nationale Pouzol, Kieffer et Boulen, du proviseur du lycée de garçon Genre… en présence d’une grande quantité d’invités.

Inauguration de la 1^ère Foire aux livres (Photo LER)

Après l’inauguration, ce furent les lycéens qui eurent la primeur de pouvoir consulter les ouvrages mis à disposition, voir les livres anciens sur Belfort contenus dans les vitrines, regarder les panneaux d’exposition où étaient présentés ex-libris, journaux anciens…

Extrait du journal L’Alsace Édition Belfort du 20 octobre 1972
(doc. AMB)

Ce fut au début de l’après-midi que la Foire fut enfin ouverte au public.

Les visiteurs se déplacèrent fort nombreux (environ 4 000) pendant cette dizaine de jours d’ouverture, autant attirés par la curiosité que la possibilité d’acquérir un livre à prix réduit. Plus de la moitié des livres disponibles furent vendus ce qui fut reconnu comme un excellent résultat pour cette nouvelle manifestation.

Si la manifestation était dédiée aux livres, elle est aussi la tribune pour mettre en contact auteurs et public. Ils furent quatre écrivains régionaux à venir à la rencontre de leurs lecteurs; Maurice Bidaux avec son livre "La fin des culs-terreux" (Odyssée paysanne), Henri Frossard avec "La Proclamation",

     

mais aussi Pierre Haas et son "Histoire du Territoire de Belfort" et Madeleine Szcodrowski pour "Les cerises aigres".

      

Livres des quatre auteurs présents à la 1^ère Foire aux livres

Une des principales nouveautés qu’avait apporté cette manifestation, fut la possibilité offerte aux visiteurs de toucher une grande quantité de livres sans intermédiaire à la différence d’une librairie ou voir dans certaines bibliothèques !

1973, le livre se referme

Pierre Nétange fort des très bons résultats obtenus avec sa première Foire au livres, espérait bien renouveler l’expérience voir augmenter son audience. Le projet se portait sur une grande exposition sur la bande dessinée pour l’axe culturel de la prochaine Foire aux livres. Mais malheureusement, dès décembre 1972, le CMDP déclara forfait lié à un manque de moyens financiers et peut être que ce type de manifestation n’entrait pas (ou plus) dans leur stratégie d’animation culturelle. La situation força le maître du livre à déclarer lui aussi forfait !

Le livre se refermait, en n’ayant pas pu aborder le deuxième chapitre…

1974, la résurrection

Comme toute histoire, elle eut son rebondissement dès l’année suivante.

La volonté, voire la pugnacité de cet acharné défenseur de ce concept novateur fit qu’un autre acteur de la vie culturelle de la Cité du Lion, l’association FOL* (Fédération des Œuvres Laïques) vient remettre le projet en scène.

 Logo de la  FOL (Le Lionceau)

*FOL : La Fédération des Œuvres Laïques est né en 1957. Elle était la section départementale de la Ligue Française de l’Enseignement et de l’Éducation Permanente. A l’origine organisée en secteur scolaire et périscolaire, elle avait diversifié à partir de 1956 ses activités en direction du secteur socioculturel et apportant son aide aux associations.

Au début d’année 1974, une passe d’armes, par l’intermédiaire de la presse belfortaine, eut lieu entre Pierre Nétange et le CMDP concernant le portage de la manifestation par la FOL.

La 2^e Foire aux livres ouvrit ses portes, du 2 au 10 février 1974, dans un autre lieu, à la Maison du Peuple.

Carte postale de la Maison du Peuple (coll. JM)

Cette seconde édition était toujours placée sous la plume des auteurs régionaux et une très belle exposition les mit en valeur; en tout premier Louis Pergaud l’auteur mal aimé des couturières… suite à son ouvrage La guerre des boutons ! Deux illustres auteurs belfortains, Léon Deubel et Gabriel Vicaire, furent aussi mis en valeur par leurs ouvrages exposés dans les vitrines. La FOL a réalisé, grâce à l’amicale des Belles lettres, une mini-encyclopédie sur les auteurs contemporains et leurs ouvrages.

Le public est nombreux à consulter les livres dans les bacs
(photo LER)

Environ 5 000 livres sont mis à la disposition du public qui ne bouda pas son plaisir, loin s'en faut, car pas moins de 2 000 ouvrages quitteront les bacs de la Maison du Peuple! Il est vrai que même en cette période hivernale, le public ne fut pas frileux; le décomptage donnant environ 5 000 visiteurs dont beaucoup de classes invitées via le réseau de la FOL.

1975, la bande dessinée

Une 3^e saison se déroula en ce printemps 1975, avec un retour à la Salle des Fêtes du 12 au 27 avril donc avec une durée allongée à 2 semaines ! Cette édition ouvrit ses portes à un genre, mineur pour certains, mais qui prenait une place de plus en plus importante dans les parutions littéraires, la BD (Bande Dessinée) et son temple qu’est le Festival d’Angoulême, né en janvier 1974.

Que de bulles à lire… (photo LER) 

Pour mieux faire connaître le monde de la bulle, une exposition composée de 60 panneaux présentait un siècle de BD grâce au spécialiste belfortain, professeur de lettres, Jacques Perrier... un prédestiné de la bulle !

Elle est pour lui "Le cinéma sur papier" et il a passé plusieurs mois pour monter cette exposition très pointue comme un documentaire avec pas moins de 600 originaux ou photos.

    

Quelques bandes dessinées anciennes : La couronne d’épines de Quimper et Forget (1956), Zig et Puce dans Les Frais de la Princesse par Greg (1970), Wapi et Le Triangle d’Or par Paul Cuvelier (1969)

Côté animation, les dessinateurs de Barbarella, Jean-Claude Forrest et de Pilote, Peter Glay étaient venus dans la Cité du Lion.

  

Barbarella Le Semble-Lune (1974) et
couverture de Pilote (1972) par P. Glay

Les organisateurs avaient réuni 5000 livres issus des libraires parisiens et belfortains mais pas que, car la foire ce n’est pas uniquement de vendre des livres d’occasion mais aussi l’occasion de montrer de très beaux livres. Le public put voir des éditions originales du 19e et 20e siècle, de grandes séries reliées d’Anatole France, de Victor Hugo, de Rabelais… et de prendre contact avec de superbes reliures !

 

  Les visiteurs en ont plein les yeux comme les mains… (Photo ER)

Quelques chiffres : 20 000 visiteurs annoncés par le magazine Le Lionceau (mensuel édité par la FOL), auraient (c’est du conditionnel !) franchis les portes de la Salle des Fêtes dont 80 classes, 5 000 livres furent vendus.

En-tête du mensuel Le Lionceau édité par la FOL

Suite à l’engouement du public, la FOL décida au cours de la manifestation d’ouvrir un livre d’Or pour recueillir les avis des intervenants et des visiteurs.

Avec cette 3^e édition, la Foire aux livres avait franchi une marche supplémentaire.

1976, la science-fiction

Pour la 4ème édition, les organisateurs sortirent des sentiers battus pour aborder un genre méconnu, la Science-fiction (SF); cette littérature peu connue du grand public et souvent confondue avec des prophéties dites extra-lucides ou de la vulgarisation scientifique ! La Foire aux livres toujours installée à la Salle des Fêtes, du 10 au 25 avril, combattit ces idées fausses par une exposition fleuve composée de 66 panneaux montrant cette littérature et ses différentes variétés.

     

BD de science-fiction US :
Amazing stories (1931), Planet stories (1942)

Elle fut élaborée et montée par 5 belfortains adorateurs de cette littérature, Guy Chognard, Claude Py, Rodolphe Schneider, Michel Sombathay et Daniel Thiry avec l’aide précieuse de Jean-Marie Petey pour la mise en page (ou plutôt la mise en panneau).

Trois auteurs de SF étaient présents à cette manifestation, un vosgien et deux alsaciens.

Le premier, Pierre Pelot auteur vosgien de science-fiction a commencé par la BD de western en 1963 avant d’aborder cette littérature et celle de l’anticipation.

Un de ses premiers romans en SF fut ‘’Les Légendes de la Terre’’ en 1972.

Livre "Les Légendes de la Terre" de Pierre Pelot

Côté alsacien, le munstérien Daniel Walther présentait, à cette occasion, son livre ‘’Requiem pour demain’’ sorti cette année-là.

 Livre Requiem pour demain de Daniel Walther

Cette même année, il avait reçu le Grand Prix de l’Imaginaire pour l’Anthologie pour un autre roman "Les soleils noirs d’Arcadie".

Le troisième, le strasbourgeois Jean-Pierre Hubert avec son livre "Planète à trois temps".

Livre Planète à trois temps par Jean-Pierre Hubert

Il sera lui aussi primé à plusieurs reprises dont le Grand Prix de l’Imaginaire (2 fois, 1982 et 1984) et le prix Rosny Ainé (4 fois, 1984, 1985, 1986 et 1988).

NB : Jean-Pierre Hubert est décédé le 1^er mai 2006.

Une nouvelle fois les organisateurs avaient fait fonctionner leur réseau pour mettre à la disposition des visiteurs pas moins de 6 000 livres. Comme les années précédentes, on pouvait y trouver des petits trésors de la littérature comme des éditions originales, des ouvrages dédicacés, des livres illustrés par de grands peintres, des collections reliés…

Pierre Nétange avait mis la main sur un ouvrage presque introuvable, la très belle édition spéciale Venise illustrée par le terrifortain Bernard Gantner en 1958, comprenant 25 eaux-fortes; il fut acquis très rapidement par un collectionneur pour 1 650,00 francs. Mais la majorité des livres constitués de romans, de livres de poche, étaient à des prix très abordables.

 Les visiteurs avaient envahi la Salle des Fêtes (Photo FOL)

Le nombre de livres vendus restent constants, autour de 3 000 ouvrages.

Mais le public a été moins présent sur l'ensemble de la quinzaine, peut-être que le thème de la science-fiction a fait un peu peur !

Un autre instantané à la Foire de livres (Photo Le Lionceau)

Parallèlement à la Foire aux livres, se déroula un festival du film de science-fiction au cinéma ABC sous l’égide de l’association Écran.

1977, la carte postale

Pour cette édition, la Foire aux livres quitta le printemps pour retrouver la saison où les feuilles sont tombées… Elle se déroule du 12 au 27 novembre, à la salle des Fêtes.

Et à nouveau, elle ouvrit une nouvelle page avec un autre support pédagogique, la carte postale (CP).

Affiche éditée pour cette 5e foire aux livres,
"La Carte Postale Témoin de son temps" illustrée par Jean-Marie Petey
(coll. JM Petey, Archives municipales).

Née depuis un siècle, en 1869 en Autriche, la carte postale est un vecteur de communication et fut au début du 20e siècle, un véritable prisme de la vie sociale, tout en étant le témoin de son temps. Un autre axe de ce support est la liberté d’expression donnée aux illustrateurs. Depuis 2 ou 3 ans, la carte postale retrouvait une seconde jeunesse car elle est collectionnée ! Son renouveau a suscité les créateurs qui utilisent ce support pour acquérir sinon la notoriété, la reconnaissance de leur coup de crayon.

1^ère Carte postale d’une longue série des cartes de Salon de Belfort,
illustrée par le graphiste Jean-Marie Petey (coll. CCTB).

Le maître d’œuvre à la baguette fut le graphiste belfortain Jean-Marie Petey* qui monopolisa une équipe autour de lui, dont Francis Magnon, pour présenter près de 3000 cartes.

Jean-Marie Petey

NA : Un lien en fin de texte permet d'accéder à l'article consacré à l'invité de marque de la Foire aux livres de 1977, que fut la carte postale.

Comme pour ces devancières, les bibliophiles, collectionneurs et simples visiteurs vont se jeter sur les bacs pour trouver leur bonheur parmi les 5 000 livres disponibles pendant cette quinzaine littéraire. La très grande variété des livres proposés permettant de répondre à la frugalité des voraces. Les organisateurs avaient obtenu et mis à disposition des romans, des livres policiers, des recueils de poésie, des standards de la littérature, des essais, des éditions régionales…

 Les visiteurs furent nombreux en cette journée (Photo FOL)

Cette édition fit exploser les chiffres car les visiteurs par seulement lecteurs mais aussi collectionneurs bibliophiles et cartophiles étaient venus en nombre, environ 12000 avaient franchi les portes de la Salle des Fêtes.

1978, la Foire aux livres s’affiche

Après la carte postale, l’affiche fut le thème de l’exposition de cette année 1978.

Elle, aussi, est un moyen de communication mais plus ancien car remontant à l’époque romaine voir avant. De tout temps, elle s’est déclinée sur de nombreux axes : artistique, politique, commerciale, touristique…

Le choix pour les organisateurs de ce support étant dans la continuité de l’exposition de 1977, portant sur la carte postale.

Affiche type Mucha de la Foire aux livres 1978
illustrée par André Pégeot

NA : Cette affiche de l’année 1978 fut corrigée, pourquoi ?

La 6^e Foire aux livres conserva son lieu, la Salle des Fêtes et la période fin automnale, elle se déroula du 11 au 26 novembre. Mais comme en 1977, la surface du lieu commençait à être exiguë pour poursuivre le développement souhaité par les organisateurs pour cette Foire qui rassemblait un public toujours plus nombreux !

Grâce au concours du musée, des archives départementales et de collectionneurs privés, les visiteurs ont pu découvrir une très belle rétrospective sur cet art particulier qu’est l’affiche. Les maîtres d’œuvre étant une équipe de la FOL avec Gilbert Millet (vice-président), André Pégeot (administrateur et illustrateur) et Yvana Gayitch (animatrice).

 Affiches présentées (Photo Le Lionceau)

Les thèmes de l’âge d’or 1900, les affiches de guerre et la période 1950 à nos jours, étaient les plus développés pour cette exposition.

Affiches de l’Age d’or : Moulin Rouge et Absinthe

Pour cette foire, les organisateurs ont développé le secteur des jeunes lecteurs en créant d’une part une bibliothèque enfantine et d’autre part en réservant l’ouverture le matin aux scolaires. Un coin lecture leur fut aménagée au sous-sol, avec près de 300 livres mis à leur disposition.

 Le coin dédié aux jeunes lecteurs (Photo Le Lionceau)

En ces fins d’années 1970, le livre est de plus en plus en concurrence avec le développement d’un autre média, la télévision. Au regard de la situation, l’objectif des organisateurs, Pierre Nétange et la FOL, fut de valoriser le livre en démontrant sa richesse, sa réalité physique, sa fonction sociale, son rôle de témoin de son époque, de porteur de la pensée…

Ils ne savaient pas qu’un nouveau média allait tisser sa toile…

Pour cette édition, les libraires belfortains, sollicités par les organisateurs avaient répondu présent et participaient activement à la promotion du livre avec leur collègues parisiens fidèles à la Foire aux livres.

En cette année 1978, 20000 livres furent mis à la vente avec la volonté d’augmenter le nombre d’ouvrages d’arts, d’illustrations humoristiques, d’auteurs contemporains… Les collectionneurs ne furent pas oubliés avec des éditions rares du 19ème et du début du 20^ème siècle, des ouvrages finement reliés, des éditions originales...

 Les lecteurs sont assidus dès le plus jeune âge (Photo LER)

La foire remporta un fort succès car environ 8 000 livres furent vendus.

1979, la scission

1979 est pour Belfort, une date marquée au fer rouge !

Elle est à l’origine du centenaire de l’usine Alsthom (née SACM) et à la sortie la Grève du Centenaire qui a laissé son empreinte après 58 jours de conflits. Les Alsthomiens n’ayant pas apprécié, en autre, les cadeaux prévus par la direction.

 

 Croquis de Michel Schuller 
dans l’Est Républicain du 26 novembre 1979

Cette grève qui se déroula du 27 septembre au 24 novembre eut un impact indirect sur la Foire aux livres. Pierre Nétange au regard de la situation prit la décision de ne pas organiser de manifestation; peut-être considérait-il que Belfort en avait eu assez... des manifestations ! Par contre, la FOL décida, elle, de maintenir le rendez-vous annuel dédié au livre.

Affiche de la Foire aux livres 1979 illustrée par Jean-Marie Petey

La Foire aux livres eut lieu du 17 novembre au 2 décembre à la Salle des Fêtes; le thème d’exposition est la Carte à jouer. La FOL fit appel à une association spécialisée, l’ACCART (Association des Collectionneurs de Cartes et de Tarots) qui avait déjà organisé une exposition.

 Dessin de Jean-Marie Petey (scène du 16^e siècle)
illustrant Le Lionceau de novembre 1979

La carte à jouer aurait vu le jour en Chine vers le 10^e siècle, au 14^e siècle en Europe (Espagne et Italie) et seulement chez nous, peu avant la Révolution Française.

L’exposition très pédagogique, développait le sujet non pas sous forme historique mais thématique : les jeux consacrés au folklore et aux costumes régionaux, les jeux romantiques, les cartes à rire, les jeux politiques, les jeux de divination et de cartomancies, les tarots… à travers 120 planches.

La diversité des sujets exposés au travers des cartes à jouer a beaucoup intéressé les visiteurs. Ils furent surpris que ce type de support soit utilisé pour la publicité, la politique, l’art… et bien d’autres thématiques.

Cartes à jouer avec ses 4 couleurs (Dame, Roi et Valet)

Pour marquer l’évènement, une plaquette-souvenir de 60 pages fut créée par Jean-Marie Petey. Son projet mettait en valeur l’art du graphisme. Prévu avec un tirage limité, son originalité a du faire le bonheur des heureux possesseurs.

NB : Personnellement, je n’ai jamais vu cet objet ! Au cas où, je serai intéressé à le voir à plusieurs titres.

A l’occasion de l’Année Internationale de l’Enfance, la FOL organisa dans le cadre de cette foire aux livres la Quinzaine de la Littérature de la Jeunesse avec les quatre fédérations de la Franche-Comté.

L’exposition était composée de 35 panneaux sur la création et l’édition des livres pour les enfants. Ils purent aussi consulter 300 livres parus entre 1975 et 1977. A la fin de la foire, l’exposition prit le chemin des écoliers pour parcourir les quatre départements.

Dessin de ??? illustrant un article du Lionceau de novembre 1979

Comme chaque année, les bacs étaient bien pourvus, provenant principalement des libraires belfortains. Ceux de Paris, proche de Pierre Nétange, n’avaient pas répondu aux demandes de la FOL. Malgré ces défections, les visiteurs avaient le choix puisque 8000 livres environ étaient disponibles. La variété des thématiques, la qualité des ouvrages présentés et la rareté de certaines éditions originales ou de reliure, a permis de répondre, tout de même, à l’attente des collectionneurs comme des simples lecteurs.

 Début de la Foire, les bacs sont bien remplis (Photo Le Lionceau)

Le dernier jour de la Foire tombant le premier dimanche du mois, elle ouvrit ses portes pour le public venant aux puces mensuelles. La Salle des Fêtes, en ce jour, reçu des visiteurs amateurs de brocante.

Fin du tome 1 (1972-1979)

NA: En fin de texte, un lien permet d'accéder à la suite de l'article, consacré aux années 1980 de la Foire aux livres, le Tome 2, ainsi que tous les autres articles sur la Foire aux livres, via le Sommaire.

Épilogue

Une première décennie de Foire aux livres prend fin; elle n’a pas été toujours une longue lecture tranquille. Quelques fois chaotiques, elles ont pu grâce à la pugnacité des amoureux du livre, des bibliophiles, des libraires, des lecteurs et beaucoup de dévouement… elles ont pu franchir les écueils et devenir le grand rendez-vous littéraire annuel incontournable de l’est de la France.

NA : Les nombres cités sont des chiffres donnés à la presse et peuvent parfois être un (peu) surévalués.

JM

Liens pour accéder aux articles cités

Michel Legrand (Article EntreVues) : Cliquer ici

Foire aux livres 1977, la Carte Postale invitée : Cliquer ici

La Foire aux livres, le Sommaire : Cliquer ici

Référence : Les journaux L'Est République et Le Pays, le bulletin Le Lionceau, le magazine Belfort' Mag (collections Archives municipales de Belfort), Belfort à la croisée des livres (André Larger), Odysée du livre à Belfort (Bernard Renaud), Wikipédia...

Infos pratiques  

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