Tour de France 2020, La Planche des Belles Filles… provoque la surprise !

MAJ le 13 octobre 2020

Une nouvelle fois la Planche des Belles Filles a impacté significativement le déroulement du Tour de France, cette étape 2020 vint confirmer l'axiome.

Plancher-les-Mines Décoration devant l'Hôtel de ville (photo JM)

Cette 107^e édition totalement improbable qui fut impactée par le Covid 19 imposant une replanification de juillet en septembre, eut un épilogue inattendu ou presque, provoqué par les 6 kilomètres de sa pente, avec la victoire d'un slovène au détriment d'un autre slovène !

Tadej Pogacar a détrôné Primoz Roglic lors de l'avant dernière étape.

Carte Tadej Pogacar (coll. privée)

Cette 20^e étape, 100% Haut-Saônoise, du 19 septembre 2000, un contre-la-montre de 36,2 kilomètres entre Lure et la Planche des Belles Filles, a une nouvelle fois été à la hauteur, même si son altitude n'est que de 1035 mètres.

Les Belles Filles de la Planche choisissent leur Prince en or !

Comme lors des quatre éditions précédentes, le coureur portant le Maillot Jaune lors de l'étape doit laisser la tunique à un autre coureur, souvent à son dauphin (4 fois sur 5) !

Carte postale La planche des Belles Filles (coll. JM, création BG)

Pour mémoire

2012 : Le samedi 7 juillet, le britannique Bradley Wiggings, 2^e du classement prit le Maillot Jaune au suisse Fabian Cancellara, lors de 7e étape.

2014 : Le lundi 14 juillet, l'italien Vincenzo Nibali, 2^e du classement prit le Maillot Jaune au français Tony Galopin, lors de la 10^e étape.

2017 : Le mercredi 5 juillet, si la victoire revint à l'italien Fabio Aru, le gallois Thomas Geraint perdit le Maillot Jaune récupéré par le britannique Christopher Froome (2^e), lors de 5e étape. L'italien passa de la 25e à la 3^e place du classement général.

Carte postale Fabio Aru, vainqueur en 2017 (coll. JM)

2019 : Le jeudi 11 juillet, si la victoire revint au belge Dylan Teuns, l'italien Giulio Ciccone, arrivé 2^e, prit le Maillot Jaune au français Julian Alaphilippe, lors de la 6^e étape. Il était 46^e au départ de Mulhouse.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder aux autres articles consacrés à la Planche des Belles Filles du Tour 2020 et au Sommaire des articles sur le Tour de France, dont les éditions précédentes.

Le parcours de la 20^e étape

Pour la première fois, l'arrivée à la Planche des Belles Filles ne faisait pas suite à une course en ligne comme pour ses devancières.

Cette 20^e étape, 100% Haut-saônoise, avec un départ de Lure (altitude 290 m), soumettait les coureurs à un contre-la-montre de 36,2 kilomètres, la veille de l'arrivée sur les Champs-Élysées.

Le tracé de la 20^e étape (réal. BF)

Le parcours passait par : Saint-Germain, Mélisey, Belonchamp, Fresse, le col de la Chevestraye (611 m), Le Mont de Plancher-Bas, Plancher-les-Mines et Saint-Antoine.

Les supporters

En ce samedi 19 septembre, les supporters comme les simples spectateurs étaient très présents sur le parcours de la 20^e étape du Tour 2020 avec trois sites plus envahis que d'autres, à Lure, lieu de départ, Mélisey village de Pinot et la Planche des Belles Filles.

Lure Le podium, départ de Nans Peters AG2R (photo FL)

Mais tout le long du parcours, les spectateurs étaient au bord de la route pour applaudir, crier les noms des coureurs… que se soit à Saint-Germain, Belonchamp, Fresse, Plancher-les-Mines.

Carte postale Tour de France 2020 Planche des Belles Filles Ergon (coll. privée)

Mêmes les routes étaient un spectacle avec l'énumération au sol des coureurs avec une majorité de "Pinot" incontestée !

Le profil de l'étape

Le menu du jour proposait comme profil final de l'étape, les 5,9 kilomètres de la montée de la Planche des Belles Filles (1035 m) avec ses 8,5% de pente moyenne, mais avec une attaque à 13%, des passages à 11% et un final à 20%.

Le profil de la montée (doc. ASO)

Avant d'affronter cette montée et son mur final, les coureurs avaient un petit hors d'œuvre avec la monté de la route de Fresse, depuis le pont de Belonchamp, pour atteindre le col de la Chevestraye (611 m)

Le contre-la-montre

L'allemand Roger Kluge fut le premier à s'élancer de la plate-forme installée à Lure à 13 heures, pour ouvrir la route aux 145 autres coureurs.

Il avait été précédé par la caravane.

Pendant un temps, nous avons eu un français à la tête du meilleur chrono, Rémi Cavagna, 117^e au classement général, avec l'excellent temps de 57'54". Il tint la première place jusqu'à l'arrivée du 20e au classement général, le belge Wout Van Aert qui avec le temps de 57'26'', améliorait le temps de 28 secondes. Si le belge prit la 4^e place de l'étape, le Champion de France et Vice-champion d'Europe du contre-la-montre, s'adjugea de la 6^e place.

Image Panini Rémi Cavagna Équipe Deceuninck (coll. FL)

Partit très fort, il fut crédité du meilleur temps au premier pointage (Le Raddon, (début de la montée de Fresse, 14,5 km).

Le néerlandais Tom Dumoulin, le 9^e au général, améliora de 10 secondes le chrono, prenant la 2^e place finale avec le temps de 57'16".

Carte Tom Dumoulin Équipe Jumbo Visma (coll. privée)

Deuxième temps du premier pointage, il réalisa le meilleur temps au passage du deuxième pointage à Plancher-les-Mines (30,3 km).

L'australien Richie Porte, le 4^e au général, fit le même temps que Tom Dumoulin, et fut classé 3^e de l'étape, départagé au centième.

Image Panini Richie Porte Trek Segafredo (coll. FL)

Quand le slovène Tadej Pogacar s'élança, il avait 57 secondes de retard sur son compatriote Primoz Roglic, le Maillot Jaune, un spécialiste de ce type d'effort en solitaire. Il se devait d'assurer sa 2^e place, il avait 30 secondes d'avance sur le colombien Miguel Lopez qui était moins fort que lui sur ce type d'exercice, mais il faut toujours se méfier…

Primoz Roglic partit à 17h 14, deux minutes après son dauphin. Bien sur les chronos suivaient le déroulement des deux courses et… vont montrer que Tadej Pogacar grignotait peu à peu son retard !

Image Panini Primoz Roglic Jumbo Visma (coll. FL)

Au 1^er pointage, Le Raddon (14,5 km), il avait repris 13 secondes au Maillot jaune. Au deuxième, à Plancher-les-Mines (30,3 km), il possédait 36 secondes d'avance. Au bout de 3,2 premiers kilomètres de la pente finale, l'avance passa 1'22", Tadej Pogacar avait fait son retard et était devant !

Dans la montée, il rattrapa le colombien parti avec 2 minutes d'avance.

Sur la ligne d'arrivée, Primoz Roglic accusa 1'59" de retard et pris la 5^e place de l'étape, devant laisser le Maillot jaune à son jeune compatriote qui avait réalisé le temps improbable de 55mn 55s. Tom Dumoulin, deuxième, était à 1' 21".

Déjà détenteur, du Maillot blanc (meilleur jeune), Primoz Roglic obtint ainsi le Maillot Jaune et au passage déshabilla du Maillot à pois, l'équatorien Richard Carapaz, se créant un vrai trousseau ! 

 

Images Panini Tadej Pogacar, Maillot jaune, blanc et à pois (coll; privée)

Difficile de faire mieux pour un premier Tour à l'avant-veille de ses 22 ans !

Le Maillot vert fut remporté par l'irlandais Sam Benett, le classement par équipe revint à la Movistar.

Un petit historique de retournement de situation…

Ce renversement de situation n'est pas le seul dans l'histoire du Tour de France… il y a la victoire légendaire de Greg LeMond lors du Tour 1989 où l'américain lors du contre-la-montre (24,5 km) de la dernière étape va prendre le Maillot jaune porté par Laurent Fignon, pour 8 secondes, lui qui avait 50 secondes de retard au départ !

Poster Greg LeMond Revue US Cycling (coll. privée)

Si ce cas est emblématique dans les annales de la Grande Boucle, il est moins médiatisé qu'il récidiva l'année suivante ! Lors du contre-la-montre au lac de Vassivière (45,5 km), disputé la veille de l'arrivée à Paris, il remit le couvert ! Il est vrai qu'il n'avait que 5 secondes de retard sur l'italien Claudio Chiappuci à qui, il va reprendre 2'21". Avec cette nouvelle victoire, Greg LeMond remportait son 3e Tour de France.

Il n'est pas le seul avoir brûlé la priorité sur le fil, loin s'en faut, un petit feed-back.

En 1947, lors de la dernière étape Caen-Paris, Jean Robic, 3^e du général, va déshabiller l'italien Pierre Brambilla de la tunique jaune qui avait 2'58" d'avance, lui reprenant près de 13 minutes. Le second du classement était l'italien Aldo Ronconi, lui aussi battu.

Carte postale Jean Robic (coll. privée)

Le luxembourgeois Charly Gaule, lui aussi 3^e du général à l'avant dernière étape du Tour 1958, va prendre le maillot jaune lors du contre-la-montre, la veille de l'arrivée, à l'italien Vito Favero qui avait 1'07" d'avance, en lui reprenant 4'17".

Dix ans plus tard, en 1968, le néerlandais Jan Janssen, toujours le 3^e du général, va s'accaparer du Maillot jaune lors de la dernière demi-étape Melun-Paris au détriment du belge Herman Van Springel ne possédant que 16" de marge, battu d'une minute.

En 1987, l'espagnol Pedro Delgado avait 21" d'avance sur l'irlandais Stephen Roche lors du contre-la-montre de 38 kilomètres à Dijon, la veille de l'arrivée. Il perdit son Maillot jaune avec un débours de 50 secondes. 

Carte postale Stephen Roche 1987 (coll. privée)

Et plus près de nous, en 2011, à nouveau un contre-la-montre va redistribuer les cartes ! Sur les 41 kilomètres disputés à Grenoble, l'australien Cadel Evans, 3^e du classement général derrière les frères luxembourgeois Schleck, avec 57 secondes de retard sur le cadet, Andy et 4 secondes sur Frank, se sublima pour s'attribuer le Maillot jaune en reprenant 2'31 au premier et 2'34" au second. Cette première victoire effaçait sa désillusion de 2007 où il avait dû laisser la Tunique à l'espagnol Alberto Contador pour 23 secondes.

Le régional de l'étape, que dis-je, le local...

N'oublions pas notre Thibaut Pinot qui sur ses terres était le coureur du jour, avant le final. Malgré une situation inenvisagée au départ du Tour, qui fut très mal engagée après sa chute à Nice, il a serré les dents pendant trois semaines pour tenir son rang et pour être au rendez-vous, ce samedi 19 juillet 2020. À 16h16, il quitta la plateforme de Lure pour effectuer son chrono. 

Départ de Thibaut Pinot à Lure (photo FL)

Il traversa Lure entre une allée de supporters à destination de son village de cœur et de ses racines, point d'orgue de ce contre-la-montre. Mélisey s'était paré aux couleurs de son maillot, avec une foule inimaginable ! Il en fut de même à la Planche des Belles Filles qui attendait l'homme du jour.

Image Panini Thibaut Pinot (coll. privée)

Après trois semaines de douleur, une heure d'un immense bonheur !

Il se défonça pour terminer 19^e de l'étape pour récompenser tous ceux qui étaient venus l'encourager, sans une once de déception… le Morgelot a conquis le cœur des amoureux de la petite reine, mais pas que !

Épilogue

Comme énoncé, la Planche des Belles Filles a cette particularité de laisser son empreinte sur le Tour de France depuis son premier passage en 2012… lui conférant une aura particulière !

Une nouvelle fois, elle a fait renverser une situation considérée comme inéluctable en offrant une finalité différente de l'attendu !

Le seul regret, c'est de ne pas avoir eu un grand Pinot avec tous ses moyens. Il a tout de même rendu fier ses supporters par sa volonté d'être présent où on l'attendait malgré un dos maltraité par une roue de vélo, le samedi 29 août à Nice.

JM

Liens pour accéder aux articles cités

2020, Planche des Belles filles, faux départ le 18 juillet : Cliquer ici

2020, Planche des Belles Filles, vrai départ 19 septembre : Cliquer ici

Sommaire des Tours de France : Cliquer ici

Référence presse : L'Est Républicain

Référence Web : Wikipédia, Site du Tour, La Grande Boucle

Infos pratiques  

Vous pouvez laisser des commentaires sur cette présentation via le lien "Commentaires" en fin de l'article après la liste des tags.

En cliquant sur une photo ou un document, vous pouvez l’agrandir.

---o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o---