Circuit Français Peugeot 1911 (ou Tour de France des Indépendants) à Belfort
MAJ le 24 mai 2025
En 1910, une nouvelle compétition fut organisée, le Tour de France des Indépendants aussi appelé Tour de France Peugeot-Wolber du nom des organisateurs, les sociétés Peugeot et Wolber. Elle était destinée aux Indépendants (les coureurs non professionnels).
Au regard de la belle audience de la 1ère édition, les organisateurs décidèrent d'organiser une nouvelle édition en 1911, le Circuit Français Peugeot.
Affiche Circuit Français Peugeot (coll. privée)
Comme pour la 1ère édition, Belfort fut ville étape et les coureurs durent franchir le col du Ballon d'Alsace.
NA : En fin de texte un lien permet d’accéder à l’article consacré à la création de cette nouvelle compétition suite à la volonté des deux sociétés organisatrices.
Circuit Français Peugeot 1911
Cette deuxième édition bien que connue sous l'appellation aussi "Tour de France des Indépendants 1911", fut plutôt référencée sous l'appellation "Circuit Français Peugeot". Est-ce à la demande des organisateurs du Tour de France des professionnels, L'Auto ou de l'UVF (Union Vélocipédique de France) qu'elle fut rebaptisée ainsi ?
Cette appellation fut utilisée dès 1909; elle regroupait différentes épreuves de cyclisme organisées par les sociétés Peugeot et Wolber dont le Trophée de France, le Circuit Français, le Grand Prix Wolber.... pour les coureurs dit "Indépendants".
Coureur dit "Indépendant" : Coureur possédant une licence, n'ayant pas l'obligation d'être membre d'un club, pouvant courir toutes les épreuves d'indépendants, spéciales et locales d'amateurs. Il ne peut pas participer au Tour de France, réservé aux coureurs professionnels de 3e catégorie.
Le journal Le Petit Parisien était associé pour cette seconde épreuve.
Cette édition significativement rallongée kilométriquement parlant, plus 50% avec 4500 kilomètres au lieu de 2990 en 1910, se déroula avec 16 étapes (+2), du 4 août au 3 septembre 1911.
Avec toujours, des journées de repos intercalées entre les étapes pour faire souffler les forçats de la route et gonfler les pneus des bicyclettes....
Parcours du Circuit Français Peugeot 1911 (Création BF)
Le parcours de ce tour eut une autre particularité, il formait un huit avec Clermont-Ferrand comme nœud ! Pourquoi la mise en valeur de cette ville ? Elle fut ville d'arrivée de la 4e étape venant de Chalon-sur-Saône et de la 11e étape venant de Valence.
Comme pour l'édition précédente, Belfort et le Ballon d'Alsace furent au programme, dès la 2e étape; quand en 1910, ce fut lors de la 3e étape. Les coureurs allant directement de Paris à Nancy, évitant Reims qui fut ville étape, l'année précédente !
Les coureurs
La course était ouverte à tous les coureurs dits "indépendants" donc hors les professionnels, amateurs ou pénalisés par l'Union Vélocipédique de France. De même, les étrangers pouvaient y participer ce qui fut le cas, quatre autres nations furent représentées, l'Allemagne, la Belgique, l'Italie et la Suisse. Ces présences firent que l'épreuve devint internationale.
Un droit d'inscription de 5 francs était demandé pour y participer.
Si seulement 391 coureurs s'étaient inscrits à cette 2 édition, très loin des 653 concurrents en 1910, il n'en était pas moins vrai que ce nombre d'Indépendants fut remarquable.
Il est vrai que cette nouvelle compétition était toujours très bien dotée avec un montant de 35 000 francs, d’où l’engouement de nombreux coureurs pour participer à ce périple à travers la France.
Comme pour toute course, la tentation d'avancer des pronostics sur les vainqueurs potentiels est de rigueur, ce que fit le journal L'Auto.
1. Émile Wirtz, 2. Philippe Thys, 3. Oskar Egg, 4. René Guénot, 5 Bétemps, 6. Pierre Vugé, 7. Gabriel Figuet, 8. Marcel Baumler, 9. (René ?) Pichon, 10. XXX Gomila, 11. (François ?) Guéguen, 12. Émile Engel, 13. François Julien
Gabriel Figuet semblait être l'hypothèse retenue numéro 1 suivie de Philippe Thys, Oskar Egg, Émile Wirtz et René Guénot, le vainqueur en 1910 !
Plusieurs autres coureurs étaient potentiellement capables de prendre la première place du classement général à Paris…
Pour cette 2e édition, parmi les engagés au départ de la côte de Champigny, des belfortains : Batin (dossard n°19), Jules Fury (n°163), Joliot (n°222), Charles Pinot ou Pénot (n°302) et C. Klein (n°324).
Le règlement
Cette épreuve fut régie par un règlement similaire à celui du Tour de France, établi sous la supervision de l'Union Vélocipédique de France, en voici quelques éléments
Règlement du Tour (journal L'Auto, coll. Gallica)
Les coureurs ne pouvaient pas être assistés donc pas d'entraîneurs, soigneurs, suiveurs… pendant la course et ne peuvent pas s'entraider. Les interventions étaient possibles lors des journées de repos.
Les bicyclettes à vitesse et à démontage rapide de la roue arrière furent autorisées.
Les bicyclettes des coureurs étaient poinçonnées par application d'un poinçon aux raccords des tubes au cadre, à la tête de fourche et aux moyeux des roues. Un plomb avec une médaille fut posé au cadre. L'opération était effectuée au garage Peugeot à Paris, 71 avenue de la Grande Armée.
Carte postale Paris Avenue de la Grande Armée (coll. privée)
Une indemnité de 10 francs par jour était remise à l'arrivée de chaque étape.
Le Classement général se basait sur le classement des coureurs sur les étapes en additionnant leurs places successives; le plus petit nombre de points donnait le leader précédant les autres concurrents. Au départ de la 4e étape, le nombre de coureurs sera limité aux 350 premiers.
Les 3 premières étapes furent éliminatoires car on réduisait d'un tiers le nombre de coureurs au départ du lendemain par rapport à la veille. En plus, un nombre de points supplémentaires était appliqué, de 0 à 30 points, à chaque coureur en fonction de sa moyenne kilométrique sur ces 3 étapes
0 point si vitesse supérieure à 30 km/h
5 points si vitesse supérieure à 29 km/h
10 points si vitesse supérieure à 28 km/h
15 points si vitesse supérieure à 27 km/h
20 points si vitesse supérieure à 26 km/h
25 points si vitesse supérieure à 25 km/h
30 points si vitesse inférieure et égale à 25 km/h
NA : L'article n°14 du règlement fut élaboré suite au nombre imposant d'inscriptions en 1910, pas moins de 653 coureurs. Mais pour cette édition, le nombre d'inscrit au final, ne fut que de 391 coureurs en fin de compte, rendant caduc de fait l'article ! Et en réalité que 320 furent sur la ligne de départ.
Le Classement général se basait sur le classement des coureurs sur les étapes en additionnant les places successives; le plus petit nombre de points donnait le leader précédant les autres concurrents.
Des pénalités étaient prévues en cas de non-respect des articles du règlement, à la discrétion des commissaires.
Les récompenses
À partir de la 4e étape, les lots étaient composés d’une moto (valeur 1000 francs) pour le vainqueur, une bicyclette piste Peugeot (300 francs) pour le 2e, d’une bicyclette route Peugeot (250 francs) pour le 3e, un chronomètre or (100 francs) pour le 4e, un chronomètre or & argent (60 francs) pour le 5e et une médaille or ou espèce (40 francs) du 6e au 10e rang.
Liste des prix (journal L'Auto, coll. Gallica)
Le classement général était en ligne avec 5000 francs en espèces pour le vainqueur à Paris, 2000 francs en espèces pour le 2e, une moto Peugeot valeur 1000 francs pour le 3e, une moto légère Peugeot (700 francs) pour le 4e, une bicyclette piste Peugeot pour les 5e & 6e et une bicyclette route Peugeot pour les rangs de sept à dix.
Désaccord de l'UVC !
Le 5 août, l'UVC (Union Vélocipédique de France, l'équivalent de la Fédération de cyclisme fit paraître dans la presse un communiqué
"La course dite "Circuit Français", organisée par la maison Peugeot devant se disputer du 4 août au 3 septembre 1911 est interdite. Tous coureurs licenciés de l'UVF ou d'une fédération de l'UCI qui y prendraient part seraient de ce fait immédiatement suspendus et se verraient retirer leur licence. La participation des coureurs pénalisés serait considérée comme une récidive. D'autre part, conformément à l'article 3 des règlements de course de l'UVF, aucun unioniste fonctionnaires, membres individuels, membres du bureau d'une société affiliée, etc…) ne peut prêter son concours à l'organisation matérielle ou sportive du Circuit Français" et cela sous peine d'exclusion immédiate."
La raison était que les organisateurs acceptèrent les coureurs pénalisés par l'UVC ou l'UCI, ce qui n'était pas autorisé à l'origine dans le règlement soumis à l'UVC !
En-tête du bulletin de l'UCV (doc. Gallica, BNF)
Suite à l'interdiction imposée par l'UVF à tous ces membres à participer directement ou indirectement, les organisateurs décidèrent de contrer cette décision, en ajoutant 4 000 francs de récompenses pour cette compétition, d'attribuer des prix dès la 1ère étape, la moyenne exigée fut ramenée à 16 kilomètres par heure et les éliminations aux premières étapes supprimées.
Apparemment; la sanction de l'UVC n'eut pas d'impact sur le déroulement de la course.
1ère étape, Paris-Nancy le 4 août 1911
Cette compétition, pour les Indépendants, fut organisée à l'image du Tour de France des professionnels…
L'encadrement et la logistique du Tour
Pour assurer la surveillance de la route, plusieurs voitures accompagnèrent les coureurs.
Une première Peugeot type 35 HP conduite par Albert Morillon, le commissaire de l'épreuve, et deux journalistes.
Dans la deuxième Peugeot type 16 HP, conduite par Eugène Morillon, ayant à bord le commissaire général de l'épreuve M. XXX Alibert, le photographe M. XXX Boldo, et l'envoyé spécial du journal L'Auto, H. Grieux.
Une troisième Peugeot 16 HP Lion, où avait pris place le directeur commercial Paul Dugand et un commissaire de la course.
Une quatrième, une voiturette Peugeot 16 HP Lion avec les commissaires Léon Gingembre et Émile Comaille.
La dernière pour trois étapes, une voiture 16 HP appartenant au représentant de commerce Peugeot, M. Duforest accompagné d’Étienne Peugeot
Carte postale Les véhicules au départ (coll. privée)
Trois camions Peugeot étaient partis la veille pour assurer la mise en place du parc fermé de Vitry-le-François, préparer le ravitaillement, sous la responsabilité de Mrs Berthélémy. Cottem (pour la cuisine) et Ott. Pour l'étape suivante, un camion précéda les deux autres pour préparer une partie de l'installation.
Le départ, le 4 août 1911
Le rassemblement pour le départ eut lieu à Paris, gare de Lyon, devant la Brasserie Gruber, le dimanche 4 août 1911, dès 4 heures du matin; la remise des dossards s'effectua dans l'établissement.
Carte postale Paris Brasserie Gruber, boulevard Diderot (coll. privée)
En ce lieu, les coureurs pouvaient aussi se ravitailler pour la première partie de l'étape les menant au parc fermé installé à Vitry-le-François.
Malgré une heure très matinale, une foule importante était venue voir les coureurs et les acclamer lors de leur départ.
Les officiels autour de leurs voitures attendaient le départ; parmi ceux-ci, Robert et Etienne Peugeot, le directeur adjoint de la succursale de Paris, Paul Dugand, les commissaires Émile Comaille, Léon Gingembre, Jean Desruelles, le photographe Boldo, plusieurs journalistes, Desmonceaux Le Petit Parisien, Grieux L'Auto, Rober L'Intransigeant, Lhermit La Presse…
Finalement, 309 coureurs étaient au départ de la course pour accomplir ou tenter d'accomplir les 4500 kilomètres au programme; certains escomptaient ni plus ni moins que de remporter la compétition, ou tout au moins une victoire d'étape…
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Carte postale Paris, le regroupement des coureurs (coll. privée)
La 1ère étape de 290 kilomètres reliait Paris à Nancy, par Fontenay-Trésigny, Montceaux-lès-Provins, Sézanne, Fère-Champenoise, Vitry-le-François, Saint-Dizier et Toul.
À 5 heures, le cortège, encadré par un service d'ordre formé avec les agents de la paix sous les ordres de l'officier Marchand, se rendit au lieu de départ officiel à Champigny (sud-ouest de Paris), en empruntant le boulevard Diderot, la barrière du Trône, le cours et la barrière de Vincennes et Joinville.
Arrivé à Champigny, les commissaires firent l'appel des concurrents dans l'ordre de leur inscription pour les ranger en vue du départ. À 6h13, le top du départ fut donné par Etienne Peugeot. Là aussi, le public fort nombreux applaudit chaleureusement les coureurs partant pour effectuer ce long parcours sur les routes de France.
Carte postale Champigny Rendez-vous des cyclistes (coll. privée)
Dans la première partie de la course, des groupes de coureurs s'étaient formés avec les principaux leaders en tête. Ils évoluaient en fonction des crevaisons, un vrai fléau. L'arrêt au camp fermé de Vitry-le-François (160e km) avait même vu un premier groupe de treize coureurs avec une légère avance.
Toutefois, il fallut attendre Saint-Dizier (188e km) pour que la course se décante véritablement sous la détermination d'un groupe de 6 coureurs, Hector Tiberghien, Charles Kippert, René Guénot, Jean Gueguen, Edmond Pertusot et XXX Pichon.
Les crevaisons vont continuer à faire leur œuvre destructrice provoquant la fonte de ce sextuor; laissant seul devant, le duo nancéen Charles Kippert et Edmond Pertusot à l'approche de la ville d'arrivée, Nancy.
L'arrivée installée en haut de la côte des Quatre-Vents, vit la victoire de Charles Kippert qui déposa son adversaire dans la côte de Dommartin. Ce fut la liesse sur le parcours, le public nancéen très heureux de voir un enfant du pays être vainqueur en ses terres.
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Carte postale Charles Kippert (coll. Site du cyclisme)
Suivirent à 3 minutes, le second local Edmond Pertusot, à 3mn 30s, Eugène Bricout, à 7 minutes, Hector Tibergheim, à 10 minutes, Jean Gueguen…
2e étape Nancy-Belfort, le 6 août 1911
285 coureurs prirent le départ de Nancy, pour rejoindre la Cité du Lion distante de 210 kilomètres; 7 coureurs furent éliminés l'avant-veille et d'autres ne se présentèrent pas à l'enregistrement…
Le parcours passait par Lunéville, Saint-Dié, Épinal, Remiremont, Le Thillot et le Ballon d’Alsace.
Dès le matin, la chaleur fut présente avec une tendance orageuse. Le contrôle de départ fut effectué à la Brasserie de la poste, rue des Dominicains, à partir de 7 heures, en présence d'une foule des grands jours.
Carte postale Nancy Brasserie de la Poste (coll. privée)
Le départ réel fut donné à Jarville, à 8h30, aux coureurs dont Charles Kippert, le leader du classement général, par Étienne Peugeot.
Est-ce le temps orageux, car dès le départ, les hommes en forme du peloton vont imposer un train très soutenu provoquant l'éclatement du peloton; à la manœuvre, Hector Tiberghien, Léon Parisot, Gabriel Figuet et Charles Kippert.
En plus, une nouvelle fois, les crevaisons vont rythmer la journée des coureurs modifiant continuellement leur classement et par la même la composition des groupes…
Baccarat (51e km) fut traversé par une échappée de 17 routiers bénéficiant d'une marge d'avance sur le peloton mode dispersé. À l'amorce du col du Haut-Jacques (78e km), le groupe ne comprenait plus que 11 unités fautes… aux crevaisons !
Carte postale Col du Haut-Jacques (coll. privée)
Dans cette montée, Oskar Egg va lâcher ses adversaires, René Guénot, Robert Lefort, Gabriel Figuet, Hector Tiberghien, XXX Marguet, Alexandre Chauvière… et franchir seul le col avec une avance confortable. Mais à l'approche de Bruyère (100e km), lui aussi va subir la loi de l'invitée de la journée, la crevaison, et voir passer ceux qu'il avait déposé dans le col.
Un premier groupe s'est formé après le col avec René Guénot, Robert Lefort, Gabriel Figuet et Alexandre Chauvière, qui fila sur Épinal (115e km) où était installé le parc fermé. René Guénat tenta de lâcher ses adversaires mais ils ne le laissèrent pas faire et il fut même contré par Robert Lefort qui va prendre deux minutes avant l'arrêt pour se réapprovisionner
Il poursuivit son échappée, passant son avance à 3 minutes, sur ses poursuivants. À Saint-Maurice (171e km), il changea sa multiplication pour attaquer la montée du Ballon d'Alsace
Le Ballon d'Alsace
Depuis 1905, le Ballon d'Alsace fut le premier col au programme du Tour de France, il était devenu aussi celui de ce Tour des Indépendants.
Le premier coureur à franchir ce col fut René Pottier, le 11 juillet et récidiva l'année suivante, le 8 juillet 1906.
Carte postale René Pottier (coll. privée)
Une stèle fut implantée en sa mémoire en 1907, inaugurée en 1908.
NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à l'article consacré à ce Champion.
Le 6 juillet 1911, pour la 9e édition du Tour de France, François Faber inscrivit son nom sur les tablettes du col.
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Carte postale François Faber (coll. privée)
NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à l'article consacré au Tour de France 1911.
Le passage au sommet de cette course avait attiré du public dont des officiels comme la famille Peugeot, Robert, Étienne et le fils de Robert, Jean-Pierre.
Dans la montée, Robert Lefort dut alterner pieds à terre et sur les pédales, pour atteindre le sommet. Cette situation fit que son avance fondit comme neige au soleil, normal en plein été, me direz-vous !
Des poursuivants, s'extrayait Gabriel Figuet qui peu à peu repris du temps sur l'homme en tête, mais Robert Lefort passa tout de même en premier le sommet du col, avec un petit pécule de 30 secondes sur son poursuivant. Plein d'abnégation, il put se féliciter d'inscrire son nom sur la courte liste des coureurs ayant franchi le sommet, lors d'une course internationale.
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Photo Robert Lefort ? (doc. Gallica, BNF)
La victoire peut se gagner dans la descente… mais aussi se perdre ! Une nouvelle fois, la crevaison va dicter sa loi sur cette étape et celui qui va la subir la fuite fut… le chassé, peu avant Giromagny (198e km) !
Belfort, ville étape
Après la victoire à Belfort de François Faber, lors du passage du Tour de France 1911, le 6 juillet, la Cité du Lion recevait les forçats de la route du Circuit Français Peugeot, des Indépendants effectuant aussi leur Tour de France.
L'arrivée s'effectua sur le traditionnel quai Vauban !
Carte postale Belfort Quai Vauban (coll. JM)
Le Comité d'arrivée autour du président M. XXX Prévot, était composé de MM. Paul Boillot, directeur de l'usine Peugeot à Valentigney, Jules Millet, le dépositaire du garage Peugeot dans la ville, (Léon) Gandelin, (Auguste) Vernier et L. Chenelot.
La permanence de l'organisation, ainsi que le Comité, fut installée au garage Peugeot géré par Jules Millet, au 5 du faubourg des Ancêtres.
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Carte photo Belfort Faubourg des Ancêtres (coll. JM)
L'organisation fut pilotée par Bernard Chaussin, le correspondant de L'Auto et Jules Millet de l'agence Peugeot. 500 mètres de corde, de chaque côté du quai furent posés pour canaliser le nombreux public venu applaudir les coureurs.
Le service d'ordre fut assuré par les gendarmes à cheval, les agents de police sous les ordres de leur responsable Julien Rouot ainsi que des militaires d'un régiment de la Place. Par sécurité, des brancardiers étaient aussi présents en cas de défaillance de coureurs à l'arrivée.
Pour donner encore plus d'éclat à cette fête du deux roues, la fanfare La Lorraine fut invitée à égrener les notes de musique de son répertoire, en attendant l'arrivée des routiers.
Carte postale La fanfare La Lorraine (coll. JM)
Grâce à la crevaison que Robert Lefort subit à Giromagny, le chasseur arriva seul à Belfort sous les acclamations du public massé sur le trajet et de plus en plus important à l'approche de ligne d'arrivée.
Laquelle fut franchie à 16h06 par Gabriel Figuet.
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Carte postale Gabriel Figuet (coll. JM)
Il devança de 4 minutes, le malchanceux de l'étape, Robert Lefort et de 10 minutes, René Guénot; suivaient ensuite, à la 4e place, Alexandre Chauvière et à la 5e place Oskar Egg.
Le vainqueur avait réalisé un peu plus de 27 kilomètres par heure, plus exactement 27,284 km/h sur ce parcours de 210 kilomètres, avec deux grosses difficultés au programme avec le col du Haut-Jacques et le sommet du territoire de Belfort.
Le meilleur belfortain, Jules Fury arriva à la 178e place.
Le soir à 9 heures, 250 coureurs étaient passés au contrôle, au total 271 furent qualifiés, étant arrivés dans le temps imposé.
Les vendeurs belfortains de bicyclettes profitèrent du passage du Tour pour promouvoir dans le journal La Frontière leurs articles.
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Annonces de la Maison Chaussin et du spécialiste Héberlé
Belfort, ville de repos
Après une nuit passée dans les bras de Morphée, bien méritée, après avoir gravi le Haut-Jacques et le Ballon d'Alsace, la veille, les coureurs profitèrent de la journée de repos pour s'égayer dans la Cité du Lion dont une grande majorité alla visiter… le Lion !
Carte postale Belfort Le Lion (coll. JM)
D'autres préfèrent poursuivre leur récupération en se reposant aux abords de la Savoureuse, voire tentèrent d'obtenir une victoire en décrochant un poisson...
Du côté des officiels, ils furent invités à un déjeuner à Beaulieu, au château de Robert Peugeot, le grand mécène du sport cycliste.
Carte postale Valentigney Le château Peugeot (coll. privée)
Mêmes les journalistes suivant la course furent invités à faire ripaille.
3e étape Belfort-Chalon-sur-Saône, le 8 août 1911
Pour cette 3e étape, le contrôle du départ s'effectua chez le dépositaire du garage Peugeot, Jules Millet, situé au 5 du faubourg des Ancêtres, à partir de 5h30. Malgré l'heure matinale, un nombreux public était venu voir les coureurs avant leur départ; une nouvelle fois, ils furent acclamés.
Le regroupement des 261 coureurs* s'effectua devant la Brasserie Danjean, faubourg de Montbéliard. A 6h30, ils quittèrent Belfort pour rejoindre Danjoutin.
*261 coureurs : Dix coureurs sur ceux qualifiés à la fin de la 2e étape, ne prirent pas le départ pour plusieurs raisons, chaleur, fatigue…
Carte postale Belfort Brasserie Danjean (coll. JM)
Le public n'était pas qu'aux alentours du poste de contrôle et de regroupement, à Belfort, mais aussi disséminé tout le long du le trajet et agglutiné sur la route de Belfort à Danjoutin, pour participer au départ du peloton.
Danjoutin, ligne de départ
Arrivés à Danjoutin, les coureurs furent classés dans l'ordre d'inscription. À 7 heures, le coup de feu, tiré par Jean-Pierre Peugeot, libéra les coureurs suivis des voitures officielles de la marque Peugeot.
*Danjoutin : Le journaliste ne précisa pas le lieu, mais ce fut devant le fameux Café d'Émile Muller.
NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à l'article sur la localisation pas évidente de ce lieu de départ !
Carte postale Danjoutin Départ des coureurs (coll. JM)
Pour rejoindre Chalon-sur-Saône, un itinéraire totalement différent de l'année précédente en passant par le Jura et non en allant directement sur la ville d'arrivée par Besançon. Ce détour de 40 kilomètres (258 au lieu de 218) permettait de passer devant les trois sites Peugeot.
Donc au programme, 258 kilomètres entre Belfort et Chalon-sur-Saône, en empruntant les routes passant par Trétudans, Chatenois, Sochaux, Audincourt*, Valentigney*, Baulieu*, Pont-de-Roide, Saint-Hippolyte, Maiche, Morteau, Pontarlier, Champagnole, Lons-le-Saulnier, Louhans, Montret et Saint-Germain-du-Plain.
Audincourt, Valentigney et Baulieu
Ces 3 communes où étaient implantées les usines Peugeot, furent pavoisées comme pour un jour de fête, avec même des arcs de triomphe. Les ouvriers et les employés des établissements purent acclamer les coureurs dont beaucoup roulaient sur une bicyclette Peugeot.
Carte postale Valentigney Usine Peugeot (coll. privée)
Par son parcours accidenté, la course fut très mouvementée et à nouveau les crevaisons modifièrent son déroulement où quatre protagonistes menèrent les débats, Oskar Egg, Philippe Thys, Léon Parisot et Alexandre Chauvière, prenant à tour de rôle la tête non pas du groupe car voulant le quitter !
À Chalon-sur-Saône, l'arrivée fut prononcée dans la grand ligne droite de la Levée-de-Saint-Marcel où elle vit la victoire de Philippe Thys qui bien que distancé par Alexandre Chauvière avant la ville, le rattrapa dans les derniers hectomètres et le dépassa pour le gain de l'étape.
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Carte postale Philippe Thys (coll. privée)
La 3e place revint au local René Guénot qui devança un groupe de 6 coureurs; le 4e animateur de la journée termina au 10e rang.
Carte postale René Guénot (coll. privée)
La foule présente fit une ovation plus élevée… au troisième, l'enfant du pays d'à côté, déçue qu'il ne puisse récidiver sa performance de l'année précédente, la victoire en cette ville !
Arrivée à Paris, le 3 septembre 1911
Pour la 16e et dernière étape, clôturant les 4500 kilomètres effectués sur les routes de France, les 114 coureurs encore en course, devaient effectuer les derniers 266 kilomètres, les emmenant de Laval à Paris.
En réalité, l'arrivée fut prononcée à Neuilly, sur le boulevard Maillot.
Depuis Houdan, deux coureurs étaient seuls en-têtes; la victoire se joua entre-deux, elle revint à Léon Vallotton qui prit le dessus sur (Alfons) Lauwers, prenant une longueur sur la ligne d'arrivée.
Philippe Thys arriva avec 14 minutes de retard, suivi par René Gerwig, 9 minutes plus tard devançant d'une minute, Émile Grenier.
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Carte postale Léon Vallotton (coll. privée)
98 coureurs franchirent la ligne d'arrivée.
Le classement général après ces 16 étapes confirma la victoire du belge Philippe Thys, en-tête depuis la 12e étape; il avait obtenu une première fois la première place à la 10e étape en la prenant à Gabriel Figuet qui était le leader depuis la 7e étape, mais ce dernier la reprit dès la suivante pour la perdre à nouveau
1ère : Charles Kippert
2e : Gabriel Figuet
3e à 6e : Alexandre Chauvière
7e à 9e : Gabriel Figuet
10e : Philippe Thys
11e : Gabriel Figuet
12e à 16e : Philippe Thys
Il avait remporté deux étapes, la 3e entre Belfort et Chalon-sur-Saône, et la 9e entre Nîmes et Nice,
sur un vélo Peugeot sur pneus Wolber pour le Vélo Club de Levallois.
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Carte postale Philippe Thys (coll. privée)
Le podium final du Circuit Français Peugeot
1er : Philippe Thys (75 points)
2e : Gabriel Figuet (89 pts)
3e : Léon Vallotton (99 points)
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Le podium final : Gabriel Figuet, Philippe Thys et Léon Valloton
Léon Vallotton reculait d'une place sur le podium par rapport à l'édition précédente de 1910; de même, le vainqueur de cette même édition, René Guénot avait dû abandonner.
Aucun des coureurs belfortains n'avait franchi la ligne d'arrivée finale.
Philippe Thys
Philippe Thys (Thijs à l'état civil) est né le 8 octobre 1889 à Anderlecht (Belgique).
Il fut un coureur de cyclo-cross, sur route et de sur piste
Sa victoire sur le Circuit Français Peugeot en 1911 (Tour des Indépendants) fut sa première grande victoire sur une course par étape qui lui mit le pied sur la pédale du succès. Il devint professionnel en 1912.
Confirmation de cette hypothèse, ses 3 victoires sur le Tour de France, 1913, 1914 et 1920; la première Guerre Mondiale lui priva certainement d'autres victoires…
Lors de la Première Guerre Mondiale, il s'engagea dans les forces aériennes françaises.
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Carte postale du coureur pour une publicité (Raspail)
Son palmarès (les podiums)
1908 : 2e Ronde Van Limburg
1909 : 2e d'Anvers-Menem
1910 : Champion de Belgique de cyclo-cross, 3e de l'Etoile carolorégienne
1911 : Vainqueur du Circuit Français Peugeot (Tour de France des Indépendants) avec 2 étapes, du Paris-Turin avec 2 étapes et du Paris-Toulouse
1912 : 6e du Tour de France
1913 : Vainqueur du Tour de France avec la 6e étape et meilleur grimpeur
1914 : Vainqueur du Tour de France avec la 1ère étape et du Paris-Ménin, 3e de Paris-Tours
1917 : Vainqueur du Tour de Lombardie et de Paris-Tours
1919 : Vainqueur des Six Jours de Bruxelles (avec Marcel Dupuy), 2e de Paris-Roubaix
1920 : Vainqueur du Tour de France avec 4 étapes
1921 : Vainqueur du Critérium des AS du Paris-Lyon (avec Jean Rossius), 3e de Bordeaux-Paris
1922 : Vainqueur du Paris Lyon (avec Jean Alavoine), 5 étapes au Tour de France, 2e du Championnat de Belgique sur route
1923 : Vainqueur du Paris Lyon (avec Jean Alavoine), 2e du Circuit du Languedoc
1924 : 11e du Tour de France avec 2 étapes
1925 : 3e des Six jours de Bruxelles (avec Maurice de Wolf)
1927 : Vainqueur du Limburgse Dageraad (Belgique)
Après une excellente carrière de cycliste, il tint un garage, vendit des vélos et organisa des voyages en cars.
Il décéda le 16 janvier 1971 à Bruxelles.
Épilogue
Ce 2e Tour de France réservé aux cyclistes Indépendants intitulé "Circuit Français Peugeot", à l'image de son prédécesseur en 1910, fut un grand succès mais il n'eut pas de suite…
De nouveau, Belfort fut ville étape, une reconnaissance liée certainement à l'organisation d'étapes pour le Tour de France, entraînant dans son sillon, le Ballon d'Alsace.
Le belge Philippe Thys, remporta cette deuxième édition, ayant construit sa victoire progressivement en s'appuyant sur deux victoires et de bonnes places lui permettant de tenir à distance son plus sérieux concurrent.
JM
Liens pour accéder aux articles cités
Peugeot & Wolber créèrent le Tour de France des Indépendants en 1910 ! : Cliquer ici
René Pottier : Cliquer ici
Tour de France 1911 : Cliquer ici
Tour de France, départ de Danjoutin : Cliquer ici
Tour de France des Indépendants 1910 : Cliquer ici
Références presse : Journaux L'Auto (Gallica, BNF, Journaux La Frontière et L'Alsace (Archives municipales de Belfort),
Référence Internet : Wikipédia, Site Mémoire du cyclisme, Forum Tonton vélo, Divers autres sites Web,
Infos pratiques
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