La construction de la Salle des Fêtes de Belfort : Lot 5 L'éclairage
MAJ le 19 mai 2023
À ce stade de la construction de la Salle des Fêtes de Belfort, les gros œuvres de maçonnerie (Lot 1), les charpentes et la menuiserie (Lot 2), les couvertures de la toiture, la zinguerie et la plomberie (Lot 3), et la plâtrerie, la peinture et la décoration (Lot 4) étaient soit réalisés ou soit bien avancés, pour permettre d'enclencher le Lot 5, l'éclairage.
Lustre avec verrerie Holophane (extrait catalogue, coll. privée)
Cette sixième partie de l'article est donc consacrée au déroulement de l'installation des équipements électriques, comprenant l'éclairage des différents lieux de la Salle des Fêtes, l'entrée, les différents paliers, la grande salle, la scène, les loges, le logement du concierge, les vestibules, la salle du sous-sol, les toilettes, les couloirs, l'extérieur…
NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder au Sommaire des articles sur la Salle de Fêtes, dont ceux consacrés aux Lots 1 à 4.
Le devis de l'électricité
À l'inverse des lots précédents, le Lot 5 ne fut point l'objet d'un devis mais d'une estimation par l'architecte municipal Charles Emond. Il avait prévu la somme de 5500,00 francs pour l'installation du chauffage dans la Salle des Fêtes, sur un budget total à 245000 francs.
Adjudication du Lot 5
Comme présenté dans les articles précédents, la municipalité avait mis en adjudication à la mi-août, la totalité des lots destinés à la construction de la Salle des Fêtes mais à la date définie de l'ouverture du 5 septembre 1911, plusieurs lots furent sans offre ou avec des offres supérieures aux devis donc non acceptables au regard des règles applicables dans ce type de processus.
Extrait affiche annonçant l'adjudication du mardi 5 septembre 1911
(doc. AMB)
À ce constat, la municipalité décida de traiter de gré à gré avec les entreprises.
Pour ce Lot n°5, elle organisa, le 31 juillet 1913, un concours ouvert aux entreprises voulant obtenir ce marché de l'installation de l'électricité de la Salle des Fêtes en cours de construction. Pas moins de 17 entreprises furent sollicitées, par l'architecte municipal.
Liste des entreprises sollicitées (extrait document AMB)
L'architecte ne reçut que trois offres d'entreprise
- Charles Milde Fils & Cie, à Paris : 5700 francs
- Louis Cadell, à Belfort : 6410 francs
- Eugène Richard, à Belfort : 8600 francs
Au regard des montants, donc, les offres étaient nettement supérieures au devis (5500,00 francs) et en plus, ne comprenaient pas l'éclairage de la scène. Il demanda aux entreprises de reprendre leur offre, en la complétant de la partie absente et de proposer un montant plus compétitif.
Applique avec verre Holophane (coll. privée)
Les trois entreprises inclurent dans leur nouvelle offre, l'éclairage de la scène pour le même montant.
L'architecte analysa les trois offres, il en ressorti que
- La première entreprise installée à Paris, Charles Milde Fils & Cie n'avait pas su s'imprégner de la configuration des lieux et l'appareillage proposé était trop fragile.
Extrait courrier entreprise Charles Milde Fils & Cie (doc. AMB)
- La deuxième présentait une étude très complète, l'entreprise Louis Cadell installée à Belfort, proposant une lustrerie en cuivre et verrerie ordinaire.
Extrait courrier entreprise Louis Cadell (doc. AMB)
- La troisième, l'entreprise Eugène Richard installée aussi à Belfort, présentait une étude toute aussi complète
Extrait courrier de l'entreprise Richard (doc. AMB)
Elle proposait une verrerie "Holophane" (verre soufflé) ayant l'avantage d'être en verre clair se nettoyant facilement et plus résistante au jaunissement dans le temps.
Extrait publicité verrerie "Holophane" (coll. privée)
Le 15 novembre 1913, l'architecte donna son avis au conseil municipal, sa préférence argumentée allant au projet n°3. Ce dernier se rangea à son avis éclairé et vota le budget supplémentaire pour atteindre le montant de 8600 francs permettant à la municipalité de pouvoir passer le marché de gré à gré à l'entreprise Eugène Richard, afin d'obtenir l'accord du préfet.
Extrait de la délibération du conseil municipal (doc. AMB)
La procédure fut validée le 20 novembre 1913 par l'administrateur du Territoire (le préfet), Louis-Ferdinand Fontanès.
Le marché de gré à gré fut passé à l'entreprise Eugène Richard, installée rue Guillaume Tell, à Belfort, le 26 novembre 1913.
Extrait du marché de gré à gré du Lot 5 (doc. AMB)
Il fut validé le 1er décembre par le secrétaire de la préfecture.
L'installation électrique
Dans son offre, l'entreprise Richard avait prévu une installation électrique comprenant
- le tableau de distribution avec ses appareils, relié au compteur
- les canalisations (1875 m) et les liaisons électriques (3400 m) entre les organes
- les organes de sécurité, 50 coupe-circuits Edison
Extrait publicité sur des coupe-circuits (doc. AMB)
- les organes de commande, 24 interrupteurs
- les luminaires, 101 plafonniers, 1 lustre anglais, 2 sphères avec armature en cuivre et 1 hublot
Extrait publicité sur des lampes (doc. AMB)
À cette liste, s'ajoutaient les différents éléments d'isolation (boîtes de dérivation) et de fixation (manchons, brides…).
Chaque secteur opérationnel de la Salle des Fêtes étant alimenté et piloté séparément depuis le tableau de distribution ou localement en fonction du besoin.
Extrait du courrier de l'entreprise Richard (doc. AMB)
Pour éclairer l'ensemble des secteurs de la Salle des Fêtes, la puissance installée par l'entreprise s'élevait à 16500 watts. À l'époque, le kilowattheure coûtait 0,60 francs.
L'entreprise avait estimé une durée des travaux à environ trois semaines, pour effectuer cette installation.
Déroulement des travaux du Lot 5
Suite à une demande du conseil municipal à l'architecte de pouvoir installer un cinématographe dans cette Salle, l'entreprise proposa un devis s'élevant à 1385,00 francs pour installer un transformateur alimenté en 440 volts, tension fournie par la Compagnie du Gaz, permettant d'alimenter un tel appareil sous 60 volts ou un appareil similaire.
Projecteur film 35 mm Marque Guil 1913 (doc. Cinémathèque française)
Apparemment, cette opportunité ne fut pas entérinée par le conseil municipal !
L'installation électrique fut opérationnelle en grande partie tout début janvier pour l'inauguration de la Salle des Fêtes, du 4 janvier 1914.
Carte postale publicitaire Entreprise de fabrication de luminaires
G. Pellard à Paris (coll. privée)
Mais les travaux se poursuivirent dans le courant de l'année, jusqu'en juillet.
La réception provisoire fut prononcée le 20 juillet 1914, confirmant peu ou prou, la fin des travaux du Lot 5.
Extrait du procès-verbal Réception provisoire (doc. AMB)
Bilan financier du Lot 5
Le montant des travaux effectués par l'entreprise Eugène Richard fut conforme au montant du devis réactualisé à 8600,00 francs lors du vote, du 15 novembre 1913, par le conseil municipal.
Le procès-verbal de réception définitive fut établi le 25 août 1915.
Extrait du procès-verbal Réception définitive des travaux (doc. AMB)
Fin de la 6e partie, la suite à découvrir via le Sommaire (lien ci-dessous).
Épilogue
Les travaux du Lot 5 concernant l'installation électrique furent réalisés sans budget supplémentaire, et dans les temps prévus, principalement courant décembre 1913 ou presque, par l'entreprise belfortaine Eugène Richard.
La Salle des Fêtes ayant pris des couleurs via le Lot 4, venait de prendre toute la lumière avec le Lot 5, même si le soleil était un très bon éclairage de secours pour la Grande salle…
JM
Liens pour accéder aux articles cités
Sommaire des articles sur la Salle des Fêtes : Cliquer ici
Références : Dossier Salle des Fêtes (Archives municipales de Belfort, AMB)
Infos pratiques
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