Tour de France 1913, Ballon d’Alsace & Belfort (1ère partie)
MAJ le 29 juillet 2023
Comme pour cette édition 2023, le Tour de France 1913 était venu à Belfort ainsi qu'au Ballon d'Alsace.
Il est vrai que depuis 1905, le Ballon d'Alsace et Belfort étaient une nouvelle fois au programme et dans ce sens malgré que les organisateurs aient inversé le sens du déroulement pour cette édition ! Première particularité !
Annonce Tour de France 1913 (Journal L'Auto, Gallica BNF)
Mais cette édition fut même une première !
Pourquoi une première, car si le Ballon d'Alsace fut gravi lors des deux étapes dans les deux sens ! Seconde particularité !
Cet article étant chargé sans avoir eu recours au pot belge, je l'ai scindé en deux
-jusqu'à l'arrivée à Belfort
-depuis Belfort
NA : En fin de texte des liens permettent d'accéder à la 2e partie de l'article et au Sommaire recensant l'ensemble des articles sur le Tour de France.
Première partie de l'article
Le Tour et le Ballon d’Alsace, un passage obligé…
Depuis 1905, le Ballon d'Alsace est au programme du Tour de France, étant même le premier col franchi par les forçats de la route.
Les années suivantes d'autres cols furent ajoutés pour "pimenter" la course, les Alpes en 1910 et les Pyrénées en 1911.
Carte postale Ballon d’Alsace La Jumenterie (coll. BF)
Donc en 1913, le sommet vosgien vit les coureurs gravir deux fois ses pentes, donc pour la 9e et 10e fois consécutives depuis 1905, avec le parcours effectué dans les deux sens des versants vosgien et terrifortain.
Pour mémoire, René Pottier fut le 1er coureur à franchir le col en 1905 et il récidiva l'année suivante.
NA : En fin de texte, des liens permettent d'accéder à l'article traitant le Tour de 1907 où j’ai listé les passages (20) ou arrivées au sommet (4), et à l'article consacré à René Pottier.
Tour de France 1913, 9e visite dans le Territoire de Belfort
Comme écrit précédemment, le sens du Tour de France 1913 fut inversé, départ vers l'ouest et arrivée par le nord; Belfort étant à la fin de l'édition, restait 3 étapes à parcourir par les coureurs. En 2023, la Cité de Lion est au départ de l'avant dernière étape.
Par contre, les villes étapes furent les mêmes hormis
- Marseille au lieu d'Aix-en-Provence
- Genève au lieu de Chamonix
5388 kilomètres étaient au programme de la 11e édition du Tour de France, toujours avec 15 étapes, du 29 juin au 27 juillet 1913, avec un départ de Boulogne et une arrivée au Parc des Princes à (Boulogne) Paris.
Tracé du Tour de France 1913 (création BF)
De 1905 à 1912, le classement général était établi par le cumul des places obtenues à chaque étape, en 1913, on revient au cumul des temps comme pour les deux premiers Tours de France.
Les difficultés
Concernant les cols à franchir, ils étaient peu ou prou identiques à l'année précédente, hormis l'ordre inversé des massifs
- Pyrénées : Aubisque (1709), Tourmalet (2115 m), Aspin (1489 m), Peyresourde (1569 m), Portet d'Aspet (1574 m), Port (1250 m) et Puymorens (1915 m)
- Alpes : Braus (1002 m), Allos (2247 m), Bayard (1250 m), Galibier (2642 m) et Aravis (1486 m),
- Jura : La Faucille (1323 m)
- Vosges : Ballon d'Alsace (1236 m)
Carte postale Col de Puymorens (coll. privée)
Les différences se résumaient ainsi, dans les Pyrénées, avec l'ajout des cols d'Aubisque et de Puymorens, mais le Lautaret évité, dans les Alpes, le col de Laffray n'était plus gravi.
Les coureurs
161 coureurs étaient au départ dont 52 "professionnels" répartis dans 9 équipes de marque et 109 indépendants (ou isolés).
- Alcyon-Soly : 8 coureurs
- Armor-Soly : 2 coureurs
- Automoto-Continental : 8 coureurs
- Griffon-Continental : 4 coureurs
- J.B. Louvet-Continental : 8 coureurs
- La Française-Diamant : 8 coureurs
- Labor-Soly : 2 coureurs
- Liberator-Hutchinson (Belgique) : 4 coureurs
- Peugeot-Wolber : 8 coureurs
Pour cette 11e édition, la Marque Peugeot de Valentigney (Doubs) avait formé une équipe de costauds avec le luxembourgeois François Faber vainqueur 1909, Gustave Garrigou vainqueur 1911 et Eugène Christophe le 2e du Tour 1912. Ils étaient secondés par Jean Alavoine, Émile Engel, Paul Hostein, les belges Marcel Buysse et Philippe Thys (6e en 1912).
Carte postale François Faber (coll. privée)
Au départ, hormis les deux vainqueurs de l'équipe Peugeot, cette édition possédait Louis Trousselier vainqueur 1905, Octave Lapize, le vainqueur 1910, Lucien Petit-Breton vainqueur 1907 et 1908) et le vainqueur 1912, le belge Odiel Defraye.
Carte postale Odiel Defraye (coll. privée)
Sans oublier d'autres outsiders de grands talents, Émile Georget, Henri Pélissier, Charles Crupelandt…
Six nations étaient représentées : Allemagne, Belgique, Danemark, France, Italie et Suisse.
Pour la première fois, participa un coureur africain, le tunisien Ali Neffati; il deviendra plus tard chauffeur pour l'organisateur, le journal L'Auto.
Carte postale Ali Neffati (coll. privée)
Depuis 1910, il n'y avait plus de coureur local du futur département du Territoire de Belfort (créé officiellement en 1922) !
Les machines
Chaque marque avait choisi une couleur pour les bicyclettes de leur équipe
-Alcyon-Soly : Bleu ciel
-Armor-Soly : Vert olive
-Automoto-Continental : Violet
-Griffon-Continental : Vert foncé
-J.B. Louvet-Continental : Vert clair, direction rouge
-La Française-Diamant : Noire, direction tricolore
-Labor-Soly : Noir et rouge
-Liberator-Hutchinson (Belgique) : Noir
-Peugeot-Wolber : Jaune
Quelques infos… sur le règlement
Les coureurs avaient droit à une seule bicyclette, par ailleurs identifiée par poinçonnage avec son numéro, par les organisateurs, en quatre endroits; au pédalier, à la tête de fourche et aux axes des roues. De plus, elle était plombée pour l'autorisation du passage en douane suisse. Il fut effectué sous la responsabilité de trois collaborateurs de L'Auto, Charles Théodore, Machurey et Durandal.
Les pièces poinçonnées ne pouvaient pas être remplacées qu'aux villes étapes, en présence d'un officiel.
Bicyclette marque Labor (Journal L’Auto, doc. Gallica BNF)
Pour le classement général, le système retenu fut donc le cumul des temps de chaque étape pour chaque coureur.
Lors des étapes, les coureurs devaient s'arrêter pour signer aux tables de contrôle installées le long du parcours, sous deux formes, "contrôle fixe" et "contrôle volant"; les coureurs étaient informés que des contrôles fixes.
L'approche de la ligne d'arrivée était signalée par un officiel porteur d'un drapeau rouge à un kilomètre de la ligne surmontée d'une banderole L'Auto; avec un officiel porteur d'un drapeau jaune.
Les coureurs isolés ne peuvent pas descendre ni dans le même hôtel que les coureurs d'équipes, ni à plus de deux dans le même hôtel. Ils devaient recevoir aucune aide.
Les organisateurs et les suiveurs
Pour ce Tour, les officiels chargés de la surveillance de la course étaient dans plusieurs voitures
-un Coupé Peugeot 16x18 HP "L'auto" avec Henri Desgranges, le directeur de la Course, conduite par les chauffeurs XXX Marchal et XXX Perrin
-une Peugeot 10AP avec Robert Desmarets en charge des "Isolés"
Illustration de Mich dans le journal L'Auto (doc. Gallica, BNF)
- une Peugeot avec Rodolph Koechlin, fondé de pouvoirs, Alphonse Baugé le directeur du service des courses professionnelles et un représentant d'une marque
-une Mors avec Léopold Alibert, directeur de la succursale de Saint-Etienne et XXX Mousset, commissaire de la course
-une voiture "Alcyon" avec Edmond Gentil, le directeur de la marque, Ludovic Feuillet, le directeur sportif et Paul Steinbach, commissaire de la course
- une voiture "La Française" avec XXX Hammond, le directeur de la marque, XXX Thiriot, le directeur sportif et XXX Lecomte, commissaire de la course
- une voiture "J.B. Louvet" avec le directeur Jean-Baptiste Louvet et XXX Deschamps, le directeur sportif
- …
Sans oublier les voitures des suiveurs, journalistes, invités…
Les commissaires de la course
Pour cette édition, les commissaires furent
- Paul Steinbach, présents sur le Tour 1912, délégué de l'UVF (Union Vélocipédique de France créé en 1881)
- XXX Mousset, ancien recordman du Monde et doyen des journalistes
- XXX Lecomte, ancien coureur et délégué de l'UVF
Les trois commissaires (journal L'Auto, doc. Gallica, BNF)
Les chronométreurs
Comme cette édition est revenue avec un classement général au temps, l'organisateur fit appel à deux chronométreurs reconnus par l'UVF, XXX Bazin, une référence depuis 1892, et XXX Mathis, reconnu comme une référence pour sa précision.
Les primes pour les coureurs de marques
Pour 8ères étapes, 8 primes offertes : 350, 200, 125, 100, 75, 50, 25 et 25
Pour les 7 suivantes, idem : 700, 300, 200, 150 (2), 100 et 50 (2)
Pour le classement général, 25 primes : 5000, 2000, 1000, 500, 300, 200, 150 (2) et 100 (17)
Les primes pour les "isolés"
Pour chaque étape : 100, 50 et 30
Pour le classement général : 1200, 800, 500, 200, 100 et 50 (2)
1ère étape : Paris-Le Havre, le 29 juin 1913
Pour cette nouveauté, avec une étape à destination du Havre et non vers Dunkerque, pour une étape de 388 kilomètres .
Les formalités pour ce départ s'effectuèrent place de la Concorde comme lors des années précédentes, à partir de 23h30 le 28 juin jusqu'à 1 heure du matin pour la signature de la feuille de contrôle et pour recevoir le dossard
Carte postale Paris Place de la Concorde (coll. privée)
Le départ en direction du Parc des Princes s'effectua à 1h30, via la Porte d'Auteuil pour rejoindre le stade sans y pénétrer; les coureurs regroupés devant, rue de la Tourelle, après l'appel, furent conduit rue de la Reine, à Boulogne. Le départ fut donné à 3 heures en direction du Havre, non pas par Georges Alban comme traditionnellement, car non rétabli d'une chute, mais par XXX Roudaire, président honoraire de l'Audax Club Parisien.
Il fallut attendre Abbeville (194e km) pour que la course se décante sérieusement, les principaux cracks étant présents dans un peloton d'une quarantaine d'unités.
Carte postale Abbeville Rue Alfred-Cendré (coll. privée)
Au passage à Dieppe (259e km) à 12h21, le peloton s'était amoindri d'une dizaine de coureurs dont des leaders, comme François Faber, Gustave Garrigou, Louis Trousselier… mais seulement à 3 minutes.
Par contre à Fécamp (323e km), les choses sérieuses étaient enclenchées car le groupe avait fondu à 15 coureurs emmenés par Octave Lapize, Odiel Deffraye, et Henri Pélissier avec Constant Niedergang, Jean Rossius, Jules Masselis, Henri Hanlet, Alfons Lauwers, Giovanni Micheletto, Félicien Salmon, Philippe Thys, Eugène Christophe, Émile Masson, Lucien Buysse et René Vandenberg.
Carte postale Fécamp (coll. privée)
À 8 minutes, suivait un petit groupe de 5 coureurs…
Le Havre fut atteint peu après 17 heures, la foule en voyant les voitures officielles commenca d'applaudir de plus en plus fort quand pointèrent 7 coureurs sur le boulevard François 1er où était jugée l'arrivée.
Carte postale Le Havre Boulevard François 1er (coll. privée)
La victoire revint à l'italien Giovanni Micheletto battant au sprint l'armada belge avec Marcel Boysse d'une longueur et Jules Masselis, ainsi que Alfons Lauwers, Félicien Salmon, Odiel Deffraye et le français Constant Niedergang qui se classa juste devant le dernier belge.
Carte Giovanni Micheletto (coll. privée)
Les sept coureurs furent classés dans le même temps (14 h 9 mn 47 s).
Les belges Marcel Boysse et Jules Masselis
(journal L'Auto, doc. Gallica, BNF)
Une minute plus tard, arrivèrent les belges Émile Masson et Philippe Thys.
Du coup, l'italien prit la tête du classement général.
Le 1er isolé fut le belge Pierre Everarets, 28e au classement général.
12e étape Genève-Belfort par le Ballon d’Alsace, le 21 juillet
Pour cette 12e étape de 335 kilomètres, le lundi 21 juillet 1913, entre Genève et Belfort, les coureurs devaient affronter le col de la Faucille (28e km) et la nouveauté, le Ballon d'Alsace (303e km) en venant du nord, avant de redescendre sur la Cité du Lion.
Le classement général
Il restait 23 coureurs d'équipe et 16 isolés (ou indépendants)
Le leader du classement général était le belge Philippe Thys devant
2e : Gustave Garrigou à 54 mn 22 s
3e : Lucien Petit-Breton à 1 h 18 mn 8 s
4e : Firmin Lambot à 2 h 24 mn 8 s
5e : Marcel Buysse (B) à 4 h 15 mn 36 s
Carte postale Philippe Thys (coll. privée)
François Faber 6e avait perdu 3 places suite à sa chute dans la descente des Chutes de La Clusaz où il se luxa une épaule.
Le départ de Genève
Après les opérations de contrôle au café de la Couronne supervisées par le correspondant local de L'Auto, Max Burgi, les coureurs se rendirent au lieu de départ prévu à Genève, devant la brasserie Montbrillant, située dans la rue du même nom.
Carte postale Genève Hôtel brasserie Montbrillant (coll. privée)
Le départ fut donné à 3h30 aux 29 rescapés pouvant encore prétendre à remporter cette édition, quel écrémage !
Le profil de l'étape (doc. L'Auto, coll. Gallica BNF)
Les coureurs n'eurent pas à affronter le col de la Faucille du moins en vélo car un éboulement avait coupé la route, ils durent faire du cross-pédestre pour le franchir.
À Morez (54e km), malgré l'heure matinal, la foule était présente au passage d'un groupe de 9 coureurs détachés, emmené par Gustave Garrigou, et Lucien Petit-Breton, avec Alfons Spiessens, Eugène Christophe, Marcel Buysse, Philippe Thys, Firmin Lambot, Paul Deman, Émile Engel et l'indépendant belge Louis Petitjean. Ils avaient 5 minutes d'avance sur un duo, Vincent Dhulst et Camillo Bertarelli, et 10 minutes sur un groupe de 6 adversaires. François Faber était encore plus en retard, handicapé par son épaule.
Carte postale Morez Place du Marché (coll. privée)
Au passage à La Chaux-Neuve (80e km), le groupe de tête complété de cinq autres coureurs était toujours détaché, tout comme à Morteau (144e km) où la foule avait envahi les rues pour attendre les forçats de la route.
À 11 heures, six coureurs arrivèrent à Pont-de-Roide (198 km) détachés, avec Eugène Christophe, Philippe Thys, Émile Engel, Gustave Garrigou, Lucien Petit-Breton et Marcel Buysse; ils précédaient de 14 minutes un autre groupe constitué de Camillo Bertarelli, Alfons Spiessens, Firmin Lambot, Vincent Dhulst et Giuseppi Contesini puis un troisième à 20 minutes, comprenant Charles Dumont, Jules Deloffre, Joseph Vandaele, Omer Samyn et Maurice Leliaert. Par contre, François Faber était lâché…
Carte postale Pont-de-Roide Le Pont (coll. privée)
La Cité des Princes, Montbéliard (217e km) fut atteinte un peu avant midi, à 11h49 exactement, par un premier groupe précédé du directeur de la course, Henri Desgrange. Les spectateurs étaient fort nombreux, environ 10000 personnes, car les usines du secteur avaient libéré leurs ouvriers pour le passage du Tour de France. Pour l'occasion, le service d'ordre formé par la police municipale et la gendarmerie, fut renforcé par le 21e Chasseur à pied, sous les ordres du capitaine Bernard, pour laisser la route libre et sécuriser l'accès au ravitaillement placé au café Gret, place Ferrer. Le maire XXX Ulmann veillait au respect des consignes, par ses administrés.
Carte postale Souvenir de Montbéliard (coll. privée)
Au fil des kilomètres, un petit peloton s'était formé d'une quinzaine d'unités, où les leaders, Gustave Garrigou, Lucien Petit-Breton, Louis Trousselier, Philippe Thys… donnaient le tempo en vue de se réserver pour la difficulté du jour, le Ballon d'Alsace. Pour François Faber, accompagné depuis le départ par Jean Alavoine, la route était un véritable cauchemar; il passa avec 1h15 de retard.
Un autre coureur était en perdition, le suisse Charles Dumont (indépendant) car il arriva… à pied; il avait faussé sa fourche.
Même si Belfort était à peu de distance, il restait encore… 118 kilomètres car le parcours bifurquait pour rejoindre Lure (252e km), une première où les coureurs furent chaleureusement applaudis par une foule enjouée. Puis par Héricourt (226e km) où le peloton d'une quinzaine d'unités passa à 13h15 où on retrouvait toujours les mêmes, Gustave Garrigou, Lucien Petit-Breton, Louis Trousselier, Philippe Thys, Eugène Christophe, Marcel Buysse (B), Paul Deman, Alphons Spiessens, Clemente Canepari, Émile Engel, Firmin Lambot, Vincent Dhulst, Louis Coolsaet, Giuseppi Contesini et Camillo Bertarelli.
Carte postale Lure Grande Rue (coll. privée)
Il était 14h30, en retard sur l'horaire prévu, quand le petit peloton atteignit Le Thillot (287e km) réservant ses forces pour la difficulté de la journée, la montée du sommet vosgien.
À l'assaut du Ballon d'Alsace
Au pied du Ballon d'Alsace, certains changèrent de suite la multiplication de leur bicyclette, d'autres la rapportait pour plus tard. Eugène Christophe fut un des premiers à le faire, suivi du petit belge Marcel Buysse… qui va effectuer une montée comme si c'était du plat ! Très rapidement, il va déposer les coureurs du groupe dont les chevronnés à cet exercice, Eugène Christophe, Gustave Garrigou, Firmin Lambot, Lucien Petit-Breton, ce dernier passa le col avec deux minutes de retard.
Carte postale Ballon d'Alsace Dernier virage avant le sommet
(coll. privée)
Marcel Buysse avait effectué la montée des 9 kilomètres du Ballon d'Alsace, en 31 mn 35 s, devenant le 6e coureur en neuf passages de ce sommet, succédant à son compatriote Odiel Defraye.
Carte postale Marcel Buysse (coll. privée)
Classement au sommet du Ballon d’Alsace (passage)
1905 : René Pottier
1906 : René Pottier
1907 : Émile Georget
1908 : Gustave Garrigou
1909 : François Faber (L)
1910 : Émile Georget
1911 : François Faber (L)
1912 : Odiel Defraye (B)
1913 : Marcel Buysse (B)
Ainsi René Pottier, du moins sa stèle vit passer son énième successeur, lui qui avait franchi en tête ce col, en 1905 et 1906.
La stèle avec la nouvelle plaque (photo JM)
NA : Un lien en fin de texte permet d’accéder à l’article concernant cette inauguration du 18 juillet 1908.
Firmin Lambot dépassa lui aussi Lucien Petit-Breton avant le sommet pour passer en 2e position, avec 50 secondes de retard sur le belge, puis vinrent Émile Engel à 2 mn 11s, Philippe Thys à 2 mn 36 s, Camillo Bertarelli (3 mn 1s, Gustave Garrigou et Alphons Spiessens à 3 mn 52 s, Eugène Christophe à 5 mn 56 s.
Belfort, ville d’arrivée le 21 juillet 1913
Le belge avec sa petite avance va tenter dans la descente de tenir à distance ses poursuivants.
Depuis 1907, Belfort fut ville d'étape après n'avoir vu que passer les coureurs lors des deux éditions précédentes.
Comme pour les années précédentes, ce fut sur le quai Vauban que l'arrivée était installée, près du magasin Chaussin; il est vrai que Fernand Chaussin* était le représentant du journal L'Auto, l'organisateur de cette épreuve depuis 1903.
*Fernand Chaussin avait pris la succession de son père, Bernard, qui fut lui aussi, représentant du journal L'Auto.
Photo Fernand Chaussin parue dans L'Auto (doc. Gallica)
Pour la sécurité des coureurs, les Ponts et Chaussées intervinrent sur tout le parcours depuis le sommet du Ballon d'Alsace jusqu'à Belfort.
Comme pour accueillir les coureurs dans de bonne condition à l'arrivée, près de 800 mètres de barrière furent installée pour contenir le public; la totalité du Quai Vauban jusqu'à la route d'Offemont.
Cette précaution fut fort nécessaire car les usines de Belfort et des environs avaient décidé de reporter le début de la semaine au mardi, pour permettre aux ouvriers de se rendre sur le parcours de cette nouvelle édition du Tour de France, entraînant de fait une foule dense sur tout le parcours avec les lieux plus courus que d'autres, comme sur la route d'Offemont et surtout le Quai Vauban et aux alentours du Café Danjean, faubourg de Montbéliard.
La sécurité était assurée par des agents sous la direction du commissaire XXX Bessières et de son adjoint Émile Mauvais, une cinquantaine de militaires sous le commandement de l'adjudant Calmel.
Le contrôle d'arrivée était placé sous la direction de Fernand Chaussin qui pouvait compter sur des membres de sociétés des Sports Réunis, des V. B., et du Vélo Club Dellois.
Une nouvelle fois, les services télégraphiques de la ville sous la responsabilité du receveur Paul Baby et du personnel dont Robert et René Serve, furent à la hauteur pour permettre aux journalistes de transmettre leurs dépêches.
Carte postale Belfort Quai Vauban (coll. BF)
Aux abords de l'arrivée, étaient présentes à la tribune officielle et sur les côtés les autorités civiles dont le secrétaire général de la préfecture Raoul Fauran, l'adjoint au maire Xavier Houbre, les conseillers municipaux Paul Marx, Paul Pelot… mais aussi militaires dont le colonel Mac-Mahon, le commandant Marchand, le lieutenant Colignon, le médecin-major Laune…
La presse était aussi bien représentée, L'Alsace, La Frontière et le Haut-Rhin Républicain.
Le vainqueur de l'étape Genève-Belfort
À l'arrivée peu avant 16 heures, une clameur monta en puissance car enfin la voiture du directeur de L'Auto annonçait les coureurs, du moins un coureur, Marcel Buysse arriva seul dans la ligne droite du quai Vauban et franchit la ligne d'arrivée en vainqueur sous les ovations; il avait pu résister au retour de ses poursuivants.
Une bonne minute plus tard, un trio se pointa pour effectuer un sprint où Lucien Petit-Breton fut plus fort que Firmin Lambot et Philippe Thys
1.Marcel Buysse en 12 h 31 mn 2s
2. Lucien Petit-Breton à 1 mn 20 s
3. Firmin Lambot à 1 mn 22 s
4. Philippe Thys à 1 mn 24 s
5. Émile Engel à 3 mn 3 s
Marcel Buysse à l'arrivée (journal Vie au grand Air)
À Belfort, il remportait sa 4e victoire après celles obtenues lors de la 4e étape à La Rochelle, 7e à Perpignan et 11e à Genève.
Le classement de la 12e étape
1.Marcel Buysse en 12 h 31 mn 2s
2. Lucien Petit-Breton à 1 mn 20 s
3. Firmin Lambot à 1 mn 22 s
4. Philippe Thys à 1 mn 24 s
5. Émile Engel à 3 mn 3 s
Arrivée de Trousselier et Canepari (journal Vie au grand Air)
Les vainqueurs à Belfort
1907 : Émile Georget
1908 : François Faber (L)
1909 : François Faber (L)
1910 : Émile Georget
1911 : François Faber (L)
1912 : Eugène Christophe (B)
1913 : Marcel Buysse (B)
Les indépendants (ou isolés)
Le premier isolé fut l'italien Camillo Bertarelli qui arriva à la 8e place, à 5 mn 16 s; puis les belges Louis Petitjean (13e) et Louis Coolsaet (14e).
Camillo Bertarelli (coll. privée)
Le classement général après cette 12e étape
1. Philippe Thys (B) en 158 h 38 mn 5 s
2. Gustave Garrigou à 1 h 12 mn 54 s
3. Lucien Petit-Breton à 1 h 18 mn 4 s
4. Firmin Lambot (B) à 3 h 18 mn 41 s
5. Marcel Buysse à 4 h 11 mn 25 s
Les enregistrements à la brasserie Danjean
Après l'arrivée, les coureurs devaient se rendre à la Brasserie Danjean, faubourg de Montbéliard, pour l'enregistrement.
Le secteur était pavoisé de drapeaux et de guirlandes. Les deux frères, Marcel et Georges propriétaires des lieux, se dévouèrent pour que toutes les opérations prévues se déroulent sans problème.
Carte postale Belfort Fbg de Montbéliard, Brasserie Danjean (coll. JM)
En l'honneur des coureurs, une soirée fut organisée en ce lieu comme dans beaucoup d'autres endroits de la ville car le public voulait encore profiter de cette journée, pour en faire le tour...
D'autres commerces de la ville proposèrent des animations.
Mardi 22 juillet, la journée de repos
Comme pour les éditions précédentes, une journée de repos était prévue après chaque journée de course, celle de ce 22 juillet 1913 fut une journée de récupération pour les organismes des coureurs après avoir passé les Alpes, le Jura et le Ballon d'Alsace, surtout que le programme du lendemain démarrait fort !
Pour le gîte, les coureurs étaient répartis dans les différents hôtels de la ville, les équipes ensembles, les isolés plus dispersés pour cause de règlement; pas plus de deux par hôtel.
Carte postale Belfort Hôtel Américain (coll. JM)
La plupart des coureurs profitèrent donc de cette journée pour recharger les batteries, pas celles de leur bicyclette car pas encore inventées… les masseurs avaient du travail pour éliminer les fatigues musculaires.
Pour certains comme Jean Alavoine, Faber et Hostein, la journée permettait de soulager leurs corps meurtris par des blessures.
Les Lions de l'équipe Peugeot-Wolber furent conviés d'aller à Beaulieu plutôt que d'aller admirer l'emblème de la ville… Ils furent reçus par Robert Peugeot, l'administrateur délégué de la société et le repas fut offert par le directeur de l'équipe Alphonse Baugé.
Carte postale Beaulieu Sortie usine Peugeot (coll. JM)
Pour d'autres, le programme fut farniente, bon repas avec un bon vin, promenade… sous les yeux du Lion.
Les vélos étaient plutôt aux garages pour leurs propres soins… mécaniques.
Fin de la première partie.
Épilogue
Dans cette première partie de l'article, on peut constater que les coureurs belges maîtrisaient cette 11e édition du Tour de France avec Marcel Buysse avec 5 victoires d'étape dont celle à Belfort et la 5e place au classement général, et surtout à la 1ère place, Philippe Thys.
À ce stade, l'équipe Peugeot avait 3 coureurs dans le TOP 5, avec Gustave Garrigou à la 2e place.
Quant au Ballon d'Alsace, un 2e coureur belge, Marcel Buysse, s'inscrivait sur la tablette du col vosgien !
JM
Liens pour accéder aux articles cités
Sommaire des Tours de France : Cliquer ici
Tour de France, le Ballon d'alsace (Article 1907) : Cliquer ici
Inauguration stèle René Pottier (Article Pottier) : Cliquer ici
Henri Desgrange (Tour 1937) : Cliquer ici
Tour de France 1913, Ballon d’Alsace & Belfort (2e partie) : Cliquer ici
Références presse : Journaux La Frontière et L’Alsace (doc. Archives départementales du Territoire de Belfort), Journal L'Auto (doc. Gallica BNF), Divers autres titres…
Référence Web : Wikipédia, Site La Grande Boucle, Divers autres Sites…
Infos pratiques
Vous pouvez laisser des commentaires sur cette présentation via le lien "Commentaires" en fin de l'article après la liste des tags.
En cliquant sur une photo ou un document, vous pouvez l’agrandir.
---o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o-----o---