La construction de la Salle des Fêtes de Belfort : Lot 10 Le poste incendie

Après les gros œuvres (maçonnerie, toiture et zinguerie), les finitions intérieures (menuiserie, plâtrerie, peinture, éclairage et chauffage), l'équipement de la scène (machinerie et décors), l'ameublement de la salle de spectacle et de l'accueil du public, vint la sécurité des lieux.

L'ouverture de la nouvelle Salle des Fêtes de Belfort était aussi conditionnée à des mesures de sécurité imposées par la réglementation et relayées par le capitaine des pompiers.

En complément de l'installation de l'éclairage de secours, elle fut équipée d'un poste incendie, via le Lot 10.

Exemple d’un équipement mobile d’incendie (Livre Le feu sacré)

Le poste incendie est traité dans cette treizième partie de l'article.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder au Sommaire des articles sur la Salle de Fêtes.

Le devis du poste incendie

Le devis initial pour la construction de la salle des Fêtes ne prévoyait pas un poste incendie. Ce fut le capitaine des pompiers, Edouard Deshaie, qui imposa cet équipement de sécurité en définissant le besoin.

Extrait carte postale Capitaine Edouard Deshaie (coll. JM)

Le capitaine avait choisi comme poste incendie, le système Rudolph, de 60 millimètres de diamètre avec une lance d’arrosage en cuivre équipé d’un robinet de 27 millimètres et de 10 mètres de tuyaux en caoutchouc de 25 millimètres de diamètre. 

Un tuyau d’incendie (Livre Le feu sacré)

Par contre, pour alimenter le poste incendie, il fallut installer une conduite d’eau en fonte de 60 millimètres, pour se raccorder au réseau, via un piquage avec un té en fonte, de 100 millimètres avec tubulure de 60 millimètres. Elle demanda la réalisation de fouilles profondes, environ d’un mètre, et des travaux de terrassement.

La conduite nécessaire à installer pour relier les deux extrémités fut estimée à 105 mètres de tuyauterie complétée des coudes pour s’adapter à la configuration du parcours dans la Salle des Fêtes.

Un robinet d’arrêt à pression de 33 millimètres finalisait l’installation.

Le devis s’éleva à 1 000,00 francs.

Extrait du devis du poste à incendie (doc. AMB)

Budget à voter

Le dessinateur délégué municipal Lucien Pfister, demanda par courrier au maire, Charles Schneider, le 11 juin 1913, de faire voter par le conseil municipal le budget nécessaire pour couvrir les frais de cette installation.

Extrait du courrier du dessinateur délégué (doc. AMB)

Dans le dossier des Archives municipales, il n'y a pas trace de la délibération à ce sujet. Pour remédier à ce fait, j'ai consulté le registre des délibérations du conseil municipal en ligne; à la date du 21 juin 1913, la demande fut traitée au sein d'un point complet sur la construction de la Salle des Fêtes, suite à l'état des lieux effectué par la commission des finances sur les travaux restant à réaliser.

Le budget demandé concernant le poste d'incendie fut acté.

Extrait du registre des délibérations du conseil municipale (coll. AMB)

L'octroi du budget fut approuvé par la préfecture, le 2 octobre 1913.

Attribution du Lot 10 : le poste incendie

Dans cette même délibération, il fut choisi de confier la réalisation de ces travaux au ferblantier belfortain Charles Wagner, installé au 9 rue de la Banque.

Le marché de gré à gré fut signé le 13 janvier 1914, pour le montant de 1 000,00 francs.

Extrait du Marché de gré à gré (coll. AMB)

L’entreprise proposa un équipement légèrement différent à la définition du Capitaine Deshaie, qui fut retenu.

Description de l'équipement

L’installation finale comprenait

   - le terrassement pour la pose de la conduite en terre, à la profondeur d'un mètre
   - la fourniture et la poste d'un té en fonte de 100 millimètres avec tubulure de 60/40 millimètres, avec coupure de la conduite de distribution
   - la fourniture d'une vanne de 60 millimètres
   - la fourniture et pose de 89 mètres de tuyaux en fonte de 60 millimètres de diamètre équipés

Exemple d’équipements d’incendie (Livre Le feu sacré)

   - la fourniture et la poste d'un poste incendie, système Rudoph, de 60 millimètres avec

      - une lance d'incendie en cuivre équipée d'un robinet
      - 20 mètres de tuyau métallique flexible de 30 millimètres
      - la fourniture et la pose d'un robinet d'arrêt à pression de 33

Lieu de son installation

Apparemment, le poste incendie fut installé sur la scène, côté loges.

Carte postale Série Bergeret Le pompier de service Acte 2 (coll. privée)

NA : "Le pompier de service" est un vaudeville-opérette en 4 actes de Paul Gavault et Victor de Cottens, musique de Louis Varney, de 1897. Fût-il joué à la Salle des Fêtes après son ouverture ?

L’installation du poste d'incendie

Quand fut opérationnelle l’installation de secours ?

D’après le document de situation d’avancement des travaux dressé au 29 décembre 1913, le poste incendie était installé, mais pas la conduite d’alimentation en eau.

Extrait du document d’avancement (doc. AMB)

Pour l’inauguration de la Salle des Fêtes du 3 janvier 1914, la situation devait être identique. Une alimentation provisoire par tuyau souple fut-elle installée pour sécuriser les lieux, il y a une forte probabilité que le capitaine Deshaie imposa cette mesure de sécurité minimale.

Carte postale Belfort Les Sapeurs-pompiers défilant en 1913 (coll. JM)

NA : Ce visuel fut photographié lors d’une inauguration, pas celle de la Salle des Fêtes, mais celle du Monument des Trois Sièges, le 15 août 1913. Ce visuel n'était pas daté, une recherche m'a permis de déterminer à quelle occasion, il fut fixé su la pellicule. Enfin de texte, un lien permet d'accéder à l'article consacré à cette recherche.

Réception de l’installation

Si on se fie au document du métrage définitif daté du 21 mars 1914, recensant les travaux effectués, l’installation du poste incendie et la conduite d’alimentation en eau étaient effectuées, donc opérationnelle.

Extrait du document d’avancement (doc. AMB)

Confirmation est donnée par le procès-verbal de la réception provisoire daté du 24 mars 1914.

Pour un tel équipement, un essai semble obligatoire, fût-il effectué lors de cette réception ?

Extrait du procès-verbal de réception provisoire (doc. AMB)

Bilan financier du Lot 10

Le montant total s'éleva à 997,50 francs, conforme à l'engagement de l’entreprise Charles Wagner, lors de la signature du marché de gré à gré, le 13 janvier 1914.

Le procès-verbal de la réception définitive ne fut signé que le 1^er décembre 1915.

Extrait du PV de réception définitive (doc. AMB)

Fin de la 13^e partie, la suite à découvrir via le Sommaire (lien ci-dessous).

Épilogue

Les travaux du Lot 10 concernent l’installation d’un poste de secours non prévu à l’origine. Il fut demandé par le capitaine des pompiers, s’appuyant certainement sur des directives officielles applicables dans un bâtiment recevant du public.

L’alimentation en eau via sa tuyauterie fixe n’était pas opérationnelle pour l’inauguration de la Salle des Fêtes; elle fut certainement compensée par une alimentation souple provisoire.

JM

Liens pour accéder aux articles cités

Sommaire des articles sur la Salle des Fêtes : Cliquer ici

Quid de cette carte photo de pompiers défilant ? : Cliquer ici

Références : Dossier Salle des Fêtes (Archives municipales de Belfort, AMB), Livre Le feu sacré (doc. Bibliothèque Deubel)

Infos pratiques  

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