Ballade automnale sur les hauts de Belfort
MAJ le 29.11.2016
Profitant d’une accalmie pluviale en ce dimanche 20 novembre, nous avons effectué une petite ballade autour des fortifications de la citadelle belfortaine avec le soleil pour témoin… et un peu de vent.
Je vous propose un article où la photographie sera reine, accompagnée de quelques vers que vous pourrez absorber sans modération.
Même si les arbres ont accéléré leur dépouillement suite à la double action conjuguée de pluies abondantes et de nombreuses bourrasques de vent depuis le 5 novembre… les couleurs d’automne éparses seront magnifiées par des extraits de leurs poèmes sur cette saison pré hivernale…
Point de départ, la place d’Armes où rayonne la mairie avec ses grappes de chrysanthèmes jaune d’or.
NA : 3 jours plus tard, la mairie a perdu cet habit d’automne…
L’automne
Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !
Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire,
J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois !
Alphonse de Lamartine (1790-1869)
Le chèvrefeuille, lonicera maacki
Chanson d'automne
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Le frêne commun, fraxinus exelsior
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Le poirier à fleurs, pyrus calleryana chanticleer
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
Paul Verlaine (1844-1896)
Miscanthus sinensis
L'automne
On voit tout le temps, en automne,
Quelque chose qui vous étonne,
C'est une branche tout à coup,
Qui s'effeuille dans votre cou.
C'est un petit arbre tout rouge,
Un, d'une autre couleur encor,
Et puis partout, ces feuilles d'or
Qui tombent sans que rien ne bouge.
Le Callicarpa bodinieri var giraldii ou arbuste aux bonbons
Nous aimons bien cette maison,
Mais la nuit si tôt va descendre !
Retournons vite à la maison
Rôtir nos marrons dans la cendre.
Lucie Delarue-Mardrus (1880 - 1945)
Un miscanthus et en arrière plan des spirées
Automne
Matins frileux
Le vent se vêt de brume;
Le vent retrousse au cou des pigeons bleus
Les plumes.
La poule appelle
Le pépiant fretin de ses poussins
Sous l’aile.
Panache au clair et glaive nu
Les lansquenets des girouettes
Pirouettent.
Baies d’églantier
L’air est rugueux et cru;
Un chat près du foyer se pelotonne;
Et tout à coup, du coin du bois résonne,
Monotone et discord,
L’appel tintamarrant des cors
D’automne.
Rayons d’octobre
Les rayons ont pâli, leurs clartés fugitives
S’éteignent tristement dans les cieux assombris.
La campagne a voilé ses riches perspectives.
L’orme glacé frissonne et pleure ses débris.
Adieu soupirs des bois, mélodieuses brises,
Murmure éolien du feuillage agité.
Adieu dernières fleurs que le givre a surprises,
Lambeaux épars du voile étoilé de l’été.
Le jour meurt, l’eau s’éplore et la terre agonise.
Les oiseaux partent. Seul, le roitelet, bravant
Froidure et neige, reste, et son cri s’harmonise
Avec le sifflement monotone du vent.
Nérée Beauchemin (1850-1931)
Novembre
Aux taillis où ronronne
Déjà le vent frileux,
Les colchiques d'automne
Ont ouvert leurs yeux bleus,
Ont vu de tristes choses,
Les colchiques ont vu,
Dès l'heure où tout explose,
La mort rauque à l'affût,
Ont vu le long des sentes,
Ont vu passer la peur
Rampante ou bondissante
Dans la lumière en fleur,
Novembre
Quand l’Automne, abrégeant les jours qu’elle dévore,
Éteint leurs soirs de flamme et glace leur aurore,
Quand Novembre de brume inonde le ciel bleu,
Que le bois tourbillonne et qu’il neige des feuilles,
Ô ma muse ! en mon âme alors tu te recueilles,
Comme un enfant transi qui s’approche du feu.
Victor Hugo (1802-1885)
Novembre
Je te rencontre un soir d'automne,
Un soir frais, rose et monotone.
Dans le parc oublié, personne.
Toutes les chansons se sont tues :
J'ai vu grelotter les statues,
Sous tant de feuilles abattues.
Charles Cros (1842-1888)
La Mort du Soleil
Le vent d’automne, aux bruits lointains des mers pareil,
Plein d’adieux solennels, de plaintes inconnues,
Balance tristement le long des avenues
Les lourds massifs rougis de ton sang, ô soleil !
La feuille en tourbillons s’envole par les nues;
Et l’on voit osciller, dans un fleuve vermeil,
Aux approches du soir inclinés au sommeil,
De grands nids teints de pourpre au bout des branches nues.
Charles Leconte de Lisle
Octobre
Le vent fera craquer les branches
La brume viendra dans sa robe blanche
Y aura des feuilles partout
Couchées sur les cailloux
Octobre tiendra sa revanche
Le soleil sortira à peine
Nos corps se cacheront sous des bouts de laine
Je t'offrirai des fleurs
Et des nappes en couleurs
Pour ne pas qu'Octobre nous prenne
On ira tout en haut des collines
Regarder tout ce qu'Octobre illumine
Mes mains sur tes cheveux
Des écharpes pour deux
Francis Cabrel (1953)
Voici que la saison décline,
L’ombre grandit, l’azur décroît,
Le vent fraîchit sur la colline,
L’oiseau frissonne, l’herbe a froid.
Voici que la saison décline de Victor Hugo
Epilogue
Je laisse à un autre poète le soin de clôturer cet article dédié à l’automne.
Cartes postales sur le thème de l’automne
Il me semblait logique de finir avec les vers de ’’Rythme d’automne‘’ de notre poète belfortain, Léon Deubel.
Que le vent qui fait rage
Est fier de surmonter ses rives de feuillage !
Que les routes rompues
Sont lasses aujourd'hui d'être encor parcourues !
Que les vergers difformes
Aux bras tors sont heureux de rêver qu'ils s’endorment !
Que la fane est légère !
Que tes pas pèsent peu sur la terre !
JM (texte et photos)
Remerciements à Alain Hunsinger pour avoir corrigé et donné les noms des végétaux identifiés.
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