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LE CARTOPHILION
16 février 2017

Un ballon captif sur Belfort où télégraphie rime avec sténographie

MAJ le 26 août 2019

Récemment j’ai acheté une carte postale, plus précisément une carte photo*,  assez intéressante au demeurant, avec un ballon captif pris au-dessus de l'immeuble Au Bon Marché (aujourd’hui Monoprix).

*Carte photo : La carte photo a le format et le recto d’une carte postale mais avec un film positif en son recto où ne figure aucun texte apposé par l’éditeur. Elle peut avoir au verso le nom du photographe.

Belfort 1912 07 31 CPhoto Ballon R

Recto de la carte photo

Avec ce cliché, le photographe a mémorisé cet événement particulier, de plus, la carte a voyagé permettant de le dater, tout au moins au plus tard. Le timbre porte le cachet du 31 juillet 1912 (un mercredi).

Par contre l’insolite n’est pas dans le recto de cette carte photo mais en son verso car surprenant… le texte rédigé par l’auteur est écrit en sténographie ou appelé sténo dans le langage usuel !

Belfort 1912 07 31 CPhoto Ballon V

Verso de la carte photo

La sténographie

Avant de poursuivre plus en avant sur le contenu énigmatique écrit demandant un déchiffrage, effectuons un petit aparté sur cette méthode d’écriture particulière.

La sténographie ou tachygraphie est une méthode d’écriture rapide permettant de tenir le rythme de la parole. Elle utilise des signes conventionnels.

CPA Limoges Cours de sténo dactylo

Carte postale Limoges Cours de sténo dactylo (lignes de sténo sur les tableaux)

Le premier à l’utiliser serait le philosophe Xénophon (-430-355) dès 405 avant JC pour transcrire les discours de son maître, le philosophe grec Socrate (-470-399).

Dans l’Egypte antique, les scribes avaient recours à l’écriture hiératique, une forme de sténographie, pour simplifier l’écriture des hiéroglyphes.

CPA Sténographie dans désert R

Carte postale La sténographie en Egypte

La sténographie, sous des formes différentes a traversé les siècles, présente  sous l’Empire romain, utilisée au Moyen-âge jusqu’au premier traité d’écriture abrégée établi en 1602 par l’anglais John Willis (1575-1625). Il s’appuyait sur 29 signes différents permettant de transcrire un texte sous une forme phonétique. Ses concitoyens vont poursuivre le travail entrepris et éditer plusieurs méthodes dont celles de Thomas Shelton en 1626 et 1635, de Samuel Taylor en 1786, d’Isaac Pitman en 1837, de John Robert Gregg en 1888…

Carte Enseignement sténographie

Publicité de la Société Française d’Enseignement Sténographie

En France, si Jacques Cossard édite sa méthode en 1651, il faut attendre la Révolution française pour que la sténographie prenne son essor lié à la volonté d’enregistrer les débats parlementaires. La méthode anglaise de Taylor fut traduite et éditée une première fois en 1792 par Théodore-Pierre Bertin pour être utilisée à ces fins.

CPA Sténographie Duployé R

Carte postale Sténographie Duployé sur sa méthode d’apprentissage

Comme en Angleterre, plusieurs versions de cette méthode d’écriture vont naître; comme celles de Louis Félix Conen dePrépean en 1813, d’Hippolyte Prévost en 1828, de Louis Prosper Guénin en 1871, d’Albert Delaunay en 1878 et enfin celle d’Odilon Calay en 1901, qui serait la plus rapide des versions.

Fève Les Hieroglyphes

Fève Les hiéroglyphes

Pour faire un parallèle avec la carte postale, l’Age d’or de la sténographie débuta elle aussi à la fin du 19ème siècle, avec les besoins liés au  développement commercial.

Parallèlement, une autre méthode concurrente va se développer dès 1827, la sténotypie; elle repose sur la phonétique. Elle utilise une dérivée de la machine à écrire, la sténotype composée d’un clavier comprenant 21 touches (modèle Marc Grandjean) permettant d’atteindre une vitesse de 220 mots à la minute.

Sténotype Grandjean R

Une sténotype Grandjean

Le ballon captif

Le ballon captif est un aérostat relié au sol par un câble, il est piloté par un aérostier. A ne pas confondre avec l’aéronaute celui qui s’envoie en l’air. Si l’aérostier peut quitter le plancher des vaches pour monter dans une nacelle, le ballon reste captif, non autonome.

CPA Versailles Ecole des ballons 1er génie

Carte postale Ecole d’aérostiers à Versailles

Les aérostiers

Après avoir été dissoutes par Bonaparte, les compagnies d’aérostiers renaissent en 1886, le 19 mai, quatre compagnies sont crées et affectées aux places fortes que sont Verdun, Toul, Epinal et Belfort sous les ordres du génie.

CPA André Auguste Edouard Hirschauer

 

 

Elles sont regroupées en 1900 pour constituer le 25ème bataillon du génie sous les ordres du colonel Auguste Édouard Hirschauer (1857-1943) et furent implantées à Versailles, au sein du 1er régiment de génie.

 

 

   Carte postale du général Hirschauer

 

Si Versailles ne fut point le premier site réel de l’aviation militaire, il fut l’un des quatre premiers créée le 1er novembre 1910. Rejoignant Vincennes, Chalais-Meudon avec ses 2 sites.

Le drapeau de l’aéronautique

Le 14 juillet 1912, le lieutenant-colonel Jules-Stanislas Voyer commandant des sapeurs-aérostiers reçoit du Président de la République, Armand Fallières, le drapeau de l’aéronautique portant la devise Fleurus, Extrême-Orient et Maroc; noms des campagnes effectuées par les aérostiers.

Si la bataille de Fleurus (Belgique) du 26 juin 1793, fut retenue comme le premier fait d’armes, un vol de repérage eut lieu dès le 24 à Maubeuge. L’équipage de l’Entreprenant était composé du capitaine aérostier Jean Marie Joseph Coutelle et du général Antoine Morlot, chef d’Etat-major du général Jean-Baptiste Jourdan qui défit les autrichiens commandés par le Prince de Cobourg grâce aux informations fournies vues du ciel.

Image Historia Fleurus 1794 Gal Jourdan L'Entreprenant

Image Historia Général Jourdan & le ballon l’Entreprenant à Fleurus

La campagne d’Extrême-Orient est celle effectuée principalement au Tonkin en 1884 où la section d’aérostiers apporta une forte contribution au corps expéditionnaire et d’une moindre mesure en Chine en 1901 où les combats avec les Boxers étaient terminés. La dernière campagne à l’honneur, celle du Maroc en 1907, se déroula à Taddert, Sidi-Brahim, Kasbah-Mediouna et à Sidi-Aïssa.

CPA Mediouna Campagne du Maroc

Carte postale Camp de Mediouna, ballon en second plan

Le 25ème bataillon du génie

Le 25ème bataillon du génie était composé de 8 compagnies de campagne et de 4 compagnies de place (Epinal, Toul, Verdun et Belfort). Ces compagnies étaient équipées dans un premier temps de ballons sphériques de 540 m3 avec treuil à vapeur de campagne et ensuite des 750 m3 avec treuils à vapeur de siège. Les compagnies de place possédaient six sections, chacune avec un ballon.

CPA Aérostiers avec ballons

Carte postale Des aérostiers avec leurs ballons

Le déploiement des ballons étaient d’une part pour permettre le développement de la télégraphie et d’autre part destiné à la surveillance aérienne aux abords de la frontière.

Rôle des ballons captifs sans nacelle

Les aérostiers étaient aux commandes de ballons captifs destinés à permettre les échanges télégraphiques sans fil via des antennes. Appelé aussi ballon porte-antenne, il fut l’un des premiers dispositifs capables d’élever une antenne radioélectrique pour assurer la transmission entre un émetteur et un récepteur éloigné.

Belfort CPA Bllon captif où

Carte postale Ballon captif lors d'essais de télégraphie (collection privée LL)

Rôle des ballons captifs avec nacelle

L’utilisation de ballons captifs permettait de surveiller les déplacements des ennemis et d’informer les troupes au sol, voire de guider l’artillerie. Mais ils étaient une proie facile pour les aviateurs ennemis !

CPA Aérostiers en campagnes

Carte postale Les aérostiers à la manœuvre, nacelle visible

Présence des aérostiers à Belfort

La compagnie des aérostiers affectée à la place de Belfort était certainement cantonnée au parc à ballon du champ de Mars, information sans certitude. Car dépendante du génie, elle pouvait être installée à la caserne Vauban mais son exiguïté aurait-elle permis d’accueillir une centaine d’hommes ?

Chaque place choisie fut équipée de six ballons. Les aérostiers devaient être affectés au gré des  missions en plusieurs lieux pour effectuer les essais de transmission; à Belfort mais aussi sur sa couronne est, comme au village de Roppe en autre.  

Belfort CPA Ballon captif Savoureuse

Carte postale d’un ballon captif au-dessus de la savoureuse en 1911

Texte au verso de la carte

Revenons à nos moutons, si je suis sérieux, ceux qui se trouvent dans le ciel où volaient des ballons captifs…

Comme je n’y connais pas un souffle de vent sur l’écriture sténo, j’ai fait appel à une connaissance et bingo, elle a put me décrypter le texte car il était écrit avec une méthode connue, la Prévost-Delaunay* ! 

*Prévost-Delaunay : Albert Delaunay développa sa méthode en s’appuyant sur celle d’Hippolyte Prévost éditée en 1828, CQFD.

Memento Sténographie

Mémento de sténographie Système Prévost-Delaunay

Le texte traduit est en relation direct avec le sujet de la carte, tout au moins sa première partie : 

Mes chers parents,

Je vous écris ces quelques lignes pour vous donner de mes nouvelles et pour vous en demander.

Vous avez peut être appris par les journaux que notre ballon s’est échappé lundi matin suite à un choc violent.

C’est ce ballon dont vous voyez aujourd’hui la photographie en carte postale au moment de son passage à travers Belfort.

C’est aujourd’hui mercredi et je vous serais bien obligé de ne pas employer le petit bon de…

NA : Le rédacteur précise qu’il écrit sa carte un mercredi, hors le 31 juillet 1912 est bien un mercredi, date du cachet.

Belfort 1912 07 31 CPhoto Ballon VR

 Les premières lignes de sténo figurant sur la carte postale

NA : La suite du texte n’apporte pas d’informations supplémentaires par rapport au sujet de la carte, il est d’ordre familial.

A la lecture du texte, on peut supposer que l’émetteur est certainement un des pilotes aérostiers en charge de ballon captif. Il rapporte que le filin d’un ballon a cassé suite à un choc, sans précisez la cause ! 

Mes recherches dans la presse de cette période rapportent l’incident avec des différences notables suivant les journaux…

Belfort CPA Journaux

Carte postale sur la presse belfortaine

Le journaliste de L’Alsace du 30 juillet 1912 rapporte que lundi matin, des aérostiers effectuaient des exercices avec un ballon captif du côté de Roppe, (village au nord est de Belfort) quand le crochet du câble se cassa, libérant ainsi l’aérostat dans les airs. Il retombait à deux kilomètres de son point départ, sans avaries. 

1912 07 30 A L'Alsace

Tandis que le journaliste de La Frontière, édition du 1er août, lui, explique qu’un ballon sphérique du parc de siège* (caserne Vauban ?) a brisé ses amarres lundi matin, s’est élevé à environ 3000 mètres et puis a éclaté. Il  retomba peu loin de son point de départ.

NA : Cette appellation ‘’parc du siège’’ est une grande inconnue ! Tous ceux à qui j’ai demandé un avis ne l’ont jamais entendu… je suis preneur de toute information sur ce lieu mystère.

Grâce à Philippe, l'inconnue est levée (voir son commentaire). Ce n'est pas le "parc du siège" mais le "parc de piège" qui correspond au lieu où l'on parque les canons dans les casernes d'artillerie.

Ce parc de siège était probablement celui de la caserne Vauban.

1912 08 01 A La Frontière

Le journal Le Haut-Rhin Républicain du 1er août donne les mêmes informations que le journal de La Frontière mais situe l’incident le mardi.

1912 08 01 C Le Haut Rhin Républicain

A la lecture de ces trois journaux, il n’est pas aisé d’avoir des certitudes sur l’évenement rapporté ! Toutefois à partir des informations décrites, je penche sur le compte-rendu du journal La Frontière, lequel est en phase avec le texte au verso de la carte photo.

Eh ! me direz-vous, pourquoi tant de circonvolutions !

Je suis assez dubidatif que ce cliché soit l’instantané de l’évènement ! Si on regarde cette photo, le photographe devait être dans un étage élevé de l’immeuble des Galeries Pariennes (France Loisirs, aujourd’hui) pour avoir une vue plongeante sur le pont Sadi Carnot.

Belfort CPA Faubourg Ancêtres

Carte postale, à droite l’immeuble des Galeries Parisiennes

Le ballon libéré de ses chaînes aurait-il attendu patiemment que le photographe saisisse cet instantané le lundi 29 juillet… pour que l’aérostier puisse acheter la carte photo et la poster le mercredi !

J’ai un doute, voire un gros doute… Le cliché n’a-t-il pas pu être pris quelques jours avant ? Quand les aérostiers effectuaient des manœuvres dans la caserne Vauban où était le régiment du génie…

Belfort 1912 07 31 CPhoto Ballon RR2

Sur le cliché, on voit le filin bien tendu avec un angle d’inclinaison pouvant confirmer, sans certitude, qu’il est attaché depuis cette caserne…

Au bas de la photo, on voit beaucoup de monde attroupé sur le pont Carnot regardant le ballon captif qui doit être tenu par son câble…

Belfort 1912 07 31 CPhoto Ballon RR1

Zoom du bas de la photo (pas très net)

NA : Ce type de support souffre souvent d’une altération en bordure, ne permettant pas d’avoir une bonne netteté.

D’après son édition du 21 juillet du journal La Frontière signale qu’une compagnie d’aérostiers était arrivée à Belfort depuis quelques jours en provenance de Versailles où était cantonnée l’école militaire des ballons, attachée au 1er régiment du génie. Il apporte un complément le 4 août où il communique le nombre d’aérostiers qui ont rejoint la Cité du Lion, 3 officiers et 98 soldats. Ils semblent être venus avec un seul ballon.

CPA Versailles Bataillon aérostiers

Carte postale Illustration du bataillon des aérostiers de Versailles

Un autre élément me perturbe, l’aérostier écrit le 31 juillet ‘’Vous avez peut être appris par les journaux que notre ballon s’est abîmé lundi matin par suite d’un vent trop violent.’’

Si l’aérostier rapporte l’incident du lundi 29 juillet, dans notre région, seul le journal L’Alsace informe ses lecteurs le lendemain; La Frontière et le Haut-Rhin Républicain, eux, communiquent seulement ce fait le 1er août. Les destinataires de la carte résidant à Charenton (commune au sud-est de Paris), la presse nationale avait-elle été aussi réactive que le journal L’Alsace ?

CPA Charenton

Carte postale Multivues de Charenton

Après ces constats posés, il était nécessaire de creuser un peu plus la presse sur cette période…

Dans les trois journaux, aucun article ne relate un incident de ce type ce qui nous ramène à celui du 29 juillet.

Par contre, dans le journal L’Alsace du 28 juillet, un journaliste signale un autre incident. Les aérostiers, au début de l’après-midi de la veille, ont été confrontés à un problème lors du retour d’exercices effectués autour de Belfort. Dans le faubourg de Montbéliard, le ballon, en l’air, accroché au treuil à vapeur était bloqué par les lignes téléphoniques tirées entre le théâtre et le bureau de poste.

CPA Véhicule treuil aérostat

Carte postale d’un chariot avec un treuil à vapeur

Pour franchir cet obstacle, des sapeurs durent monter sur le toit du théâtre pour raccorder un second filin au ballon et décrocher l’autre afin de permettre le passage de l’équipement… leur permettant de rejoindre le parc.

Belfort CPA Postes télégraphiques

Carte postale Belfort Le bâtiment des postes télégraphiques

Epilogue

Pour conclure sur cet évènement, il est probable que l’aérostier rapporte bien à ses correspondants l’incident survenu le lundi 29 juillet concernant la rupture du câble retenant le ballon captif épris de liberté… par contre, le visuel de la carte est plausiblement un cliché pris un peu avant cette date…

L’aérostier a-t-il utilisé la sténographie pour se préserver d’une lecture de son courrier ? Ou autre ? Par contre son correspondant devait connaître ce mode d’écriture.

JM

Mes remerciements à Pascale F. pour avoir décrypter le texte de la carte photo.

Référentiel Web : Wikipédia, divers autres sites

Références textes : Les journaux L’Alsace, La Frontière et Le Haut-Rhin Républicain (collections Archives municipales),

Infos pratiques  

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Les textes en gras et soulignés sont des liens vers d'autres articles... En cliquant dessus vous êtes dirigés vers ceux-ci.

En cliquant sur une photo, vous pouvez l’agrandir.

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Commentaires
P
Bonjour JM,<br /> <br /> <br /> <br /> Le terme parc du siège ne correspond pas à une dénomination propre à la place de Belfort, c'est un terme générique. Sauf que la il est improprement orthographié ce qui prête à confusion. Il ne s'agit pas de parc du siège, mais de parc de siège. C'est la que l'on parque les canons de différents calibres donc l'artillerie. D'ailleurs le journal l'écho d'Alger du 30 juillet 1912 est le seul journal national qui ne répète pas cette erreur de parc du siège, mais parle lui correctement de parc d'artillerie de siège.<br /> <br /> Tu n'as donc plus qu'à trouver où pouvait être parquée l'artillerie pour savoir d'où était lancé le ballon. Mais attention, il pouvait y avoir plusieurs parcs d'artillerie. Bonnes recherches !
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D
Et j'ai été belfortain une année, il y a plus de 30 ans!
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D
Par suite d'un choc trop violent, et non d'un vent, cher Cartophile.<br /> <br /> Un philosophe stenographe du dimanche!☺
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P
Excellent article avec toutefois une petite erreur: les Galeries Modernes n'étaient pas l'immeuble du Monoprix actuel mais se trouvaient en face. Amicalement Patrice Pruniaux.
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