Concours International de Gymnastique & de Tir du 13 au 15 août 1910 à Belfort, samedi 13 août, acccueil Sociétés (3e partie)
MAJ le 24 janvier 2021
Avec cette troisième partie, nous découvrons le déroulement de la première journée du Concours International de Gymnastique et de Tir organisé à Belfort, celle du samedi 13 août 1910.
Carte postale annonçant le Concours (coll. JM)
L'organisation de ce Concours fut confiée aux deux sociétés belfortaines de gymnastique, L'Alsacienne et La Belfortaine, par l'Union des Sociétés de Gymnastique de France. Il se déroula avec l'appui de la municipalité belfortaine.
NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder au sommaire, ainsi qu'à la partie suivante.
Samedi 13 août 1910
Après des mois de préparation, sous le pilotage du Comité d'organisation, les différentes Commissions thématiques avaient mené à bien les actions pour mettre en œuvre le projet de ce Concours International de Gymnastique et de Tir.
Page modifiée d'en-tête du rapport du Concours (coll. AMB)
Leurs efforts furent récompensés par la présence de 70 Sociétés réunissant environ 2000 athlètes, la venue du sous-secrétaire d'État aux Finances, René Renoult…
Le programme élaboré pour ces trois journées, autour du Concours, était fort alléchant, avec plusieurs animations supplémentaires, ne restant plus que Phébus soit au rendez-vous ! Là, elles n'avaient aucun pouvoir sinon croiser les doigts ou brûler un cierge !
Le programme de la journée
La journée du samedi 13 août, du moins l'après-midi, était principalement destinée à la réception des Sociétés participantes. Une animation collective était prévue en soirée.
15h30 Réunion du Jury
20h00 Réunion des Moniteurs à l'Hôtel de ville
20h30 Retraites aux flambeaux par les musiques civiles et militaires
Décoration de la ville
Dans le cadre de l'embellissement de la Cité du Lion, un effort tout particulier fut effectué dans l'environnement de la gare. N'était-elle pas la porte d'entrée de la ville à l'occasion de ce Concours ?
La gare, elle-même fut ornée de drapeaux et un arc de triomphe à l'entrée de son parvis affichait cette inscription, du côté de la sortie des voyageurs :
"Honneur à nos hôtes !"
De l'autre côté, elle affichait l'inscription :
"Vive la France"
Carte postale Belfort Gare Arc de triomphe (coll. privée)
NA : C'est à l'occasion de la préparation de l'article, que j'ai pu dater cette carte postale; pour savoir comment, un lien en fin de texte permet d'accéder à l'article.
Cette résolution de l'énigme m'a permis aussi de décoder les informations contenues dans le journal La Frontière, rapportées par le journaliste au sujet de ces décorations ! Quand il citait une banderole, il donnait les libellés recto et verso accolés sans signaler qu'ils étaient répartis en réalité sur les faces.
Journal La Frontière du 18 août 1910, extrait article (coll. AD90)
Une banderole était instalée autre à l'entrée de la rue Thiers où l'on pouvait lire :
"Honneur à la jeune France"
À l'entrée du faubourg de France, en allant en direction du pont Carnot, une autre superbe banderole portait les inscriptions suivantes, :
"Honneur aux Alsaciens !"
Carte postale (extrait) Belfort Entrée faubourg de France (coll. BF)
Et au dos, en allant en direction de la gare :
"Vive l'Alsace"
Ce n'était pas les seules, une troisième située un plus haut dans ce faubourg, à la hauteur de la Grande Taverne, rendait hommage aux athlètes :
"Honneur aux gymnastes !"
D'un côté, et de l'autre côté :
"Pour la Patrie"
À la hauteur du pont sur la Savoureuse, un arc de triomphe portait l'inscription, en allant en direction de la Vieille ville :
"Vive Renoult !"
Carte postale Belfort Pont Carnot Arc de triomphe (coll. BF)
En l'honneur du représentant du gouvernement, remplaçant le Président de la République, le sous-secrétaire d'Etat aux Finances, René Renoult.
Carte postale (extrait) Belfort Pont Carnot Arc de triomphe (coll. privée)
De l'autre côté, l'inscription était :
"Vive la République !"
Les belfortains ayant entendu l'appel de leur maire, avaient pavoisé maisons et immeubles avec drapeaux, oriflammes… À noter, qu'au faubourg de Vosges où nombre d'alsaciens résidaient, les habitants avaient décoré avec grand goût pour accueillir et loger un grand nombre de leurs compatriotes et même des suisses.
Accueil physique des Sociétés
La majorité des Sociétés arrivait par le train. Fidèles à leur exactitude légendaire, les premières furent les Sociétés suisses. Elles débarquèrent sur les quais de la gare avec plein d'entrain. Il était vrai qu'elles venaient, nombreuses, avec leur musique. Elles furent accueillies à leur descente par les commissaires, accompagnés d'un membre du Comité, qui les prirent en charge.
Carte postale Belfort La gare (coll. JM)
Un passage obligé fut l'Hôtel du Chalet, où elles recevaient les bons de couchages et divers autres pièces liées à l'organisation du Concours, le tout pour leur faciliter leur séjour à Belfort.
Carte postale Belfort L'Hôtel du Chalet (coll. JM)
Les commissaires accompagnèrent les Sociétés pendant toute la durée de leur séjour.
Leurs déplacements dans la ville ne passaient pas inaperçues et rapidement les rues de la Cité du Lion furent noires de monde sous une pluie de notes de musique qui remplaçaient à merveille, la pluie de ces derniers jours…
Réception des membres du Jury
Les membres du Jury avaient rendez-vous à l'Hôtel de ville à 15 heures; ils reçurent les dernières instructions par le Moniteur Général du Concours, Émile Parrot.
En l'absence du maire, Charles Schneider, il revint au président du Comité d'organisation Émile Marlin de recevoir ensuite, les membres du Jury, à l'Hôtel de ville.
Carte postale Belfort L'Hôtel de ville (coll. JM)
Après avoir excusé le maire souffrant, il souhaita une cordiale bienvenue aux membres présents et les félicita d'avoir accepté cette fonction pas évidente demandant une attention soutenue et une grande impartialité. Il poursuivit son discours en soulignant que pour les profanes, ce poste n'est pas vraiment considéré ! Pourtant "la gymnastique est en effet une science qu'il ne faut pas confondre avec l'acrobatie, une science qui demande une longue et réelle pratique. Pas plus que l'on ne demandera au premier venu d'apprécier un devoir de physique ou de chimie, pas plus on ne pourra demander au premier venu d'apprécier un exercice de gymnastique… Messieurs, que j'appellerai des savants en gymnastique, vous chercherez à déterminer la réelle valeur d'un exercice sans vous laisser surprendre par ces tours qui ne cherchent qu'à frapper l'œil."
Photo Émile Marlin (doc. Dico SBE)
Il continua en rappelant qu'ils étaient choisis car "… nous savons que tous, civils ou militaires, vous avez pratiqué ou enseigné la gymnastique, soit dans nos sociétés, soit au régiment. Les gymnastes pourront être certains d'être jugés selon leur réelle valeur… Il ne saurait en être autrement, avec des jurés compétents , consciencieux, ayant à leur tête un président comme M. Deflandre, des vice-présidents comme MM. Abt et Capitaine, un secrétaire comme M. Chamot. Ils sont connus des gymnastes Alsaciens, Suisses, Français."
Il termina en remerciant à nouveau les membres du Jury et en renouvelant la bienvenue dans la Cité du Lion.
Retraites aux flambeaux
Au soir de la première journée, tournée sur l'accueil, le Comité proposa des retraites aux flambeaux, d'une part civile et d'autre part militaire. Les deux genres possédaient chacune deux trajets différents permettant ainsi de couvrir l'ensemble de la ville.
Ce dédoublement était un principe récurent très apprécié.
Carte postale Retraite aux flambeaux (coll. privée)
Donc en réalité, le public devait choisir à laquelle des quatre, voulait-il y participer ou simplement regarder passer le cortège ? Mais lequel ? Dilemme !
Retraite civile aux flambeaux Nord
Les Sociétés participantes rejoignirent leur lieu de regroupement pour 20 heures, la rue de Cravanche.
Carte postale Belfort Rue de Cravanche (coll. JM)
Le départ fut donné à 20h30.
Cette retaite de l'itinéraire nord partit de cette rue pour s'engager dans le faubourg des Vosges, tourna dans la rue de Mulhouse, puis pris la rue Voltaire, ensuite la rue de Châteaudun, repris le faubourg des Vosges jusqu'à la rue du 14 Juillet, contourna les Cités Alsaciennes, termina par l'avenue d'Alsace avec la dislocation sur la place du Marché.
Trajet retraite civile aux flambeaux Nord (réal. BF)
Pour ce trajet, la retraite nord était composée d'une section des Sapeurs-pompiers, de l'Harmonie des Usines et de la fanfare de La Lorraine.
Retraite civile aux flambeaux Sud
À 20 heures, les Sociétés participantes rejoignirent, elles aussi, leur lieu de regroupement situé au bout du faubourg des Ancêtres, côté nord.
Le départ fut donné lui aussi à 20h30.
Carte postale Belfort Nord du faubourg des Ancêtres (coll. JM)
La retraite de l'itinéraire sud partit du faubourg des Ancêtres, continua par le faubourg de France, l'avenue de la Gare, tourna dans la rue de la Banque et continua par la rue Denfert-Rochereau, prit l'avenue de l'Arsenal, le quai Vauban, tourna sur le boulevard Carnot, la rue de la Porte de France, la place d'Armes, la rue de la Grande Fontaine, la Grande Rue, la rue Lecourbe avec la dislocation sur la place d'Armes.
Trajet retraite civile aux flambeaux Sud (réal. BF)
Pour ce trajet, la retraite civile sud comprenait une Compagnie des Sapeurs-Pompiers avec tambours et clairons, La Lyre Belfortaine et le Cycle Belfortain.
La retraite aux flambeaux s'arrêta devant le domicile du maire Charles Schneider, au 53 faubourg de France. Un morceau fut joué en son honneur; ce dernier vint les saluer depuis son balcon et remercia les intervenants.
Retraite militaire aux flambeaux Ouest
Comme pour les retraites aux flambeaux civiles, les retraites militaires se présentèrent en leur lieu de départ.
Pour la retraite aux flambeaux côté Ouest, ce fut la musique du 42e Régiment d'infanterie qui prit position sur le boulevard Carnot, à 20 heures.
Carte postale Belfort Boulevard Carnot (coll. JM)
La retraite militaire aux flambeaux Ouest, quitta le boulevard à 20h30 pour s'engager dans la rue du Général Reiset, tourna dans la rue Metz-Juteau et fit un arrêt devant la maison du général commandant la 14e Division, Augustin Dubail. La musique militaire joua un morceau en son honneur. La retraite emprunta le quai Vauban puis la rue de la Gendarmerie, le faubourg des Ancêtres et s'arrêta à nouveau, ici devant la maison du maire, Charles Schneider, et là aussi joua un morceau en son honneur.
Trajet retraite militaire aux flambeaux Ouest (réal. BF)
La retraite poursuivit son itinéraire par le faubourg de France, emprunta le passage à niveau pour s'engager dans le faubourg de Lyon, redescendre l'avenue du Lycée, tourna dans la rue du Pont Neuf, l'avenue de la Gare, la rue Thiers, le faubourg de Montbéliard, la rue des Barres.
Retraite militaire aux flambeaux Est
La deuxième retraite militaire aux flambeaux couvrant la partie Est de la ville était menée par la musique du 35e Régiment d'infanterie; elle prit position à 20 heures rue de la Porte de France.
Carte postale Belfort Rue de la Porte de France (coll. JM)
Le départ fut donné lui aussi à 20h30 en empruntant la rue longeant la place d'Armes, passa devant Saint-Christophe et s'arrêta devant l'Hôtel du Gouverneur; la musique militaire joua un morceau en l'honneur du Gouverneur de la Place, François Eugène Azibert..
Trajet retraite militaire aux flambeaux Est (réal. BF)
Elle reprit son itinéraire via la rue de l'Hôtel de Ville, emprunta la rue de l'Arsenal, la rue Denfert-Rochereau, puis la rue Legrand, la rue Scheurer-Kestner, tourna dans le faubourg de Montbéliard, le pont Carnot, le boulevard Carnot, elle s'arrêta devant la Préfecture pour jouer un morceau. Elle poursuivit sa procession via à nouveau la place d'Armes, la rue de la Grande Fontaine, pour terminer à la Porte de Brisach.
À ces quatre retraites s'étaient jointes un nombreux public joyeux et aussi des Sociétés suisses et alsaciennes avec leur traditionnels tambours-majors, leurs musiques, leurs tambours et clairons. Elles furent chaleureusement ovationnées.
Chromo Retraite aux flambeaux (coll. privée)
Beaucoup de visiteurs alsaciens étaient déjà présents dans la ville accueillis en hôtel ou chez les habitants, chez de la famille ou des connaissances.
Après cette animation, la soirée était loin d'être terminée pour de nombreux fêtards qui trouvaient places dans les restaurants, les cafés, les bistrots, les bouges…
Épilogue
Le Comité d'organisation et la municipalité furent soulagés du bon déroulement de cette première journée avec l'arrivée de la plus grande partie des Sociétés et déjà, la présence de beaucoup de visiteurs, qui fit que la ville grouillait de monde.
Le public fut enchanté par les retraites aux flambeaux qui virent la participation d'un grand nombre de membres des Sociétés dont leurs musiques; en se joignant aux cortèges, elles apportèrent encore plus d'allégresse.
Pour la suite de cet article, un lien ci-dessous permet d'accéder au Sommaire ou à la partie suivante de l'article.
JM
Liens pour accéder aux articles cités
Sommaire du Concours du 13 au 15 août 1910 : Cliquer ici
Concours du 13 au 15 août 1910, le dimanche 14 août : Cliquer ici
Quid de la carte postale de cet arc de triomphe à Belfort : Cliquer ici
Références textes : Les journaux L’Alsace et la Frontière (coll. Archives Municipales de Belfort, "AMB" et Archives Départementales du 90, ‘’AD90’’), Programme du Concours (coll. AMB), Rapport général des Fêtes (coll. AMB),
Infos pratiques
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