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LE CARTOPHILION
9 juin 2021

Statue Quand-Même d’Antonin Mercié, cérémonie au Monument des Mobiles & banquet (4e partie)

La journée du dimanche 31 août fut un grand moment de solennité avec le défilé des Mobiles ayant défendu la Place forte de Belfort lors du Siège de 1870-1871, suivi de l'inauguration de la statue. Mais elle était loin d'être finie…

CPA Belfort Monument des Mobiles

Carte postale Belfort Monument des Mobiles (coll. JM)

La quatrième partie est consacrée à la cérémonie au cimetière des Mobiles, un autre grand moment de solennité, au banquet et aux dernières animations.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder au Sommaire et aux parties précédentes de l'Article.

Cérémonie au cimetière des Mobiles

Au programme de la journée, après l'inauguration de la statue, il était prévu que les délégations des Mobiles aillent rendre hommage à leurs valeureux frères d'armes morts au champ d'honneur pour la défense de la Place forte de Belfort.

16 heures, reformation du cortège

Le cortège se reforma dans la même disposition qu'au début de l'après-midi; les autorités civiles et militaires, ainsi que les invités l'intégrèrent. Elles se placèrent derrière M. Huntz-Buchler, le doyen des médaillés du Siège, le porte-drapeau de la relique de l'Hôtel de Ville. 

Belfort Drapeau du Siège Le Monde Illustré

Gravure Le drapeau du Siège (doc. Le Monde Illustré)

Les musiques de la Lyre Belfortaine, des 35e et 42e Régiments d'infanterie reprirent leurs pas redoublés entraînant le cortège. Suivait la bannière de la Ligue des Patriotes avec Anatole de la Forge et Paul Leser ainsi que la Société d'escrime.

Ce pieux pèlerinage emprunta la rue de la Grande Fontaine, passa la porte de Brisach pour continuer par la route du Vallon pour atteindre le lieu de recueillement, le cimetière des Mobiles.

Belfort Trajet pour monument des Mobiles

Parcours du cortège pour le cimetière (création BF)

La foule avait accompagné le cortège et de nombreuses personnes étaient déjà présentes sur le parcours, sur le talus face au cimetière ou sur les hauteurs.

16h45, au Cimetière des Mobiles

Un arc de triomphe ornait l’entrée du cimetière portant l'inscription "Honneur aux morts". Les officiels accompagnés des porte-drapeaux et des porteurs de gerbes prirent place devant le monument.

Belfort CPA Cimetière des Mobiles Le Monument

Carte postale Belfort Monument des Mobiles (coll. JM)

    Le monument des Mobiles

La décision d'élever un monument en mémoire des défenseurs morts au Siège de 1870-1871, fut prise lors du conseil municipal dès le 5 décembre 1871. Il s'adressa au sculpteur Auguste Bartholdi pour sa réalisation. Ce dernier la rejeta, ne voulant pas concevoir un monument aux morts sur un site trop isolé !

Pour respecter l'engagement, une pyramide en grès rose fut conçue par l'architecte Charles Genty et la réalisation fut confiée à l'entrepreneur belfortain Victor Duffayet, capitaine pendant le Siège. Le monument fut inauguré le 20 octobre 1873. Sur ces faces sont gravées, les armes de Belfort, de Franche-Comté, d'Alsace, de Toulouse et de Lyon en mémoire des Mobiles venues de ces régions, défendre la Place forte belfortaine. 

    La cérémonie

Les musiques réunies du 35e, du 42e et de la Lyre Belfortaine interprétèrent l’air des Girondins "Mourir pour la patrie" et le canon de La Miotte tonna.

Les différentes couronnes furent déposées devant et autour du monument, la place manquait tant le nombre et leurs dimensions étaient imposantes. En voici quelques-unes :

  La Ville de Belfort reconnaissante, À la mémoire de ses défenseurs (laurier métal, flot tricolore bordé vert et bouquet tricolore au sommet)
  Les sapeurs-pompiers de Belfort victimes du Siège, 1870-1871 (feuilles métalliques)
  2e Mobilisés 1870-1871, À leurs compagnons d'armes morts pour la défense de Belfort (immortelles jaunes avec crêpe)

  La garde nationale, Aux défenseurs de Belfort (immortelles jaunes crêpe et nœud tricolore)
  Les Mobiles de Tartare, À leurs frères d'armes (perles noires, deux petits drapeaux, avec franges or et nœud tricolore)
  La Ligue des Patriotes, Aux français morts pour la France (immortelles jaunes, cocardes et nœud tricolores entrelacés de rubans verts et noirs couleurs de la bannière)

  Les Mobiles du Rhône, À leurs frères d'armes morts pour la patrie 1870-71 (immortelles jaunes, crêpe et nœud tricolore)
  Le Progrès de Lyon, Morts pour la Patrie (immortelles jaunes, crêpe et nœud tricolore)
  Les artilleurs de la Haute-Garonne 1870-71, À leurs camarades (immortelles jaunes et nœud tricolore)
 1ère Compagnie mobilisée de Haute-Garonne 1870-1871, À leurs camarades d'armes morts pour la Patrie (immortelles jaunes avec crêpe)
  La compagnie du génie de la garde mobile du Haut-Rhin (couronne d'œillets naturels, lettres dorées sur nœud tricolore)
  La ville de Cherbourg, Au libérateur du Territoire qui a su nous garder Belfort (œillets tricolores)
  La ville de Cherbourg, A l'héroïque colonel Denfert-Rochereau (immortelles tricolores)

    Le discours de Gustave Menétrez

Après la procession pour la dépose des couronnes, commencèrent les discours.

Le conseiller municipal Gustave Menétrez prit la parole en premier pour dire que cette fête patriotique ne pouvait s'accomplir sans un pèlerinage en ce cimetière car "après les honneurs rendus en place publique à deux hommes illustres, nous venons, loin des bruits de la ville, offrir un pieux hommage aux héros obscurs du Siège de Belfort ! Ils reposent nombreux sans nom pour la postérité, connus seulement de leurs parents et de quelques camarades."

Il rappela que "La ville de Belfort reconnaissante veille sur le dépôt sacré de leurs dépouilles mortelles avec un religieux respect et un amour maternel !"

    Le discours d'Edouard Thiers

Le conseiller général du Rhône, Edouard Thiers, ancien capitaine du génie, commandant du fort de Bellevue lors du Siège, président d'honneur des anciens Mobiles de Tarare (Rhône), prononça un discours ému, lui qui fut choisi par une partie des défenseurs comme leur représentant. D'une voix forte, il dit : "Là-bas, le Lion sculpté sur le rocher du Château, et le monument inauguré aujourd'hui, racontent ensemble et la joie d'avoir gardé Belfort, et la gloire des hommes à l'esprit puissant qui l'ont conservé."  

CPA Belfort Siège H Capitaine Thiers

Carte postale Edouard Thiers (coll. JM)

Il exprima cette vérité : "Les hommes d'État signent les traités. Les généraux les font. C'est pour ça que Thiers et Denfert, celui qui a signé et celui qui a fait, sont associés dans la reconnaissance de Belfort, dans celle de la France. Mais si les généraux font les traités, ils ne les font pourtant pas seuls. Les soldats qui reposent ici, dans leur humilité, ont tout comme Denfert, tout comme Thiers, sauvé, gardé à la Patrie, cette cité, restée comme la main de l'Alsace, dans la main de la France. Et pour eux qui tombaient, l'unique récompense a été de tomber, du moins, sur un coin de terre française, que l'allemand, impuissant cette fois, ne leur arracherait pas."

NA : Son discours était loin d'être fini, en fin de texte, un lien permet d'accéder à l'ensemble du discours.

    Le discours d'Émile Triponé

Le discours suivant fut prononcé Émile Triponé, ancien officier de l'artillerie mobile du Siège; il débuta par "La ville de Belfort m'a fait l'honneur de me désigner pour adresser quelques paroles, sur ce champ d'honneur et de repos, au nom des anciens défenseurs."

Il poursuivit "En votre nom à tous, mes chers camarades, je salue donc, avec une profonde émotion, les tombes de tous nos frères d'armes qui, depuis 14 ans, reposent à l'ombre de ce modeste monument, au pied de notre vieille relique, de la Pierre de la Miotte, sur laquelle flottent là-haut nos trois couleurs."

Belfort CPA Cimetière des Mobiles Le Monument Couleur XX

Carte postale Belfort Monument des Mobiles (coll. privée)

"Un peuple s'honore en rendant hommage à ses morts; pour nous, mes chers camarades, ce devoir est encore plus sacré, car, épargnés par la providence, c'est à nous, leurs parents, leurs amis, leurs compatriotes, à venir leur dire : Dormez en paix, nous nous souvenons !"

Ensuite son discours devint très politico-patriotique, demandant une unité nationale derrière le drapeau comme les allemands l'avaient fait en 1870.

Il termina en demandant "Messieurs et chers camarades, sur les tombes de nos chers morts, témoins muets de nos résolutions patriotiques, à serrer nos rangs, la main dans la main et à crier, en leur honneur : Vive l'Armée ! Vive la Patrie indépendante !"

    Le discours de M. Pons

Après le discours de l'ancien officier d'artillerie, un second prit la parole, M. Pons, président de l'Association amicale des anciens artilleurs mobile de la Haute-Garonne.

Il rappela que le 10 octobre 1870, deux batteries d'artillerie mobile de la Haute-Garonne partaient de Toulouse pour venir à Belfort et s'adressant aux Mobiles "À vous tous, camarades qui êtes morts pour la défense de notre chère patrie, qui avez aidé à conserver Belfort à la France, nos souvenirs, nos regrets et ceux de vos familles inconsolables."

CPA Toulouse Tableau des Mobiles

Carte postale Tableau Sortie des Mobiles de Haute-Garonne (coll. JM)

"Après de si longues années vos camarades, qui ont tenu à cœur, malgré l'éloignement, de déposer sur ce monument, en l'honneur de votre mémoire cette modeste couronne… Chers camarades, adieu !"

    Discours de Louis Jacquier

Le rédacteur en chef du "Progrès de Lyon", né à Belfort, Louis Jacquier, se fit l'interprète des Mobiles du Rhône, en déposant deux couronnes.

Il dit "Un lien fraternel et durable s'est formé entre Belfort et Lyon dans des circonstances bien douloureuses mais bien glorieuses en même temps… c'est la jeunesse du Rhône qui est venue garder la clef de l'Alsace et défendre l'entrée de la citadelle belfortaine."

Il signala qu'à Lyon, un monument à la mémoire des enfants du Rhône, défenseurs de la Patrie en 1870-1871, était en cours d'achèvement.

CPA Lyon Monument aux morts 1870

Carte postale Lyon Monument aux morts 1870-1871 (coll. privée)

Il reprit la description des engagements des Mobiles, leur courage… et eut ses paroles "O vous qui, depuis quatorze ans, dormez de l'éternel sommeil, nous vous gardons le souvenir de l'amitié et de la reconnaissance…"

    Discours d'Eugène Froyard

Un membre du conseil municipal de Gray, canonnier pendant le Siège à la 1ère batterie principale du 7e régiment d'artillerie, Eugène Froyard, demanda la parole, non pas pour faire un discours mais pour simplement rendre un fraternel hommage à ses anciens compagnons d'armes morts pendant le Siège. Ce discours qui ne devait pas en être un, en fut un, car l'artilleur fit un retour sur le comportement exemplaire de deux de ses frères d'armes et continua sur le patriotisme, la ville de Belfort, le Lion, la France... Il termina par "Adieu mes chers camarades ! Vive l'Alsace-Lorraine ! Vive la France !"

Livre Edouard Thiers Mobile

Un Mobile du Siège (doc. Livre Edouard Thiers)

Tous ces discours furent chaleureusement applaudis avec des grands moments d'émotion parcourant l'assemblée réunie en ce jour de souvenir à ceux qui sont morts pour Belfort, pour la France.

    Poésie de M. Frédéric Bataille

Après le dernier discours, le natif de Mandeure (Doubs), poète et enseignant, Frédéric Bataille a déclamé sa poésie :

     Nos vieillards sont penchés dans leur morne souffrance
     En pleurant, sans vouloir être consolés,
     Sur nos tristes drapeaux que le deuil a voilés.
     "Oh ! disent-ils, qui donc nous rendra l'espérance ?"
     "Haut les cœurs !" leur répond l'étoile de la France.

Frédéric_Bataille Wikipédia

Frédéric Bataille (doc. Wikipédia)

     Nos pères, sous le poids brutal du souvenir,
     Courbent leurs fronts déchus et se frappent la tête,
     Comme des naufragés qu'affole la tempête.
     "Oh ! disent-ils, qui donc vengera le Martyr ?"
     "Haut les cœurs !" leur répond la voix de l'Avenir.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à la totalité de la poésie de Frédéric Bataille.

    Poésies de MM. Mayer et Géant

Après le poète mandubien, deux nouvelles interventions eurent lieu dans la même démarche poétique.

M. Mayer prononça quelques paroles en prose

     Le cœur des peuples ne se trompent guère.
     Si la France a tant aimé Thiers,
     Si elle le pleure encore,
     C'est qu'elle ne retrouvera pas de sitôt un fils plus digne d'elle,
     Qui ait plus mêlé son âme à la sienne,
     Qui ait été plus fier de ses gloires
     Et qui ait plus souffert de ses douleurs.

Elles furent suivies de celles de (François) Géant.

    Clôture de la cérémonie

Il revint à la chorale de L'Union Belfortaine de clôturer la cérémonie au cimetière des Mobile, en chantant le très patriotique "Le Drapeau tricolore" sous la direction d'Auguste Duffner.

Belfort CPA Série Drapeau argent Lion

Carte postale Drapeau tricolore et Lion coll. JM)

Le retour du cortège en ville se fit au rythme des pas redoublés joués par la Lyre belfortaine.

1903X Belfort CPA Lyre Belfortaine R

Carte postale La Lyre Belfortaine (coll. JM)

La relique du drapeau de l'Hôtel de Ville pendant le Siège fut ramenée par le capitaine des sapeurs-pompiers de Belfort, Charles Maré.

Charles Maré P

Charles Maré (photo coll. PP)

Il avait pris part au conflit et y perdit l'avant-bras gauche par l'explosion d'un obus à la Corne de l'espérance.

NA : Photo et informations provenant du blog "Histoire du Corps de Sapeurs-Pompiers de Belfort" de Patrice Pruniaux.

La relique réintégra le musée à l'Hôtel de Ville mais avant, les honneurs militaires lui furent rendus; le capitaine leva son épée et commanda "Présentez armes !" et les tambours battirent aux champs.

18h30, le banquet

Un banquet était organisé au Théâtre pour les invités, 230 couverts.

CPA Belfort Le théâtre

Carte postale Belfort Le théâtre construit en 1878 (coll. privée)

NA : Le banquet fut-il servi dans le nouveau théâtre construit en 1878 ou dans l'ancien théâtre situé dans le bâtiment arrière de l'Hôtel de Ville, façade donnant dans la rue de l'Ancien Théâtre ?

Il fut l'occasion de plusieurs toasts dont le premier fut prononcé par l'administrateur du territoire, Fernand Duflot, adressé au Président de la République en priant son représentant, le commandant Charles Fayet de bien vouloir lui transmettre.

    Discours du Commandant Fayet

Le commandant Charles Fayet remercia le préfet et prononça ses paroles "Messieurs, le Président de République s'associe à l'acte que vous avez accompli aujourd'hui. La ville de Belfort a payé un juste tribu de reconnaissance à deux grandes mémoires, à celle du valeureux soldat qui, par sa persévérante énergie si bien secondée par le dévouement de la population, a été l'âme de cette belle défense… et celle de l'illustrateur qui, prenant en main les droits sacrés qui créait cette défense, les soutenant avec opiniâtreté du désespoir, est parvenu à conserver vos foyers à la patrie française…"

    Discours de Louis Parisot

Le maire de Belfort, Louis Parisot, proposa un toast en l'honneur des représentants du Président de la République, le commandant Charles Fayet, et du ministre de la guerre, au commandant Langlois, aux commandant des garnisons les généraux Gabriel de Bovet et Joseph Keiser, au président de la Ligue des Patriotes Anatole de la Forge, au maire du Siège Edouard Mény, aux représentants des Mobiles…

Photo Louis Parisot

Louis Parisot, le maire de Belfort (photo, coll. privée)

Il excusa Antonin Mercié qui avait dû renoncer à venir car son épouse étant malade, il avait dû rester à ses côtés.

Enfin, Louis Parisot fit l'éloge du président du Comité Thiers-Denfert sur le management du projet "Sans lui notre œuvre serait restée en route et nous aurions été impuissant à vaincre les difficultés que nous avons rencontrées à chaque pas; il n'a pas épargné ni ses peines ni ses démarches et c'est grâce à son influence et à son dévouement que nous avions réussi à mettre Quand-Même sur son piédestal. Qu'il accepte ici le témoignage de gratitude et de reconnaissance que nous lui adressons."

Une véritable ovation fut faite à Jules Grosjean.

    Discours du Général de Bovet

Après avoir remercié le maire, le gouverneur de Belfort, le général Gabriel de Bovet fit l'éloge du colonel Denfert-Rochereau :

"Aujourd'hui, nous avons inauguré un monument élevé à la mémoire de deux grands hommes que Belfort ne doit pas et ne veut pas oublier… Mon illustre ami, le colonel Denfert, nous a laissé un beau modèle que devrons s'efforcer d'imiter et de suivre tous ceux à qui la France confiera le commandement d'une Place. Son esprit calme et prompt en même temps veillait à tout. Quand il pouvait , dès le début du Siège, faire de la défense éloignée, quand plus tard, serré de près, il se défendait pied à pied. Sa pensée était toujours présente sur tous les points du périmètre, et il commandait et dirigeait bien réellement partout en même temps…"

Belfort CPA Siège Série n°1 Col Denfert

Carte postale Colonel Denfert-Rochereau (coll. JM)

"Le succès a couronné les efforts de tous, population, garnison, gouverneur. Quand la France épuisée a du signer la paix, le pavillon national flottait encore sur la glorieuse cité; Belfort était encore français."

    Discours d'Édouard Mény

L'ancien maire du Siège, Édouard Mény, a rendu un éclatant hommage à la population belfortaine qui pendant le Siège de 1870-1871, avait supporté les horreurs du bombardement.

Belfort Photo Maire Mény

Edouard Mény, le maire du Siège (photo coll. JM)

Il avait pu constater que "Tous les jours, pendant trois mois, nous avons été témoin, de la part de nos compatriotes, d'actes d'abnégation, de dévouement et de courage, de toute nature et sous toutes les formes. Nous avons admiré l'élan de nos gardes nationaux, toujours prêts à se porter au-devant du danger… la bravoure héroïque de nos pompiers à lutter, nuit et jour contre les incendies de nos maisons. Nous avons été, en même temps profondément touché du zèle, de l'esprit de charité et du dévouement sublime de toutes les personnes, hommes et femmes, de toutes les classes, qui, au péril de leur vie, sans peur et sans relâche, ont prodigué jusqu'à la fin, leurs secours et leurs soins aux blessés…"

Il poursuivit "Nous avons vu les habitants forcés de vivre sous les shrapnels, sous terre, dans les caves… entassés, sans feu, au milieu des malades, des mourants et des morts. Nous avons été témoins de leurs souffrances, de leurs angoisses, de leurs misères, leurs familles décimées, leurs habitations brûlées ou effondrées…"

Belfort CPA Siège Série n°5

Carte postale Belfort La ville après le Siège (coll. JM)

Il insista "Eh ! bien, messieurs, dans cette situation glorieuse et terrible, au milieu de tous ces dangers et de toutes ces souffrances physiques et morales, il ne s'est pas produit une seule défaillance, et il n'a pas été proféré une plainte, un cri de désespoir qui ait pu peser sur les résolutions énergiques du colonel Denfert; il l'a reconnu… et il nous a exprimé sa reconnaissance pour un dévouement et un patriotisme qui l'on si bien servi dans sa glorieuse défense."

Il termina par "Vive l'Alsace ! Vive la France !"

Le discours suivant fut celui d'Émile Triponé, ancien officier de l'artillerie mobile du Siège, qui après avoir dit sa joie d'être présent, fit un historique sur le comportement admirable des défenseurs y compris la population, pendant le Siège :

"Messieurs, dès le début de la guerre, mais surtout depuis que les évènements se pressaient si rapidement et si douloureusement, et alors que tout croulait autour de nous, nous avons compris quel rôle suprême cette Place de guerre, fidèle à son glorieux passé de 1814, et 1815, allait avoir à remplir, comme dernier rempart du pays sur cette chère et noble frontière d'Alsace…"

Image Bozon Verduraze Garde Mobile R

Image publicitaire Mobile du Siège (coll. privée)

"Alors nous le disons hautement, depuis le premier jour au dernier jour de la lutte, chacun, dans sa condition, et dans la mesure des forces humaines, a fait dignement et bravement son devoir. Tous les jours pendant trois mois, nous avons été témoin , de la part de nos compatriotes, d'actes d'abnégation, de dévouement et de courage, de toute nature et sous toutes les formes…"

    Discours d'Anatole de la Forge

Le président de la Ligue des Patriote, Anatole de la Forge, intervint brièvement en rendant honneur au drapeau tricolore.

    Discours de Georges Koechlin

Après les hommages précédents rendus aux compagnons du passé, Georges Koechlin préféra faire un toast à la Ligue des Patriotes et à son président, Anatole de la Forge, dont il retraça son combat, l'organisation de la résistance, à Saint-Quentin, le 8 octobre 1870.

    Discours de Joseph Fabre

Le discours suivant fut celui de Joseph Fabre, député de l’Aveyron, qui rendit hommage à Gambetta, le héros de la Défense nationale, en utilisant une anaphore :

Joseph Fabre Site Sénat

Joseph Fabre (doc. Site du Sénat)

    "Grand par son éloquence lumineuse et enflammée…
    Grand par cette bonté doublée de belle humeur qui le rendait…
    Grand par cet attachement aux humbles et aux petits qui…
    Grand par cette sagesse qui visait à installer…
    Grand par cette volonté robuste qui aidait…
    Mais grand surtout et avant tout, par son amour immense de la Patrie, vie de sa vie, âme de son âme, foyer unique où s'alimentaient ses pensées, ses discours et ses actes…
"

    Discours de M. Maynard

Le représentant de la ville de Lyon, M. Maynard remercia le maire de ses mots sur les enfants du Rhône lors de son discours de l'inauguration, et donna "l'assurance qu'ils seront dans l'avenir ce qu'ils furent dans le passé,  apportant  une chose en plus, l'enseignement militaire."

    Autres discours

Les prises de paroles se poursuivirent avec celles de Paul Leser, le rédacteur en chef du journal "L'Alsacien-Lorrain", du capitaine Edouard Thiers, de M. Zuber, l'administrateur du territoire, Fernand Duflot et à nouveau d'Émile Triponé.

    Discours de Jules Grosjean

Le dernier fut Jules Grosjean, le président du Comité Thiers-Denfert qui porta un toast à l'amiral Amédée Courbet à la tête de nos marins et de nos troupes de la Chine et du Tonkin.

Belfort Photo Préfet Grosjean

Jules Grosjean, le président du Comité (photo coll. JM)

Sur ces dernières paroles, les invités quittèrent le théâtre par petits groupes tout en échangeant sur cette journée patriotique.

19h00, Bal public & concerts

Pour terminer cette journée, à partir de 19 heures, les organisateurs avaient prévu plusieurs animations dont un bal au Champ de foire et des concerts de musique sur les places d’Armes et du Théâtre.

21h30, Feu d'artifice

Un feu d’artifice, tiré sur la place des Écoles, clôtura définitivement la journée. La pièce principale représentait la statue Quand-Même.

Après cette dernière animation des Fêtes de l'inauguration, le public s'éparpilla dans la ville et les faubourgs pour profiter des illuminations, trouver une place dans les cafés… pour clôturer sympathiquement, ce dimanche 31 août 1884.

Le départ de Belfort

Comme pour les arrivés de samedi et dimanche matin, la gare était en effervescence !

Photo Belfort La gare BF

Gare de Belfort (photo coll. BF)

Pour le départ des visiteurs, des trains spéciaux furent affrétés à partir de 23 heures avec des arrêts à toutes les gares, même le train normal de 21h37, à destination de Paris, fit deux arrêts supplémentaires à Champagney et Ronchamp.

Toutes les délégations ne partirent pas, certaines restèrent pour le lendemain pour participer aux offices religieux dédiés aux morts pour la France lors du Siège.

Les remerciements

Par voie de presse, le Comité Thiers-Denfert remercia :

  - toutes les personnes ayant participé ainsi que toutes les sociétés dont leur précieux concours avait contribué au succès de ces Fêtes de l'inauguration de la statue Quand-Même,
  - aussi tous les invités de la ville, tous les visiteurs connus et inconnus venus d'Alsace, des départements voisins et de Suisse,
  - le maire de Belfort, le conseil municipal et les habitants de Belfort, qui ont assurés les devoirs de l'hospitalité,

  - les représentants de la Presse qui ont rappelé le souvenir de Belfort,
  - les membres du Comité,
  - l'architecte Charles Genty qui avait effectué ses prestations gratuitement pour la construction du piédestal,
  - Madame Fleury de la Hussinière où, sous sa direction, fut réalisé toute la partie décorative qui fut très appréciée.

Échos de l'inauguration

La presse nationale et régionale qui avait délégué ses journalistes à Belfort pour couvrir l'évènement, firent des comptes-rendus de l'inauguration plutôt élogieux comme "Le Siècle" qui écrivit "La Fête de Belfort a été aussi calme qu'imposante. Le temps a été magnifique , et la journée, comptera, au point de vue patriotique, parmi les plus belles et les plus émouvantes dont on ait eu le spectacle."

"Le Rappel" fut dans la même lignée et ne comprenait pas qu'on ait critiqué la municipalité sur le choix du monument… qui était plutôt irréprochable.

1884 09 01 Statue Quand Même Journal Le_Rappel Gallica

En-tête Journal Le Rappel (doc. Gallica, BNF)

"Le Voltaire", "Le Temps", "Le Télégraphe",  "Le Matin", "La Presse", "Le Gil-Blas", "La Justice", "Le XIXe Siècle"… partagèrent largement ces constats, n'adhérant pas aux articles négatifs du journal local "La Frontière", pourtant certains étant du même bord politique...

Épilogue

Après l'inauguration de la statue, la cérémonie au cimetière des mobiles fut un grand moment de solennité partagée où les discours rendirent hommages aux personnes enterrées qui avaient défendu la Place au détriment de leur vie.

Le banquet fut dans la continuité et les discours rendirent hommages aussi à Thiers et à Denfert, entre-autre.

La municipalité et le Comité purent être satisfaits de la réussite de ces Fêtes et du choix de la sculpture vu les commentaires de la presse nationale et régionale qui n'est pas pourtant, toujours tendre.

Un hôte prestigieux regarda de sa position le déroulement de cette manifestation avec un peu de jalousie, le Lion, sculpté par Auguste Bartholdi et installé depuis 1880 au pied du Château. Lui n’avait point eu l’honneur d’une inauguration officielle !

Pour la suite de cet article, un lien ci-dessous permet d'accéder au Sommaire ou à la partie suivante de l'article.

JM

Liens pour accéder aux articles cités

Statue Quand-même Le sommaire : Cliquer ici

Cérémonie au cimetière des Mobiles, les discours : Cliquer ici

Statue Quand-même Sa grille (5e partie) : Cliquer ici

Références : Revues Municipales de Belfort, Revue Horizon Chambre de commerce, Compte-rendu des délibérations des conseils municipaux et le dossier Statue Quand-Même (Archives municipales Belfort), Les journaux La Frontière, Le Libéral de l'Est et Le Journal de Belfort (coll. Archives Départementales du 90),

Infos pratiques  

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