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LE CARTOPHILION
15 octobre 2023

La genèse de la création de l'École pratique de Commerce et d'Industrie, à Belfort (1ère partie :1904-1919)

En 2023, on fête le 100e anniversaire de l'inauguration d'un nouvel établissement scolaire créé à Belfort, l'École pratique de Commerce et d'Industrie.

Avant d'aborder cet évènement, il m'a semblé nécessaire de rédiger un article sur la création de ce nouvel établissement d'enseignement dans la Cité du Lion; il ouvrit le 2 octobre 1922, avec une pré rentrée la veille.

Photo AMB 8Fi-290 Ecole pratique Cour R

La cour de l’École pratique (photo, doc. AMB)

Dès 1904, le projet de créer un tel établissement fut à l'ordre du jour dans la Cité du Lion, mais son accouchement fut très très long.

Cette première partie est consacrée à la genèse de ce projet à Belfort, de 1904 à 1919; au niveau national, la première pierre fut posée en 1892.

NA : En fin de texte, un lien permet d’accéder à la suite de cet article via le Sommaire.

Création des Écoles pratiques

Dès la fin du 19e siècle, les Écoles pratiques de commerce et d'industrie furent créées par la loi de finance n°69 du 26 janvier 1892, à l'effet de "former des employés de commerce et des ouvriers habiles et instruits". Elles devaient remplacer les Écoles supérieures professionnelles, créées par le décret du 9 juillet 1881, dont l'enseignement était principalement industriel et commercial.

Le décret d'application de la Loi n°69 fut signé le 18 juin 1892.

1892 06 19 JO Loi 69 Ecole pratique Gallica p1

Extrait du journal officiel (doc. Gallica)

Avant cette loi, une première étape fut la création des Écoles manuelles d'apprentissage par la loi du 11 décembre 1880, qui avait pour ambition de développer chez les jeunes gens qui se destinent aux professions manuelles, la dextérité nécessaire et les connaissances techniques. Elles furent placées sous la double autorité du ministre de l’Instruction publique et du ministre du Commerce et de l’Industrie, par le décret du 17 mars 1883, donc sous le régime du "condominium"*.

*Condominium : Terme utilisé quand deux entités sont concernées par l'exercice du pouvoir.

Le décret du 22 février 1893 définit l’organisation et le mode de fonctionnement des écoles pratiques. Au programme, définit par l’article 27, d’une part l’enseignement commercial ou industriel, à la fois théorique et pratique; d’autre part, l’enseignement primaire complémentaire.

1892 06 19 JO Loi 69 Ecole pratique Gallica p1R

Extrait du Journal officiel du 25 février 1893 (doc. Gallica, BNF)

À cette date, les Écoles pratiques de Commerce et d'Industrie furent placées sous la responsabilité du Ministère du Commerce.

Un petit historique du projet en quelques dates

Très rapidement, de nombreuses villes vont se pourvoir d'une École pratique de Commerce et d'Industrie.

Les premières furent

  - 1892 : Agen, Fourmies, Nîmes et Reims
  - 1894 : Brest, le Mans, Limoges et Romans
  - 1897 : Béziers et Grenoble

CPA Agen Ecole pratique

Carte postale Agen École pratique de Commerce et d'industrie
(coll. privée)

En 1900, 15 écoles pratiques étaient opérationnelles et 36 en 1910.

Il fallut attendre une bonne dizaine d'années pour que soit créée celle de Belfort.

Découvrons la démarche de la municipalité belfortaine pour atteindre cet objectif. 

1904, la première décision du conseil municipal de Belfort

Dès 1904, le maire Charles Schneider fut invité par le directeur départemental de l'Enseignement, XXX Mouton, à créer une École primaire supérieur de garçons à Belfort; l'information fut portée à la connaissance du conseil municipal du 25 juin 1904. Pour ce projet ambitieux et devant permettre de compléter l'instruction des jeunes gens de la classe ouvrière, le conseil municipal vota le principe à l'unanimité et confia l'étude à la Commission de l'instruction publique, en coordination avec le demandeur.

1904 06 25 Délibération CM Ecole pratique Dde Création

Extrait de la délibération du conseil municipal (doc. AMB)

Cette décision reçut un avis favorable le 24 août 1904 du Conseil départemental du territoire estimant qu'un établissement de cette nature était indispensable pour une ville de l'importance de Belfort.

Le 29 décembre 1904, le Ministre de l'instruction civique Joseph Chaumié approuva la transformation des cours complémentaires de garçons de Belfort en École primaire supérieure de plein exercice avec section industrielle et commerciale.

Carte Félix Potin Joseph Chaumié

Carte Félix Potin, Joseph Chaumié (coll. privée)

Le 24 février 1905, au regard de l'avis des Commissions de l'instruction et des finances, de l'arrêté pris par le ministre de l'instruction civique, de l'article 5 de la loi du 18 juin 1889, le conseil municipal entérina le principe de prévoir au budget de la ville, des dépenses obligatoires pour la création d'une École primaire supérieure de garçons.

Le même jour, le maire informa que suite à la proposition de la Commission des travaux de créer cette école dans le petit Lycée, il avait obtenu l'accord de principe de l'administration du Lycée et du recteur de l'Académie de Besançon.

Par contre, la municipalité devait prendre en charge les travaux d'aménagements nécessaires dans le grand Lycée pour y transférer les services installés au petit Lycée.

Belfort CPA Lycée R

Extrait carte postale Belfort Les 2 Lycées (coll. JM)

Le conseil municipal entérina la solution proposée, décida que les démarches seraient officialisées auprès du recteur pour créer l'école dans les bâtiments du petit Lycée et chargea l'architecte municipal, Eugène Lux, d'étudier les travaux à réaliser pour le transfert prévu.

Mais cette hypothèse ne vit pas le jour !

1907, rapport sur l’enseignement technique

L’inspecteur général des Écoles pratiques du Nord, rattaché au Ministère du Commerce et de l’Industrie, Edmond Labbé transmis au maire son rapport, le 8 mai 1907, consacré à la situation de la région en termes de besoins de personnel formé, ouvriers et employés, pour les établissements industriels et de commerces.

1907 05 06 Inspecteur général Labbé à Maire p1R

Extrait du courrier d’Edmond Labbé accompagnant le rapport
(doc. AMB)

Il portait sur

   - le pourquoi de la crise de l’apprentissage
   - la situation et le mode de fonctionnement en Suisse, Allemagne, Autriche et Belgique
   - l’enseignement professionnel en France
   - la nécessité des Écoles pratiques
   - l’enseignement à y pratiquer
   - la réglementation associée

L’enseignement technique en 1909

La municipalité obtint un autre rapport, celui de l’Inspecteur départemental de l’enseignement technique du Doubs, G. Ziegler*, rédigé sous la forme d’une note de 16 pages, intitulée "Note résumant l’état actuel de la question de la réforme de l’enseignement technique en France et de la réorganisation de l’apprentissage" daté du 30 novembre 1909, donnant l’état des lieux très variable suivant les régions où furent créées des Écoles pratiques d’Industrie et de Commerce, des Écoles professionnelles, des Écoles d’Arts et Métiers, mais dont les capacités sont totalement insuffisantes pour accueillir les jeunes employés dans l’industrie et le commerce, couvrant à peine 10% des besoins.

*G. Ziegler était aussi administrateur-directeur de la SACM.

1909 11 30 Rapport Ziegler Réforme enseignement technique p1R

Extrait du rapport de G. Ziegler (doc. AMB)

L’apprentissage étant une autre solution pour y parvenir.

À Belfort, la SACM (Société Alsacienne de Constructions Mécaniques), avait créé des cours professionnels pour les apprentis, depuis 1907.

Belfort CPA SACM 4 Entrée Voie intérieur

Carte postale Belfort SACM (doc. JM)

En 1909, une réforme fut envisagée pour améliorer, perfectionner et étendre l’enseignement technique.

La dualité entre ministères

En plus, vint une difficulté sur le type d'école à créer car s'affrontèrent deux thèses différentes, d'une part le Ministère de l'Instruction Publique voulant une "École primaire supérieure" avec des sections industrielles et commerciales, et d'autre part le Ministère du Commerce et de l'Industrie voulant une "École pratique de Commerce et d'Industrie".

Au-delà des mots, il faut comprendre que dans le 1er cas, c'était une extension du champ d'enseignement de l'école primaire et dans le 2e cas, la création d'une nouvelle école spécifique d'enseignement.

Pour résoudre cette problématique, il faudra attendre le 19 janvier 1920, avec la création d'un sous-secrétariat d'état de l'Enseignement technique et professionnel, rattaché au Ministère de l'Instruction Publique ayant mission de supprimer la dualité.

1911, avant-projet Châteaudun

Une hypothèse du lieu pour recevoir la nouvelle école, fut la construction de l'École, rue de Châteaudun.

L’architecte municipal, Eugène Lux, fut chargé du projet. Il proposa un bâtiment ressemblant à l’école primaire déjà présente, rue de Châteaudun.

Avant-projet Belfort Ecole supérieur PLan 2Fi-291

Plan de la façade principale de l'école (doc. AMB)

Les plans furent établis et validés par le maire, le 19 août 1912.

1912 Ecole supérieur Avant projet B6 Plan R

Plan des bâtiments de l'école (doc. AMB)

Le devis s’éleva à 525 000 francs, se décomposant

  - Bâtiment principal : 35 0000,00 francs
  - Ateliers : 60 000,00 francs
  - Préaux couverts : 20 000,00 francs
  - Mur de clôture avec grille en fer forgée : 35 000,00 francs (274,10 m)
  - Ameublement et outillage : 60 000,00 francs

Ce projet fut mis lui aussi en sommeil, il ne dépassa pas le stade de la réalisation de ce plan tracé et du devis estimatif.

1913, relance du projet

Au conseil municipal du 22 février 1913, à la demande du maire Charles Schneider, l'Inspecteur général de l'Enseignement technique, M. Labbé fit un exposé proposant de créer

  - une École pratique de Commerce et d'Industrie comprenant

     - une section préparatoire d'une année,
     - une section industrielle formant mécaniciens, ajusteurs, monteurs, électriciens…
     - une section commerciale débouchant sur des emplois dans le négoce, la banque, les usines…

  - des cours de perfectionnement professionnel destinés aux apprentis, aux ouvriers et à ceux qui veulent se perfectionner dans leur spécialité

Maire Charles Schneider Livre Maires de Belfort R

Charles Schneider (photo Livre des maires de Belfort)

Les conseillers municipaux votèrent une délibération en ce sens en trois points

  - solliciter auprès du Ministère du Commerce? une participation de l'État permettant de couvrir le quart des dépenses totales pour construire et équiper l'école, et une subvention annuelle pour permettre le fonctionnement des cours professionnels
  - s'engager à payer des indemnités de résidence et de logement du personnel pendant cinq ans
  - inviter les ministres du Commerce et de l'Instruction publique à définir les conditions de développement de l'enseignement général

1913 02 22 Délibération CM Ecole pratique Structure p1

Extrait de la délibération du conseil municipal (doc. AMB)

Une commission fut créée avec la participation prenante des différents organismes dont des responsables d'entreprises et différents intervenants de l'enseignement.

1914, un autre lieu, la caserne Vauban

Une nouvelle idée, en 1914, où il fut envisagé d'installer l'école au Quartier Vauban, dans l'ancienne caserne. Sa situation, au centre de la ville, proche de la gare possédait de nombreux avantages dont la présence de bâtiments exploitables tant pour les cours que pour les ateliers, donc un ensemble répondant aux besoins pour y installer l'école.

Belfort CPA Caserne Quartier Vauban 0 Extérieur

Carte postale Belfort Quartier Vauban (coll. JM)

De nombreuses démarches furent entreprises vers le ministère de l'Armée par le maire Léon Schwob, l’adjoint René Birckel et le député Jean-Baptiste Saget. Mais douche froide en août 1914, avec la réponse négative du ministre de la Guerre qui argua, qu’il n’était pas possible de se positionner tant que les études en cours de la réorganisation de l’armée n'étaient pas terminées.

Face à cette réponse négative, la municipalité dut revenir à la solution envisagée en 1913 avec le rachat de l'ancienne usine de charpentes et menuiseries appartenant à la famille Frey.

Suite à l’information de la construction d’un nouveau groupe scolaire, des propriétaires de terrains proposèrent à la mairie, la vente de leurs biens.

Le ministre de l'Instruction publique décida le 29 décembre 1914, par un arrêté, de transformer les cours complémentaires de Belfort en École supérieure et professionnelle de plein exercice, avec sections industrielles et commerciales.

La Première Guerre Mondiale va suspendre le projet pour un temps, un nouveau temps long. De même pour un autre projet de la municipalité qui fut autorisé, le 30 juin 1914, à contracter un emprunt de 498 000 francs pour l'achat d'un terrain et la construction d'une école primaire élémentaire.

1919, le projet relancé

Le 5 février 1919, le sujet revint sur la table lors du conseil municipal, avec l'intervention de l'Inspecteur départemental de l'enseignement primaire du Haut-Rhin, M. Magnin, à la demande du maire François-Xavier Houbre et du Comité d'initiative constitué pour relancer le projet. Il présenta son rapport sur la création, toujours d'actualité, d'une École primaire supérieure et professionnelle, avec section industrielle et commerciale.

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François-Xavier Houbre (photo Livre des maires de Belfort)

Il fit un historique du projet et des interactions depuis les décisions des conseils municipaux du 25 juin 1904 et du 21 février 1905, de l'approbation du Conseil départemental du 24 août 1904. Il rappela que l'arrêté pris par le ministre, le 29 décembre 1914, était toujours valable.

1919 02 05 Délibération CM Ecole pratique Rapport p1R

Extrait de la délibération du conseil municipal (doc. AMB)

Il demanda que le conseil municipal prenne une nouvelle délibération pour relancer le projet, le préfet étant disposé à appuyer la démarche tout autant que le Conseil départemental; le recteur et le ministre soutiendront eux aussi la formalité. Il conseilla de louer un bâtiment adapté, dans un premier temps, pour permettre que les cours débutent dès la rentrée prochaine. Par contre, il n'était plus envisageable de construire mais de louer des locaux dans un premier temps.

CPA Belfort Hôtel de ville 3

Carte postale Belfort Hôtel de Ville (coll. JM)

Les conseillers votèrent une délibération confirmant les décisions antérieures, en trois points

  - décidant la création immédiate d'une École primaire supérieure de garçons avec section générale, industrielle et commerciale
  - s'engageant à inscrire au budget de la ville, pendant 5 ans, les dépenses lui incombant suite à cette création
  - chargeant la municipalité d'effectuer les démarches pour trouver le bâtiment à louer répondant au besoin

  - se réservant d'étudier plus tard la possibilité de créer deux écoles distinctes, une pour l'instruction générale et l'autre pour l'enseignement professionnelle

1919 02 05 Délibération CM Ecole pratique Rapport p2

Extrait de la délibération du conseil municipal (doc. AMB)

Cette délibération fut suivie d'une autre, dès le 8 mars 1919, concernant l'achat de la propriété de la Veuve A. Frey et fils, pour un montant de 220 000 francs pour l'acquisition du terrain et des immeubles, auquel il fallait ajouter le montant de 60 000 francs pour l'achat de l’outillage et du mobilier industriel; ces derniers entrant dans les besoins de l'équipement des ateliers.

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Publicité Entreprise Frey, annuaire 1900-1902 (doc. AD90)

Le montant total fut négocié à 255 000,00 francs.

Le dossier fut transmis au Ministère de l'instruction publique le 15 mai 1919, par le Directeur départemental de l'enseignement primaire du Territoire à l'Inspecteur Général XXX Derôme, avec l'accord du préfet et du recteur. Le montant du projet s'élevait à 610 000,00 francs auquel il fallait ajouter l'achat de la propriété Frey (255 000 francs). Il comprenait la création des salles de classe et des ateliers (220 000 francs), de la salle de gymnastique (31 000 francs), du préau couvert (28 000 francs), de l'internat (270 000 francs), de la maison du concierge (38 000 francs), de la clôture (18 000 francs) et pour l'évacuation des eaux (5 000 francs). Le préfet avait trouvé le devis très élevé qui demandait à être retravaillé pour obtenir un montant plus acceptable. Mais comme les dossiers devaient être transmis à cette date, il fallut passer par des estimations.

Déblocage du budget

Par courrier du 30 juin 1919, le ministre de l’Instruction public et des Beaux-arts, Louis Lafferre, informa le maire, qu’après consultation du dossier et avoir pris connaissance des avis, il demandait au ministre de l’Intérieur, Jules Pams, d’affecter le montant de 498 000,00 francs prévu en 1914, pour construire un groupe scolaire, à l’acquisition et l’appropriation d’un immeuble à fin d’installer une école primaire supérieure de garçon avec vastes ateliers.

1919 06 30 Courrier Ministre à Maire p1R

Extrait du courrier du ministre Louis Lefferre (doc. AMB)

Ce dernier point concernait la propriété Frey.

Mais une nouvelle fois, le projet ne put avancer pour cause de la situation nationale impactée par le manque de fonds suite au conflit de la Première Guerre Mondiale, et l'absence de locaux adaptés pour une ouverture de l'École en octobre 1919.

Fin de la 1ère partie, la suite à découvrir via le Sommaire (lien ci-dessous).

Épilogue

Dans cette 1ère partie de l’article, on peut lire que si le projet de créer des Écoles pratiques fut une forte volonté de l’État, dès la fin du 19e siècle, le chemin pour y parvenir ne fut pas, du moins à Belfort, une longue Savoureuse tranquille !

Il est vrai que la Première Guerre Mondiale fut une période où les objectifs de création étaient mis de côté et les finances étaient dirigées vers d’autres priorités.

JM

Lien pour accéder aux articles suivants

L’École pratique de Commerces et d’Industrie, le Sommaire : Cliquer ici

Références : Dossier École pratique (Archives municipales de Belfort, AMB), Gallica (BNF)

Infos pratiques  

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