Jeux Olympiques (2e épisode) : Paul Fritsch, Arthur Hermann & Emile Parrot
Après avoir découvert le premier sportif Terrifortain (1) Georges Thurnherr ayant participé aux Jeux Olympiques de Londres en 1908 et d’Anvers en 1920 sans oublié de souligner l’empreinte qu’a laissée le Baron Pierre de Coubertin, nous allons continuer notre série avec d’autres athlètes ayant participé aux olympiades.
Paul Fritsch (1920)
Paul Fritsch est né à Paris le 25 février 1901 mais a vécu à Belfort avec sa famille (parents et sœurs) rue de l’Etoile (cités SACM) à la fin de la Première Guerre Mondial. Dès 1916, il adhère à l’Union Sportive Belfortaine (ou Athlétic Club) (2).
En 1920, grâce à sa victoire à Paris au championnat de France en catégorie poids plume, il se qualifie pour les Jeux Olympiques d’Anvers.
Après un stage d’entraînement à Joinville, il part en Belgique avec l’équipe de France. Après 3 combats gagnés en éliminant les champions, l'américain George Etzell, le suédois Paul Erdal et l’italien Edoardo Garzena, il rencontre en final un autre français Jean Gachet et gagne ce dernier combat aux points. Cette victoire lui permet de rempoter la médaille d’or et d’être le premier médaillé français en boxe. La France finira 4ème du classement général en gagnant les 3 types de médaille avec le bronze de Xavier Eluère en lourd.
Photo de Paul Fritsch
Le retour à Belfort s’effectue avec les gymnastes dont Georges Thurnherr qui a remporté la médaille de bronze par équipe.
Paul Fritsch, le médaillé est accueilli en triumph à Belfort (ici avenue Wilson)
Le maire Noël Lapostolest, nouvellement élu, organisa une très belle réception pour récompenser ces champions. Un magnifique chronomètre est offert à ce jeune champion olympique âgé de 19 ans.
Il effectua son service militaire au 35ème régiment d’infanterie comme beaucoup de Belfortain. Aux championnats militaires de 1921, il gagne le titre. Il finira son service à l’Ecole de Joinville au sein du 13ème R.I. comme moniteur.
Dès janvier 1922, le 22 il débute et gagne son 1er combat professionnel à Londres contre le champion d’Australie Tibby Watson. Il a intégré l’écurie de François Descamps où il côtoie Georges Carpentier (3).
En 1929, il arrête la compétition suite à un décollement de la rétine à l’œil droit après 300 matches et s’installe définitivement à Paris.
Photo de Paul Fritsch en 1926
En son honneur, le gymnase de l’IUT situé rue du Maréchal Juin construit en 1974 sur un terrain de l’état est acquis par la ville en 2000 porte son nom depuis 198X (date à confirmer).
Le gymnase Paul Fritsch rue du Maréchal Juin (approximité de l'I.U.T.) en 2012
NA : Dommage qu’aucune signalétique indiquant le nom de l’athlète ne soit apparente sur le bâtiment comme celle figurant sur le gymnase Pierre Bonnet sur les Hauts de Belfort. Il fut lui aussi un grand boxeur, nous en parlerons dans un futur billet.
Arthur Hermann (1920 &1924)
Arthur Hermann, comme Georges Thurnherr est né en Alsace plus précisément à Mulhouse le 16 octobre 1893; sa famille, elle aussi s’installe à Belfort.
Très jeune à 9 ans, il s’inscrit à la société de gymnastique L’Alsacienne et rejoint rapidement sa rivale La Belfortaine dirigée par Emile Parrot.
NA : Nous consacrerons ultérieurement un billet sur la Belfortaine.
Ce club de gymnastique est un véritable vivier où de nombreux athlètes ont progressé et obtenu de nombreux trophées lors des compétitions régionales, nationales et internationales. Arthur Hermann est l’un d’eux.
Dès 1913, il assure la fonction de moniteur adjoint.
En 1920, il est sélectionné en équipe de France pour les Jeux d’Anvers. Cinq autres gymnastes de la Belfortaine font parti des 24 athlètes sélectionnés pour l’équipe de France. Ces autres belfortains sont son frère Henri, Georges Thurnherr, Albert Hilbert, Alfred Droesch et Albert Goepfert.
Il participera, comme 119 autres gymnastes venant de 5 pays, aux épreuves se déroulant les 23 et 24 août en Belgique. Il gagnera la médaille de bronze avec l’équipe de France avec son coéquipier de La Belfortaine Georges Thurnherr.
Carte postale d'Arthur Hermann
Grace à son titre de champion de France acquis à Rouen en 1923, il sera à nouveau sélectionné pour les Jeux de Paris en 1924.
Il participe à toutes les épreuves de gymnastique et se classe notamment sixième à la corde, neuvième au cheval d'arçon et finira 27ème au classement général. Au concours général par équipe, il apporte sa contribution pour décrocher la médaille d'argent pour la France.
En 1927, il est nommé moniteur chef; poste qu’il assumera jusqu’en 1930. Il assurera aussi des fonctions de management comme le poste de Président de la commission technique de gymnastique. Il obtiendra la médaille de l’éducation physique.
Arthur Hermann décédera dans sa ville d’accueil le 28 mars 1958, un petit mois avant Georges Thurnherr son amide toujours voir plus; il était marié avec sa nièce, Jeanne Thurnherr.
Émile Parrot (1920 & 1924)
Né à Audincourt le 3 juillet 1876 à Audincourt, Emile Parrot entre dès l’âge de 12 ans à L’Expérience pour pratiquer la gymnastique. Après son service militaire, il entre à la SACM et rejoint la société L’Alsacienne.
Mais dès 1901, il fonde une nouvelle société de gymnastique La Belfortaine avec 22 jeunes gymnastes le 7 novembre dans le café Thomas Heiné du faubourg des Ancêtres. Il assure la fonction de moniteur-chef. En 1919, les deux sociétés fusionnent en conservant le nom La Belfortaine.
Aux VIIème Olympiade d’Anvers (1920), il lui est confié de diriger l’équipe des 6 gymnastes Belfortains composés des frères Hermann Arthur et Henri, Georges Thurnherr, Albert Hilbert, Alfred Droesch et Albert Goepfert. La réussite est au rendez-vous car Georges Thurnherr et Arthur Hermann rapportent la médaille de bronze acquise avec les autres athlètes de l’équipe de France.
Affiche des Jeux d'Anvers 1920
A la suite de ces Olympiades, Emile Parrot reçoit le titre de ‘’Le plus valeureux moniteur de gymnastique de France’’. Il récompense le sportif mais aussi l’homme pour son sens de commandement et sa passion pour ce sport.
Promotion en 1924, aux Jeux Olympiques de Paris, il est nommé Directeur de l’équipe de France de gymnastique.
La réussite est toujours présente car la France gagne la médaille d’argent au Concours général par équipe hommes où figure Arthur Hermann le belfortain. Mais aussi les 3 médailles (l’or et les 2 argent car les 2 athlètes sont ex éco) de l’épreuve de saut de côté avec respectivement Albert Séguin, Jean Gounot et François Gangloff, la médaille d’argent à l’exercice du montée de corde avec Albert Séguin et enfin la médaille de bronze à l’exercice de la barre fixe avec André Higelin.
Affiche des Jeux de Paris 1924
Donc un total de médailles, Emile Parrot est comblé par ses gymnases.
A nouveau, avec ces Olympiades, Emile Parrot reçoit pour la deuxième fois le titre de ‘’Le plus valeureux moniteur de gymnastique de France’’.
En 1920-21 est construit un gymnase pour La Belfortaine et un stade dans le quartier des Vosges, rue Châteaudun.
Ci-dessous une vue aérienne de 1963 : A gauche on voit la rue Pasteur, en bas la rue Victor Hugo et en haut la rue de Châteaudun.
Le gymnase de La Belfortaine est en bas et à droite de la rue Pasteur et au dessus le stade Emile Parrot dont l'entrée est du côté de la rue de Châteaudun.
Son dévouement à la gymnastique est à nouveau récompensé; Emile Parrot reçoit la médaille de Chevalier de la Légion d’Honneur.
Il décède prématurément le 20 mai 1927 en laissant un grand vide au sein de la société La Belfortaine mais aussi à la gymnastique française!
Un monument implanté et inauguré en 1929 lui est consacré à l’entrée du stade de La Belfortaine rue de Châteaudun; ce même stade devient le stade Emile Parrot.
Ce monument est signé A. Thurnherr Frères. Mais qui a réalisé le buste?
Carte postale du Monument Emile Parrot
Rappel du solde de facture par l'artisant marbrier Thurnherr
En fin des années 1970, un nouveau gymnase est construit en lieu et place de l'ancien stade côté rue de Châteaudun, pour remplacer l'ancien gymnase de La Belfortaine qui est démolit. Le monument Emile Parrot est déplacé vers la rue Victor Hugo.
Le maire Emile Géhant inaugure le 16 mars 1981 ce nouveau gymnase baptisé Emile Parrot.
Gymnase Emile Parot en 2012
Le monument a été ré implanté dans le petit square créé il ya une dixaine d'année derrière le gymnase actuel. On a accès par les rues Pasteur et Victor Hugo. Par contre, le monument a été estropié... il manque la tête du coq ! Un collectionneur serait passé par là ! Autre hypothèse, un habitant du quartier ayant trop arrosé une victoire aurait-il cru faire taire un gallinacé au chant trop matinal !!!
Vue du monument en 2012 (photo BF)
On voit la tête manquante du coq!
NA : Apparemment ce petit square n'est pas baptisé; pourquoi ne pas le nommer Square de La Belfortaine lieu où était le gymnase à sa création en 1921?
Du côté des collectionneurs
Avec les Jeux Olympiques d’Anvers (1920) et surtout pour Paris (1924), les objets de collections commencent à être plus nombreux.
Cartes postales
Très belle série illustrée par H.L. Roowy pour les Jeux de Paris 1924
Tribune officielle au stade de Colombe Equipe de France de fotball
Timbres
Série éditée par la Belgique pour les Jeux d'Anvers en 1920
Série éditée par la France pour les Jeux de Paris en 1924
Médailles
Médaille JO Paris 1920 Médaille JO Anvers 1924
Nous voici au bout de ce 2ème billet sur les Olympiades, nous poursuivrons dans un très prochain billet ce parcours olympique des Terrifortains.
JM
Infos pratiques
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Appendice
(1) Terrifortain : Nom des habitants du Territoire de Belfort. Il a été choisi en 2011 par les auditeurs de Radio France Bleu Belfort et un jury de personnalités. Ce nom n'est pas, à ce jour, officialisé.
(2) L’Union Sportive Belfortaine (USB) : L’USB est l’un des deux clubs multisports de Belfort. Le second est l’Association Sportive Patronale Belfortaine (A.S.P.B.). Sous l’action de la mairie, ces deux clubs seront réunis en 1971, le 3 juin en un seul sous le nom de l’Association Sportive Municipale Belfortaine (ASMB).
(3) Georges Carpentier : Boxeur français (1894-1975) champion de France junior en 1907 en boxe française, champion de France et d’Europe des welters en 1911, champion d’Europe des moyens en 1912 et des lourds en 1913, champion du monde des mi-lourds en 1920.
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