Belflorissimo 2014, le vent
Après l’article écrit en 2013 sur le 30ème anniversaire du marché aux fleurs de Belfort connu sous le nom de Belflorissimo depuis 1993, où j’avais dressé son historique par décade, je vous propose de découvrir au fil du vent, l’édition 2014 !
Pour mémoire, l’article sur 30 ans de marché aux fleurs
L'affiche de Belflorissimo 2014
Ne voulant pas vous proposer un simple diaporama sur ce sujet, j’ai cherché à compléter les photos d’un apport documentaire ou autre. Dans un premier temps, je pensais présenter les métiers en relations avec les fleurs et les plantes par l’utilisation d’objets de collection. Puis dans un second temps, de développer la thématique du vent via aussi l’utilisation d’objets de collection. Mais je restais un peu sur ma faim… alors, je me posais cette question ‘’quel serait le bon synonyme de la thématique fleur, plante, vent… en un mot du vert ?’’. La réponse vint naturellement de son homonyme ‘’les vers’’.
Comme chaque année, les jardiniers pour installer leur massif thématique, se sont appropriés le faubourg de France en son entier mais aussi le boulevard Carnot jusqu’à l’entrée de la Place de la République. Suite aux travaux réalisés dans le cadre d’Optymo 2, la partie sud du faubourg devenue semi-piétonnier et l’élargissement des trottoirs du boulevard Carnot ont permis d’offrir des surfaces supplémentaires pour présenter pour ce 31ème Belflorissimo des expositions florales éphémères. Le marché aux fleurs, lui, a conservé son emplacement traditionnel le long de la Savoureuse entre la place Corbis et la Maison des Arts. La thématique choisie cette année est le vent, sujet parfaitement en accord avec la bonne quinzaine de journées avec la présence d’une bise très soutenue… un vrai mistral !
Carton d’invitation
Avant de partir au gré du vent, pas tout à fait car la visite est dirigée, mettons-nous dans le rythme… du vent avec un premier poème, celui de Luce Guilbaud intitulé ‘’Le vent’’ :
Je plains le vent
Le vent se plaint
le vent gémit
le vent souffre quand il souffle
le vent voudrait se reposer
déposer sa douleur
dans le creux d’un rocher
danser avec les mouettes
doucement tranquillement
les emporter sur un nuage
le vent rêve de tendresse
mais il est condamné à hurler
à déchirer les feuilles mortes
à griffer nos visages dans la pluie
ça le met en colère le vent
d’être si méchant !
Alors il s’emporte et devient fou
le vent tornade tempête
sa douleur n’a plus de bornes
il détruit tout sur son passage
puis il s’arrête essoufflé désespéré
dans un lointain désert
et là-bas il s’endort
en rêvant de caresses.
Je plains le vent.
Maintenant que nous sommes entrés en vers dans le vent, partons à la découverte des réalisations venteuses et non vantardes de l’édition 2014 de Belflorissimo…
Vol en montgolfière
Remontons le faubourg de France (en venant de la gare) pour découvrir le premier massif à la hauteur de l’ABC.
C’est le premier des quatre massifs créés par le Lycée Agricole de Valdoie, plus précisément par les apprenants composés de demandeurs d’emploi et de personnes en CIF (Congé Individuel de Formation) préparant un Brevet Professionnel d’Aménagement paysager.
Une première équipe nous propose un premier voyage sous le vent avec un ‘’Vol en montgolfière’’.Lors de son envol, elle sème les fleurs dans son sillage.
A ce vent, on peut y ajouter ces quelques vers issus de ce poème trouvé sur ce site
Dans les drames du vent tu survoles,
Cherchant l'endroit de la visite,
Montgolfière, au-dessus des montagnes sans col,
Tu atterriras sur les roches cristallines, sur le granit.
Qui t'a confectionnée pour être si belle ?
Avec tes couleurs sombres ?
Invisibles semblent être tes ailes,
Qui se cachent aussi dans l'ombre.
Tu passes les claires eaux,
Tu traverses les continents,
Même les ensembles structuraux
Et les bois innocents.
Au pied de la nacelle, les lobelias voisinent avec les pierres.
Pissenlit au vent
Après avoir pris de l’altitude, nous redescendons sur le plancher des vaches devant le magasin Joko.
Là, une deuxième équipe de nos jardiniers en formation ont mis en avant le pissenlit, aussi appelé ‘’Dent-de-lion’’.
A ce ‘’Pissenlit au vent’’, j’y souffle la citation de Victor Hugo (1802-1885) du ‘’Pissenlit’’ :
A la pointe d’un chalumeau, la sphère de graines blanches que le vent crève et emporte. Espèce de bulle de savon des prés qui semble avoir été soufflée par la terre.
Cette vivace très commune a tendance à coloniser de plus en plus les surfaces végétales non cultivées via son aigrette volatile dès le moindre souffle.
A cette fleur éphémère, laissons ce poète inconnu (e) nous conter une partie de sa vie :
Si l'on te laisse vivre, mauvaise herbe du gazon,
Si l'on ne te mange pas, baraban ou dents-de-lion :
C'est en avril, dès les premières récoltes,
Que, sous nos yeux envieux, tu virevoltes.
En sphère étoilée,
Douce, vaporeuse,
Oracle tu es,
Voix duveteuse.
Tu as pensé pouvoir vivre éternellement
A l’abri des derniers froids et des derniers vents.
Avec les premières tendres feuilles émeraudes,
Ta couleur, jaune, doucement t’abandonne;
Ta joie partie dans une bise, résonne,
Rien ne restera de la peine qui te taraude.
Arrivée en graines, tu as peu attendu,
Pour enfin devenir feuilles et tige nue.
Porteuse de nouvelles,
Toi, si belle,
Je n’ai pu m’empêcher
De te souffler :
Aujourd’hui tu es errance,
Semences et Espérances ?
Sur le champ de bataille, les impatiences de Guinée et les petites pâquerettes ne veulent pas laisser s’implanter les pissenlits même si ceux-ci ont la volonté de s’approprier ces vertes pelouses…
Navire fleuri
Avant de quitter la nouvelle partie semi-piétonne du faubourg, une troisième équipe de ces apprenants du Lycée Agricole de Valdoie a réalisé un nouveau carré ou plutôt rectangle.
Elle nous propose de découvrir les voiles déchirées de ce ‘’Navire fleuri’’ échoué où la nature a repris ses droits par la colonisation des fleurs que transportaient cette embarcation…
Ce bateau a fier allure malgré ses voiles en lambeaux.
Telle une corbeille, la barque est fleurie elle aussi, d’impatiences de Guinée
En vers et contre tout, mettons les voiles…
Voile de bateau,
Bateau ivre sans voile,
Bateau de voile dévoile.
A toute voile,
Souffle de vie,
Mais qui s'essouffle.
Caravelles en voiles,
En flots de voiles,
En flots de vagues.
Voile de voyage,
Voile qui emporte,
Voile qui éloigne.
Le bateau a perdu sa flamme… car le vent a été plus fort que la lampe tempête qui n’a pu protéger sa flamme !
Calme après la tempête
Après avoir traversé la rue des Capucins, nous entrons dans la partie piétonne du faubourg de France.
Nous découvrons le dernier massif élaboré par une quatrième équipe du Lycée Agricole de Valdoie, intitulé ‘’Le calme après la tempête’’.
Lors de cette tempête un avion s’est planté dans le sable comme pour montrer que la nature est plus forte que l’homme.
Pour évoquer cet instant de calme, j’ai choisi le poème de Jules Verne ‘’Tempête et calme’’
La nature est tranquille,
A perdu sa frayeur;
Elle est douce et docile
Et se refait le cœur;
Si le tonnerre gronde
Et de sa voix profonde
Là-bas trouble le monde,
Ici l'on n'a plus peur.
A ces côtés, un arbre a recueilli des cerfs-volants et des cœurs comme pour affirmer la plénitude retrouvée après la tempête !
Dans le ciel l'étoile
D'un éclat plus pur
Brille et se dévoile
Au sein de l'azur;
La nuit dans la trêve,
Qui reprend et rêve,
Et qui se relève,
N'a plus rien d'obscur.
Ce massif tout en volume laisse une place aux fleurs et rocailles.
Tornade
Dans l’entrée du Passage de France, les écoles élémentaires Jules Heidet de Belfort et Offemont Centre ont participé à la réalisation d’un très beau massif.
Intitulé ‘’Tornade’’, on peut féliciter les créateurs par la fidélité de sa représentation
Cette tornade entraîne avec elle, les éléments arrachés à la nature…
Comment évoquer ce phénomène qui provoque peur et contemplation à la fois… ces quelques vers de ce poème peuvent nous y entraîner…
La poussière se soulève, défie l'apesanteur,
Se transforme en masse qui bientôt résonne
Par électriques trainées qui montent et tourbillonnent
Dans un ciel tourmenté saccadé de lueurs.
Une tornade se crée, d'un coup, d'un seul,
Sortie de nulle part, sans appui, déroutante,
Commence sa sarabande quasi intransigeante,
Un trot qui est lancé en habit de noirceur.
Si le décor est vertical, la décoration est aussi horizontale !
Le vent en poupe
Devant le magasin Virgin Mobile, l’Association des Jardins Ouvriers nous ont gratifiés d’un massif tout en hauteur.
Le titre choisi ‘’Le vent en poupe’’ est énigmatique, tout au moins pour moi !
Telle une forêt de plantes hautes, elles sont coiffées par d’étranges fleurs non biodégradables et que dame nature n’apprécie que peu !
A cette expression ‘’Vent en poupe’’ n’est accroché ni poème ni citation ; mes recherches sont restées vaines! Il ne me reste plus qu’à rappeler cette définition :
Traditionnellement, les marins sont contents d'avoir le vent en poupe.
En effet, la poupe est l'arrière du bateau donc le vent favorise son déplacement.
Par extension, cette expression est utilisée à partir du 15ème siècle pour désigner une personne favorisée par le sort.
Par contre aux pieds de ces fleurs surprenantes, des carrés sont réservés au potager.
Le voilier
Devant l’ex magasin Chapitre, est amarré un 3 mâts comme pour confirmer que cette librairie est partie pour un long voyage…
‘’Le voilier’’ créé par la Ville d’Essert.
Ce 3 mâts aux voiles repliées semble attendre sa prochain mission…
Pour ce bateau à quai, je vous livre ce poème (auteur inconnu)
Quand le jour se lève sur la Marina
Les voiliers du port sont toujours là.
Quand Marina les voit
Elle est folle de joie.
Elle regarde le ciel
Et s'en va tout droit.
Pour mettre en valeur ce voilier, les jardiniers d’Essert ont fleuri la berge de belles compositions où les géraniums blancs composent avec d'autres fleurs et plantes.
Les vents taillent
Devant les Nouvelles Galeries, L’Amicale des jardiniers municipaux a réalisé une plage tropicale où est accosté un voilier.
Ils ont intitulé leur scène ‘’Les vents taillent’’ !
Probablement que les jardiniers en choisissant cet intitulé sont restés dans le flux du vent tout en utilisant un excellent jeu de mots pour cette scène qui nous suggère le farniente ou ‘’avoir les pieds en éventail’’ !
Pour être en phase avec cette scène de plénitude, le poème ‘’Sur la plage’’ d’Emile Blémont (1839-1927) me semble être en adéquation…
La plage étincelle, fume
Et retentit, vaste enclume
Que les vagues et le vent
Couvrent de bruit et d'écume.
En bordure de plage, la végétation est craintive; seules quelques plantes acceptent d’être agressées par le vent et les vagues de l’océan.
Sous la force d’une nouvelle rafale du vent… où d’un individu, le bateau a démâté !
Je vais, selon ma coutume,
Le long du galet mouvant,
Les yeux au large, rêvant
Quelque rêve décevant
Salé de fraîche amertume.
Girouette
Devant le magasin Undiz, le paysagiste Jonathan Nature a réalisé un parterre en forme de L.
L’aménagement réalisé par les jardiniers d’Auxelles-Bas est la carte de visite du savoir-faire de l’entreprise.
Pour donner du sens au vent ou plutôt donner le sens du vent, deux girouettes sous forme de coq trônent sur le massif. Ces gallinacés rotatifs ne sont pas toujours immobiles, ces vers du poème ‘’La girouette’’ du canadien Albert Lozeau le confirment !
Plus ou moins vite, on voit, tourner la girouette,
Sa pointe en tous les sens et sans cesse en avant.
En décrivant un rond qui s'efface dans l'air;
Parfois, elle s'arrête, et de son doigt de fer
Désigne longuement un objet qui l'attire.
Elle hésite, on dirait qu'elle a peur de l'espace;
Elle se meut de droite à gauche au vent qui passe:
Attentive, elle écoute et regarde alentour.
Elle tourne, et s'arrête encore brusquement,
Comme prise soudain d'un grand étonnement...
Puis, recommence son manège minuscule.
Vent fleuri
A la hauteur de la Galerie des Faubourgs, est implantée une nouvelle construction éphémère.
La commune de Bavilliers a choisi d’illustrer le thème du vent par un moulin.
Si les pales de ce moulin n’ont plus à supporter les assauts du vent, elles doivent accueillir une nuée de jardinières.
A ce moulin immobile, ces quelques vers extrait du poème ‘’La renaissance du moulin’‘.
Derrière le portail, le vieux moulin sommeille;
Cela fait bien longtemps qu'il ne moud plus de grain !
On le croirait pourtant arrêté de la veille
Et prêt à repartir avec le même entrain.
Au diable l’avarice, pour redonner un souffle à ce moulin d’autres vers du belge Emile Verhaeren, extrait de sa poésie ‘’Le moulin’’
Le moulin tourne au fond du soir, très lentement,
Sur un ciel de tristesse et de mélancolie,
Il tourne et tourne, et sa voile, couleur de lie,
Est triste et faible et lourde et lasse, infiniment.
Depuis l’aube, ses bras, comme des bras de plainte,
Se sont tendus et sont tombés; et les voici
Qui retombent encor, là-bas, dans l’air noirci
Et le silence entier de la nature éteinte.
A cette occasion, les jardiniers de Bavilliers ont créé une nouvelle variété de farine, la concassée de géranium.
Avec ces jardinières bien pourvues,
Le moulin pouvait attendre sans crainte,
Que la brise fut venue.
Le sèche-linge au naturel
A l’entrée du faubourg côté est, devant le lion LCL, le massif a été réalisé par la Sarl Le Savoir Vert; Il fallait y penser à représenter cette utilisation millénaire du vent !
L’entreprise de Bavilliers y a songé
Ce sèche-linge naturel ne peut pas être une solution plus écologique; ce ne sont pas les verts, à ne pas confondre avec les vers, qui la contrediront… aucune consommation d’énergie fossile et aucun recyclage à prévoir, pas de chance pour les vers !
Par contre, trouver un poème ou une citation sur ce thème, c’est coton. Mes recherches n’ayant point abouti, il me reste à vous proposer… une comptine écrite par Corinne Albaut, ‘’Sur le fil à sécher le linge’’.
Sur le fil à sécher le linge
il y a un pantalon
c'est à mon cousin Gaston
Sur le fil à sécher le linge
il y a un pull-over
c'est celui de Philibert.
Sur le fil à sécher le linge
il y a quatre chaussettes
deux à moi, deux à Josette.
Sur le fil à sécher le linge
il y a un' p'tit' culotte
c'est à mon amie Charlotte.
Sous les fils, des tournesols et des roses d’Inde illuminent l’accès au sèche-linge…
Force de hier à demain
Place Corbis, la Ville de Leonberg a choisi de représenter la thématique définie par deux utilisations mécaniques du vent.
D’un côté, la solution d’hier avec le moulin et celle d’aujourd’hui et encore plus demain, l’éolienne.
La ville de Leonberg, jumelée avec Belfort depuis 1977, nous a gratifiés d’un joli moulin. C’est grâce au poète marocain Mohamed El Fakhkhari que je peux vous proposer ces vers de ‘’L’éolienne’’ :
Eolienne! J'aurais aimé être le vent
Pour te faire tourner, ô petit moulin rose!
Puis, au nom de l'aube, un vieil engoulevent
Qui, perché sur une de tes ailes moroses,
Adorerait la paix et l'amour au couvent.
Eolienne! J'aurais aimé être le temps
D'un passé révolu qui repeindrait en rose
L'avenir des peuples jetés depuis longtemps
Au fond d'un océan désert, ô mon hypnose!
A remarquer, si les pales du moulin tournent, l’éolienne est à l’arrêt, dûe à l’absence d’une de ses pales !
Elle qui par définition doit résister au vent, son partenaire, n’a pu résister au vandalisme, celui du mouvement anti-éoliennes qui ne veut pas voir des paysages défigurés ?
La tempête
La suite de la visite nous emmène sur le pont Corbis qui grâce aux élargissements des trottoirs, a permis d’installer un massif réalisé par les Serres d’Olivier Drezet côté nord.
La Sarl de Bethoncourt a proposé une décoration où la ‘’Tempête’’ avait fait son œuvre…
Pour compléter ces photos, j’ai choisi quelques vers de la poésie de Phoenix Cami, intitulée ‘’Après la tempête’’ qui me semble être en parfaite harmonie avec la décoration de ce massif :
Comme le vent qui fait fuir les nuages,
Où tout doucement, le ciel se dégage,
J'avais tellement attendu ce présage.
Qu'un événement imprévu se produise,
Et qu'il souffle, léger comme la bise,
Pour que le changement soit de mise.
Alors quand les rayons du soleil apparaissent,
On redécouvre ainsi ce qu'est la tendresse,
Et soudain la pluie cesse : adieu la tristesse!
La force d’Eole contre la douceur de Flore
Après franchi le pont Carnot, nous entrons dans le boulevard Carnot toujours côté nord où le fleuriste Blanc du quai Vauban a réalisé un massif plein de charme sans charmes mais avec en autre des conifères taillés en spirale
Cette décoration devant répondre à cette contradiction ‘’La force d’Eole contre la douceur de Flore’’.
Pour ce massif où l’arbre est omniprésent, rendons lui hommage avec ce poème ‘’Mon arbre’’ :
Et le voici tout seul, souverain face au vent,
Bercé par les étés, givré par les hivers,
Les printemps facétieux, l'automne flamboyant,
Face aux mêmes sillons qui fécondent la terre.
A l’automne, quand l’or maquillait son feuillage
Et que s’ébouriffaient les nuages pressés,
Il écoutait les mots que les oies de passage
Lui murmuraient, tout bas, avant de le quitter.
Quand l’hiver se prolonge en frissons obstinés,
Ses rameaux, transpercés par les glaives du vent,
Se tordaient, décharnés, comme des barbelés
Que le givre a figé dans l’étau de ses dents.
Les éphémères au gré du vent
Les jardiniers du service des Espaces Verts de la ville de Belfort ont réalisés plusieurs massifs aux motifs particuliers et novateurs par les composants utilisés. Ils ont réalisé la verticalité des motifs en créant une succession de motifs rappelant d’une certaine manière les stalactites et les stalagmites
Leurs massifs mettent en scène des compositions éphémères.
Cheveux au vent
Le premier massif devant Gilet Laffont des stalactites flexibles telles des cheveux plastifiés au vent.
Associons à ces éphémères virevoltant, le poème A la rencontre du printemps du poète belge Maurice Carême (1899-1978) :
Cheveux au vent
Tambour battant,
Allons-nous-en,
A la rencontre du printemps.
Des arbres, des toits, des auvents,
Il pleut des milliers d'hirondelles.
Le soleil verse sur les champs,
De pleins paniers de fleurs nouvelles.
Cheveux au vent,
Tambour battant,
Allons-nous-en,
A la rencontre du printemps.
Prenons nos trompettes gaiement
Et sonnons la mort de l'hiver.
La terre est comme un agneau blanc
Dans les bras nus de l'univers.
Les papillons
Un des massifs a attiré une nuée de papillons multicolores, ils virevoltent au gré du souffle du vent. Laissons à l’écrivain, mais plus encore au poète, Gérard de Nerval (1808-1855) nous les décrire grâce à l’un de ses poèmes ‘’Les papillons’’.
Le papillon, fleur sans tige,
Qui voltige,
Que l'on cueille en un réseau;
Dans la nature infinie,
Harmonie
Entre la plante et l'oiseau !...
Voici le papillon "faune",
Noir et jaune;
Voici le "mars" azuré,
Agitant des étincelles
Sur ses ailes
D'un velours riche et moiré.
Voici le "vulcain" rapide,
Qui vole comme un oiseau :
Son aile noire et splendide
Porte un grand ruban ponceau.
Dieux ! le "soufré", dans l'espace,
Comme un éclair a relui...
Mais le joyeux "nacré" passe,
Et je ne vois plus que lui !
Serpentins et plumes
Après les stalagmites papillonnant, retrouvons de nouveaux stalactites formées de serpentins légers voir fragiles flottant au vent sans résistance.
Ouf, sauvé par Coumarine qui dans son poème, utilise le mot serpentin telle une métaphore !
Le soleil ce soir
Déserte l’univers
Effiloche lentement
Ses lamelles de lumières.
Les rouges serpentins
Ondulent à l’horizon.
Abasourdi de silence
Le soleil ce soir
Frissonne et tremble.
Et la lune s’émerveille
De se baigner nue
Seule survivante
Dans son cocon d’argent
Et la lune rit
Comme une femme
De se voir si belle
Dans le miroir
D’un ciel opalin.
Les marguerites du Cap et les arums contemplent ces guirlandes qui ne cessent de s’agiter au-dessus d’eux
Les miroirs et les cailloux
Pour ce massif, recouvert d’une belle pelouse à l’anglaise, d’étranges stalagmites formées d’un fil semi-rigide supportant un caillou blanc s’entrechoquent sous les asseaux de vent pendant que des miroirs reflètent les nuages poussés eux aussi par la bise.
Pour continuer à verser dans la poésie et rester en phase avec le développement réalisé pour ce massif, entrons dans ce jeu de miroir via le poème Haïkus d'Anne Brousmiche :
Goutte après goutte, ,ettuog sèrpa ettuoG
le temps fixe exif spmet el
la lumière erèimul al
Miroir de la vasque ~ ~ euqsav al ed rioriM
la lune se poudre d'or ro’d erduop es enul al
sous l'œil du soleil lielos ud lieo’l suos
Une simple libellule elullebil elpmis enU
chasse essahc
les nuages segaun sel
Tant de soleil ! ! lielos ed tnaT
l’ombre ruisselle ellessiur erbmo’l
en flaque noire erion euqalf ne
À flanc de colline enilloc ed cnalf A
des nuages amassés séssama segaun sed
en cordée eédroc ne
D’un coup d’aile elia’d puoc nu’D
il chasse les nuages segaun sel essahc li
... ton regard d’ange egna’d drager not …
Rideaux de renouée
Pour ce massif, les jardiniers ont réalisé des rideaux, à la provençale, qui cliquettent sous l’influence du vent.
Avant de fermer le rideau sur ce marché aux fleurs, il nous reste encore un bout de chemin à effectuer envers et contre tout… Empruntons ces quelques vers ‘’Le rideau de ma voisine’’ à Alfred de Musset (1810-1857) :
Le rideau de ma voisine
Se soulève lentement.
Elle va, je l'imagine,
Prendre l'air un moment.
On entr'ouvre la fenêtre :
Je sens mon coeur palpiter.
Elle veut savoir peut-être
Si je suis à guetter.
Mais, hélas ! ce n'est qu'un rêve ;
Ma voisine aime un lourdaud,
Et c'est le vent qui soulève
Le coin de son rideau.
La matière première utilisée est surprenante, car cette plante, la renouée, est considérée à juste titre comme envahissante, du moins le renouée du Japon, et sa destruction est extrêmement difficile tant ces racines sont profondes.
Certaines renouées ont pourtant des propriétés médicinales.
Aux pieds de ces rideaux, quelques arums regardent ces drôles de guirlandes qui s’agitent au rythme des caresses du vent.
Grelots
Pour le dernier massif, les jardiniers des Espaces Verts de la ville ont accroché aux bambous des grelots comme pour signaler aux passants la présence du vent.
Dans un de ses poèmes, Alfred de Musset met en scène ce type de clochette…
Cependant du plaisir la frileuse saison,
Sous ses grelots légers rit et voltige encore.
Tandis que, soulevant les voiles de l’aurore,
Le Printemps inquiet paraît à l’horizon
Du pauvre mois de mars, il ne faut pas médire;
Bien que le laboureur le craigne justement;
L’univers y renaît; il est vrai que le vent,
La pluie et le soleil s’y disputent l’empire.
Qu’y faire. Au temps des fleurs, le monde est un enfant.
C’est sa première larme et son premier sourire.
C'est dans le mois de mars que tente de s'ouvrir
L'anémone sauvage aux corolles tremblantes.
Arrivée à l’entrée de la place de République, traversons le boulevard Canot pour rejoindre le dernier massif, lui réalisé par le fleuriste Coquelicot.
Les mobiles de Calder
François, le fleuriste de la boutique Le Coquelicot, a réalisé un massif en hommage du sculpteur et peintre américain Alexander Calder (1898-1976).
Ce spécialiste de la réalisation de stabiles est aussi renommé pour ses mobiles.
Ce massif, réalisé au dernier moment, est tout en hauteur par ses épicéas élancés eux-mêmes dominés par des mobiles en forme de clochette encerclés par les papillons blancs, éphémères suite à la présence imprévue de chasseurs de lépidoptères !
Mettons à l’honneur, une nouvelle fois, cet insecte à métamorphose complète (œuf, chenille, chrysalide et papillon) par ce poème ‘’Papillon’’ de Robert Calmels :
Le papillon qui s’éveille
Et sort de sa chrysalide
Aux rayons qui l’ensoleille
Chauffe ses ailes humides.
En les déployant ses ailes
Brillent de teintes variées
Qui au soleil étincèlent
En ocelles colorées.
Puis insouciant il volète
Visitant chaque corolle
Pour y butiner des miettes
De pollen dont il raffole.
Il inspecte ainsi la flore
Arrive en valses légères
Au buddleia qu’il adore
Pour ses senteurs printanières.
Le marché aux fleurs
Couverture du programme de l’édition 2014 de Belflorissimo.
Après cette revue en détail des différents carrés, entrons dans le marché aux fleurs pour quelques instantanés…
Les visiteurs avaient un grand choix de plantes, de fleurs, d’arbustes… sur les étales des horticulteurs, fleuristes…
Pour animer le marché aux fleurs, les organisateurs avaient invité le big band la Compagnie "Les Enjoliveurs" pour ajouter du son au vent…
Attirés ou poussés par le vent, deux musiciens Burkinabè se sont invités pour contribuer à la bonne ambiance générale avec leur instrument de musique…
En quittant le marché aux fleurs, édition 2014, jetons un dernier regard sur les jardinières accrochées aux rambardes du pont Carnot.
Pour donner le mot de la fin, il est plus que naturel de donner ce rôle à un poète, Renée Vivien (1877-1909) via son poème ‘’Le rire des vents’’ :
Les quatre Vents ont ri dans le ciel du matin,
Puis leur humeur étant changeante, une querelle
S’est élevée entre eux. Et la femme autour d’elle
Vit s’abattre en riant le courroux du destin.
Les quatre Vents on ri dans le ciel de l’aurore
D’un grand rire pareil aux désespoirs fervents.
Avez-vous entendu le bruit des quatre Vents
Qui détruisent, riant, et détruisent encore ?
Et comme l’on soufflette en la force des mains,
Comme l’on rit en chœur, comme l’on chante et danse,
Les quatre Vents ont ri de savoir leur puissance
Sur le troupeau soumis et triste des humains.
Reportage photographique : JM
Références : Wikipédia, Sites Web...
JM
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Appendice
(1) Alexander Calder : Né le 22 juillet 1898 à Lawnton, ville proche de Philadelphie, est un sculpteur et peintre américain. Il passa une grande partie de sa vie en France.
Après la peinture et la bande dessinée, il réalisa en 1925 sa première œuvre majeur ‘’Le cirque de Calder’’ constituée de figures en fil de fer dont il assure le fonctionnement du mécanisme.
En France, il poursuit dans cette voie avec la réalisation de nombreux mobiles.
Il a aussi réalisé des sculptures monumentales appelées stabile dont ‘’L’Homme’’ en 1967 pour l’Exposition Universelle de Montréal et ‘’L’Araignée rouge’’ ou ‘’Le grand stabile rouge’’ installé en 1976 à la Défense à Paris. Le terme ‘’Stabile’’ étant utilisé par opposition à ‘’Mobile’’. Le 11 novembre 1976, il meurt d'une crise cardiaque à New York, le jour du vernissage d'une rétrospective de son œuvre.
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