Gala du 14 mars 1922 à l'Opéra de Paris
MAJ le 29 mars 2020
Il est rare que je rédige un article sur Paris, pourquoi celui-ci ? Il s'agit du Gala de la Légion d'honneur qui eut lieu le 14 mars 1922 à l'Opéra;
Carte postale Paris L'Opéra (coll. privée)
Car dans le cadre de l'article consacré aux Fêtes de la Mi-carême de 1922 à Belfort, la Reine qui fut élue à cette occasion, représenta la Cité du Lion à ce gala.
NA : En fin de texte, un lien permet d’accéder à la partie de l'article intitulée "Fête de la Mi-carême 1922 à Belfort, l'élection de la Reine".
Société de la Légion d'honneur
Le 26 septembre 1921, sur une idée de Jules Renault, fut créée la Société de la Légion d'honneur par le Général Augustin Dubail*, grand Chancelier.
Le but de la Société était de développer dans le pays, les sentiments d'honneur et de patrie, d'accroitre le rayonnement de l'ordre et les rapports entre les membres avec des liens de solidarité, en leur apportant des facilitées d'existence, aides et assistance dans la mesure du possible.
Ces objectifs reprenaient ceux partiellement définis par son initiateur.
La Société fut reconnue d'utilité publique le 27 mars 1922, avec une modification de son appellation, elle devint : Société d’entraide des membres de la Légion d’honneur (SEMLH). De plus, elle n'était plus placée sous la Direction de la Grande Chancellerie mais sous son Haut patronage.
Pour ces 90 ans, en 2012, elle devint Société des membres de la Légion d'honneur (SMLH) avec une évolution de ses statuts.
La Légion d'honneur attribuée à Belfort
La Légion d'honneur fut créée le 19 mai 1802 sous le règne de l'empereur Napoléon 1er.
Légion d'honneur 3e République (coll. JC)
Malgré son passé glorieux, comme sa brillante conduite pendant plusieurs sièges dont celui de 1870-1871, Belfort n'obtint sa Légion d'honneur que le 19 avril 1896.
Quand la municipalité célébra le 25e anniversaire du Siège, les 5 et 6 avril 1896, elle pensait que le ministre de la Guerre, Godefroy Cavaignac, qui devait présider cette commémoration, remettrait à cette occasion la Légion d'honneur promise.
Gravure du 25e anniversaire du Siège (coll. JM)
Mais le ministre se désista, apparemment pour une raison politique vis-à-vis de l'Allemagne; commémoration et légion d'honneur ne passaient pas de l'autre côté du Rhin !
Le ministre de la guerre informa le maire, Charles Schneider, que le Président de la République, Félix Faure, en date du 19 avril 1896, avait signé le décret autorisant la ville de Belfort de faire figurer dans ses armoiries la Croix de la Légion d’Honneur pour perpétuer le souvenir de sa résistance pendant la guerre en 1870-1871.
Décret du 19 avril 1896 (Jo du 21 avril 1896, doc. Gallica)
Belfort pouvait ajouter à son blason, cette Légion d'honneur chèrement méritée par sa bravoure.
Carte postale Belfort Armoirie avec la Légion d'honneur (coll. JM)
Belfort était enfin reconnue comme ville d'honneur par l'Etat.
Gala de la Légion d'honneur
La Société de la Légion d'honneur organisait le 14 mars 1922, son premier Gala de la Légion d'honneur à Paris.
À cette occasion, la Société, nouvellement créée, demanda aux villes ayant reçu cet Ordre national d'être représentées pour participer au cortège prévu à cette soirée qui sera composé aussi de l'École militaire de Saint-Cyr, Polytechnique, Versailles, Vincennes et Joinville.
Comme les villes de Paris, Nancy, Metz… ainsi que Belgrade et Liège, la municipalité Belfortaine accepta l'invitation. La Cité du Lion fut représentée par son premier magistrat, le maire Noël Lapostolest, accompagnée de la Reine élue le 5 mars lors des Fêtes de la Mi-carême, Maria Sanderre.
Noël Lapostolest, maire de Belfort (photo livre Les maires de Belfort)
Une participation de 50 francs était demandée par personne, permettant d'amender la caisse de la Société destinée à ses œuvres de solidarité.
Au programme du Gala, un cortège d'environ 1200 figurants issus des écoles militaires et complétés des dames de l'Opéra, d'une part historique et d'autre part, une cérémonie rappelant la création de l'Ordre en 1804 par Napoléon. Le tout sous la direction de Firmin Gémier, metteur en scène et directeur de théâtre français
Il était suivi d'un grand bal.
5 mars 1922, élection de la Reine
Le dimanche 5 mars 1922 eut lieu dans la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville, l'élection de la Reine des Fêtes de la Mi-carême, devant présider la Cavalcade du 26 mars.
Carte postale Belfort L'Hôtel de Ville (coll. JM)
Après une première sélection basée sur la représentativité des employées, six candidates étaient présentes pour participer à cette élection, 18 autres en tant que demoiselles d'honneur.
Le choix revint aux membres du Comité d'initiative, en charge de ces Fêtes, qui élirent une employée de la "Maison Bumsel". L'heureuse élue, avec 38 voix sur 41 votants, fut une belfortaine, Maria Sanderre, née le 10 février 1903.
Maria Sanderre (cliché Gueroard, La Frontière, AMB)
Après les félicitations, le maire, Noël Lapostolest, informa l'élue qu'elle l'accompagnerait le 14 mars à une grande fête de bienfaisance donnée à l'Opéra où sont conviés les 37 villes décorées de la Légion d'honneur.
14 mars, le Gala de la Légion d'honneur
Le Gala se déroula sous la présidence du Président de la République, Alexandre Millerand et de son épouse. Étaient présents aussi, les présidents du Sénat, Léon Bourgeois et de la chambre, Raoul Péret, le président du Conseil des ministres, Raymond Poincaré, des ministres, les maréchaux de France, Foch et Pétain, des généraux et amiraux… et du Grand Chancelier de la Légion d'honneur, le général Augustin Dubail, maître de cérémonie.
Carte postale Alexandre Millerand (coll. privée)
Les portes de l'Opéra furent ouvertes à 22 heures.
Sur la place de l'Opéra et sur les marches, étaient rendus les honneurs par la musique de la Garde Républicaine et du 104e Régiment de ligne.
La foule des grands soirs envahissait le lieu où les uniformes scintillaient par leurs décorations autant que les bijoux de la gente féminine drapée dans leurs manteaux de fourrures.
Carte postale Paris Place de l'Opéra (coll. privée)
L'Opéra accueillait toute cette marée humaine endimanchée sous ses lustres alimentés par la fée électrique, qui diffusaient à foison leurs lumières étincelantes.
A 23 heures, la musique de la garde républicaine entama la Marseillaise et le président Millerand apparut à sa loge centrale avec son épouse sous les applaudissements du public.
Carte postale Musique de la Garde Républicaine (coll. privée)
Le spectacle pouvait commencer.
Vint en premier la représentation des Croisades des chevaliers de Jérusalem, portants heaumes, cuirasses, cottes de mailles et gigantesques épées, suivi par la bannière de Saint-Louis. Vinrent ensuite les chevaliers de Saint-Michel qu'avait reçu le roi Louis XIII, puis les chevaliers de l'ordre de Saint-Esprit, les mousquetaires et d'Artagnan qui firent une démonstration de duels.
Carte Illustration Scène de Mousquetaires (coll. privée)
Le cortège poursuivit avec le régiment de la Pompadour, les chevaliers de l'ordre de Saint-Louis et ceux de l'ordre de Saint-Hubert; avec une petite séquence de danses avec la pavane et le menuet.
Le grand moment fut l'arrivée des Grognards du Premier Empire, des Chasseurs de la garde, des Cuirassiers d'Iéna assurant l'escorte de la Légion d'honneur représentée par la sociétaire de la Comédie-Française, Madeleine Roch. Napoléon apparut et passa en revue ses légionnaires en leur pinçant l'oreille, geste passé à la postérité.
Carte postale Napoléon remettant une Légion d'honneur (coll. privée)
Les étendards de la Vieille France vinrent saluer la Légion d'honneur laissant place aux Poilus. L'actrice Lucie Brille (Lucie Weil), en infirmière du front, récita des poèmes émouvants des poètes André Dumas et Louis Payen.
Carte postale Poilus (coll. privée)
La fin du cortège était réservée aux représentants des villes décorées de l'Ordre, le maire de la Cité du Lion, Noël Lapostolest et la Reine belfortaine, Maria Sanderre inclus. Elle portait une très belle robe d'un grand couturier parisien, coiffée d'un diadème.
La foule acclama la représentation historique délivrée avec panache par les figurants. Il est vrai que ces différents tableaux historiques étaient fort bien réalisés avec de très beau de costumes portés pour cette circonstance
Les autorités se retirèrent et vint l'ouverture du bal. Toutes les salles comme le hall furent envahi par les danseurs, élégantes et militaires en majorité, décidés d'y passer la nuit, voir le début du jour.
Carte postale humoristique Bal militaire (coll. privée)
Il est vrai que pas moins de cinq orchestres regroupant 250 musiciens avaient pris possession des salles pouvant accueillir les démangés de la gambette, fanas du Fox trot, One step, Shimmy… danses du moment !
16 mars 1922, remerciements
Le maire reçut un courrier daté du 16 mars 1922, signé du Général Dubail qui remerciait les représentants des villes décorées de l'Ordre d'avoir participer à ce Gala de charité organisé par la Société de la Légion d'honneur.
L'information fut communiquée à la presse.
Le journal L'Alsace la reprit dans son édition du 20 mars 1922.
Épilogue
Bien avant la cavalcade, la Reine des Fêtes de la Mi-carême 1922, Maria Sanderre, fut à la fête avec cette participation au Gala de charité organisé par la Société de la Légion d'honneur.
Le maire de la ville, Noël Lapostolest devait être fier de parader avec si charmante compagnie à l'Opéra de Paris !
JM
Remerciements à Philippe pour son aide précieuse.
Liens pour accéder aux articles cités
Fêtes de la Mi-carême 1922, élection de la Reine : Cliquer ici
Références : Journaux La Frontière et L'Alsace (collection Archives municipales de Belfort), Article André Larger, Journaux L'Intransigeant, Le Gaulois, Le Petit Parisien, Le Temps, L'Écho d'Alger, Notice Société de la Légion d'honneur (collection Gallica)
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