Fêtes de Mi-carême 1922 à Belfort, l'élection de la Reine
MAJ le 28 mars 2020
Dans la première partie de l'article sur les Fêtes de la Mi-carême à Belfort en 1922, nous avons découvert le déroulement du projet, les animations prévues, les concours associés, le déroulement des retraites aux flambeaux…
Extrait Journal La Frontière (coll. AD90)
En 1922, Belfort organisait, peut-être, pour la première fois, des Fêtes de la Mi-carême. A la manœuvre, le Comité des Fêtes, surtout son président, dans un premier temps pour lancer ce projet.
Deuxième partie
Cette deuxième partie est consacrée à l'élection de la Reine
NA : En fin de texte, un lien permet d’accéder au sommaire listant les autres parties de l'article.
5 mars 1922, Belfort élit sa Reine
Le dimanche 5 mars, la ville de Belfort était un peu en effervescence, car on allait élire sa Reine ! Le rendez-vous était donné pour 14 heures dans la salle des Fêtes de l'Hôtel de Ville.
Carte postale Belfort Hôtel de Ville (coll. privée)
Après une période difficile, les français retrouvaient peu à peu leurs qualités de frondeurs en ce pays républicain et démocrate, ils élisent des reines, éphémères !
Les membres du nouveau Comité d'initiative, créé le 12 février, avait la lourde tâche de choisir une Reine et ses demoiselles d'honneur.
NA : Initialement, le projet ne prévoyait pas une mais deux Reines, une Reine du Commerce et une Reine de l'Industrie. Mais les industriels sollicités n'avaient pas adhéré au projet !
À cette après-midi royale, assistait le maire Noël Lapostolest, le député Edmond Miellet, le Conseiller général Adolphe Stein, M. Grenier le chef de cabinet du Préfet…
Pour agrémenter musicalement cette élection, les guitares et mandolines de la Société l'Estudiantina étaient présentes sous la direction de Joseph Jung. Son directeur, Eugène Stuber, impliqué dans le projet, avait pris l'initiative.
Carte postale Belfort Hôtel de Ville Salle d'honneur (coll. JM)
La salle des fêtes était bien remplie avec la présence de nombreux spectateurs sans oublier les 24 différentes élues par leurs collègues employées. Portant de belles toilettes, elles étaient la cible de tous les yeux de la salle, apportant un surplus d'émotivité sinon de timidité à participer à cette élection, seules trois resteraient élues.
La séance fut ouverte par l'Estudiantina qui interpréta un pas redoublé, "Joyeux propos", qui fut très apprécié du public, vu le volume des applaudissements.
Élection de la Reine
Le président du Comité, Paul Marx, fit l'appel des neuf candidates inscrites et remis une pancarte numérotée aux présentes, n'étant plus que six. Les trois absentes avaient-elles eu peur de se présenter ?
Dès le premier tour, une jolie brune de 19 ans, Mademoiselle Maria Sanderre, fit le consensus en obtenant 38 voix sur 41 votants ! Les spectateurs confirmèrent le vote par les acclamations qui firent rougir la toute nouvelle Reine.
Maria Sanderre (cliché Gueroard, La Frontière, AMB)
L'Estudiantina joua un nouveau morceau en l'honneur de la nouvelle Reine.
La demoiselle née le 10 février 1903, habitait dans le faubourg des Vosges, chez ses parents et travaillait à la "Maison Bumsel". Elle fut invitée à rejoindre les membres du Comité pour participer au vote de ses demoiselles d'honneur.
Élection des demoiselles d'honneur
Pour les deux places, 18 candidates étaient présentes à l'élection.
Au premier tour, Marie-Marguerite Peltier, une charmante brune fut élue. Née le 21 janvier 1904 à Danjoutin, la demoiselle est employée au magasin "Au Bon Marché".
Marie-Marguerite Peltier (cliché Gueroard, La Frontière, AMB)
Au second tour, Eugénie Lemire, jolie brune aussi, prit le second titre de demoiselle d'honneur. Née le 20 janvier 1901 à Grenoble, elle est aussi employée au magasin "Au Bon Marché".
Eugénie Lemire (cliché Gueroard, La Frontière, AMB)
Toutes les deux habitaient chez leurs parents à Belfort.
Comme pour l'élection de la Reine, le public adhéra au choix des votants par ses applaudissements.
Une nouvelle fois, l'Estudiantina interpréta un morceau en l'honneur des deux demoiselles d'honneur élues.
Carte photo L'Estudiantina (coll. BF)
Point d'attention : A ce jour, il n'est pas certain que ce soit le groupe musical de Belfort. L'identification n'est pas formelle ! Toute information sera la bienvenue (Estudiantina de Belfort ou de ?, lieu de la prise de vue, année...).
Vint le temps des félicitations pour le trio qui avait franchi avec succès, l'étape du 2e degré.
Paul Marx prit la parole et dit :
"Le 5 mars est une date qui comptera dans les annales de Belfort. Notre ville est partagée entre tous les partis, mais il lui manquait un : le parti de la gaité; nous l'avons constitué et nous espérons qu'il triomphera chaque année à des élections comme celle d'aujourd'hui."
Il remit une magnifique gerbe à la Reine et lui passa une écharpe tricolore en lui disant :
"Majesté, je vous remets cette écharpe qui sera brodée aux armes de la ville. Je vous souhaite de ne connaître dans la vie que bonheur, beauté et prospérité."
Ce cérémonial fut répété pour les deux demoiselles d'honneur
Le président en charge des élections, Léon Schlumberger remercia les prétendantes aux titres et félicita les élues. Il rendit hommage à Paul Marx à l'initiative du projet et regretta que l'industrie n'ait pas adhérée à cette animation. Il remercia l'Estudiantina pour les excellents morceaux joués.
Le maire, Noël Lapostolest, se félicita d'être en présence de visages gais, complimenta la Reine et les demoiselles d'honneur, et remercia les candidates d'avoir affronté les suffrages du jury. Il informa que Maria Sanderre l'accompagnerait le 14 mars à une grande fête de bienfaisance donnée à l'Opéra, à Paris, où sont conviés les 37 villes décorées de la Légion d'honneur.
Carte postale Paris L'Opéra (coll. privée)
NA : En fin de texte, un lien permet d’accéder à l'article consacré à cet évènement.
La dernière intervention fut celle du débuté Edmond Miellet : il affirma "qu'il était heureux d'avoir participé à la réunion électorale de ce jour". Il félicita le Comité et son président puis s'adressa à la Reine : "Majesté, un grand honneur vous est échu, vous êtes la plus jolie, mais ne vous laissez pas griser par les compliments et les hommages". Il lui souhaita un beau voyage dans la vie.
Après les applaudissements du public, chacun voulu féliciter les lauréates.
Le conseiller municipal, Edouard Lévy-Grunwald, proposa que toutes les candidates soient présentes dans la cavalcade, en les accueillant dans trois automobiles fleuries.
Pour cette première, le Comité avait sollicité le photographe Alphonse Drouin, pour mémoriser sur pellicule l'évènement.
Verso d'une photo prise par Alphonse Drouin (coll. privée)
La cour de la mairie servit de scène pour prendre les différents clichés, les trois élues, l'ensemble des candidates, seules et avec les membres du Comité, et pour terminer chaque élue seule. Dès le lendemain, les photographies furent présentées dans sa vitrine.
Photo des 3 lauréates par Alphonse Drouin (cliché Gueroard, L'Alsace)
À la sortie, une quête fut organisée et rapporta 120 francs.
Après la prise de photos, accompagnées du président du Comité, les lauréates partirent dans la voiture du président de l'Association des commerçants, Eugène Stuber, pour effectuer une petite tournée en ville où elles furent acclamées.
Elles étaient attendues au "Bar Américain" pour sabler le champagne, sur invitation du propriétaire, Jules Couteaux qui offrit un superbe bouquet à la reine.
Carte postale Belfort Bar Américain Salle (coll. JM)
Une table leur était réservée dans la partie supérieure.
Après cette petite agape, les demoiselles furent raccompagnées chez elles où les parents les attendaient… avec beaucoup de fierté.
8 mars 1922, le journal Le Matin
Dans son édition du 8 mars, le journal parisien Le Matin, présente en sa première page la présence de la Reine de Belfort au Gala de la Légion d'honneur !
L'annonce pas seulement, mais affiche le joli minois de Maria Sanderre !
Extrait article journal Le Matin (doc. Gallica)
Elle est accompagnée de l'élue de Soissons, mais au regard des photos, c'est le cas de le dire, il n'y a pas photo en termes de beauté et en plus avec un très beau sourire. Notre Lionne va faire fureur à Paris…
La photo a été transmise par le photographe Alphonse Drouin.
Épilogue
Le Comité d'initiative en organisant ce concours lors des Fêtes de la Mi-carême, avait permis aux employées et ouvrières de la Cité du Lion de participer à cette élection et de pouvoir rêver au titre de Reine, ou à défaut de devenir demoiselle d'honneur.
Ce rêve devint réalité pour Maria Sanderre désignée Reine et à Marie-Marguerite Peltier et Eugénie Lemire, demoiselles d'honneur.
Cette étape où la beauté fut mise à l'honneur, le projet pouvait poursuivre son déroulé vers d'autres animations… à découvrir.
JM
Cette article est dédié à son petit neveau, Jean-Jacques.
Mes remerciements à Philippe pour l'article du jounal Le Matin (belle découverte).
Liens pour accéder aux articles cités
Sommaire de l'article sur les Fêtes de la Mi-carême 1922 : Cliquer ici
Article sur le gala du 14 mars : Cliquer ici
Références : Journaux La Frontière et L'Alsace (collection Archives municipales de Belfort)
Infos pratiques
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