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LE CARTOPHILION
3 juin 2021

Statue Quand-Même d’Antonin Mercié, enfin installée et le 1er jour des Fêtes de l’inauguration (2e partie)

MAJ le 8 juin 2021

Comme on a pu le lire lors de la première partie de l'article, la statue Quand-Même eut beaucoup de difficultés pour s'ériger sur la place d'Armes de Belfort en raison de conflits, entre deux bords politiques opposés, lors d'alternance aux manettes de la municipalité !

Belfort CPA Place d'Armes Statue Quand Même 0 Maquette

Carte postale La statue Quand-Même, la maquette (coll. JM)

La deuxième partie est consacrée à l'installation de la statue conçue par le sculpteur Antonin Mercié et à la première journée des Fêtes de l'inauguration, le samedi 30 août 1884.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder au Sommaire et la première partie de l'article.

Dates de l'inauguration de la statue

Mi-juin, le Comité Denfert-Rochereau et la municipalité avaient arrêtées, les dates du 2 au 4 août 1884, pour l'organisation des Fêtes de l'inauguration de la statue Quand-Même.

Le 18 juillet, le Comité, reporta les dates initiales au 30 et 31 août 1884 car les travaux parlementaires ne permettraient pas aux membres du gouvernement de se rendre à Belfort.

1884 06 26 Statue Quand-Même Libéral de l'Est 1R

En-tête du journal Le Libéral de L'Est (doc. AD90)

NA : Le journal Le Libéral de l'Est était l'organe politique "Républicain" soutenant la municipalité Louis Parisot et le Comité Thiers-Denfert présidé par Jules Grosjean. La majorité des informations sur le déroulement du projet provient de ce journal.

Installation, juillet 1884

La statue Quand-Même arrivée en catimini à mi-janvier, fut stockée à Danjoutin par le Comité Thiers-Denfert. Elle ne sortit de son confinement que plus d'un an après, mais était-elle vaccinée ?

Pour l'accueillir sur la place d'Armes, lieu définitivement choisi par la municipalité lors du conseil municipal du 17 juin 1884, il lui fallait un piédestal mais avant, nécessité était de demander une autorisation à l'armée pour l'implanter !

Le maire en fit la demande au Directeur du génie de la 7e Armée à Langres (Haute-Marne) par un courrier adressé le 20 juin 1884; ce dernier donna son accord le 23 juin.

1884 01 23 Courrier Directeur du génie R

Extrait de la réponse du Directeur du Génie de Langres (doc. AMB)

La réponse fut donnée au maire par le commandant du génie de Belfort, le Chef de Bataillon Capperon.

Le piédestal

Pour réaliser le monument, le Comité fit appel à l'architecte Charles Genty, qui offrit gratuitement ses services. Le 24 juin 1884, accompagné de Jules Grosjean et Louis Parisot, il traça l'emplacement exact où devait être implantée la statue, du côté sud de la place d'Armes, devant l'Hôtel de Ville.

Belfort Carte Place d'Armes sans monument BF

Photo Belfort Place d'Armes Implantation de la statue (doc. BF)

Le socle* en calcaire, fut conçu par l'architecte parisien Émile Trelat et réalisé par le sculpteur Edouard Meigret; la maçonnerie le recevant fut coulée par l'entrepreneur Joseph Holtzer.

Il était assez imposant avec ses 3,5 mètres de haut, l'équivalent de la hauteur de la statue.

*Socle : Envisagé en granit des Vosges, le coût fut jugé beaucoup trop cher par le Comité

La première pierre fut posée le 16 juillet 1884. Pour cette cérémonie, Jules Grosjean, le président du Comité Thiers-Denfert avait invité les membres du Comité, le maire Louis Parisot et des conseillers municipaux.

Tout début août, fut installé les dernières pierres du piédestal où fut déposée à l'intérieur, une cassette renfermant les documents historiques relatifs au projet, avec la liste des personnes impliquées, du Président de la République aux conseillers municipaux.

Photo Socle statue Quand Même1889-1895

Photo du piédestal de la statue (coll. BF)

Après bien des difficultés, la statue put prendre place sur son piédestal installé sur la place d'Armes dans la nuit du 24 au 25 août, devant l'Hôtel de Ville. Haute de 3,70 mètres, l'ensemble s'élevait à 7,20 mètres.

Bien entendu, la statue fut recouverte par un voile pour être cachée, jusqu'à son inauguration prévue le dimanche 31 août 1884.

Les polémiques non assagies…

Même l'inauguration prévue ne fit pas taire les polémiques adressées par le parti Radical Socialiste aux Républicains du Comité Thiers-Denfert et indirectement, à la municipalité "Parisot", via leur organe, le journal La Frontière.

Comme dans son édition du 21 juillet, où le journal signala le peu d'empressement des ministres et secrétaires d'état du gouvernement, préférant vaquer à d'autres occupations… que venir à Belfort pour cette inauguration !

1884 08 21 Statue Quand Même La Frontière 1

En-tête du journal La Frontière (doc. AD90)

Toujours aussi vindicatif, il créa une énième polémique dans son édition du 28 août, écrivant que de fervents promoteurs de ce monument n’étaient pas invités par les autorités locales dont le député, le docteur Jules Fréry, qui fut l’un des premiers à proposer au conseil municipal de rendre hommage aux deux défenseurs et d'avoir fait les démarches pour lancer la souscription.

Belfort CPA Place d'Armes Statue Quand Même Gravure Extrait

Extrait carte postale Statue Quand-Même Gravure (coll. JM)

Depuis le départ, le projet d'Antonin Mercié ne leur plaisait pas, n'approuvant pas que pour représenter les deux grands hommes, le sculpteur ait choisi une femme ! Reprochant toujours à la municipalité de ne pas avoir choisi le projet d'Auguste Bartholdi !

Le président du Comité, Jules Grosjean, répondit à cette accusation que le député avait été invité en même temps et dans les mêmes conditions que les autres députés et sénateurs, fin juillet.

Inauguration, le 31 août 1884

La municipalité par voix d’affiche avait invité les belfortains à participer à cette fête en la mémoire des deux défenseurs de Belfort, Adolphe Thiers et le Colonel Denfert-Rochereau.

Statue Quand Même RM Déc 1969 p21 Affiche

Affiche annonçant l'inauguration (coll. privée)

La ville fut pavoisée de nombreux drapeaux. 

L'Appel du maire

Le maire Louis Parisot fit passer un communiqué dans la presse en profitant au passage, pour demander que la politique reste à sa place :

Chers concitoyens

Demain dimanche, nous fêterons l'inauguration du monument dédié à la mémoire du Président THIERS et du colonel DENFERT. Nous devons à ces deux grands patriotes d'avoir conservé notre nationalité. En les honorant, nous glorifions en même temps tous ceux qui ont pris part à la défense de notre ville en 1870-1871.

1884 08 28 Satatue Quand Même R

Extrait journal Le Libéral de l'Est (doc. AD90)

Aussi la municipalité a-t-elle tenu à ce que les anciens défenseurs de la cité assistassent à cette fête en grand nombre. Son appel a été entendu. Les adhésions d'Alsace, de la Haute-Garonne, de la Haute-Saône, du Rhône, de la Saône-et-Loire et des Vosges lui sont parvenues avec le dernier empressement.

1884 08 31 Fête patriotique La Frontière R

Extrait journal La Frontière La statue Quand-Même (coll. AD90)

Que chacun de nous leur fasse donc un chaleureux accueil et leur accorde une franche hospitalité.

C'est une fête toute patriotique à laquelle tout le monde est convié et où la politique n'a pas à intervenir. Nous faisons en conséquence un pressant appel à tous nos concitoyens, sans distinction d'opinion et nous les invitons , pour donner à cette fête tout son éclat, à pavoiser et à illuminer leurs maisons.

Que demain il n'y ait qu'un cri, celui de :

                                  Vive la France !

                              Le Maire PARISOT

Le programme des Fêtes de l'inauguration

Le programme s'étalait sur deux jours, les 30 et 31 août 1884.

  Samedi 30 août

La journée du samedi était consacrée à la réception à la gare des différentes délégations des Mobiles et autres invités venant la veille, à une retraite aux flambeaux.

19h30 Retraite aux flambeaux
Éclairage public à la lumière électrique

1884 08 28 Statue Quand-Même Le Libéral de l'Est Programme

Extrait journal Le Libéral de l'Est (doc. AD90)

  Dimanche 31 août

Le jour de l'inauguration, des animations étaient au programme avant le défilé des Mobiles avec d'autres sociétés, de musique, de gymnastique… avant l'inauguration. Après celles-ci, les Mobiles devaient se rendre au Cimetière des Mobiles pour rendre hommage à leurs frères morts pour la Patrie. Des animations étaient prévues pour la soirée.

7h00 Salve d'artillerie
9h00 Exercice de la Compagnie des Pompiers
10h00 Exercices de la Société de gymnastique L'Alsacienne
12h30 Rassemblement des Défenseurs de Belfort (place des Écoles)
12h45 Formation du cortège
13h30 Départ du cortège
14h00 Défilé du cortège devant la statue
    Ensuite les discours officiels
    Poésie déclamée par un sociétaire de la Comédie Française

    Hymne au Lion de Belfort
    Hymne à Denfert

16h00 Reformation du cortège
16h15 Départ du cortège pour le cimetière des Mobiles
    Discours
    Poésie
18h30 Banquet au théâtre
19h00 Bal public sur le champ de foire
    Musique sur la place d'Armes et place du théâtre
    Éclairage public à la lumière électrique
21h30 Feu d'artifice sur la place des Écoles

1884 08 30 Statue Quand Même Journal de Belfort 1R

En-tête du journal Le Journal de Belfort (doc. AD90)

NA : Le Journal de Belfort dans la cadre du projet, ne prit pas trop parti.

Les cortèges

Deux cortèges étaient prévus lors de la journée :

   La composition du 1er cortège (place des Écoles -> place d'Armes)

Détachement de cavalerie
Sapeurs-pompiers de Belfort
Société de gymnastique de Belfort
Société de gymnastique de Montbéliard
Musique de la Lyre Belfortaine

Musique du 42e Régiment d'infanterie
Drapeau de l'Hôtel de Ville de Belfort pendant le Siège escorté par des médaillés du Siège.
1er groupe d'anciens défenseurs du Haut-Rhin
Drapeau de la Société L'Alsacienne de Paris et sa délégation
2e groupe d'anciens défenseurs du Haut-Rhin
Musique du 35e Régiment d'infanterie
Musique de Beaucourt
Bannière de la Ligue des patriotes et sa délégation
Anciens défenseurs du Rhône
Anciens défenseurs de la Haute-Saône
Musique de Montbéliard
Musique de Giromagny
Anciens défenseurs de la Haute-Garonne
Anciens défenseurs de la Saône-et-Loire
Anciens défenseurs des Vosges
Fanfare de Bavilliers
Fanfare de Valdoie
Chorale de l'Union Belfortaine
Détachement de cavalerie

La composition du 2e cortège (place d'Armes -> cimetière des Mobiles)

Même composition pour ce second cortège, hormis les personnalités civiles et militaires, et les invités, qui prirent place derrière le drapeau du Siège.

Samedi 30 août 1884, accueil à la gare

Dès l'après-midi du samedi 30 août, les trains déversèrent en gare de nombreux anciens mobiles venus participer à cette inauguration comme les anciens artilleurs mobiles de la Haute-Garonne, les mobiles du Rhône et surtout les mobiles du Haut-Rhin.

Belfort CPA Série bleue A 9234 Gare R

Carte postale Belfort La gare (doc. JM)

À l'arrivée de certains trains, des visiteurs étaient plus attendus que d'autres, comme Anatole de la Forge*, le président de la Ligue des Patriotes, qui fut accueilli par Georges Koechlin qui représentait la municipalité. Il était accompagné par des membres de la deaffiliée à la Ligue, dont Émile Triponé, membre fondateur, et Fritz Kessler, le président. A cette occasion, le président de la Ligue fut nommé, président d'honneur de la société et reçu son insigne.

Anatole de la Forge La Joie de la maison

Anatole de la Forge (gravure de La Joie de la Maison, coll. privée)

*Anatole de la Forge : Né à Paris en 1820, fut un journaliste et homme politique. Après une carrière dans la diplomatie à Madrid, il devint journaliste en 1848, pour "Le Siècle" et "L'Estafette" où il développa des idées républicaines. Lors de la guerre franco-prussienne, il fut nommé le 4 septembre 1870, préfet de la défense nationale; il va y acquérir le surnom de "Défenseur de Saint-Quentin" après avoir forcé une colonne de prussiens à battre en retraite. En 1883, il devint le président de la Ligue des Patriotes.

Pour l'inauguration de la statue, était venue la société de gymnastique L'Alsacienne de Paris. Elle fut accueillie à la gare par un membre du Comité et une délégation de sa consoeur, L'Alsacienne de Belfort avec à sa tête, le trésorier M. Gschwind.

Samedi 30 août 1884, l'ouverture de la Fête

La ville* et les faubourgs étaient pavoisés, comme les principaux bâtiments publics et un certain nom d'immeubles privés.

*Ville : Le terme ville en 1884 correspond à la Vieille ville actuelle, incluse dans les fortifications. La Porte de France est toujours présente.

Un arc de triomphe était dressé à l'entrée du pont de la Savoureuse. De chaque côté, en partie supérieure, on pouvait lire une inscription. En venant de la gare, "Anciens défenseurs de Belfort, soyez les bienvenus", et dans l'autre sens, "Honneur et Patrie, Thiers-Denfert".

1855 Belfort CPA Pont SAvoureuse

Carte postale Belfort Le pont sur la Savoureuse (coll. JM)

NA : Le pont sur la Savoureuse fut remplacé par le pont Sadi Carnot en 1902. Son emplacement est différent du précédent, un peu plus au sud, il est dans l'axe faubourg de France - boulevard Carnot

Pour cette occasion, la place d'Armes fut sablée et y étaient installées des tribunes décorées avec de belles draperies avec des rayures rouges et surmontées d'écussons aux armes des principales villes d'Alsace.

Les travaux de décoration furent réalisés sous la conduite de Madame Fleury de la Hussinière.

Avant l'inauguration du dimanche, la veille, une retraite aux flambeaux fut organisée. Le départ fut donné à 19h30 avec la Lyre Belfortaine accompagnée des musiques militaires des 35e et 42e Régiments d’infanterie pour un itinéraire au travers de la ville et des faubourgs.

1903X Belfort CPA Lyre Belfortaine R

Carte postale de la Lyre Belfortaine (coll. JM)

Quand la nuit fut venue, un éclairage illumina la ville et les faubourgs, mettant aussi en lumière les immeubles publics et privés, donnant un coup d'œil féerique à la nouvelle Cité du Lion. La ville et les faubourgs étaient reliés par un cordon de verres de couleurs de chaque côté.

La place d'Armes avait reçu sur son pourtour une guirlande de globes tricolores.

Les rues étaient pleines de monde, profitant de la soirée, en attendant le lendemain avec impatience, où l'on dévoilerait la statue Quand-Même lors de son inauguration.

Épilogue

Après bien des difficultés, la statue fut enfin installée sur la place d'Armes le 24 août 1884, Quand-Même !

Toujours des polémiques au programme… et le programme des Fêtes de l'inauguration qui débuta le samedi 30 août, avec une retraite aux flambeaux.

Pour la suite de cet article, un lien ci-dessous permet d'accéder au Sommaire ou à la partie suivante de l'article, l'inauguration.

JM

Liens pour accéder aux articles cités

Statue Quand-même Le sommaire : Cliquer ici

Statue Quand-même Le projet (1ère partie) : Cliquer ici

Statue Quand-même Inauguration (3e partie) : A venir

JM 

Références : Revues Municipales de Belfort, Revue Horizon Chambre de commerce, Compte-rendu des délibérations des conseils municipaux et le dossier Statue Quand-Même (Archives municipales Belfort), Les journaux La Frontière, Le Libéral de l'Est et Le Journal de Belfort (coll. Archives Départementales du 90), Livre Art dans la ville art de vivre, Wikipédia,

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