Tour de France 1921, Belfort ville de passage
Pour la 15e édition du Tour de France, organisé par le journal L'Auto, les géants de la route ne s'arrêtèrent pas à Belfort, elle n'était que ville de passage pour la 3e fois consécutivement.
Extrait Journal L'Auto (doc. Gallica, BNF)
La Cité du Lion était sur le parcours de la 12e étape entre Genève et Strasbourg, du 18 juillet.
Un petit re Tour sur le passé du Tour
Depuis 1905, Belfort fut sur le parcours du Tour de France, comme ville de passage comme pour cette édition mais aussi Ville étape !
- Ville de passage : 1905, 1906, de 1919 à 1921
- Ville étape : de 1907 à 1914
De plus, avant la Première Guerre Mondiale, le Tour passa à chaque fois par le Ballon d'Alsace, premier col qui fut escaladé par les coureurs en 1905.
En 1913 et 1914, le sens du Tour fut inversé, mettant le Ballon d'Alsace après Belfort, en direction de Longwy !
À partir de 1919, le Ballon d'Alsace n'est plus escaladé !
NA : En fin d’article, un lien permet d’accéder au Sommaire des articles consacrés aux Tours de France.
Le Tour de France 1921
Le programme du Tour de France 1921 fut pour les coureurs un parcours de 5485 kilomètres à effectuer en 15 étapes, entre Paris… et Paris dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, d'Ouest en Est.
Il se déroula du 26 juin au 24 juillet, un jour de repos était prévu entre chaque étape.
Carte du Tour de France 1921 (réalisation BF)
Le parcours fut très semblable à l'édition précédente, sens, nombre d'étapes, distance parcourue… seulement les villes étapes d'Aix-en-Provence remplacée par Toulon, et Gex par Genève.
Les participants
Pour cette nouvelle édition, 123 coureurs s’étaient alignés et furent répartis dans deux groupes; 25 dans le 1er groupe pour les coureurs dit d'expérience et 98 dans le second.
Le départ était prévu depuis Argenteuil le 26 juin.
Carte postale Argenteuil Papillon (coll. privée)
La grande majorité des participants était soit français, soit belges, hormis sept italiens, deux suisses, un marocain et un espagnol.
Comme le règlement imposait une course individuelle, il n'y avait pas de structure d'équipe… officielle !
Probablement que cette édition devrait revenir à un coureur des deux groupes les plus importants. Côté Belges, les candidats étaient nombreux dont Philippe Thys vainqueur en titre et avec deux autres victoires en 1913 et 1914. Mais aussi les frères Louis et Hector Heusghem, Firmin Lambot, Émile Masson, Jean Rossius et Léon Scieur qui furent dans le top Ten dans l'édition précédente…
Carte postale Philippe This (coll. privée)
Et du côté des français, la victoire potentielle pouvait revenir à Eugène Christophe qui avait fini 3e en 1919. Il y avait aussi Jean Alavoine, 2e en 1919 et Honoré Barthélémy, 5e en 1919.
Fiche Eugène Christophe (coll. privée)
*Eugène Christophe fut le premier porteur officiel du Maillot jaune, attribué lors du Tour de France 1919.
Mais attention aux italiens !
Quelques points du règlement
Les coureurs devaient courir en individuels, donc pas d’entre-aide…ils ne devaient utiliser qu’une seule bicyclette par ailleurs poinçonnée (marquage du numéro d’inscription) au pédalier, à la tête de fourche et aux moyeux des roues. Un plomb était fixé à la plaque où était le numéro attribué au coureur.
Format de la plaque réglementaire (doc L'Auto, Gallica BNF)
Le coureur était seul lors des courses, non accompagné donc sans soigneur, entraîneur, mécanicien… seulement autorisés aux étapes, si ceux-ci furent agréés avant le départ du Tour.
Les coureurs doivent effectuer eux-mêmes les réparations. En cas de problème mécanique grave avec une bicyclette, le coureur peut en utiliser une autre, mais de marque différente. La voiture balai la ramassant pour la livrer à la ville d'arrivée pour permettre sa remise en état car elle devait être utilisée pour le prochain départ.
Le coureur ne pouvait être ravitaillé par un tiers, il devait prendre ses dispositions pour effectuer l'étape ou se ravitailler par ses soins sur le parcours comme par exemple, aller à une fontaine pour remplir sa gourde.
Le classement général fut établi en comptabilisant les temps réalisés lors des 15 étapes.
Il va sans dire mais il était écrit que tout non-respect du règlement entraînait des pénalités voire l'exclusion.
Prix officiels distribués par L'Auto
Bien entendu, ce Tour de France comme les précédents étaient dotés de nombreux prix attribués, suivant les résultats des coureurs pour un montant total de 80 000 francs.
Pour le classement de chaque étape, il était attribué 8 prix pour chaque étape aux huit premiers coureurs du Groupe 1ère classe (750, 400, 200, 150, 100, 100, 75 et 50 francs). Tous les coureurs qui finissaient le Tour voyaient leur gain doublé. Les montants non distribués provenant des prix des coureurs ayant abandonné, étaient répartis en prix au classement général.
Début du tableau des primes distribuées par L'Auto (coll. Galica, BNF)
Un montant de 15 000 francs maximum permettait de récompenser, pour chaque étape à partir de Perpignan suivant ces règles :
- 500 francs pour le coureur ayant rattrapé le plus de temps sur le leader, si supérieur de 3 minutes,
- 150 francs pour les coureurs de première classe ayant rattrapé plus de 3 minutes sur le leader,
- 100 francs pour les coureurs de deuxième classe ayant rattrapé plus de 3 minutes sur le leader du classement de deuxième classe.
Les coureurs de deuxième classe, pour chaque étape, se partageaient 360 francs et 4400 francs pour le classement général.
Concours de pronostics
Comme pour les éditions précédentes, le journal L’Auto proposa à ses lecteurs un concours de pronostics pour trois étapes avec deux questions, qui le premier serait à l'arrivée et avec quel temps à l'arrivée à Bayonne, Genève et Metz, ainsi qu'un pour le classement général final.
Le support du concours pour le Classement général (doc. Gallica, BNF)
Il était finement doté avec un montant total de 30000 francs :
- Pour chaque étape, 27 gagnants avec les sommes de 3000, 1000, 600, 500, 400, 2 de 200, 8 de 100 francs, 6 abonnements d'un an à L'Auto et 6 de 6 mois.
- Pour le classement général, 15 gagnants avec les sommes 3000, 1000, 500, 400, 300, 200, 150, 7 de 100 francs, 6 abonnements d'un an à L'Auto et 6 de 6 mois.
Belfort, ville de passage du Tour 1921
Si avant la Première Guerre Mondiale, Belfort fut ville étape de 1907 à 1914, depuis 1919, elle était seulement ville de passage.
Lors de la 12e étape, le 18 juillet, Belfort et le Territoire étaient sur le parcours des 371 kilomètres entre Genève et Strasbourg.
Carte postale Belfort accueille le Tour de France (coll. BF, détournée JM)
Au programme de l'étape après le départ de Genève, le col de la Faucille, Morez, Pontarlier, Morteau, Montbéliard, Belfort, Mulhouse, Colmar pour arriver à Strasbourg.
Paris, départ le 26 juin
Le lieu de regroupement à Paris des concurrents fut à la place de la Concorde, le samedi 25 juin à minuit où fut émargée la feuille de départ. Ensuite tous les concurrents se rendirent ensemble à la porte Maillot, au restaurant Gillet pour la distribution des dossards, puis retour à la Concorde.
Carte postale Place de la Concorde (coll. privée)
Il va sans dire mais l'écrire qu'une foule des grands jours ou plutôt des grandes nuits, vu l'heure du rassemblement, s'était massée autour de la place de la Concorde pour voir ces forçats de la route qui allaient partir sur leur bicyclette pour plus de 5000 kilomètres sur les routes de France… il en était de même porte Maillot et entre les deux lieux.
Le service d'ordre était assuré par les membres de Batignolles Sportif et de Montmartre Sportif sous l'autorité de Victor Rossi secondé par M. Faussette.
Le départ fut donné à 1h30 pour rejoindre Argenteuil, les coureurs derrière la voiture pilote de L'Auto; après un arrêt assez court à la hauteur du pont, le départ officiel fut donné à 2 heures aux 123 concurrents à destination du Havre.
Carte postale Argenteuil Le pont (coll. privée)
Au fil des kilomètres, la taille du peloton se réduisit peu à peu… au passage à Mouy (69e km), il ne resta plus que 80 coureurs, puis réduit à 50 à Montdidier (114e km), à 40 à Abbeville (204e km), après cette ville, ce nombre va rester relativement constant jusqu'à Dieppe (259e km).
Il fallut attendre le passage de cette ville pour que commence vraiment la bataille de la journée. Ce groupe se dilua peu à peu car à Fécamp (335 km), atteint à 15h30, Louis Mottiat avait 2 minutes d'avance sur Léon Scieur, 4 minutes sur Albert Dejonghe, 6 minutes sur Honoré Barthélémy, 9 minutes sur Hector Heusghem et 14 minutes sur Romain Bellenger…
Carte postale Souvenir de Fécamp (coll. privée)
L'arrivée au Havre (388e km) se fit dans un couloir humain sur plusieurs kilomètres, sous les applaudissements des spectateurs.
Le belge Louis Mottiat arriva détacher pour franchir seul la ligne d'arrivée; il avait 2 mn 36 s d'avance sur Honoré Barthélémy qui avait dépassé Léon Scieur, 3e à 6 mn 37 s et Albert Dejonghe, 4e à 7 mm 44 s. Hector Heusghem termina 5e à 10 minutes.
Carte postale Louis Mottiat (coll. privée)
Le belge Louis Mottiat doublait sa victoire de l'année passée sur la même étape et porta à nouveau le Maillot Jaune... pendant un jour.
Le Français Honoré Barthélémy avait pris une bonne 2e place devant trois belges.
Carte postale Honoré Barthélémy (coll. privée)
Seuls 103 coureurs franchirent la ligne d'arrivée.
12e étape, départ de Genève
Au départ de Genève, le peloton ne comprenait plus que 43 unités, dont 8 coureurs de la première classe et 35 de la deuxième.
Le leader du classement général était le belge Hector Heusghem et le français Honoré Barthélémy était troisième, derrière un autre belge Firmin Lambot.
Extrait du classement général, journal L'Auto (coll. Gallica, BNF)
Au programme de cette 12e étape, 371 kilomètres à parcourir par le peloton pour rejoindre Strasbourg avec une difficulté proche du départ, au 27e kilomètre, le col de la Faucille (1322 mètres).
Le départ, le 18 juillet
Après une nouvelle journée de repos, le départ de Genève fut donné à 1h45, rue de Montbrillant devant la brasserie, aux 43 concurrents rescapés.
Carte postale Genève Place Montbrillant (coll. privée)
La difficulté du col de la Faucille fut avalée par les coureurs relativement groupés, personne ne décida d'ouvrir les hostilités, si tôt… Morez (37e km) vit passer plusieurs petits groupes avec le belge Firmin Lambot en tête.
À Pontarlier (88e km), un groupe de 31 coureurs passa à 7h15; le denier coureur au départ était déjà à 30 minutes et Strasbourg était encore bien loin… Les leaders au classement général étaient dans ce groupe.
Carte postale Pontarlier Pont de l'hôpital (coll. privée)
Il n'était pas tout à fait 10 heures quand un groupe de 35 coureurs arrivaà Maiche (174e km) à une allure pas très soutenue. Hector Heusghem était en tête de ce peloton.
À 10h09, les premiers coureurs pénétrèrent dans la Cité des Princes, Montbéliard (217e km) où une foule importante les attendait, amassée sur le parcours pour applaudir ces forçats de la route. Le groupe dont le leader au classement, réduit à 30 unités, se ravitailla, une neutralisation de 3 minutes leur étant accordée.
Carte postale Montbéliard Le Château (coll. privée)
Les coureurs, à destination de Strasbourg, entrèrent dans le département du Territoire de Belfort par Châtenois,
Carte postale Châtenois des Forges Route de Belfort (coll. privée)
Poursuivant leur route par Trétudans, puis Danjoutin pour aborder la Cité du Lion par le faubourg de Montbéliard.
Belfort, au 234e kilomètre
L'organisation belfortaine mise en place pour le passage des coureurs était aussi bien huilée que la chaîne des bicyclettes des coureurs… avant leur départ.
Le contrôle installé au Café des Halles, quai Vauban, était assurée sous la présidence de Charles Chaussin, le correspondant de l'Auto, qui avait pris la succession de son père, Fernand. Il était assisté du président du VCB (Vélo Club Belfortain), Albert Schneitter et de plusieurs ses membres, Robert Baumgarten le vice-président, MM. Laslaz, Engasser, Gerber, Galli, Operiol, Petitjean, Marion, Henry, Sudre, Voltz, Graff et Prévot. Participait aussi au contrôle, le capitaine Berger.
Carte photo Belfort Café des Halles (coll. JM)
Le parcours intramuros était sécurisé avec la présence de la police et des membres du VCB, rendue nécessaire au regard du très nombreux public venu encourager les coureurs. L'attente fut plus longue que prévue car ils avaient plus d'une heure de retard (1h10) par rapport au timing estimé.
Albert Schneitter avec sa voiture et M. Rassinier avec sa moto étaient partis à la rencontre des coureurs et reveninvent informer le public de leur arrivée prochaine.
Donc ce fut à 12h10 que les coureurs entrèrent dans la Cité du Lion, précédés de l'auto de L'Auto, abordèrent la ville par le faubourg de Montbéliard, puis tournèrent à droite sur le pont Carnot puis à gauche sur le quai Vauban.
Parcours du Tour dans Belfort (réal. BF)
Le groupe avait fondu car ils n'étaient plus que 18 unités, avec en tête Joseph Muller, Auguste Meyer, Henri Collé, Léon Scieur, Eugène Dhers…
Une heure plus tard arriva Georges Kamm un ex membre du VCB, récemment parti à Troyes, il fut chaudement applaudi et reçu de Charles Chaussin une enveloppe contenant le montant de la souscription effectuée pour lui; ce geste inattendu, lui fit chaud au cœur. Avant de partir, il embrassa sa sœur.
Carte postale Belfort Pont Carnot et le quai Vauban (coll. JM)
Le dernier coureur passa à 13h30.
L'organisation et le contrôle furent à la hauteur grâce au concours des personnes dévouées qui assurèrent leurs postes avec sérieux.
Après le passage rapide dans ces rues de la ville, ils empruntèrent le faubourg de Brisach, passant devant le cimetière des Mobiles en direction de L'Alsace par la route de Roppe et quittant le Territoire de Belfort après le passage à Lachapelle-sous-Rougemont.
Étiquette Bière de Lachapelle-sous-Rougrmont (coll. privée)
Mais avant, les coureurs qui avaient effectué 23 kilomètres dans le futur département "officiel" du Territoire de Belfort, voulaient arroser ce passage, du moins certains !
En direction de Strasbourg
Depuis 1919, le Tour de France revenait sur les routes de L'Alsace reconquise et revenue au sein de la Patrie française, elle qui fut annexée en 1871 par les allemands, lors du Traité de Francfort. La roue avait tournée.
Comme les deux années précédentes, les alsaciens et alsaciennes étaient au bord des routes. Ils étaient environ 15000, voir plus, à Mulhouse (258e km) pour recevoir les forçats de la route et les applaudir chaleureusement.
Carte postale Un bonjour de Mulhouse (coll. privée)
Ils furent récompensés car un des le locaux de l'étape, Joseph Muller*, menait un groupequi avait regrossi depuis Belfort pour compter une trentaine de coureurs.
*Joseph Muller : Avec cette édition, l'alsacien se vengeait de l'année précédente car il avait cassé sa fourche à Montbéliard et passa à Mulhouse 1h30 après la tête de la course.
Il fut certainement le plus acclamé… redonnant des watts pour terminer l'étape avec les meilleurs de cette fin de journée passée dans sa région.
À Colmar (274e km) comme à Mulhouse, le passage du Tour de France avait attiré de très nombreux spectateurs venir applaudir les coureurs. Parmi eux, un enfant de la ville, Jean Kienlen.
Carte postale Un bonjour de Colmar (coll. privée)
Trois coureurs étaient détachés, Honoré Barthélémy, Hector Heusghem et Léon Scieur devançant un petit groupe d'une petite dizaine de concurrents dont Louis Mottiat, Firmin Lambot, Hector Tiberghien, Félix Sellier, Eugène Dhers… qui passèrent à 11 minutes du trio. Suivaient des coureurs isolés dont Joseph Muller avec un retard de 20 minutes.
L’arrivée à Strasbourg
Strasbourg recevait ainsi pour la 3e fois, le Tour de France. L'arrivée s'effectua à la Meinau, sur la route de Graffenstaden où était installée une grande tribune.
Là aussi, les strasbourgeois étaient venus en nombre sur le bord des rues. Le service de sécurité assuré par le 401e Régiment d'infanterie et la police de la ville, avait bien du mal à canaliser les spectateurs et fut maintes et maintes fois débordé. Il est vrai qu'en 1920, le public en grand partie était composé de militaires, donc plus discipliné, cette année, avec du public à majorité civile, l'effervescence indisciplinée fut moins évidente à contrôler !
Carte postale Souvenir de Strasbourg (coll. privée)
Le trio détaché avant Colmar se présenta, après 17 heures, ensemble dans la capitale alsacienne pour se disputer la victoire. Elle sourit à Honoré Barthélémy qui régla au sprint Hector Heusghem et Léon Scieur.
Le 2e groupe de 8 coureurs avec un retard de 28 minutes vit franchir la ligne Jean Belvaux devant Luigi Luccoti et Louis Mottiat ?
Concernant les régionaux, le strasbourgeois Joseph Muller prit la 19e place avec un retard de 36 minutes, un succès, l'autre strasbourgeois, Auguste Meyer se classa 22e et le colmarien Jean Kienlen, 30e.
Georges Kamm termina 36e à Strasbourg à plus deux heures (2h15mn).
Classement général
Le trio du classement général était inchangé après cette étape, toujours dominé par le duo belge, Léon Scieur, titulaire du Maillot Jaune, et Hector Heugheim, devant le français Honoré Barthélémy.
Dernière étape : Dunkerque - Paris
Au départ de Dunkerque le 24 juillet, il ne restait plus que 38 rescapés sur les 123 coureurs au départ à Paris, 8 de la "Première Classe" et 30 "Indépendants" pour effectuer les 340 derniers kilomètres.
Carte postale Un bonjour de Dunkerque (coll. privée)
Le Maillot jaune était toujours bien accroché sur les épaules du belge Léon Scieur, qu'il l'avait conquis dès la 2e étape entre Le Havre et Cherbourg, comme l'avait fait son compatriote Philippe Thys en 1920 !
Qui gagne au Havre avec le Maillot jaune termine vainqueur avec à Paris ?
La victoire finale, sauf drame, tendait les bras au leader incontesté de cette 15e édition car Il possédait 21 minutes d'avance sur son compatriote Hector Heusghem et plus de 2 heures sur le français Honoré Barthélémy.
Le départ de l'étape fut donné à la hauteur du Café des Arcades avec toujours la présence d'un nombreux public pour supporter les coureurs rescapés à effectuer cette dernière étape.
Carte postale Dunkerque Place des Arcades (coll. privée)
Pour cette dernière étape les coureurs avaient, apparemment, décidé d'effectuer une partie du parcours en peloton compact. Surtout qu'un vent violent soufflait par rafales avec la pluie finit de convaincre ceux qui auraient été tentés de vouloir faire un exploit individuel. Les conditions météorologiques du jour ne permirent pas ce type d'envie.
Toutefois, à Calais (42e km), un groupe de 37 coureurs s'était formé qui va se scinder en deux avant Boulogne-sur-Mer (82e km), le premier comprenant 19 unités emmené par Léon Scieur, Félix Goethals et Félix Sellier, qui furent toujours ensemble à Abbeville (163e km) tout comme à Beauvais (249e km) et à Poissy (314e km).
Dans ce premier peloton, en plus de Léon Scieur, Félix Goethals et Félix Sellier, il y avait Honoré Barthélémy, Firmin Lambot, Paul Coppens, Noël Amene, Louis Mottiat, Joseph Muller, Enrico Sala, Ernest Paul, Henri Ferrara, Guglielmo Cecherelli, Hector Tiberghien, Hector Heusghem, Luigi Lucotti, Benjamin Javaux, Henri Collé et Eugène Dhers.
Photo Félix Sellier (coll. privée)
Ce fut ce groupe qui entra dans Paris pour le gain de la dernière étape jugée sur la piste en ciment du Parc des Princes à Boulogne. Il n'avait pu accueillir que 20000 spectateurs; plusieurs dizaines de milliers d'autres durent s'amasser dans les derniers kilomètres ne pouvant pas assister à la victoire du coureur pour cette étape ! Pour faire patienter le public, plusieurs courses furent organiser (Prix d'encouragement, Prix du Galibier, Match international de vitesse et Prix du Tour de France).
Carte postale Boulogne Parc des Princes (coll. privée)
Avant d'arrivée au Parc des Princes, quatre coureurs s'étaient légèrement détachés, une petite centaine de mètres. Le quatuor formé par Félix Goethals, Hector Tiberghien, Luigi Lucotti et Hecto Heusghem put effectuer le tour de piste et s'affronter sur le sprint final, entre-deux, qui revint au calaisien Félix Goethals battant l'italien Luigi Lucotti pourtant encore devant à quelques mètres de la ligne.
Carte postale Félix Goethals (coll. privée)
Il remportait sa 2e étape après celle obtenue à Perpignan.
Les deux belges Tiberghien et Hecto Heusghem prenant les places suivantes. Sur leurs talons arrivèrent Louis Mottiat, Victor Leenaers, Léon Despontin et l'alsacien Joseph Muller, devançant les autres coureurs du groupe réduit à 17 unités.
Extrait Journal L'Auto (doc. Gallica, BNF)
Peu après leur arrivée, la foule envahit la piste et la pelouse pour aller discuter, voire toucher ces champions du jour.
Le leader du classement arriva 3 minutes après le vainqueur de l'étape, il pouvait se le permettre… Après la remise des bouquets de fleurs et être embrasser par son épouse, Léon Scieur répondit à une interview : "Je suis heureux d'en avoir terminé. J'ai eu un instant peur de l'accident lorsqu'à la suite de ma crevaison à Saint-Cloud, je me suis vu séparé de mes camarades du peloton de tête. Mais je dois rendre hommage aux milliers de sportsmen qui se pressaient sur les derniers kilomètres. Ils voulaient bien laisser la route libre au Maillot jaune du Tour. Heureux d'avoir gagné aussi, inutile de vous le dire."
Classement général du Tour 1921
Le belge Léon Scieur, le vainqueur 1921, avait forgée sa victoire depuis la 2e étape où il avait débarqué son compatriote Louis Mottiat en lui prenant le Maillot Jaune à Cherbourg.
Article presse Léon Scieur (coll. privée)
Pour la 6e année non consécutive car séparée par la Première Guerre Mondiale, un belge inscrivait son nom sur les tablettes du Tour de France, après Odile Defraye en 1912, Philippe Thys en 1913 et 1914, Firmin Lambot en 1919, Philippe Thys à nouveau en 1920.
Il fallait remonter à 1911 pour avoir une victoire française, celle de Gustave Garrigou.
Tour de France où Tour pour la Belgique ?
À la 2e place, un autre belge avec Hector Heugheim, confirmant ainsi sa performance de l'année précédente avec déjà cette même place. Ensuite le français Honoré Barthélémy et l'italien Luigi Lucotti, suivit de 5 belges. Félix Goethals prenait la 10e place.
Lors de ce Tour, Léon Scieur avait remporté les 3e et 10e étapes.
Carte postale Honoré Barthélémy (doc. Gallica, BNF)
Le 1er indépendant fut le belge Victor Leaers qui prit la 6e place, avec un peu moins de 5 heures (4h53) de retard sur le belge vainqueur.
Le vainqueur du Tour de France 1921
Léon Scieur est né le 19 mars 1888 à Florennes en Belgique. Très tôt, attiré par le cyclisme, mais il dut attendre de réunir la somme pour acheter sa bicyclette grâce à son travail dans la verrerie de Morialmé.
Carte postale Florennes Hôtel de Ville (doc. Gallica, BNF)
Il travailla ensuite à Châtelet, distant de 23 kilomètres, où il s'y rendait… à bicyclette
En 1910, il fut repéré par le constructeur de cycles Vincart et intégra cette équipe où il effectua son apprentissage pour devenir professionnel. Il participa la même année au Tour de Belgique amateur, bien placé au classement général (3e), il dut quitter la course suite au décès de son père.
Il finit 4e du Paris-Lège-Bruxelles en 1911, courant en tant qu'indépendant et remporta le Circuit des Indépendants en 1912.
Il passa professionnel en 1913 et va obtenir des places dans le top ten de nombreuses courses dont des podiums; 3e de l'Etoile carolorégienne et au Tour du Hainaut, une étape du Tour de Belgique. 4e au classement général de ce Tour, il participa au Tour de France mais abandonna à la 7e étape. Il termina 14e en 1914.
Photo Léon Scieur (doc. Wikipédia)
Il se maria en 1918 avec Louise Tassin.
A la reprise des compétitions en 1919, il obtint à nouveau des top ten comme au Tour de France, finissant 4e et un podium avec la 3e place du Circuit des vélodromes.
En 1920, il gagna le Liège-Bastogne-Liège et termina à nouveau 4e au Tour de France avant la consécration sur cette course en 1921. Il prit la 3e place du Paris-Roubaix.
Il courra jusqu'en 1925, fidèle au Tour de France mais avec moins de réussite, abandon en 1922, 1923 et 1924.
Il dut se résoudre à lâcher le guidon pour effectuer des activités variées, garagiste, marchand de charbon, livreur, chauffeur d'autocar…
Timbre Belgique 2017 Léon Scieur (coll. privée)
Il décéda le 7 octobre 1969, à l'âge de 81 ans.
NA : À noter que Florennes fut aussi le berceau d'un autre vainqueur du Tour de France, Firmin Lambot
Épilogue
Belfort, pour la 3e année consécutive, ne put se satisfaire que de voir passer les coureurs lors de la 12e étape du Tour de France, se déroulant entre Genève et Strasbourg.
Entre Châtenois-les-Forges et Lachapelle-sous-Rougemont, la population fut fidèle au rendez-vous pour acclamer les forçats de la route qui avaient déjà plus de 4300 kilomètres dans les jambes.
En particulier, un petit chouchou dans le peloton avec un belfortain un temps, ancien sociétaire du VCB, Georges Kamm.
JM
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Références presse : Journal L'Auto (Gallica, BNF), Journaux L’Alsace et La Frontière (Coll. Archives départementales du Territoire de Belfort),
Référence Web : Wikipédia, Site La Grande Boucle, Divers autres Sites…
Infos pratiques
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