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LE CARTOPHILION
18 août 2022

Square Jean Jaurès (Lechten) Mosaïculture, le millésime 1952 (& 1953) !

MAJ le 1er juin 2023

Le mois dernier, en parcourant les journaux en prévision d'un article sur le Tour de France 1952, diffusé précédemment, je suis tombé… sans me faire mal, je vous rassure… sur un petit article concernant le Square Jean Jaurès à Belfort. Il était consacré à une photo du motif principal réalisé en mosaïculture par le chef jardinier Émile Lechten, spécifiquement pour cette année-là.

1952 07 02 Square Lechten ER 2R

Photo du journal L'Est Républicain (coll. AD90)

Depuis plusieurs années, j'ai le projet d'identifier les années des clichés commercialisés via les cartes postales sur ce square. Cet article met le pied sur la pédale !

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à l'article consacré au square Émile Lechten.

Projet année 1952

Le journaliste dans son article du 2 juillet, met à l'honneur le chef jardinier de la ville, Émile Lechten qui offre chaque année un petit chef d'œuvre floral dans ce square.

Mais il met aussi à l'honneur le photographe qui a pris ce cliché, un dénommé "Gurtner" car pour l'effectuer, il dut grimper à la cime d'un sapin et attendre le moment le plus propice pour photographier, en fonction des rayons du soleil; il aurait attendu une heure, ainsi perché.

Le journaliste fit aussi une suggestion à la municipalité, d'installer une buvette pour permettre aux promeneurs-visiteurs de se désaltérer comme dans d'autres villes tels Mulhouse, Strasbourg, Nancy…

En 1952, le projet du motif principal, positionné entre le bassin et le monument L'Age de Pierre, représentait une paire de cygnes avec un petit voilier à deux voiles, type sloop, avec l'inscription végétale "BELFORT" sur sa coque.

Ce projet comme tant d'autres réalisés chaque année fut photographié et édité en carte postale. Il en existe une pour cette année-là.

1952 Belfort CPSM Square Jean Jaurès Massif principal Cygnes C GF R

Carte postale Belfort Square Lechten, projet 1952 (coll. JM)

NA : Cette carte postale n'est pas en couleur mais colorisée, procédé utilisé depuis 1850, effectué à la main avec des résultats plus ou point probants dépendant de l'agilité de l'opérateur; la photo couleur démocratisée va supplanter ce procédé.

Ici, le photographe serait un dénommé "Raymon" au regard de la signature portée sur le côté droit de la carte postale.

1952 Belfort CPSM Square Jean Jaurès Massif principal C GF R1

Extrait de la carte postale : Le photographe "Raymon"

Le cliché ressemble assez au premier mais avec un ciel plus présent.

Y a-t-il une relation entre les deux photographes ? Est-ce le même ?

On peut voir que les immeubles de l'Esplanade des Fêtes étaient en cours de finalisation; le dernier à droite n'a pas encore son toit en son extrémité ouest, côté Maison du Peuple

Belfort CPSM Square Jean Jaurès Massif principal C GF R2

Extrait de la carte postale : Les immeubles en construction

Le cliché fut aussi édité en format carte postale ancienne en noir & blanc.

Pour la période des années 1950, les deux formats ont coexistés, format "ancien" (9x14 cm) et "moderne" (10x15 cm).

1952 Belfort CPSM Square Jean Jaurès Massif principal Cygnes N&B PF

Carte postale Belfort Square Lechten, projet 1952 (coll. JM)

Ce format induit que la partie haute du cliché ne permet pas de voir l'avancement des travaux sur les immeubles de L'Esplanade des Fêtes !

Quid de la mosaïculture ?

L'apparition de cet art, pouvant être considéré comme des peintures florales éphémères, nait au 16e siècle en Europe, avec une utilisation plus marquée sous le Second Empire. Son essor vint à la fin du 19e siècle.

L'ornementation par la mosaïculture est l'art de composer des massifs fleuris par l'utilisation de plantes en associant leurs couleurs, pour créer des motifs voire des textes. Elle demande une maîtrise du fleurissement, couleur, croissance, volumétrie… pour obtenir l'homogénéité du décor visé défini par un dessin préalable du projet.

1953 Belfort CPSM Square Jean Jaurès Grand motif Hérons BF R

Carte postale Belfort Square Lechten, motif avec hérons (coll. BF)

Grâce à la carte postale précédente et la vue sur les immeubles en cours de construction, je peux affirmer que le projet ci-dessus fut le millésime 1953, une grande année. On peut voir que le toit est terminé.

1953 Belfort CPSM Square Jean Jaurès Grand motif Hérons BF R2

Extrait de la carte postale : Les immeubles en construction

Les villes ont recours à la mosaïculture pour représenter leur blason, égayer les platebandes et les squares. Les motifs traditionnels sont aussi agencés avec ce moyen, tels les horloges, les corbeilles de fleurs, les noms...

Mais les jardiniers ne s'arrêtent pas à ces basiques car leur créativité est sans limites, offrant des motifs variés, figuratifs ou abstraits. Elle est même déclinée pour des décors réalisés en trois dimensions.

La mosaïculture à Belfort

Avec l'arrivée des squares à Belfort, la ville embaucha un chef jardinier en 1928, en charge de leurs développements floraux; Émile Lechten (1895-1961) qui va, entre-autre, utiliser la mosaïculture pour agrémenter le square Jean Jaurès, dès 1929.

Emile Lechten Médaille mérite agricole 6

Émile Lechten (photo coll. privée)

En deux lieux du square, la mosaïculture règne magnifiquement, devant le monument de "L'Age de Pierre" et au parterre grec.

Peu à peu, les motifs vont devenir de véritables œuvres d'art, dans un premier temps, couchés sur le papier et prendre forme dans un second temps, sur le terrain qui va sanctionner le réalisme du projet.

Plus tard, la peinture viendra compléter le crayon pour la maquette de chaque projet.

Square Grande partie 1960 Les écureuils

Projet 1960 sur papier : Les deux écureuils (doc. Espaces verts Belfort)

Son successeur, Étienne Mermoz (1923-1990) qui prit la relève au décès d'Émile Lechten, poursuivit le développement des espaces verts, en conservant la réalisation annuelle de motifs en mosaïculture. Ce savoir vert est ancré dans les gènes des jardiniers compositeurs floraux belfortains.

Quid de "Raymon" ?

Initialement, je pensai que la signature "Raymon" était celle du photographe mais la remarque de mon ami Bernard, suggérant que cela pouvait être l'éditeur, m'a poussé à effectuer des recherches pour lever le doute…

Le verso de la carte "1952" fourni les coordonnées de l'éditeur

"Edition BRARD, 33 bis, Faubourg des Ancêtres, Belfort"

1952 Belfort CPSM Square Jean Jaurès Massif principal Cygnes C GF VR

Extrait du verso de la carte postale : Les coordonnées de l'éditeur

NA : Même éditeur pour les deux postales que ce soit en format "Ancien" (en noir & blanc) ou "Moderne" (colorisée)

Donc l'éditeur est identifié, Brard.

Quid alors de "Raymon" ?

Pour l'édition d'une carte postale, il y a généralement trois acteurs

  - le photographe qui prend le cliché
  - l'éditeur qui fait imprimer la carte postale, qui va assurer la diffusion via le réseau des vendeurs (bureaux de tabac, musées…) et qui supporte l'investissement
  - l'imprimeur qui assure la fabrication de la carte postale

Dans notre cas, l'éditeur est clairement identifié, par contre, "Raymon" est-ce l'imprimeur ou le photographe ?

En fin de compte, je pencherai plus pour qu'il soit l'imprimeur car il veut être identifié dans ce processus; le photographe même s'il ne travaille pas au noir hormis dans sa chambre… il n'est pas souvent mis en lumière ! Tous n'ont pas la notoriété pour imposer leur nom.

Après quelques recherches sur internet, j'ai trouvé l'existence de la société La Photomécanique* Raymon qui était installée au 17 avenue des Marronniers, à Brunoy (Seine-et-Oise).

CPSM Editeur Imprimeur Raymon R

Extrait du verso d'une carte postale éditée par la société :
Ces coordonnées

Elle avait une activité d'imprimerie mais aussi d'édition. 

*Photomécanique : Procédé permettant d'imprimer un cliché photographique en noir ou en couleur. Pour cette période des années 1950-1960, deux procédées étaient utilisés, l'héliotypie (pierre lithographique) puis l'héliogravure (plaque de cuivre).

De nombreuses cartes postales dites semi-modernes sur Belfort furent réalisées par cet imprimeur.

Nouveau visuel

Suite à une recherche aux AMB (Archives Municipales de Belfort), j'ai découvert un autre visuel de ce massif photographié en 1952, angle de prise de vue différent, via une photo en noir et blanc.

Photo Square Jean Jaurès Massif principal 1952 AMB 8Fi-233

 Le massif principal du square Jean Jaurès en 1952 (photo AMB)

Épilogue

La reconnaissance de la maîtrise de la mosaïculture à Belfort a dépassé largement les limites du département du Territoire de Belfort; le square Émile Lechten est un lieu incontournable pour les visiteurs de la Cité du Lion.

La mosaïculture est une institution à Belfort.

JM

Liens pour accéder aux articles cités

Le square Lechten ex Jean Jaurès  : Cliquer ici

Sommaire des articles sur les squares : Cliquer ici

Références presse : Journal L'Est Républicain (coll. Archives Départementales du 90, AD90), Photo (coll. Archives municipales de Belfort, AMB)

Références livres : Belfort ville nature (coll. JM)

Références Internet : Wikipédia

Infos pratiques 

Vous pouvez laisser des commentaires sur cette présentation via le lien "Commentaires" en fin de l'article après la liste des tags.

En cliquant sur une photo ou un document, vous pouvez l’agrandir.

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