L'École pratique de Commerce et d'Industrie de Belfort, les installations de l’électricité, du chauffage et des sanitaires
En 2023, on fête le 100e anniversaire de l'inauguration d'un nouvel établissement scolaire créé à Belfort, l'École pratique de Commerce et d'Industrie de Belfort.
Après avoir découvert la genèse du projet, les plans pour transformer l’ancienne entreprise Frey, le choix des entreprises pour effectuer les gros œuvres et aménager les installations pour la future École, la réalisation des gros travaux, il était temps de passer aux aménagements nécessaires pour rendre opérationnelle la future École pratique.
Le pavillon de la future École pratique (doc. AMB)
Cette septième partie est donc consacrée à la mise en place des équipements pour alimenter l’école en haute tension pour le fonctionnement des machines, installer l’éclairage et le chauffage.
NA : En fin de texte, un lien permet d’accéder à la suite de cet article via le Sommaire.
L’installation des équipements
Si les travaux liés aux gros œuvres furent une première phase obligatoire pour restructurer l’ancienne entreprise Frey et l’adapter au nouveau besoin, une deuxième phase était tout aussi importante avec
- l’alimentation électrique des machines
- l’installation du chauffage
- l’installation de l’éclairage
- la création des sanitaires
- la mise à disposition de vestiaires pour les élèves
Pour mémoire
Si les gros œuvres pour la transformation de l’ancienne entreprise de charpenterie & menuiseries Charles Frey située au 112 de l’avenue Jean Jaurès, en future École pratique de Commerce et d’Industrie, furent traités par adjudication, par contre les installations destinées au fonctionnement de la future école furent traitées de gré à gré avec les entreprises, décision prise par le conseil municipal le 11 février 1922, validé par le préfet.
Extrait de la délibération du 11 février 1922 (doc. AMB)
Elles furent choisies par une Commission, nommée par le conseil municipal, en fonction de la pertinence de leurs offres pour répondre aux cahiers des charges
- le chauffage : Maison Bur et Cie, de Dijon
- l’éclairage : Louis Cadell, de Belfort
- les sanitaires et vestiaires : Charles Wagner, de Belfort
Pour l’installation de la force (alimentation HT)
- le transformateur : Société des Houillères de Ronchamp
- le local pour le transformateur : Simon Simonnet, de Belfort
- la ligne d'alimentation HT : Société des Houillères de Ronchamp
- l'alimentation électrique des machines : Louis Cadell, de Belfort
Le chauffage central
Il revint à la Maison Bur & Cie, installée à Dijon, au 10 rue du Chaperon Rouge, d’équiper la future école en chauffage central; son offre ayant été choisie par la Commission municipale des attributions des marchés.
Extrait courrier Maison Bur & Cie (doc. AMB)
Elle installa deux chaudières à vapeur horizontales Cyclone à feu continu de 22,10 m², développant une puissance de 221 000 calories, équipées de manomètres, de robinets d’alimentation et de vidange… Elles étaient raccordées à la cheminée verticale de l’ancienne entreprise pour l’évacuation des fumées.
Chaudière Cyclone (doc. AMB)
Les chaudières étaient dimensionnées pour permettre une montée en température de -15° C à +18° C dans les salles et de -18°C à +12°C dans les ateliers.
Pour chauffer les bâtiments, furent installés 23 radiateurs d’une surface totale de 73,67 m² avec robinets à valve dans les salles et 43 tuyaux à ailettes d’une surface totale de 159,80 m² dans les ateliers, différentes tailles en fonction de la volumétrie des locaux.
Après l’installation de ces équipements, les ouvriers ajoutèrent le réservoir d’expansion en tôle galvanisée, et réalisèrent les tuyauteries et les raccordements de l’ensemble de l’installation, ainsi que le calorifugeage des chaudières et de certaines tuyauteries.
Radiateur Idéal triple (doc. AMB)
Pour valider l’installation, il fut effectué un essai d’étanchéité en présence du directeur des travaux municipaux avec dressage d’un certificat de conformité. Une vérification complémentaire fut effectuée postérieurement, pendant la période de chauffe hivernale.
Le montant final des travaux s’éleva à 40 000 francs.
Initialement le devis était de 34 000 francs, mais il fut ajouté postérieurement, des locaux supplémentaires à chauffer; une salle de classe et le logement du Directeur qui firent augmenter la surface de chauffe à équiper donc nécessitant des radiateurs supplémentaires.
Extrait du plan de l’installation du chauffage (doc. AMB)
Le dossier ne comprend pas de procès-verbal de réception définitive; le mémoire des travaux fut accepté, le 23 mai 1923, par le directeur des travaux municipaux, donc actant la conformité des travaux.
L’alimentation électrique HT de l’école
Pour mémoire, le transformateur fut oublié dans le devis du projet car il était prévu qu’une installation monophasée mais le besoin pour alimenter le parc des machines, imposait du courant triphasé !
La décision de son acquisition ne fut actée que le 29 juillet 1922, par le conseil municipal.
Extrait de la délibération du 29 juillet 1922 (doc. AMB)
Il fut fabriqué par la SACM (Société Alsacienne de Constructions Mécaniques). Elle avait défini en fonction des machines à alimenter, un transformateur triphasé d’une puissance de 50 kVA, avec les tensions primaire et secondaire, 5 000 / 220 volts.
Le local du transformateur
Un local, destiné à installer le transformateur et assurer un accès sécurisé, fut construit par l’entreprise belfortaine de maçonnerie Simon Simonnet; elle qui fut chargée d’effectuer les travaux de gros œuvres du Lot 1.
Installation du transformateur
Le local monté, l’installation du transformateur et des équipements liés put être effectuée par l’entreprise des Houillères de Ronchamp.
Extrait d’un courrier des Houillères de Ronchamp (doc. AMB)
Hormis le transformateur, l’installation électrique comprenait pour la partie haute tension
- un jeu de sectionneurs unipolaires
- un disjoncteur SACM à huile 5 000 volts, à deux mains d’intensités relais directs
- trois coupe-circuits haute tension
- un jeu de selfs
- un sectionneur tripolaire avec chape de mis à la terre
- une perche isolante
- un plancher isolant
- un compteur général basse tension pour enregistrer les pertes à vide du transformateur
- un ensemble de matériels auxiliaires, bornes, isolateurs, connexions, brides, plaques de terre, ferrures, plaque "Danger Haute-tension "…
Carte postale Exemple d’une installation de transformateur (coll. privée)
L’accès au transformateur était protégé par une barrière de protection équipée d’une porte métallique fournie par l’entreprise belfortaine Philippe Grille, en charge du Lot 2 dont la serrurerie.
Pour la partie basse tension, le local était équipé d’un tableau électrique comprenant
- un interrupteur tripolaire principal
- cinq interrupteurs tripolaires
- une lampe témoin avec interrupteur
- un coupe-circuit
Le devis initial s’élevait à 17 300,00 francs dont 4 200 francs pour le transformateur; il fut dressé le 30 septembre 1922.
L’entreprise s’était engagée d’effectuer les travaux sous six semaines.
Carte postale Ronchamp un site des Houillères (coll. privée)
L’installation fut terminée apparemment au 30 novembre 1922, si on se fie à la date du mémoire des travaux fourni par la société des Houillères de Ronchamp.
Alimentation HT du transformateur
Suite à la décision tardive de l’acquisition d’un transformateur, il n’était pas possible de prévoir une alimentation aérienne depuis le domaine de la SACM.
Pour alimenter le transformateur, il fut installé un câble haute-tension 3x28 mm² 5 000 volts de 292 mètres, avec double feuillards acier et isolant imprégné. Il relia le transformateur de l’école à un appareil de jonction situé à l’extrémité de la rue de l’Est, sur la rive gauche de la Savoureuse.
Plan du secteur, l’alimentation HT en bleu
Cette jonction permit de créer une dérivation sur la ligne alimentant la CTB (Compagnie des Tramways Belfortains) et la station de pompage de la SACM. Installée dans une cabine destinée à assurer la continuité de la ligne aérienne devenant souterraine, à partir de ce lieu pour alimenter les deux clients.
L'installation de cette dérivation pour alimenter le transformateur de l'école, fut rendue possible suite à l’accord de la CTB.
Installation du câble HT
La Société des Houillères de Ronchamp qui fut retenue par la Commission municipale pour fournir et installer le câble haute tension 5 000 volts, fournit son devis le 30 novembre 1922, comprenant
- les fouilles
- le câble 500 volts 3x29 mm²
- un sectionneur 5 000 volts
- six isolateurs accordéons 5 000 volts
- six connecteurs
- une boîte de jonction
- deux boîtes d’extrémité
- 59 mètres de tube grès
- …
Extrait du devis des Houillères de Ronchamp (doc. AMB)
Le devis s’éleva à 6 153,90 francs, pour ce descriptif et les travaux associés.
Réception de l’installation haute tension
La facture finale des Houillères de Ronchamp fut moins élevée que le devis initial, pour un montant de 15 803,90 francs. Le mémoire des travaux fut émis le 30 novembre 1922, donc actant que les travaux étaient terminés.
Le procès-verbal de réception provisoire fut prononcé le 19 mars 1923.
Extrait du PV de réception provisoire (doc. AMB)
L’installation fut donc terminée apparemment au 30 novembre 1922 si on se fit au mémoire des travaux fourni par la société des Houillères de Ronchamp. Par contre, il ne fut validé que le 23 juin 1923 par l’architecte municipal, le 27 juin par l’adjoint du maire, et le 28 juin par le préfet.
Extrait du mémoire des Houillères de Ronchamp (doc. AMB)
Le procès-verbal de réception définitive fut délivré le 29 février 1924, finalisant définitivement les travaux effectués dans le cadre d’un marché passé de gré à gré, le 6 décembre 1922.
Extrait du PV de la réception définitive (doc. AMB)
Il permettait de débloquer la somme de 1 580,39 francs, dernier terme de payement, due à l’entreprise des Houillères de Ronchamp.
Liaisons électriques entre transformateur et les ateliers
Pour alimenter les machines en électricité depuis le local du transformateur, il fut signé un marché de gré à gré avec la société belfortaine Louis Cadell pour un montant de 4012,60 francs, le 9 décembre 1922.
Extrait en-tête entreprise Louis Cadell (doc. AMB)
Les trois ateliers, la forge, l’atelier de fer et l’atelier de bois, furent alimentés par des câbles installés en conduite souterraine; ils furent fournis par la câblerie de la SACM, installée à Clichy.
Extrait du devis de la SACM Clichy (doc. AMB)
La réception provisoire fut actée par un procès-verbal du 17 mars 1923, mais les travaux furent certainement terminés en février.
Le procès-verbal de réception définitive fut délivré le 9 février 1924, actant le versement du solde de la facture de l’entreprise Louis Cadell.
L’éclairage des bâtiments
La même société eut la charge de réaliser l’éclairage dans les différents bâtiments de la future École pratique. L’entreprise Louis Cadell fut choisie par Commission municipale et actée par le conseil municipal du 9 septembre 1922.
Elle s’était engagée à effectuer les travaux sous un mois à partir du passage de la commande.
Engagement de l’entreprise Louis Cadell
à effectuer les travaux sous un mois (doc. AMB)
Elle équipa
- les salles de classes
- la salle de dessin
- la salle des professeurs
- le bureau du directeur
- les ateliers
- les vestiaires
- le vestibule
- la salle de gymnastique
- la loge du concierge
- le logement du directeur
- les couloirs
- la cuisine
- la salle à manger
- les sanitaires
- le préau
Extrait carte postale L’éclairage d’une salle de cours (coll. JM)
Les fils électriques pour alimenter les différents organes, interrupteurs, lampes, boîtes de dérivation… étaient protégés via l'utilisation de tuyaux en plomb.
L’ensemble de l’installation fut sécurisé par une seconde installation d’éclairage au gaz. Elle comprenait le compteur, les appliques, les lyres, les robinets, les tuyaux… Elle fut alimentée par une canalisation provenant de la distribution de la ville.
Il fut demandé à l’entreprise d’avoir terminé les travaux pour le 30 septembre !
Les sanitaires et les vestiaires
L’équipement de la future École pratique en sanitaires et en vestiaires fut confié à l’entreprise Charles Wagner via un marché passé de gré à gré, validé par le conseil municipal le 29 juillet 1922. Elle était intervenue lors des gros œuvres dans le cadre du Lot 5 qui concerna les travaux de couverture, de plomberie et de zinguerie.
Publicité Charles Wagner dans un annuaire (doc. BF)
Les travaux nécessaires de maçonnerie et de menuiserie furent réalisés par les entreprises Simon Simonnet et Joseph Barberet, intervenantes respectivement pour les Lot 1 et 3 des travaux des gros œuvres.
Le devis pour les travaux s’éleva à 23 600,00 francs comprenant pour les sanitaires, les éléments suivants à installer
- 1 WC Scellier avec réservoir de chasse 10 litres
- 17 lavabos Scellier n°24
- 13 pieds de lavabos Scellier
- 15 porte-savon Scellier
- 3 réservoirs de chasse automatique 40 litres
- 7 sièges à la turque en fonte émaillée n°244
- 1 siège à la turque en grès n°261
- 1 queue de carpe
- 1 collecteur de 126 en fonte émaillée avec tuyauterie
- 1 urinoir Larivière n°6 à 7 places
- la tuyauterie pour relier les éléments et les évacuations.
Carte postale Exemple de lavabos (coll. privée)
Concernant les vestiaires, ils étaient au nombre de 148 en tôle peinte Marcadet.
L’entreprise s’engagea à effectuer les travaux sous un mois au reçu de la commande. N’ayant pas trouvé le procès-verbal de réception provisoire dans le dossier, on peut penser qu’ils furent terminés avant la rentrée du 2 octobre 1922, du moins les équipements indispensables.
La réception définitive fut actée le 9 février 1924 par procès-verbal libérant la somme de 2 350,27 francs due à l’entreprise Charles Wagner.
Extrait du PV de la réception définitive (doc. AMB)
Cette deuxième phase de travaux était terminée.
Fin de la 7e partie, la suite à découvrir via le Sommaire (lien ci-dessous).
Épilogue
Ainsi l’ensemble de cette deuxième phase de travaux concernant l’alimentation électrique HT, le chauffage, l’éclairage électrique, l’éclairage de secours au gaz, la création des sanitaires et l’approvisionnement des vestiaires, permit d'accueillir les élèves dans des bâtiments opérationnels, ou presque.
JM
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Références : Dossier École pratique (Archives municipales de Belfort, AMB),
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