Il y a 100 ans, les aviateurs Raoul Chesneau & Henri Boitel perdaient la vie…
MAJ le 10 février 2020
Il y a 100 ans, le 16 octobre 1917, un combat aérien à la hauteur de Seppois-le-Bas (Haut-Rhin), fut fatal aux deux aviateurs, Raoul Chesneau et Henri Boitel.
Extrait du journal La Frontière du 21 octobre 1917 (collection AMB)
A l’occasion de ce centième anniversaire, je vous propose de revenir sur ce drame malheureusement trop souvent répété pendant la Première Guerre Mondiale ! Environ 5000 aviateurs français furent tués pendant ce conflit.
Adjudant Raoul Chesneau
Raoul Marie Henri Chesneau est né le 24 septembre 1888 à Caudéran, commune à l’ouest de Bordeaux. Elle devint un quartier de la capitale girondine en 1965.
Carte postale Souvenir de Caudéran (coll. privée)
Il s’engagea à Bordeaux le 12 octobre 1906 pour une période de trois ans.
Raoul Chesneau (photo Site albindenis)
Il rejoint son régiment implanté à Angers le 14 octobre, le 25e Régiment de Dragons.
Carte postale Angers, caserne du 25e Régiment des Dragons (coll. privée)
Il obtint les grades de Brigadier le 1er mars 1907 et de Maréchal des Logis le 29 octobre 1907.
A la fin de sa période, il prolongea de deux ans son engagement. Il quitta l'armée le 12 octobre 1909 et fut versé dans la Réserve.
Suite à la Mobilisation Générale décrétée, il fut convoqué le 1er août 1914, à rejoindre son unité de mobilisation.
Affiche destinée pour la Mobilisation Générale (coll. privée)
Raoul Chesneau fut affecté au 21ème Régiment de Dragon caserné dans la ville de Noyon, au nord-est de Compiègne.
Carte postale Noyon Caserne de la cavalerie* (coll. privée)
* Le 21ème Régiment de Dragons avait remplacé en avril le 9ème Régiment de Cuirassés. Initialement, il était stationné à Saint-Omer.
Le 17 février 1915, il fut versé ensuite au 9ème Régiment de Dragons. Avant que ce dernier parte rejoindre sa base de concentration assignée à sa division, celle de Boulzicourt dans les Ardennes, au sud de Mézières. Précédemment, ce régiment était stationné à Epernay.
Carte postale Epernay Quartier Margueritte (coll. privée)
Après avoir participé à la bataille de la Marne comme éclaireur puis comme sous-officier de liaison, il va entreprendre la démarche pour être transféré dans l’aviation; elle va aboutir fin 1915.
A l’école d’aviation de Chartres, il va obtenir son brevet de pilote militaire (numéro 2312), le 11 janvier 1916. Avant de rejoindre son affectation dans une escadrille, il passa par le GDE (Groupement des Divisions d'Entrainement) du 16 janvier au 6 avril, de Plessis-Belleville, pour parfaire sa formation de pilote.
Carte postale Chartres, le camp d’aviation (coll. privée)
Le 6 avril 1916, il rejoint son affectation comme pilote au 2ème Groupe d’aviation, à l’escadrille la F58 installée en Lorraine, aux environs de Lunéville. Il obtint le grade d’adjudant le 21 novembre suite à sa citation à l’ordre du Service Aéronautique de la 8ème Armée, le 24 février 1917. En voici la teneur :
‘’Pour avoir exécuté avec audace de nombreuses et fructueuses reconnaissances. Le 7 novembre 1916, il a pu, à force d’énergie, tenir l’air pendant plus deux heures, malgré des circonstances atmosphériques extrêmement défavorables et dangereuses, pour terminer un réglage particulièrement important.’’
Sergent Henri Boitel
Henri Louis Boitel est né le 9 août 1885 à Rocourt-Saint-Martin, commune de l’Aisne, au sud de la ville de Soissons.
Henri Boitel (coll. Jean-Luc Salomé)
Il entra dans l’armée active le 7 octobre 1906, au 28e Régiment de Dragons à Sedan, quartier Mac Donald, qu’il quitta le 25 septembre 1908, avec le grade de Brigadier acquis le 17 octobre 1907.
Carte postale Sedan Quartier Mac Donald où était affecté le 28ème (coll. privée)
Réserviste, il effectua une période en 1911 au 8ème Régiment de Dragons, entre le 22 novembre et le 14 décembre au Quartier de la Barollière, à Luneville.
Carte postale Lunéville, 8e Rég. de Dragons Quartier de la Barollière (coll. privée)
Convoqué le 1er août 1914, suite à la mobilisation nationale décrétée, il rejoignit le 6ème Escadron du Train des Equipages Militaires caserné à Compiègne.
Carte postale Compiègne Caserne des Dragons (coll. privée)
Le 6 août, il rejoint son affectation définitive, le 2ème Groupe d’aviation, certainement à Bron (Lyon) ! Il y obtint le grade de Sergent le 28 février 1915, au Groupe 22.
Carte postale Souvenir du 2ème Groupe d’aviation à Bron (coll. privée)
Il suit un stage à l’école de Cazaux (Gironde) du 2 juin au 5 juillet 1916.
C’est certainement dans cette école militaire appelée Ecole de tir aérien de Cazaux ouverte le 1er septembre 1915, que fut initié le sergent Boitel au tir à la mitrailleuse en combat aérien.
Carte postale Souvenir de l’Ecole d’aviation de Cazaux (coll. privée)
Après cette formation, il retourna dans son régiment, le 2ème Groupe d’aviation, dans l’attente de son affectation à une escadrille.
Il fut affecté à l’escadrille F58 comme mitrailleur à la date du ???
L’escadrille F58
L’escadrille MF58 fut créée le 20 mai 1915 et implantée sur le champ d’aviation du Bourget, site de La Réserve Générale de l'Aviation (RGA).
Carte postale Le Bourget (coll. privée)
Son commandement fut attribué au Capitaine Arthur Noé. Elle reçut en équipement, 10 aéroplanes, des Maurice Farman MF11 destinés à accomplir des missions de reconnaissance.
Les premières unités furent construites en 1914 par les frères Farman, dessiné par Maurice d’où l’appellation MF 11.
Carte postale Aéroplane Farman MF11 (coll. privée)
Cet aéroplane embarquant deux aviateurs, possédait une envergure de 16,15 mètres, une longueur de 9,50 mètres et une hauteur de 3,90 mètres, pour un poids de 840 kilogrammes. Avec son moteur V8 Renault de 100 chevaux, il pouvait atteindre la vitesse de 80 km/h et atteindre une altitude de 3800 mètres. Il était équipé d’une tourelle portant une mitrailleuse de 7.62 mm et pouvait disposer de 18 bombes de 7,5 kilogrammes.
Peu après, l’escadrille reçut son affectation au DAL (Détachement d’Armée de Lorraine) et s’installa à Lunéville, le 26 mai 1915.
En juin 1916, la MF58 devint la F58 et reçut une nouvelle génération d’aéroplanes, des Farman F 40.
Carte postale Aéroplane Farman F 40 (coll. privée)
L’escadrille qui fut ré affectée au 40ème Corps d’Armée le 4 février 1917, va être versée au service de la 73ème Division d’Infanterie où elle va assurer les missions de reconnaissance mais aussi apporter sa contribution aux réglages de l’artillerie.
Elle resta dans ce secteur de la Meurthe-et-Moselle jusqu‘en juillet 1917 où elle va rejoindre la Franche-Comté. Dans un premier temps, elle va être basée au Camp du Valdahon (Doubs).
Carte postale Camp du Valdahon (coll. privée)
Elle assura la formation des aviateurs américains.
Fin septembre, elle reprit une activité opérationnelle sur le front d’Alsace en rejoignant la région belfortaine et en stationnant sur les aérodromes de Bessoncourt-Phaffans, Fontaine et en dernier Méziré.
Fontaine Camp d’aviation (photo Livre Guerre aérienne 1914-1918)
L’escadrille va être équipée de nouveaux aéroplanes, toujours des biplans, des Dorand AR.1. Cet avion fut le premier réalisé dans le cadre de la réorganisation de l’aéronautique française séparant la production et la conception. Cette dernière, la STA (Section Technique de l’Aéronautique) créée le 21 février 1916 eut la charge de concevoir des avions d’observation pouvant se défendre en cas d’attaque de l’ennemi.
La direction fut confiée au commandant Emile Dorand (1866-1922).
Avion Dorand AR.1 (coll. privée)
Cet aéroplane embarquant deux aviateurs, possédait une envergure de 13,29 mètres, une longueur de 9,14 mètres et une hauteur de 3,90 mètres, pour un poids de 1247 kilogrammes. Avec son moteur V8 Renault 8 Gd de 190 chevaux, il pouvait atteindre la vitesse de 152 km/h et une altitude de 5500 mètres. Son autonomie était de 3 heures. Il était équipé à l’avant d’une mitrailleuse lourde Vickers de 7.62 mm, à l’arrière d’une tourelle avec deux mitrailleuses Lewis de 7.62 mm et pouvait disposer de 4 bombes de 120 millimètres.
Insigne de l’escadrille F58 (photo Site albindenis)
L’escadrille qui prit le 30 novembre 1917, l’appellation AR58, puis SAL58 le 23 mars 1918, fut dissoute le 31 décembre 1918; son dernier camp fut celui de Manoncourt-en-Vermois (Meurthe-et-Moselle).
Mardi 16 octobre 1917, le drame
L’escadrille F 58 en partie, s’était installée à Bessoncourt, commune à l’est de Belfort, après avoir quitté le Camp du Valdahon en fin septembre.
Carte postale Un bonjour de Bessoncourt (coll. privée)
Quatre hangars Boissonneau étaient implantés en bordure de l’ancienne voie ferrée Belfort-Vauthiermont longeant l’actuelle départementale 31, à la sortie est du village de Bessoncourt et au sud-est du village de Phaffans.
NA : Certains documents indiquent le camp de Bessoncourt quand d’autres citent le camp de Phaffans, en fait le camp était à cheval sur les deux communes, en un lieu-dit ‘’Le Bourbet’’ !
Carte de 1918 situant le camp d’aviation (collection AD90)
L’escadrille était sous la responsabilité du commandant du Parc d’aviation n°9, installée sur le Champ de Mars de Belfort.
En cette après-midi du 16 octobre 1917, trois avions, un Dorand AR.1 accompagné de deux Salmson-Moineau SM-1, quittèrent le camp pour une mission d’observation et prendre des photos sur les mouvements de troupes ennemies à la périphérie de la frontière. A la hauteur de Seppois, ils furent attaqués par cinq chasseurs allemands appartenant à la Royal Prussian Jagdstaffel 41, appelée communément Jasta 41, basée à Habsheim, commune au sud de Mulhouse.
Extrait BD La Grande Guerre Tome 2 (Philippe Glogowski)
Le Dorand n°AR 183, où se trouvaient l’adjudant Raoul Chesneau et le sergent Henri Boitel, fut pris en chasse et le combat va tourner à l’avantage de l’aviateur allemand qui va atteindre l’avion français, en tuant le pilote.
L’avion venant de Pfetterhouse va s’écraser en Suisse dans la forêt de la commune de Beurnevésin, proche de la frontière franco-suisse.
Ses ailes seraient restées accrochées dans les arbres, seuls le moteur et la carlingue auraient atteints le sol; les deux aviateurs étaient décédés à l’arrivée des secours.
Carte postale du village de Beurnevésin, Suisse (coll. privée)
Le point de chute de l’avion n’a pas été mémorisé sur le terrain, il était situé à environ 400 mètres de la Borne des Trois Frontières (ou Borne des Trois Puissances).
Carte du lieu du crash de l’avion, en rouge l’impact, drapeau vert la cote 510 et drapeau bleu la borne des 3 frontières (réalisation BF)
Cette borne était placée à l’intersection des 3 nations, la commune de Beurnevésin pour la Suisse, la commune de Réchésy pour la France et la commune de Pfetterhouse pour l’Alsace allemande depuis son annexion en 1871 (Traité de Francfort).
Carte postale de promeneurs près des bornes (coll. privée)
Les militaires helvétiques du poste d’observation, installés à la cote 510, virent la descente de l’avion et donnèrent l’alerte. Quand les secours arrivèrent sur le lieu d’écrasement, ils découvrirent malheureusement les corps des deux aviateurs sans vie...
Carte dessinée par un des observateurs suisse de la cote 510 (collection CM)
Les dépouilles des deux militaires français furent amenées en l’église de Beurnevésin pour la mise en bière.
Carte postale du village de Beurnevésin, l’église est à gauche (coll. privée)
L’avion allemand était un Albatros D.V piloté par le lieutenant Walther Kypke de la nouvelle escadrille Jagdstaffel 41, créée en juin et basée à Habsheim, sur le terrain de la société Aviatik, le fabriquant.
CPA Aviateur Walther Kypke (coll. privée)
Ce type d'appareil destiné à la chasse était mieux armé pour le combat, plus léger car plus petit, plus rapide donc plus maniable, donnant un avantage déterminant au pilote allemand. De plus, cet aviateur était chevronné malgré qu’il ne pilotait que depuis avril 1915 !
Carte postale Un Albatros abattu à Traubach le 28 janvier 1917 (coll. privée)
A son tableau de chasse, il avait déjà abattu quatre avions français, dont un le matin même, un Nieuport, entre Hagenbach et Traubach.
Mercredi 17 octobre 1917, le transfert et le recueillement
Le lendemain matin après la cérémonie funèbre célébrée par l’abbé Furberg de Beurnevésin, les deux cercueils sous escortes militaires du 3e Bataillon d’infanterie furent transférés à Boncourt pour être rendus aux autorités militaires françaises. Le rendez-vous était prévu à 10 heures au poste de frontière.
Carte postale de Boncourt (coll. privée)
Au point de rencontre où flottait le drapeau fédéral, la Suisse était représentée par le lieutenant-colonel Guisan accompagné de plusieurs autres officiers et militaires, de Joseph Choquard le préfet de Porrentruy et du maire de la ville, Henri Burrus; la musique jouant l’hymne helvétique.
Carte photo Rencontre des délégations Française et Suisse (coll. CM)
Côté français, étaient présents des autorités militaires et civiles dont le capitaine Stoll accompagné par Charles Ackermann, le 1er adjoint représentant le maire de Delle, Arsène Zeller le délégué du Souvenir Français…
Carte photo Les délégations attendent l’arrivée des cercueils (coll. CM)
Le 356e Régiment d’infanterie entonna la Marseillaise lors de la restitution des corps des deux aviateurs.
Le cortège mortuaire avec son escorte arriva au poste de frontière et les deux cercueils furent déposés sur des tréteaux pour recevoir un dernier hommage de la délégation suisse, toujours avec le concours de la fanfare helvétique.
Carte photo Les cercueils sont remis au poste frontière (coll. CM)
Chaque cercueil, enveloppé d’un liceul formé avec les couleurs tricolores, fut déposé sur un char tiré par un cheval que l’on recouvrit de branches de sapin, de couronnes et de drapeaux.
Carte postale Delle (coll. CM)
Le cortège prit la direction de la Salle des Fêtes de Delle qui pour l’occasion fut transformée en chapelle ardente pour permettre le recueillement. A l’arrivée, la Marseillaise fut entonnée et les militaires présentèrent les armes.
Carte postale de la Salle des Fêtes de Delle (coll. CM)
Une décoration de la salle avait été réalisée par Lucien Graff et Xavier Burgermeister, permissionnaire. Elle fut envahi par un grand nombre de couronnes des autorités militaires dont celles l’escadrille F58, des autorités civiles dont celle de la mairie, des deux familles des aviateurs tués mais aussi des sociétés delloises… Les deux cercueils furent sous la garde d’un piquet de la gendarmerie. Toute l’après-midi et le lendemain, la population put venir se recueillir dans la chapelle ardente.
NA : Le jeudi 20 octobre, un avion allemand fut abattu par le lieutenant Louis Delrieu et s’écrasa à Belfort dans le faubourg de Montbéliard. Un lien en fin de cet article permet d’accéder au billet consacré à cet épisode de la Première Guerre Mondiale dans notre région.
Vendredi 21 octobre, l’enterrement
Les obsèques eurent lieu le vendredi 21 octobre à 10 heures, à l’église de Delle qui elle aussi fut décorée pour rendre hommage aux deux militaires morts pour la France. La ville avait mis ses drapeaux en berne, avec crèpe de rigueur. Les cercueils avaient été installés dans l’église avant que débute la cérémonie religieuse et patriotique.
Carte postale de l’église de Delle (collection CM)
Malheureusement, malgré sa capacité importante, elle fut beaucoup trop petite pour accueillir l’ensemble de ceux qui s’étaient déplacés pour apporter leur témoignage.
La cérémonie fut conduite par l’abbé Roueche qui fit un portrait plein d’émotion communicative en l'honneur de ces deux soldats, enfants de France.
Carte postale de l’intérieur de l’église de Delle (collection CM)
Ce fut une procession importante mais organisée qui se dirigea vers le cimetière avec à sa tête les enfants des écoles sous la conduite de leurs instituteurs. Suivaient les familles des aviateurs, l’oncle, la tante et le frère de l’adjudant Raoul Chesneau, le père du sergent Henri Boitel. Puis venaient les autorités militaires dont les aviateurs de l’escadrille F58 avec leur commandant, le capitaine Louis Valton, les autorités civiles dont le secrétaire général du haut-Rhin, Etienne Dusevel, le 1er adjoint de Delle, Charles Ackermann accompagné du secrétaire de mairie, Anatole Lablotier, et du conseil municipal, des deux décorateurs Lucien Graff et Xavier Burgermeister… le Souvenir Français, les vétérans, les médaillés, les sociétés et une foule dense.
NA : Depuis le 1er mai 1917, l’escadrille était sous les ordres du capitaine Louis Valeton.
Carte photo Le cortège dans la rue Saint-Nicolas à Delle
La procession se fit avec de nombreux drapeaux et accompagnée par la musique.
Au cimetière, vint le temps des discours. Ce fut au commandant de l’escadrille F58, le capitaine Louis Valton d’effectuer le premier. Il souligna que l’escadrille avait telle une mère, perdu deux enfants. Il remercia les autorités suisses et la population de ce coin de France.
Photo des deux tombes (Livre de la SBE n°100)
Le 1er adjoint Charles Ackermann, au nom du conseil municipal, salua le courage des deux aviateurset les familles éplorées, affirma que Delle était fière d’assurer leurs repos parmi les tombes des êtres chers de la commune.
Carte postale Monument de 1870 au sein du cimetière de Delle où a été apposée une plaque commémorative (collection MC)
Sur cette plaque, sont présents les noms des deux aviateurs (photo BF)
Le discours final fut effectué par le représentant du Souvenir Français, Arsène Zeller, il rappela qu’il était, il y a trois semaines à Petit-Croix pour l’inauguration du monument dressé pour Adolphe Pégoud. Comme lui, les deux aviateurs avaient fait preuve de bravoure et de vaillance pour protéger la terre de la Liberté.
NA : Un lien en fin de cet article permet d’accéder au billet consacré à ce monument.
Le caveau rénové des militaires tués lors de la Première Guerre Mondiale dont les tombes des deux aviateurs Raoul Chesneau & Henri Boitel (photo BF)
Les croix des deux aviateurs Henri Boitel et Raoul Chesneau (photo BF)
Jeudi 1er novembre 1917, cérémonie patriotique à Delle
A l’iniative du 1er adjoint, Charles Ackermann, la population delloise fut conviée à honorer les militaires tombés au champ d’honneur. Le rendez-vous fut donné, place de la République à 15 heures pour se rendre au cimetière.
Carte postale de la place de la République à Delle (coll. CM)
La procession avait réuni les pompiers et leur musique, les enfants des écoles, le patronage Jeanne d’Arc, les sociétés de la préparation militaire et des sports… et de nombreuses autres délégations. Côté militaire, des délégations d’unités présentes dans le secteur et une délégation de l’escadrille F58 à laquelle appartenaient les deux aviateurs abattus le 16 octobre, Raoul Chesneau et Henri Boitel.
Carte postale Delle Cimetière Monument de 1870 installé en 1893 (coll. CM)
Arrivé au cimetière, ce fut Charles Ackermann qui prononça l’allocution devant les tombes et le monument de 1870, décorés par Lucien Graff. Il rapella que chaque année les dellois venaient se recueillir sur les tombes familliales mais que cette année, cette démarche était collective pour rendre hommages aux morts pour la Patrie.
Carte postale de la cérémonie (collection CM)
Après avoir effectué un retour sur les trois premières années de ce conflit subit, il rendit au titre des personnes présentes un témoignage d’admiration et de reconnaissance à Louis Juillerat, enfant de Delle et aux deux aviateurs morts pour la France. La Marseillaise termina la cérémonie et le cortège se disloqua.
Pendant la cérémonie, des avions étaient venus survoler le cimetière pour rendre hommages à leurs frères d’armes dans leurs sépultures delloises.
Vendredi 16 novembre 1917, remerciements miltaires
Le chef d’Etat-Major de la 7ème Armée, le général Baucheron de Boissoudy, accompagné de plusieurs officiers s’était rendu le 16 novembre à Boncourt pour remercier l’armée suisse de leur démarche vis-à-vis des deux aviateurs abattus le 16 octobre. Ils ont été accueillis au poste frontière par le colonel Parrot, commandant de la 2ème division, et ses officiers.
Carte postale Boncourt La frontière avant la guerre
Après que les honneurs furent rendus par les militaires helvétiques et un échange entre les deux militaires, les officiers montèrent dans des voitures pour se rendre à la mairie, où le 1er magistrat de la ville, Henri Burrus, leur avait mis à disposition un bureau.
Honneurs militaires
Raoul Chesneau et Henri Boitel obtinrent la Médaille militaire et la Croix de guerre avec étoile de vermeille, à titre posthume.
Médaille militaire et Croix de guerre (coll. JC)
Plus précisemment, Henri Boitel avait obtenu la Croix de guerre suite à une citation à l'ordre du corps d'armée, le 4 octobre.
Hommage pour le centenaire de leur mort
Le samedi 21 octobre 2017, un hommage fut rendu aux deux aviateurs au cimetière de Delle avec dépôt de gerbes.
Une exposition eut lieu en cette même ville les 21 et 22 octobre pour commémorer cet anniversaire, à la Halle des Cinq Fontaines.
Cérémonie devant les tombes (photo Jean-Luc Salomé)
Epilogue
Les deux aviateurs qui perdirent la vie en cette journée du 16 octobre 1917 rejoignaient la longue série de militaires qui donnèrent leur vie pour se battre, pas toujours à armes égales, contre l’aviation allemande.
JM
Liens d'accès aux articles signalés dans le texte
Le monument de Pégoud à Petit-Croix : Cliquer ici
18 octobre 1917, le Lion a plumé un des aigles allemands : Cliquer ici
Références presse : Journaux La Frontière et L’Alsace(collection Archives Municipales de Belfort ‘’AMB’’ et Archives Départementales du Territoire de Belfort ‘’AD90’’), L’Avis de Neuchâtel du 19 octobre 1917
Références documents : Recueil Souvenirs de la Guerre 1914-1918 par Lucien Graff (collection AD90 cote 5J carton IV), Bulletin de la Société Belfortaine d'Emulation n°100 (collection BF), Livre 1914-1918 Guerre aérienne dans le ciel de Haute Alsace par Philippe Seither (collection BF)
Références Site Web : Forum ‘’pages14-18’’, Site ‘’albindenis’’ (la référence sur l’aviation de la Première Guerre Mondiale), Site ''MemorialGenWeb'', Site ‘’memoiredeshommes’’, divers autres sites…
Infos pratiques
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