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LE CARTOPHILION
28 juillet 2018

Tour de France 1908, Ballon d’Alsace & Belfort

MAJ le 15 juillet 2019

Le Tour de France 2018 ne vint pas sur les routes de l’est de la France. Il est vrai que l’année dernière, il était venu à nouveau se frotter à la montée de la Planche des Belles Filles, le 5 juillet.

CPM PLM Planche Belles Filles Tour France 2017 BG38

Carte postale Tour de France 2017 Planche des Belles Filles

Ayant succombé au charme des Belles Filles, le Tour délaisse depuis 2005, les pentes du Ballon d’Alsace

N’oublions pas pourtant que son sommet et Belfort furent des passages et/ou étapes incontournables du Tour de France, pendant de nombreuses années, comme par exemple en 1908.   

Le Tour et le Ballon d’Alsace, une relation distendue...

En 1905, pour la première fois, le Ballon d’Alsace était au programme de la Grande Boucle. En 1908, pour la 4ème fois consécutive, la montée pour atteindre son sommet va faire souffrir les forçats de la route.

Carte postale Ballon d’Alsace Borne de l’altitude à 1178 m

NA : Dans l’article traitant le Tour de 1907, j’ai listé les passages (20) ou arrivées au sommet (5), un lien en fin du texte vous permet d’y accéder.

Tour de France 1908, 4e visite dans le Territoire de Belfort

En 1908, la 6e édition du Tour de France s’articulait sur un parcours de 4488 kilomètres, identique à celui de 1907, avec 162 coureurs rattachés à des équipes (Alcyon, Labor, Peugeot…) et des indépendants. Elle était constituée de 14 étapes, avec un départ le 13 juillet à Paris, depuis le Pont de l'Ile de Jatte et une arrivée le 9 août au Parc des Princes à Boulogne (Paris).

Carte Tour de France 1908 BF

Tracé du Tour de France 1908 (création BF)

Quelques nouveautés apparurent pour cette édition.

Les organisateurs ont imposé et fourni aux coureurs le même cadre, comme il était interdit de changer de vélo lors du Tour.

Pour la première fois apparaissent les pneus démontables sur ce Tour.

La 1ère étape fut remportée à Roubaix par le coureur de chez Peugeot, Georges Passerieu devançant Lucien Petit-Breton, son compagnon et Ernest Paul.

Quant à la 2ème étape, entre Roubaix et Metz, la victoire revint à Lucien Petit-Breton, suivi de Georges Passerieu et l’Italien Luigi Ganna.

Tour de France Metz La Vie au Grand Air 25 juil 1908

La victoire à Metz (photo illustré La Vie au grand air)

Etape Metz Ballon d’Alsace…

Donc le Ballon d’Alsace était au programme de la 3e étape entre Metz et Belfort. Si le départ s’effectua le vendredi 17 juillet à 2h30 de Metz, en réalité le départ réel fut donné depuis le poste frontière de Novéant.

CPA Novéant Poste frontière

Carte postale Le poste frontière de Novéant

NA : Dans l’article sur le Tour 1907, j’ai détaillé cette particularité car Metz depuis le 10 mai 1871, était en territoire Prusse. Elle ne revint en France qu’en 1918, à l’armistice.

La particularité du départ fut la présence du Comte Ferdinand Zeppelin qui libéra les 144 coureurs restants pour cette 3e étape longue de 259 kilomètres.

Livre Comte Ferdinand Zeppelin

Livre Ferdinand Graf Zeppelin

Si pour Georges Passerieu les deux premières étapes s’étaient plutôt bien déroulées, il était en tête du classement général avec son coéquipier Lucien Petit-Breton, le début de l’étape fut plus problématique. Il va collectionner les handicaps en cassant sa selle, crevant, tombant et pliant par la même sa pédale avant d’arriver à l’approche de Baccarat… un jour sans !

 

Carte postale Georges Passerieu

Par contre un groupe d’une quinzaine de coureurs plus veinard ou moins malchanceux, était arrivé au pied du Ballon d’Alsace. Parmi les cadors, on retrouvait Clemente Canepari, Paul Duboc, François Faber, Gustave Garrigou, Cyrille Van Houwaert, Henri Lignon, Georges Paulmier, Lucien Petit-Breton… qui allaient attaquer le sommet vosgien sous une pluie abondante et glaçante.

L’ascension débuta à 11h18 et allait certainement sélectionner le vainqueur potentiel à Belfort. Le premier qui lança les hostilités fut Henri Lignon suivi du belge Cyrille Van Houwaert mais Gustave Garrigou revint et prit le rôle de leader. Un temps lâché, Lucien Petit-Breton raccrocha la tête de la course avec l’italien Clemente Canepari.

 

Carte postale Coureurs dans le Ballon d’Alsace (Tour des Indépendants 1910)

NA : En 1910 et 1911, se déroula un autre tour, le Tour des Indépendants ou Tour de France Peugeot-Wolber (1910) et Circuit Français Peugeot (1911). En fin de texte, un lien permet d’accéder à l’article qui lui est consacré.

Peu à peu Gustave Garrigou prit l’ascendant sur la course, seul Lucien Petit-Breton s’accrocha un temps dans son sillage… mais il ne peut tenir le rythme et il voit son adversaire le lâcher et franchir le sommet enfoncé dans les nuages, avec près de 300 mètres d’avance.

 

Image Gustave Garrigou

La pluie forte et froide toujours bien présente ne glaçait pas toutefois le tempérament des coureurs !

Prix des côtes (ou prix Labor-Hutchinson)

Une nouveauté en ce Tour de 1908 avec la création du Prix des Côtes sponsorisé par les sociétés Labor et Hutchinson récompensant le meilleur grimpeur.

 

Buvard publicitaire pour les pneus Hutchinson

Les premiers points furent attribués lors du passage devant le nouveau monument René Pottier.

NA : Ce prix deviendra le Classement de la montagne en 1930.

Publicité Bicyclette Labor

Publicité pour la Reine des bicyclettes Labor

A cette occasion, l’Aveyronnais Gustave Garrigou fut le 1er coureur à entrer dans ce classement et fut le leader jusqu’au prochain sommet.

Revenons à la course…

Avec un peu de marge sur ces poursuivants, Gustave Garrigou bascula dans la descente pour rejoindre la Cité du Lion distante de 30 kilomètres. A ses trousses, Lucien Petit-Breton puis le luxembourgeois François Faber qui a lâché le belge Cyrille Van Houwaert. L’Aveyronnais peu à l’aise dans la descente gère difficilement sa petite avance, va même rater un virage dans Giromagny et tomber sans trop de dommage…

Carte postale La Grande Rue à Giromagny

Les deux chasseurs partis à sa poursuite vont en profiter pour le rattraper.

D’autres coureurs tombèrent aussi, dû à la chaussée glissante.

Belfort, ville d’arrivée

Pour la 2ème fois, après 1907, Belfort était ville d’arrivée de cette 6ème édition du Tour de France. En 1905 et 1906, les coureurs n'avaient fait que de passer dans la ville, avec seulement un arrêt à la table de contrôle...

Carte postale Un bonjour de Belfort

L’arrivée était prévue sur le quai Vauban à la hauteur du magasin Chaussin. Par ailleurs, l’organisation de cette arrivée fut confiée aux deux frères de ce commerce, en tant que correspondants du journal L’Auto, l’organisateur du Tour.

Carte postale Magasin de Cycles Chaussin, quai Vauban (collection JM)

Ils étaient épaulés par Charles Dreyfus, le président des Sports Réunis et de M. Muller, président du Cycle Belfortain.

Pour permettre le bon déroulement de l’arrivée, un service d’ordre formé de la police municipale et d’un piquet du 35e Régiment d’infanterie, fut mis en place pour contenir le public excité par l’évènement.

CPA Belfort Quai Vauban

 Carte postale Belfort Quai Vauban

Malgré la pluie intermittente, le public était venu nombreux en ce lieu, certains de bonne heure pour essayer d’être au plus près de la ligne d’arrivée, là où officiaient les organisateurs, les commissaires, les chronométreurs, les journalistes… D’autres ne voulant pas ou ne pouvant obtenir une de ces places convoitées, préfèrent ou durent attendre le passage des coureurs le long du parcours.

Avec une heure de retard par rapport à l’horaire prévu, le trio arriva à l’entrée du quai sous la pluie, emmené par Lucien Petit-Breton devant François Faber suivi par Gustave Garrigou. Mais François Faber va déborder et passer en premier la ligne à 12h32 minutes.

 

Fiche Le luxembourgeois François Faber

Il succédait à Emile Georget qui avait remporté l’étape en 1907, et inscrivait son nom sur les tablettes belfortaines…

Sur la ligne d'arrivée, étaient présents d'Henri Desgrange et de M. Abran, inspecteur général de L'Auto.

Pour cette victoire dans la Cité du Lion, il reçu la somme de 50 francs de la part de la Ville de Belfort et une montre remis par M. ChaussinGustave Garrigou reçu 125 francs pour avoir été le premier à passer le sommet du Ballon d'Alsace.

NA : Pour découvrir le déroulement de sa victoire, un lien à la fin du texte permet d’accéder à l’article de 1907.

Lucien Petit-Breton, par contre, prenait la 1ère place au classement général devant l’italien Luigi Ganna, arrivé 13e et Gustave Garrigou.

CPA Lucien Petit-Breton

Carte postale Lucien Petit-Breton

Le leader du classement totalisait 5 points quand ses deux poursuivants immédiats avaient 20 et 24 points.

NA : Le classement général des coureurs était effectué en cumulant la place à l’arrivée pour chaque étape

Quant à Georges Passerieu, il recula en 5e position, n’étant arrivé qu’à la 30e place lors de cette journée galère pour lui….

Les coureurs arrivèrent tout au long de la journée… à 20 heures, seulement 87 forçats rincés, au sens propre comme au sens figuré, avaient franchi la ligne de fin de souffrance pour la journée…

Après l’arrivée, les coureurs devaient se rendre au Café Danjean, faubourg de Montbéliard, pour signer le cahier de contrôle.

 

Carte postale Café Danjean

Après cette journée harassante, certains allèrent aux bains Stiegler, faubourg des Ancêtres, pour se délasser et se laver… après la pluie, rien de tel qu’une bonne douche !

Carte postale Belfort Faubourg des Ancêtres

  

L'agrandissement de la carte postale permet de voir la pancarte ‘’BAINS’’ au-dessus des 2 dames

Le lendemain était une journée de repos; ce Tour, comme pour les précédents, alternait une journée de course avec une journée de repos.

Ballon d’Alsace, inauguration monument René Pottier

NA : Un article spécifique est consacré à René Pottier, en fin de texte un lien permet d’y accéder.

Dimanche 19 juillet, 4e étape

Le départ pour la 4ème étape s’effectua devant la brasserie Muller à Danjoutin, tôt le matin comme pour les étapes précédentes, à 2h30 tapantes.

 

Carte postale Danjoutin Café Blanchard (ou Muller ?)

NA : Où était-elle située cette brasserie Muller, déjà lieu de départ en 1907 ? Mes recherches actuelles n’ont toujours pas abouti à ce jour… Il y de forte probabilité que cette brasserie appartenait à M. Muller, le président du Cycle Belfortain impliqué à l’arrivée à Belfort ! Une nouvelle piste à creuser.

Comme toujours, je suis preneur de l’information…

Malgré l’heure de départ très matinal, de nombreux spectateurs étaient venus pour voir ces routiers au départ dont les plus connus.

Après avoir passé par la table de contrôle tenue par les personnes nommées par l’organisation, les 132 coureurs rescapés de cette première étape de montagne enfourchèrent leur bicyclette et au top du départ, se lancèrent sur un parcours de 309 kilomètres pour rejoindre Lyon.

Carte postale Route de Montbéliard à Danjoutin

Cette étape fut, elle aussi très arrosée, la pluie accompagna les coureurs une bonne partie de l'étape.

Le leader du classement général, Lucien Petit-Breton fut un temps lâché par un trio formé d’Henri Cornet, François Faber et Gustave Carrigou, mais il put les rejoindre un peu avant Lyon.

L’arrivée se fit au sprint et vit François Faber battre Gustave Carrigou et le leader du classement général.


Carte postale François Faber

Lucien Petit-Breton conservait toujours la tête du classement, avec une marge de 18 points sur Gustave Carrigou et 19 points sur l’italien Luigi Ganna

Victoire de Lucien Petit-Breton à Paris

Lucien Petit-Breton, le vainqueur du Tour de France 1908 remporta l’étape finale le 9 août, sur la piste du vélodrome du Parc des Princes à Boulogne. Il devançait au classement général François Faber et Georges Passerieu.

Carte postale Le vélodrome du Parc des Princes à Boulogne-sur-Seine

Le vainqueur avait conservé la tête du classement acquise à Belfort, pendant les 11 étapes suivantes et gagné 5 étapes (Metz, Nîmes, Bayonne, Nantes et Paris).

 

Carte postale Lucien Petit-Breton Vainqueur en 1908

Lucien Petit-Breton

Après le Tour 1907, il doublait sa performance avec ce Tour 1908.

Lucien Petit-Breton, de son vrai nom Lucien Georges Mazan, est né le 18 octobre 1882 à Plessé, commune de la Loire Inférieure (aujourd’hui Loire Atlantique).

Carte postale de Plessé

Il vécut une grande partie de son enfance en Argentine, d’où son surnom L’Argentin. Son père horloger-bijoutier était venu s’installer à Buenos-Aires avec sa famille en 1882. Ce fut en ce pays qu’il prit passion pour la bicyclette et rapidement pour les compétitions où il était souvent gagnant. Il fut, entre autre Champion d’Argentine sur piste en 1899. Il courait sous le nom de ‘’Breton‘’, son père n’approuvant pas ce genre de sport…

 

Carte postale Un bonjour d’Argentine, Buenos Aires

De retour sur le sol français en 1902, il va poursuivre sa passion. La même année, il termina 2e du Bol d’Or sur piste sous le nom de Petit-Breton, pour se différencier d’un autre ‘’Breton’’ !

Il participa en 1905, à son premier Tour de France où il finit cinquième. Il battit le record de l’heure avec 41,110 kilomètres. Nouvelle participation en 1906 à la Grande Boucle, avec une 4e place. Il remporta la classique Paris-Tours.

 

Carte postale Publicité Peugeot Lucien Petit-Breton

En avril 1907, direction l’Italie pour participer au Milan-San Remo qu’il va gagner. Pour le Tour 1907, son 3e, la réussite fut au bout de la roue avec la victoire, confirmée en 1908 comme on vient de le lire. Il gagna aussi la classique Paris-Bruxelles.

Après un arrêt des compétitions pour s’installer comme commerçant à Périgueux sous l’enseigne Peugeot, il décida en 1909 de repartir sur les routes mais les victoires le fuyaient avec toutefois quelques podiums.


Carte postale Lucien Petit-Breton

Lors de Première Guerre Mondiale, il fut affecté au 20e escadron du Train en tant que pilote automobile. Il meurt le 20 décembre 1917 suite à un accident de circulation.

Epilogue

L’arrivée le 17 juillet à Belfort fut la 1ère étape où Lucien Petit-Breton prit la tête du classement général pour ne pas la lâcher jusqu’à l’arrivée, lui permettant de remporter un 2e titre. Une première !

Avec cette deuxième arrivée et départ, Belfort avait prouvé sa capacité à recevoir le Tour de France, aux organisateurs de L’Auto. Elle signait ainsi un bail à long terme avec la Grande Boucle !

JM

Liens pour accéder aux articles cités

Article sur le Tour 1907 : Cliquer ici

Article leTour des Indépendants : Cliquer ici

Tous les articles sur le Tour : Cliquer ici

 

Article René Pottier : Cliquer ici

 

Références presse : Journaux La Frontière et L’Alsace (Collection Archives municipales de Belfort)

Référence Web : Wikipédia, Site La Grande Boucle, Divers autres Sites…

Infos pratiques  

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Commentaires
P
Le Muller président du cycle belfortain est bien le même Muller qui fabrique des cycles à Danjoutin ou alors de la même famille. Y'avait il vraiment un café en sus du magasin de cycles ? Ou alors était ce juste au moment du départ du tour de France qu'il proposait à la vente des boissons d'où peut être un emploi abusif du mot café. Reste à trouver où était cette boutique de cycles.<br /> <br /> https://www.retronews.fr/journal/l-auto/6-aout-1913/345/2018915/6. rubrique "engagez vous"
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P
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Difficile de trouver trace de la brasserie Muller. En suivant les différents passages du tour de France de 1909 à 1914 à Belfort dans le journal l’Auto, on note que le départ à lieu toujours à la brasserie Muller de 1909 à 1912. Puis de 1913 à 1914, le départ est maintenant donné quai Vauban à hauteur de chez Chaussin.<br /> <br /> <br /> <br /> Le 7 juillet 1912, le correspondant de l’équipe parle du « café du brave père Muller et de sa si sportive famille »<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne sais pas si cela va faire avancer le schmilblick, mais qui sait.<br /> <br /> <br /> <br /> Amicalement.<br /> <br /> <br /> <br /> Philippe
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