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LE CARTOPHILION
6 août 2018

Tour de France 1928, Belfort ville étape

En cette année 2018, le Tour de France, en évitant l’Est, n’est pas venu en Franche-Comté et encore moins dans le Territoire de Belfort.

 

Carte du Tour de France 2018

Après avoir déroulé la présence de plusieurs Tours sur les pentes du Ballon d’Alsace, les arrivées / départs de Belfort et les départs de Danjoutin… je vous propose de partir sur les routes du Tour de France 1928.

NA : Dans l’article traitant du Tour 1907, j’ai listé les passages sur les routes du Territoire de Belfort; un lien en fin du texte vous permet d’y accéder.

Tour de France, pacte de fidélité avec le Territoire de Belfort

En 1928, le Tour de France totalisait sa 22e édition. Depuis 1905, il a parcouru les routes du Territoire de Belfort avec au programme, la montée du Ballon d’Alsace (10 fois), l’arrivée à Belfort (10 fois), le passage par Belfort (10 fois) et le départ de Belfort-Danjoutin (10 fois). Une fidélité exemplaire depuis 1905.

 

Carte postale Souvenir de Belfort

Cette nouvelle édition reprenait le principe appliqué par Henri Desgrange au Tour 1927, avec des coureurs au sein d’équipes et des indépendants.  Il se déroula sur 5375 km en 22 étapes du 17 juin au 15 juillet, de Paris à Paris.

Mais si le Tour 1928 copia le parcours de l'édition précédente, il en eut que l’image, la réalité fut un peu différente ! Il  fut réduit de deux étapes puisque les coureurs ne s’arrêtèrent ni à Toulon ni au Havre. Autres modifications, Briançon fut remplacé par Grenoble, Bayonne par Hendaye et Dinan par Saint-Malo, comme ville étape.

 

Tracé du Tour de France 1928 (création BF)

Si ces évolutions avaient peu d’impact, hormis l'allongement des deux étapes modifiées, par contre d’autres aménagements compensaient l’augmentation kilométrique avec la suppression de 4 sommets, Aspin et Peyresourde dans les Pyrénées, et Aubisque et Tourmalet dans les Alpes.

Sur les 22 étapes, 15 étapes dites ‘’de plaine’’ étaient disputées sous la forme de contre-la-montre par équipe dont les temps étaient comptabilisés pour chaque coureur. Ils bénéficiaient de six jours de repos, intercalés un par un, entre les étapes.

 

Pin’s Carte de France

Au départ de ce Tour, 171 coureurs dont 48 au sein des 8 équipes de marque et 45 dans les 9 équipes régionales dont une équipe Alsace-Lorraine, et 78 coureurs individuels sous l’appellation ‘’Touristes-routiers’’.

Belfort 1928, ville étape d’arrivée

Le 9 juillet 1928, Belfort fêtait un anniversaire car la Cité du Lion recevait le Tour pour 10e fois ! Elle était la ville d’arrivée, après 119 kilomètres, de la 16e étape dont le départ fut donné à Pontarlier.


Titre extrait du journal L’Alsace du 10 juillet 1928

L’arrivée était prévue sur la piste du vélodrome*

*Vélodrome : Depuis 1924, Belfort possédait un vélodrome implanté au nord de la ville. Il fut inauguré les 20 & 21 avril 1924.

 

Vue aérienne de l’implantation du vélodrome entre 1924 et 1928

NA : Dans l’article consacré au Tour 1927, j’ai développé un peu son histoire. Un lien en fin de texte, permet d’y accéder.

Pour cette nouvelle arrivée à Belfort, le Vélo-Club Belfortain avec l’aide de la municipalité, organisa une belle réunion cycliste au vélodrome pour faire patienter le public. Il avait été fait appel aux donateurs pour récompenser les meilleurs coureurs; Charles Chaussin, le correspondant de L’Auto, l'organisateur du Tour, était en charge de récolter ces fonds.

 

Carte de membre du VCB, le Vélo-Club Belfortain (collection JM)

Les prix des places s’échelonnaient de 2 à 6 francs en fonction des emplacements (populaires, gradins, pesages ou tribunes), avec une ristourne de 50% pour les soldats et caporaux.

Dès 12 heures trente, à l’ouverture des portes, le public dont de nombreuses dames, avait répondu présent pour assister à ces épreuves avant l’arrivée du Tour. Parmi les spectateurs, les autorités militaires et civiles étaient bien représentées dont le Général Trimaille commandant de la brigade d’artillerie, le Colonel Grollemund commandant du 188e d’artillerie, le Lieutenant-colonel Léonat son adjoint, Marcel Lanquetin, le secrétaire général de la préfecture, le maire Édouard Lévy-Grunwald en déplacement à Nancy, était représenté par son adjoint, Emile Géhant

Le programme, constitué de courses de vitesse et d’une individuelle, débuta à 13 heures. La finale de la vitesse fut remportée par Gilbert Cuenin quant à l’individuelle, elle revint à Coudray devançant Della-Corte qui avait gagné le Critérium du Ballon d’Alsace. Il eut le plaisir d’effectuer un tour d’honneur avec son bouquet sous les applaudissements du public.

Malgré l’excellent programme, les spectateurs étaient impatients de voir l’attraction majeure du jour, l’arrivée des coureurs du Tour de France.

La tribune du vélodrome (photo collection AD90)

Hormis cet hors d’œuvre cycliste, la ville fut parée du faubourg de Montbéliard au faubourg des Vosges, jusqu’à la rue du Barcot qui permettait d’accéder au vélodrome.

9 juillet 1928, départ de Pontarlier

Pour cette étape dite ‘’de plaine’’, les coureurs partaient de Pontarlier pour un contre-la-montre par équipe avec un départ décalé de 10’ entre chaque équipe.

 

Carte postale Pontarlier

Avant le départ de l’étape, le luxembourgeois Nicolas Frantz (Alcyon) était le leader du classement général devant André Leducq (Alcyon) les belges Maurice De Waele (Alcyon), Jan Mertens (Thomann) et Julien Vervaecke (Armor), Antonin Magne (Alléluia), Victor Fontan (Elvish), Marcel Bidot (Alléluia)…

 

Image Nicolas Frantz

Ainsi l’équipe Alcyon dominait le Tour avec les trois premières places du classement ! Le leader, depuis la 1ère étape, avait une belle marge d’avance, avec plus d’une heure quinze sur ses coéquipiers et une heure trente sur le premier adversaire d’une équipe concurente !

 

Carte postale Cycle Alcyon

Par contre pour cette étape, les favoris étaient les coureurs de l’équipe Alléluia car elle avait gagnée l’étape à Pontarlier. Elle était formée d’Antonin Magne, Julien Moineau, Marcel Bidot, Jean Bidot, Pierre Magne, Arsène Allancourt, Marcel Huot, Francis Douillet, André Godinat.

 

Equipe Alléluia : Antonin Magne & Julien Moineau

Partie après l’équipe Alcyon, dans premier temps, la confirmation vint assez vite, lors des temps de passage, qu’elle dominait son adversaire de près d’une minute trente…mais à mi-course, la tendance va s’inverser car les leaders du classement veulent asseoir leur emprise sur ce Tour.

1928 07 13 Tour de France 1928 Miroir de sports 53R

Les coureurs aux Fins (doc. Miroir Sprint)

D’ailleurs, n’ont-ils pas la couleur bleu Sky ?

9 juillet 1928, arrivée à Belfort

Il était passé 15 heures trente quand le speaker annonça l’arrivée prochaine de coureurs ce qui augmenta l’impatience des spectateurs… dont certains quittèrent leur place pour aller au centre de la piste… pour avoir une meilleur vue des coureurs.

Sous les acclamations du public, devancé par les voitures des officiels, le premier à entrer sur la piste fut Nicolas Frantz devant André Leducq qui lors du sprint final fut le plus fort.

Belfort Vélodrome Course Collection AD90

La piste du vélodrome (photo collection AD90)

A l’honneur à la tribune, les 2 coureurs avec leur gerbe de fleurs, photographiés, félicités par les autorités, toujours sous les applaudissements, vont rejoindre la piste pour un tour d’honneur.

Les coureurs se succédèrent et les officiels devaient prendre en compte leur horaire de départ pour dresser le classement de l’étape.

 

André Leducq félicité par le Général Trimaille (doc. Miroir Sprint)

Coté régionaux de l’étape, la première place revint à Paul Delbart de l’équipe Champagne devant Lucien Lange de l’équipe Alsace Lorraine.

Pour le classement, hormis les deux premiers arrivés sur le vélodrome, les places suivantes revinrent aux belges Jan Mertens, Julien Vervaecke et Maurice De Weale. Un autre français Joseph Mauclair vint s’intercaler devant trois autres belges et Antonin Magne.

André Leducq remportait une nouvelle victoire après celles de Cherbourg, Perpignan et Marseille.

 

Carte postale Publicité Alcyon André Leducq

Cette étape n’a pas eu d’impact sur le classement général, Nicolas Frantz conservait la tête du classement général et confortait un peu plus son avance sur ses rivaux.

Après la course, les coureurs devaient se rendre à l’hôtel Excelsior, au 14 faubourg des Ancêtres, où étaient établis les contrôles. Leur parcours fut toujours ponctué des applaudissements et félicitations venant des spectateurs rencontrés.

Photo Belfort Fbg Ancêtres Cavalcade BF R

A droite de la photo, l’Hôtel Excelsior (collection BF)

Le Vélo-Club Belfortain avait organisé une grande retraite cycliste avec illuminations. Le départ se fit à 20h30 depuis la rue de Cravanche en direction de l’Hôtel de Ville, avec en début de cortège, une fanfare militaire, les Trompettes du 197e Régiment d’artillerie.

 

Carte postale Faubourg des Vosges de Belfort pavoisé

A la mairie fut offert un vin d’honneur pour les coureurs et les accompagnateurs, peu des forçats de la route étaient venus, préférant se reposer. Ils furent accueillis par M. Géhant, adjoint au maire, M. Baumgarten, le président du Vélo-Club Belfortain et Charles Chaussin, le correspondant de L’Auto, organisateur du Tour.

Carte postale La mairie de Belfort

La soirée était en cours quand arriva la Lyre Belfortaine. Elle avait participé au Concours de musique à Nancy, elle était accompagnée par le maire Edouard Levy-Grunwald qui avait effectué le voyage avec les musiciens. Elle avait remporté le 1er prix du concours d’excellence.

Carte postale La Lyre Belfortaine (collection JM)

Des prix récompensaient les vélos les mieux décorés et illuminés.

10 juillet 1928, 17e étape Belfort- Strasbourg

Le départ fut donné à 11h, quai Vauban à destination de Strasbourg en passant par Mulhouse et Colmar. Le contrôle était à la hauteur de la brasserie Vauban.

 

Carte photo Brasserie Vauban (collection privée)

De nouveau, la foule était là, bien présente et toujours aussi enthousiaste, bien avant le départ, pour approcher sinon voir partir les coureurs pour une nouvelle étape en Alsace. Pour la canaliser, un service d’ordre était en place sous la responsabilité de MM. Gabillot et Dumaine ainsi que du Capitaine Boret.

 

Carte postale Quai Vauban & pont Carnot

Cette étape était un contre-la-montre par équipe avec un départ décalé de 10 minutes. L’équipe Alcyon partit en premier pour parcourir les 145 kilomètres pour rejoindre la capitale alsacienne. Elle fut suivie par les équipes Alléluia, Bavat-Wonder, J.-B. Loubet, Evisk… les équipes régionales puis par les Touristes-routiers.

 

Carte postale Belfort Mulhouse Colmar Strasbourg

Après plus de 4 heures de course, Joseph Mauclair de l’équipe d’Amor gagna à Strasbourg, devançant les belges Jan Mertens (Thomann) et Gaston Rebry qui ouvrait la route de l’équipe Alcyon avec Nicolas Frantz (4e), Maurice De Waele (5e), André Leducq (6e).

 

Image Joseph Mauclair

Cette étape n’eut pas plus d’impact sur le classement général et confirmait la mainmise de l’équipe Alcyon avec leur trio Nicolas Frantz, André Leduc et Maurice De Waele.

Classement général final à Paris

Vu la maîtrise affichée par le luxembourgeois tout au long de ces 22 étapes où il resta en tête du classement général depuis la première étape, Nicolas Frantz remporta au haut la main son 2e Tour consécutif.

Pour que sa réussite soit encore plus belle, il passa en tête la ligne d’arrivée  au Parc des Princes, engrangeant ainsi sa 5e victoire après Caen (1ère étape), Les Sables-d’Olonne (6e), Nice (12e) et Metz (18e).

 

Carte postale Nicolas Frantz Vainqueur des Tours 1927 & 1928

Le classement final à Paris confirma la suprématie de l’équipe Alcyon emmenée par le luxembourgeois Nicolas Frantz avec une confortable avance de 50’07’’ sur André Leducq et 56’16’’ sur le belge Maurice De Waele, ces deux compagnons. 

Image Panini André Leducq et Carte Maurice De Waele (doc Wikipédia)

Dans le Top 10, cinq autres français étaient présents de la 6e à 10e : Antonin Magne (Eq. Alléluia), Victor Fontan (Eq. Elvish), Marcel Bidot (Eq. Alléluia), Marcel Huot (Eq. Alléluia) et Pierre Magne (Eq. Alléluia).

Les belges Jan Mertens (Eq Thomann, à 1h19’18’’) et Julien Vervaecke (Eq Amor, à 1h53’32’’) prenant les 4e et 5e places.

Nicolas Frantz, vainqueur des Tours 1927 & 1928

Né le 14 novembre 1899 à Mamer (Luxembourg), il va devenir un coureur cycliste qui va construire un très beau palmarès.

Carte postale Commune de Mamer au Luxembourg

Dès le début des années 1920, il remporta de belles courses en Belgique, devint en 1922, Champion du Luxembourg et vint en France pour gagner des galons supplémentaires tels Paris-Lyon et Paris-Reims en 1923.

 Carte postale Nicolas Frantz Champion du Luxembourg

A partir de 1924, il va étoffer son palmarès en prenant la 2ème place des Tours de Belgique et de France. Il confirma en 1925 avec quatre étapes de la Grande Boucle suivante et la 4ème place au général. De nouveau 2ème en 1926, il va monter sur la première place du podium en 1927 et 1928 avec plusieurs victoires d’étapes. Il totalisera 20 étapes du Tour de France à son compteur qui lui ne compte plus les kilomètres parcourus…

Le palmarès se compléta de plus classiques, Paris-Bruxelles et Paris-Longwy en 1927, Paris-Renne en 1928, Paris-Tour en 1929… et de belles places sur d’autres.

Fiche Nicolas Frantz

Il conserva son titre de champion du Luxembourg jusqu’en 1934.

Il est décédé le 8 novembre 1985 à Luxembourg.

Une autre particularité de ce Tour…

Pour la première fois, le Tour de France accueillait une équipe australienne sous la marque Ravat-Wonder-Dunlop composé de 3 coureurs australiens, Ernie Bainbridge, Hubert Opperman et Percy Osborne, et du coureur néo-zélandais Harry Watson.

 

Publicité Cycles Ravat-Wonder

Ces premiers coureurs anglophones à participer à la Grande Boucle avaient démontré leur capacité à réaliser ce challenge. Hormis le premier qui abandonna à la 15e étape, les 3 autres terminèrent parmi les 41 coureurs ayant franchi la ligne d’arrivée au Parc des Princes, aux places respectives de 18e, 38e et 28e du classement général.

 

Un film retrace leur épopée de 1928, Le ride de Phil Keoghan (2017)

Epilogue

Avec ce 20e passage du Tour de France par le Territoire de Belfort, la Cité du Lion démontrait à nouveau sa capacité à recevoir, que dis-je, à très bien recevoir la Grande Boucle.

D’ailleurs, l’année suivante, pour le Tour 1929, Belfort fut à nouveau ville étape.

JM

Liens pour accéder aux articles cités

Article sur le Tour 1907 : Cliquer ici

Article sur le Tour 1927 : Cliquer ici

Tous les articles sur le Tour : Cliquer ici

Références presse : Journaux La Frontière et L’Alsace (Collection Archives municipales de Belfort), Le Miroir des Sports, L’Auto (BNF)

Référence Web : Wikipédia, Site La Grande Boucle, Divers autres Sites…

Infos pratiques  

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