Concours musical des 15 & 16 août 1908, à Belfort (3e partie) : La journée du 16 août
MAJ le 4 septembre 2023
Les 15 & 16 août 1908, Belfort organisa un grand Festival de musique avec en point d'orgue un Concours musical international, où participèrent des sociétés de musique venant de France, d’Alsace, de Lorraine et de Suisse.
Carte postale Souvenir du Concours (coll. JM)
Pour ce concours exceptionnel, 115 formations s’étaient inscrites réunissant près de 4500 musiciens !
Cette troisième partie est consacrée à la 2e journée du Concours musical qui se déroula le dimanche 16 août 1908, mais aussi au défilé de toutes les Sociétés dans les rues de la ville, aux concerts improvisés, au banquet…
Dimanche 16 août, la 3e épreuve
La journée commença à 8 heures par la 3e épreuve, le Concours d’honneur, qui se déroula dans les mêmes lieux que les épreuves précédentes. Pour celle-ci, le morceau était imposé par le jury.
Comme pour le Concours d’exécution, le public pouvait venir écouter les formations dans leur prestation; le même droit d’entrée de 50 centimes était demandé par personne.
Carte postale L’Etendard de Troyes (coll. privée)
Après avoir effectué leur prestation, les sociétés s’éparpillaient dans la ville pour improviser de nouveaux concerts, vraiment appréciés par le public toujours aussi enclin à ces rencontres musicales partagées.
Le défilé des sociétés
Quant à l’après-midi, l’ensemble des sociétés participa au défilé dans les rues de la Cité du Lion.
Carte postale Avant l’arrivée du défilé place Corbis (coll. JM)
NA : Au coin de la rue, la pendule affiche 13h40, la foule commence déjà à s’amasser sur le parcours…
Le défilé débuta à 15 heures suivant l’itinéraire suivant : Faubourg des Vosges, faubourg des Ancêtres, faubourg de France, avenue de la Gare, rue de la Banque, faubourg de Montbéliard, rue Denfert, avenue de l’Arsenal, quai Vauban, place d’Armes, Hôtel de ville, rue du Repos, et enfin place de la République où était prévu la dislocation.
Plan de l’itinéraire (réalisation BF)
Au regard du nombre de musiciens, les sociétés furent réparties sur trois lieux : à l’extrémité du faubourg des Vosges pour celles devant partir en premier, sur la place du Marché et sur la place des Ecoles.
Le défilé s’ébranla à 15 heures. À sa tête, six gendarmes à cheval devançaient un groupe d’agents de police avec leur commissaire.
Carte postale Concordia de Riquewihr (coll. JM)
Les sociétés se succédaient dans un ordre parfait, pour constituer le cortège. À la tête de chacune d’entre elles, se trouvait leur bannière, une pancarte avec leur nom et leurs récompenses.
Le public, massé le long du trajet, fit une ovation à chaque société jouant un de ses morceaux. Les harmonies Alsaciennes et Lorraines étaient les plus acclamées, souvent avec des vivats liés au nom de leur ville…
Carte postale Le défilé place Corbis (coll. BF)
NA : Cet enthousiasme pour ces sociétés était lié à l’histoire; il ne faut pas oublier qu’en 1908, l’Alsace et une partie de la Lorraine étaient sous le joug de l’Allemagne depuis 1871. Cette situation n’était ni acceptée ni acceptable pour beaucoup de français.
Les acclamations ne leur étaient pas réservées, les autres sociétés étaient aussi très applaudies, certaines plus que d’autres peut-être en fonction des morceaux joués, de leur prestance… ou de leur habillement, comme pour la Chorale des Enfants d’Algérie, vêtue d’un burnous blanc !
Des fleurs, des rubans étaient jetés à leur passage.
Carte postale Toujours, le défilé place Corbis (coll. JM)
Arrivé place d’Armes, le cortège passa devant l’hôtel de ville où s’étaient rassemblés autour de M. Michelot l’inspecteur des Beaux-arts, le député-maire Charles Schneider, le sénateur Philippe Berger, le préfet Eugène Schmidt, plusieurs membres de la municipalité, des membres du Comité d’organisation et du Jury.
Carte postale Le défilé dans le faubourg de France (coll. BF)
Après la remise de la médaille, les différentes sociétés finissaient le parcours du cortège et entamaient la dislocation.
Remise des médailles commémoratives
À l’occasion de l’évènement, des médailles commémoratives furent créées et remises lors du défilé, au passage des sociétés devant l’Hôtel de ville.
La médaille commémorative, avers et revers (coll. privée)
Ce fut le secrétaire général du Comité d’organisation des fêtes, Léon Deubel qui eut l’honneur de remettre une médaille à chaque président des formations; son porte-drapeau saluait les autorités pendant ce geste cérémonial.
Par contre, les décorations furent remises dans la salle d’honneur de l’hôtel de ville.
Carte postale La salle d’honneur de l’hôtel de ville (coll. BF)
À l’extérieur, la foule était massée pour voir ses attributions et féliciter les musiciens, une nouvelle fois.
Départ du ballon Le Petit Journal
Une autre animation était au programme de la journée.
À 16 heures, sur la place du Marché couvert, rue Fréry, se déroula l’ascension libre du ballon du Petit Journal; à son bord M. Leprince, son constructeur et M. Barbe, inspecteur. L'aérostat s’éleva peu à peu et, porté par un vent d’Est assez fort, il se dirigea en direction d’Héricourt.
Carte postale Le ballon du Petit Journal (coll. JM)
Le banquet
A 20 heures, un banquet fut offert aux membres du Jury et aux membres du Comité d’organisation. Il se déroula à l’hôtel du Tonneau d’Or sous la présidence de M. Michelot, l’inspecteur général des Beaux-arts.
Carte de visite du Tonneau d’Or (coll. BF)
À sa table, il y avait, entre-autre, le maire Charles Schneider et ses adjoints Xavier Houbre et Paul Giroud, Eugène Schmidt le préfet, Philippe Berger le sénateur du Haut-Rhin, Ernest Boigeol le président de la Chambre de Commerce, Laurent Thiéry le conseiller général, M. Dupont le président du syndicat des commerçants…
Carte postale du Tonneau d’Or à Belfort (coll. JM)
Parmi les autres convives, venus de l’extérieur, on notait la présence de M. Blémant le chef de musique de l’école d’artillerie de Vincennes, M. Lacoste le chef de musique de l’école d’artillerie de Besançon, le président des anciens mobiles de Saône-et-Loire, M. Jacquetin conseiller municipal de Chalon-sur-Saône…
Carte postale La salle à manger du Tonneau d’Or (coll. JM)
Les musiques belfortaines étaient très bien représentées par les présidents ou directeurs des sociétés, Jules Cabrol de la Lyre Belfortaine, Camille Thiault de la Philarmonique, Arthur Didisheim de la Lorraine, D. Didisheim de la Fanfare des Trompes de Chasse, Henri Van Campo de l’Harmonie des Usines, Gustave Gotherot de La Concordia, Alfred Moraweck du Rallye-Belfort…
À d’autres tables, les directeurs et ou présidents des sociétés venues participer au Concours musical…
Pour l’occasion, le chef Eugène Garteiser de l’hôtel avait concocté un excellent repas, dont voici le menu des agapes
Carte du menu reconstituée (réalisation BF)
Lors du banquet, la Chorale des Enfants d’Algérie se produisit à plusieurs reprises et les chanteurs furent chaudement félicités par les convives.
Bien entendu, il y eut les discours du sénateur Philippe Berger et du maire Charles Schneider.
M. Michelot, l’inspecteur général des Beaux-arts remercia et félicita les organisateurs du Concours Musical où il avait pu voir la joie et le bonheur de la population française partagés avec les musiciens et visiteurs. Il donna lecture des distinctions honorifiques attribuées.
Carte postale Souvenir du Concours de Musique (coll. JM)
Le secrétaire général du Comité d’organisation des fêtes, Léon Deubel fut chaudement félicité à plusieurs reprises par les personnalités pour le travail accompli et le résultat obtenu.
Plusieurs toasts furent portés tout au long de la soirée.
À la nuit tombée, l’embrasement du Lion fut au programme.
Le public profita encore des dernières heures de la soirée dans l'ambiance festive des cafés, brasseries, restaurants... qui voulaient aussi leur part de notes !
Le concours des arcs de triomphe
Une commission nommée fut en charge de décerner des prix aux commerçants étant à l’initiative des arcs de triomphe.
La somme de 95 francs fut attribuée pour les arcs de triomphe de la rue de la Banque, du faubourg de France et du faubourg des Ancêtres.
Carte postale L’arc de triomphe faubourg de France (coll. JM)
L’arc de triomphe de la rue de l’Abattoir, certainement plus modeste, obtint la somme de 15 francs.
NA : Ami lecteur du blog, au cas où, je recherche une photo de cet arc de triomphe rue de l’Abattoir.
Les arcs de triomphe du pont Carnot furent réalisés par la ville.
Le jeu des 12 inconnues…
Les visuels de cet article font une grande place à la belle série de 12 cartes postales éditées à l’occasion de ce Concours musical. Par contre, le nom de l’éditeur n’est pas présent, tout comme, n’apparaît pas non plus de numérotation dans le descriptif du libellé imprimé; une pourtant, est bien présente !
Elles sont numérotées manuellement de 1 à 12, chaque nombre est plutôt "dissimulé" et inversé.
Exemple avec la carte ci-dessous,
Un zoom permet de voir en bas à droite de la carte postale, à gauche de l’enfant avec le béret, le chiffre "3" manuscrit, du moins ce chiffre inversé.
Je vous laisse le soin découvrir les autres numéros sur les 11 autres cartes de la série…
NA : Je suis à votre disposition pour toute aide au cas où !
Epilogue
Ce Festival de musique, autour du Concours musical, fut une très grande réussite, environ 40000 personnes, dont 33000 par le train, étaient venues à Belfort pour profiter de la présence de 115 sociétés de musique réunissant près de 4500 musiciens. Malgré la situation, le nouveau chef de gare, Joseph Klein, sut gérer avec efficacité, l’afflux considérable de visiteurs !
Carte postale Souvenir du Festival (coll. JM)
La Cité du Lion et les Belfortains démontra avec brio, une grande capacité pour organiser, accueillir, loger, gérer, décorer, animer… une grande manifestation où les musiciens et les visiteurs profitèrent d’un grand moment de joie collective partagée !
En particulier, ceux venus d’Alsace et de Lorraine qui retrouvèrent le sol français avec, d’une certaine manière, une émotion particulière liée à leur situation depuis 1871 !
JM
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Tableau des Sociétés participantes, lieux des prestations et récompenses par épreuve : Impossible à créer un PDF à partir du tableau Excel, trop de colonnes ! Je suis preneur d'une solution...
Références livres : Journaux La Frontière et L’Alsace (collection Archives municipales de Belfort).
Infos pratiques
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