Les Grandes Fêtes patriotiques de 1919 à Belfort, les décorations (9e partie)
MAJ le 13 septembre 2019
Après la célébration des Fêtes de la Victoire, le 14 juillet 1919, la municipalité belfortaine avait organisé des Fêtes de la Victoire bis en quelque sorte, avec ces Grandes Fêtes Patriotiques des 15, 16 et 17 août.
La volonté affichée était pour Belfort, de célébrer cette Fête avec ses frères d'Alsace, ce que ne permettait pas la Fête Nationale où chacun la célébrait en sa commune !
Extrait carte postale Belfort Haut d'un arc de triomphe (coll. JM)
L’article, suite à la densité des informations, est traité en plusieurs parties.
Après avoir passé en revue la genèse du projet, sa mise en œuvre, le programme dans ses différentes étapes, la soirée précédent les 3 journées des Fêtes dont le Grand Cortège historique, il me semblait indispensable de terminer cet article par un hommage aux organisateurs de cette grande manifestation, et surtout les acteurs… qui n'auront pas eu une commémoration en son Centenaire !
D’où cette neuvième partie qui est consacrée aux principales décorations effectuées dans la ville dans le cadre de ces Grandes Fêtes Patriotiques.
NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder au Sommaire et à l'ensemble des parties de l'article.
La Cité du Lion pavoisée
Pour ces Fêtes, la municipalité avait mis les petits plats dans les grands…
Si un Comité d'honneur fut créé, un Comité d'organisation fut en charge du projet opérationel auxquel étaient attachées des Commissions avec des attributions ciblées…
Carte postale Belfort L’Hôtel de ville (coll. JM)
Comité d'organisation (appelé aussi Comité d'initiative) :
- Président : Louis Jeanneret
- Secrétaire : Joseph Pelot
- Trésorier : Emile Py
Commissions :
- Commission des souscriptions : Edouard Lévy-Grunwald
- Commission de propagande : Jean-Baptiste Saget
- Commission du programme : Marc Dietsch
- Commission des chars et costumes : Georges Fierobe
- Commission de la décoration des rues : (Edmond) Passard
Toutes les forces vives de la Ville furent sollicitées et répondirent avec enthousiasme.
Le 1er adjoint, faisant fonction de maire, François-Xavier Houbre sollicita aussi toute la population belfortaine pour participer à la décoration de la ville. Elle aussi répondit présente et contribua à la mise en couleur de la Cité du Lion.
Le maire avait été entendu… (carte photo coll. BF)
Hormis les bâtiments publics, des bâtiments privés, des immeubles, des maisons… reçurent des décorations conçues individuellement ou par groupe constitué comme les habitants d'un quartier, d'une rue…
Certaines façades de maisons ou d'immeubles furent de vrais petites œuvres picturales.
Il fut même construit des réprésentations de monuments de la ville, des arcs de triomphe monumentaux…
Partons à la découverte…
L'axe gare en direction de la place d'Armes
Commençons cette déambulation à partir de la gare, dont l'extérieur avait été repeint, comme si nous étions un voyageur et que nous prenions la direction de la Vielle Ville…
Devant la gare : La Porte de France
En ce lieu d'arrivée des voyageurs et des visiteurs, s'élevait une immense porte qui était la reconstitution de la Porte de France détruite en 1891, quand la ville est sortie de ses fortifications.
Carte postale Belfort La Porte de France (coll. JM)
Cette reconstitution, véritable œuvre, était dûe à Jacques François qui réalisa cette porte monumentale dont l'originale fut construite en 1687 sous l'ère de Vauban.
Elle était implantée en bout du buffet de la gare, perpandiculairement à l'axe de l'avenue Wilson.
Extrait carte postale Belfort La gare (coll. JM)
Flèche verte : La façade principale de la gare
Flèche rouge : La Porte de France, façade sud
Elle respectait fidèlement son architecture et les motifs décoratifs présents sur sa façade, la configuration de ses côtés… elle possédait même son pont-levis ! La teinte du grès rouge des Vosges était respectée. Il ne manquait que le fossé…
Carte photo Belfort Porte de France, façade sud (coll. BF)
Pour sa réalisation, le créateur fut aidé par MM. (Alexis) Lemaire, Charles Nippert de la SACM, Edmond Balzer l'entrepreneur, Félix Martin du génie avec trois autres militaires.
Carte photo Belfort Porte de France, façade nord (coll. BF)
Sur la façade nord étaient présent 3 tableaux représentant Vauban, Denfert et Thiers avec en dessous les inscriptions : "Vauban qui l'a construite, Denfert qui l'a défendue et Thiers qui l'a conservée à la France".
Extrait carte photo Belfort Porte de France, les 3 tableaux (coll. BF)
Les motifs décoratifs de la façade furent exécutés par MM. Ambroise Baruffaldi et Paul Andriani, avec l'aide d'un ouvrier.
Les créateurs de cette reconstitution furent chaudement félicités et sa fréquentation par le public fut incessante comme si passer sous son porche était un symbole.
NA : Lors du Concours musical des 15 & 16 août 1908, la Porte de France fut déjà reconstituée et implantée dans la rue de la Banque (aujourd'hui rue Aristide Briand). En fin de texte, un lien permet d'accéder à cet article.
La rue Thiers
La décoration de la rue Thiers fut à l'intiative d'un Comité qui s'était approprié les lieux pour montrer le dynamisme du secteur.
Carte postale Belfort La rue Thiers (coll. JM)
Au Pont Neuf : La Tour de la Miotte
Dans la montée du Pont Neuf se dressait fièrement la reproduction de la Tour de La Miotte dans sa configuration avant la guerre de 1870-1871..
Carte postale Belfort La tour de La Miotte (coll. JM)
Elle qui a subit tellement d'assauts, de bombardements dont ceux de la guerre de 1870-71 qui l'avaient mis à mal… mais fièrement, elles s'est relevée, bien présente dans le paysage belfortain.
Extrait de la carte postale Belfort La tour de La Miotte (coll. JM)
Cette création fut à l'initiative d'Eugène Lhote. L'architecte Eugène Bédaton assura la conception et sa réalisation sous sa direction, par les entrepreneurs de maçonnerie Charles Galli, le menuisier Auguste Riche et pour la peinture César Riva. Les travaux furent effectués en étroite collaboration avec le serrurier Joseph Cadell.
Faubourg de France
Le faubourg de France s'est offert une voute de drapeaux côté gare et la plupart des immeubles arboraient eux aussi, des drapeaux voire des compositions végétales ou florales...
Carte postale Belfort Le faubourg de France (coll. JM)
De nombreux commerces avaient effectué de notables efforts pour embellir leur façades comme l'hôtel et le bar Américain, le magasin de vêtement Denfert, le bijoutier Lachiche, A la Ménagère, la Grande Taverne, les Maisons Bumsel, Touvet et Béranger, Au Petit Paris…
Magasin Bumsel
La façade la plus embellie fut sans conteste, le magasin Bumsel.
Deux tabeaux ovales, en partie supérieure, représentait une alsacienne et un alsacien. Ces peintures, bien qu'elles soient d'un style assez proche des illustrations du colmarien Jean-Jacques Waltz dit Hansi, furent réalisées par l'artiste-peintre belfortain Henri Lienemann.
Carte photo Belfort Partie supérieure façade Bumsel (coll. BF)
L'armoirie au centre de ces deux peintures, était aussi de son pinceau.
NA : Henri Lienemann participa à la décoration d'au moins trois chars du défilé; ceux des Sièges de Belfort, Madame Sans-Gêne et la Grosse Bertha.
Avant d'accéder à la place Corbis, flottait en travers de la rue, un calicot représentant les drapeaux Alliés avec cette injonction
"Paix; Oublier ! Jamais ! 2 août 1914 24 juin 1919"
Carte postale Belfort Faubourg de France (coll. JM)
La banderolle fut prêtée par la Maison Boudevillain, rue Turbigo à Paris. Elle fut installée pour la Fête de la Victoire à Paris.
Quai Charles Vallet
La ville avait décoré le Quai Vallet de lampions de toutes les couleurs qui la nuit venue, se reflétaient dans la Savoureuse apportant des reflets de lumières à l'ambiance des lieux.
Place Corbis
Pour ces Fêtes, le pont Carnot fut transformé en pont suspendu dont les câbles étaient des guirlandes de verdure et de fleurs, le jour, et qui devenaient guirlandes de lumière, la nuit.
Carte postale Belfort Pont Carnot (coll. JM)
Les quatres tours retenant les câbles étaient habillées de composition végétale et avaient revêtu les couleurs américaines.
Extrait de la carte postale Belfort Une des tours du pont Carnot (coll. JM)
La conception de cette décoration fut l'œuvre de l'architecte Eugène Bédaton qui fit exécuter cette réalisation grandiose à l'entreprise de maçonnerie Charles Galli avec la participation du serrurier Joseph Cadell, du menuisier Auguste Riche et pour la peintur, César Riva. L'éclairage revint à l'électricien Louis Cadell.
La tribune officielle
Sur le pont Carnot fut installée, sur sa partie nord, la tribune officielle. Elle était joliment décorée.
Extrait carte postale permettant de voir la tribune officielle (coll. BF)
Comme toute tribune officielle, l'accès fut réservé aux personnalités et aux invités de la municipalité.
Quai Vauban
Comme pour le quai Charles Vallet, la ville avait décoré le Quai Vauban de lampions de toutes les couleurs .
La vue en enfilade depuis le pont Stratégique était féérique à la nuit tombée.
Boulevard Carnot
Les immeubles hausmanniens du boulevard Carnot s'étaient mis au diapason de la ville, ils étaient tous décorés et pavoisés.
Carte postale Belfort Boulevard Carnot (coll. JM)
Parmi ceux-ci, un plus pour les deux encadrant l'entrée de la rue, côté pont Carnot, avec les Galeries Modernes qui possédaient une façade embellie par la décoration apportée et qui la nuit venue, étaient illuminées par la fée électricité.
Extrait carte postale Belfort Façade des Galeries Modernes (coll. JM)
L'autre immeuble, celui de droite, le Bon Marché, n'était pas en reste avec ses panneaux peints rappelant l'Alsace et la France, Alsacien, Alsacienne, Coq et cigogne… En vitrine, une alsacienne dans son jardin où croissaient en abondance bleuets, marguerites et coquelicots.
Sur le balcon central décoré, était fixée une banderole avec l'inscription suivante "Gloire à nos mutilés".
Dans le centre du boulevard Carnot, l'immeuble des vêtements Gillet-Lafond s'était habillé de ses plus beaux habits du dimanche…
Place de la République
Les immeubles publics de la place, Préfecture, Cercle militaire, Salle des Fêtes et Palais de justice, contribuaient à rendre la place de la République dans un décorum du plus bel effet.
Le Cercle militaire
En particulier, la façade du Cercle militaire donnant sur la place de la République était agrémentée de verdure et ornée de quatre panneaux.
Carte photo Belfort Le Cercle Militaire (coll. JM)
Ils représentaient Georges Clémenceau, un fantassin, un artilleur et le Général Foch.
Extrait de la carte postale, les panneaux
Ces panneaux furent précédemment exposés lors de la célébration des Fêtes de la Victoire à Paris, rue Royale. Ils appartenaient au Musée de l'Armée depuis que la Maison Jansen leurs en avait fait présents. Ils furent prêtés par le Général Léon Niox, le directeur de cette institution.
Carte postale Belfort Le Cercle Militaire (coll. JM)
Quant aux immeubles publics dont la Caisse d'Epargne, ils ne dépareillaient pas de cet environnement pavoisé avec les décorations de balcons, les drapeaux, des banderoles…
Le Monument des Trois Sièges fut équipé de guirlandes lumineuses.
Les lampions installés par la mairie apportaient une ambiance illuminée.
L'arc de triomphe de la rue de la Porte de France
A l'entrée de la rue de la Porte de France, était dressé un arc de triomphe de forme ogivale, clin d'œil à l'église Saint-Christophe qui est dans son axe de prise de vue.
Carte postale Belfort Arc de triomphe, rue de la Porte de France (coll. JM)
En sa partie supérieure, était représentée une croix de Lorraine.
Comme pour la Tour de la Miotte, cet arc de triomphe était dû à l'initiative d'Eugène Lhote. Il avait fait appel au même architecte, Eugène Bédaton qui conçut le projet et utilisa la même équipe pour sa réalisation sous sa direction, l'entreprise de maçonnerie Charles Galli, le menuisier Auguste Riche, le peintre César Riva, et toujours le serrurier Joseph Cadell.
Rue Fréry
La gare et les tramways du CFIL (Chemin de Fer d'Intérêt Local) apportaient leur contribution à embellir la ville. De plus, les illuminations du bâtiment étaient particulièrement réussies.
De son côté, l'établissement public des Bains douches, place du marché, lui aussi, s'était paré et illuminé de bon aloi.
A l'entrée de la rue de la Républiqure, une guirlande électrique tricolore courait entre les immeubles du journal La Frontière et de la maison du receveur municipal Eugène Bourquard. La façade du journal était éclairée avec des verres de couleur.
Place d'Armes : Le cénotaphe
Sur une idée d'Edmond Miellet, le président de la Société des mutilés et réformés, fut créé un cénotaphe sur la place d'Armes, du côté de l'église Saint-Christophe, à quelque pas de la statue Quand-Même.
Carte postale Belfort Le cénotaphe place d'Armes (coll. JM)
Ce monument funéraire rappelait, en sa partie centrale, par sa forme pyramidale, le Monument aux Morts de 1870-71, installé au Cimetière des Mobiles. Il portait l'inscription "Aux morts pour la Patrie".
De chaque côté, une colonne était reliée à la partie centrale par des panneaux formés en demi-cintres. Ils étaient ornés d'un glaive et de branches de lauriers. Chacune portait une urne dorée.
Extrait de la carte postale Belfort Le cénotaphe place d'Armes (coll. JM)
En sa partie supérieure, trônait un fier coq gaulois, lui aussi doré. Devant, des éventails de drapeaux Français et Alliés. A son pied, un parterre sablé entouré d'une bordure. De chaque côté, un canon.
Toute la décoration végétale fut réalisée par l’horticulteur Louis Plumeré.
Extrait de la carte postale Belfort Le cénotaphe place d'Armes (coll. JM)
Le cénotaphe de belle allure fut conçu par son initiateur et réalisé par les militaires du génie sous la responsabilité du Capitaine Berger de l'état-major, et mis à disposition par le Général Petit.
Mais malheureusement, le cénotaphe fut la proie d'un incident dans la soirée du jeudi 14 août, comme expliqué dans la 3e partie de l'article. Il fut involontairement incendié par des feux de Bengale. Grâce au Capitaine Berger et des soldats du génie, il fut refait dans la nuit.
Mais sa seconde réalisation fut dans une configuration un peu différente car les panneaux reliant les colonnes à la partie centrale passent devant la pyramide.
Carte photo Belfort Le nouveau cénotaphe place d'Armes (coll. BF)
NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à la 3e partie de l'article, relatant la soirée du Jeudi 14 août où est expliqué en détail cet incident; voir chapitre "La Veillée d’Armes".
Les tours de l'église Saint-Christophe avaient bénéficié d'un éclairage qui mettait l'édifice en valeur.
Il va s'en dire mais c'est mieux de l'écrire que l'Hôtel de Ville fut décoré, pavoisé et illuminé, ainsi que l'Hôtel du Gouverneur.
L'ensemble de la place d'Armes avaient reçu des lampions de toutes les couleurs qui venaient compléter les nombreuses guirlandes lumineuses installées sur les immeubles, les édifices publiques, le kiosque à musique quant à la statue Quand-Même, elle était également illuminée par des verres de couleur..
La Vieille ville
Les petites rues de la Vieille Ville avaient été décorés et illuminées.
Au Château : La Croix de la Légion d'honneur
En façade du Château pendait une grande Croix de la Légion d'honneur.
Carte postale Belfort Château avec la Croix (coll. JM)
Cette médaille fut réalisée par des militaires du 35e Régiment d'infanterie... il y a une quinzaine d'années. Le Capitaine Berger l'ayant retrouvée (ou eut l'information de sa présence), la fit installer au dessus du Lion.
Extrait de la carte postale Belfort Château, la Croix entourée (coll. JM)
Elle avait 2,75 mètres de diamètre et était suspendue avec un ruban d'environ 5 mètres. Elle fit un bel effet, et l'idée sera reprise en 1920 quand Belfort obtint la Croix de Guerre.
Avec le Château se termine le passage en revue des principales décorations réalisées entre la gare et la Vieille Ville.
L'axe faubourg de Montbéliard
en direction du faubourg des Vosges
Poursuivons notre visite des décorations sur ce second axe…
Le faubourg de Montbéliard
Ce secteur, lui aussi, a contribué à mettre en valeur la Cité du Lion.
Un bâtiment privé a participé grandement à la décoration de la rue, il s'agit de la Banque de Mulhouse.
Carte photo Belfort La Banque de Mulhouse Fbg de Montbéliard (coll. BF)
La porte principale était drapée aux couleurs de la France et illuminée la nuit par des guirlandes de lampes électriques.
Le square des Ecoles fut illuminé grâce des lampions de toutes les couleurs installés par la mairie.
Près du square des Ecoles, le concierge de l'établissement M. Becker, maître en peinture artistique, a exécuté deux panneaux patriotiques intitulés. Le premier représentait un instituteur français dans sa classe en 1870 disant à ses élèves pendant qu'une patrouille allemande passe sous les fenêtres de l'Ecole
"La patrouille allemande passe
Baissez la voix, mes chers petits
Parler français n'est plus permis
Aux petits enfants de l'Alsace
La Force prime le Droit"
Le second représentait un instituteur français en 1914, faisant la classe à des bambins alsaciens en costume national. Il était écrit :
"Dis-moi quel est ton pays ?
C'est la France", écrit une fillette
L'instituteur dit :
"La patrouille française passe
Haussez la voix, mes chers petits
Vive la France ! est bien le cri
Des petits enfants de l'Alsace"
Coté immeuble, la Brasserie Wagner s'était aussi équipée d'un éclairage du plus bel effet à la nuit tombée.
Rue des Capucins : Un Arc de triomphe
A l'extrémité de la rue des Capucins, un arc de triomphe fut dressé par M. Abel Barbier. Cette décoration portait les armes de Mulhouse et un écusson aux couleurs des Alliés.
Toujours dans le faubourg de Montbéliard, le cinéma en plein air de la Maison Danjean attirait la foule.
Faubourg des Ancêtres : L'arc de Triomphe des AS
Le faubourg des Ancêtres a lui aussi sa voûte faite de banderoles chatoyantes et ses immeubles ornés de drapeaux, oriflammes, compositions florales et végétales… un comité de quartier s'était créé pour assurer la décoration de la rue.
Les commerces de ce faubourg avaient rivalisé de créativité pour décorer les devantures… comme les magasins Kornmann et Fierobe, les cycles Peugeot, les tissus Miget, la pharmacie Beha, les modistes Faugère, la quincaillerie Lagé, le tailleur Dupont, les Machines Singer, l'hôtel Excelsior…
L'Arc de triomphe
Mais en son entrée, s'élançait dans le ciel un arc de triomphe en l'honneur de la division des AS; 35e RI (Trèfle) et 42e RI (Carreau) à Belfort, 44e RI (Pique) à Besançon et 60e RI (Cœur) à Lons-le-Saunier.
Carte postale Belfort Arc de triomphe Faubourg des Ancêtres (coll. JM)
Une nouvelle fois, l'architecte Eugène Bédaton fut mis à contribution pour concevoir cet arc de triomphe monumental. Il en assura la conception et le suivi de sa réalisation. Les travaux furent confiés à la même équipe composée de l'entrepreneur de maçonnerie Charles Galli, le menuisier Auguste Riche et César Riva pour la peinture. Les travaux furent effectués en étroite collaboration avec le serrurier Joseph Cadell qui effectua les cintres, les grilles et les armes.
Extrait carte photo Belfort Arc de triomphe Fbg des Ancêtres (coll. BF)
Sa réalisation fut un petit exploit car commencé à être monté le mercredi 13 août tôt le matin, il fut terminé le vendredi 15 à 8 heures.
L'éclairage du temple protestant lui donnait l'allure d'une bougie au milieu du faubourg.
Rue de Mulhouse : L'Arc de triomphe
A la sortie du faubourg des Ancêtres, après avoir passé les portes des fortifications, malgré la belle décoration de la gendarmerie, une attraction formée d'un nouvel arc de triomphe invitait à entrer dans la rue de Mulhouse.
Carte postale Belfort Arc de triomphe Rue de Mulhouse (coll. JM)
Il fut élevé par les cantonniers de la ville sous la direction de leur chef, M. Albert Zerling.
Extrait carte postale Belfort Arc de triomphe Rue de Mulhouse (coll. BF)
Une belle réalisation, mise en valeur par ses différentes décorations ornant sa structure.
A noter que l'entrée de l'hôpital civil fut elle aussi joliment décorée ainsi que ses barrières où étaient accrochés des lampions. Ses pelouses et ses massifs étaient agrémentés de Croix de guerre et de verres de couleurs.
Faubourg des Vosges
Ce faubourg avait lui aussi prit des couleurs par les nombreuses décorations présentes tout le long de sa longueur. De très nombreux commerces avaient décorés leur devanture, le Bar du Soleil, les Chaussures de Saint-Loup, le bazar Marlin, les maisons Bloch, Lienhard, Alkan, Seydel, le café Klar, le bar de la Bastille…
Carte postale Belfort Fêtes Patriotiques Fbg des Vosges (coll. JM)
Il en était de même côté immeubles, certains plus que d'autres comme le cinéma Kursaal ou la Brasserie Georges qui voulaient attirer une partie du public en leur lieu.
L'Arc de triomphe SACM
A la hauteur de la place du marché, un immense arc de triomphe se dressait majestueusement. Il fut réalisé par la SACM (Société Alsacienne de Constructions Mécaniques) représentant la moitié extérieur d'une gigantesque carcasse d'un alternateur triphasé type 3000 HP.
Carte postale Belfort Arc de triomphe, vue sud, Fbg des Vosges (coll. JM)
NA : La SACM avait livré 6 alternateurs de ce type pour les acieries de Caen.
Cet édifice éphémère possédait un arc de 8 mètres de diamètre. Sa partie supérieure portait les drapeaux des Alliés, des oriflammes… et possédait en son centre un écusson avec les initiales RF pour République Française.
Ses montants étaient ornés d'éventails de drapeaux.
Extrait carte postale Belfort Arc de triomphe Partie supérieure (coll. JM)
La nuit des Fêtes, l'arc de triomphe était éclairé par 1400 lampes de trois couleurs, bleu-blanc-rouge, donnant un effet féérique. De nombrux spectateurs furent extasiés par l'édifice ainsi illuminé.
Carte photo Belfort Arc de triomphe, vue nord, Fbg des Vosges (coll. BF)
D'autres petits arcs de triomphe de conception beaucoup plus simple, participaient à la décoration du faubourg, futur faubourg des coups de triques. Ils furent dessinés par M. Edouard Halm de la SACM et construits par les l'entreprises Adrien Guidon, Tenconi et la Maison Jacquot-Michaud.
Les éclairages furent réalisés par l'électricien Louis Cadell.
Plan avec implantation des principaux éléments de décoration (réal. FB)
La décoration n'était pas exclusivement l'affaire du faubourg, beaucoup de rues transversales avaient pris soin de parer leur lieu de vie, des enfants à l'image des grands avaient construit un arc de triomphe dans la rue du 4 Septembre !
Quelques lieux un peu plus dispersés
Hormis les deux axes principaux de la ville, dans plusieurs quartiers eurent lieu des initiatives pour décorer les rues, maisons immeubles, vitrines…
Les militaires avaient eux aussi décoré leur quartier…
Porte d'Essert
A l'entrée ouest de la ville en venant d'Essert, un arc de triomphe fut installé à la porte de l'enceinte. Il était décoré d'éventails de drapeaux et de blasons avec les initiales RF pour République Française. Il fut décoré par un dénommé Jacques François, un militaire ?
Carte postale Belfort L'entrée de la route menant au stade Petit (coll. JM)
En venant d'Essert, on pouvait lire l'inscription "Soyez les bienvenus, Vive Belfort !" et en sortant de la ville, l'inscription "Honneurs aux poilus qui ont immortalisé la France, Belfort reconnaissant 15-16-17 août 1919."
Le quartier des usines
Même dans le secteur ouest de la ville où sont implantées les usines, les sociétés s'étaient tout autant impliquées à l'embellissement de leurs secteurs.
La SACM qui fut à l'initiative de l'arc de triomphe du faubourg des Vosges, les sociétés D.M.C. (Dollfus Mieg et Cie) et Georges Kœchlin avaient elles aussi pavoisé et décoré leurs établissements.
De l'autre côté de la voie ferrée, les cités Alsaciennes s'étaient mises au diapason; de nombreuses maisons furent décorées par leurs habitants, qu'ils soient propriétaires ou locataires.
Epilogue
Avec cette partie, on peut voir que la grande majorité de la population belfortaine, les commerces, les entreprises s'étaient impliqués et avaient apporté leurs concours à la municipalité pour que les visiteurs soient admiratifs devant l'embellissement de la Cité du Lion.
La grande réussite fut que la démarche ne fut pas centrée sur le cœur de la ville mais que l'ensemble des quartiers aient apporté leurs contributions.
Belfort s'était habillée d'une parure de fête.
JM
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Concours musical 1908 : Cliquer ici
Soirée du Jeudi 14 août 1919 : Cliquer ici
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Références textes : Dossier sur les Fête patriotiques des Archives municipales de Belfort (AMB), les journaux La Frontière et L’alsace (collection Archives Départementales du 90 ‘’AD90’’), Magazine Vivre le Territoire, Brochure du programme officiel (doc. AD90), Annuaire Belfort 1921 (coll. BF)
Référence Web : Wikipédia,
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