En 1908, le dirigeable "République" fut affecté à la Place forte de Belfort, mais il ne vint pas !

MAJ le 19 novembre 2020

En 1908, les autorités militaires confirmèrent la décision que la Place forte de Belfort se verrait attribuer des dirigeables, le premier serait le "République".

L'information fut annoncée le 28 juin 1908, dans le journal L'Alsace.

 

Annonce parue dans L'Alsace (coll. AD90)

Mais des vents contraires vont empêcher l'aérostat de venir dans la Cité du Lion. Ce contre-temps fit enrager les autorités du centre aéronautique de Belfort !

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à l'article consacré à un historique des premiers dirigeables et au parc à dirigeables de Belfort.

Le dirigeable "République"

Ce dirigeable fut fabriqué en 1907-1908, par la Société de raffinerie et sucrière Lebaudy Frères, sur une conception de l'ingénieur Henri Julliot (1855-1923). Il bénéficia de l'expérience acquise lors de la fabrication de la série des "Lebaudy" (1902-1908).

Carte postale Dirigeable "République" (coll. privée)

Semi-rigide, il avait pour caractéristiques, une longueur de 61 mètres, 10,09 mètres de diamètre maxi et une enveloppe de 3700 mètres cubes en tissu caoutchoutée Continental. Il était équipé d'un moteur Panhard-Levassor de 70 kilowatts avec 4 cylindres fonctionnant avec du pétrole, lui permettant d'atteindre la vitesse de 35 kilomètres/heure.

Carte postale Dirigeable "République" (coll. privée)

Comme tous les dirigeables, il effectua une campagne d'essais de validation à partir de mai 1908, ici à Moisson (commune des Yvelines, au nord-est de Mantes-la-Jolie). Le 24 juin, elle se poursuivit sous le contrôle de l'Armée qui avait acquis le "République", sous la responsabilité du capitaine Lucien Maréchal et sous la conduite du pilote Georges Juchmès.

La recette (réception technique) finale eut lieu le 27 juillet en présence du commandant Voyer, le chef de l'établissement central de matériel de l'aérostation militaire.

Après ces essais, le dirigeable rejoignit le camp militaire de Chalais Meudon (commune de Meudon, au sud de Paris), son port d'attache provisoire.

 Carte postale Dirigeable République à Chalais Meudon (coll. privée)

Campagne 1909

Il effectua une nouvelle campagne d'essais à partir d'avril 1909 et des vols de présentations comme lors du défilé du 14 juillet à Longchamp avec le "Ville-de-Nancy".

Il participa aux Grandes manœuvres d'automne du Sud-est, qui se déroulèrent du 15 au 19 septembre 1909, dans le Bourbonnais autour de Gannat, Lapalisse et Roanne.

Carte postale Officiers devant le République (coll. privée)

L'implication d'un dirigeable à ce type de manœuvres, était une première.

La tragédie du "République"

Le 25 septembre 1909, une tragédie survint quand le dirigeable "République" s'écrasa près du château d'Avrilly à Trévol (commune de l'Allier, au nord de Moulins). Cet accident qui fut dramatique, eut lieu lors du vol de son retour à son port d'attache de Chalais-Meudon.

Après avoir quitté Lapalisse (commune proche de Vichy), l'accident fut dû à la rupture d'une pale d'hélice venue perforer l'enveloppe. La pression du gaz agrandit la déchirure et provoqua la chute vertigineuse de l'aérostat, d'environ 200 mètres.

Carte postale Les restes du dirigeable "République" (coll. privée)

Les quatre militaires furent tués, il s'agit du commandant de bord, le capitaine Lucien Marchal, le commandant en second, le lieutenant Jean Chauré, 28 ans, et les deux mécaniciens, les adjudants Albert Réau, 29 ans et Henri Vincenot, 33 ans.

Carte postale L'équipage du Dirigeable "République" (coll. privée)

Hommages aux victimes

Ils eurent des obsèques nationales à Versailles le 28 septembre sous la présidence du Président du Conseil, Aristide Briand (1862-1932).

 

Illustrations parues dans le Petit Journal du 10 octobre (coll. privée)

Tragique coïncidence, la catastrophe est survenue le jour de l'inauguration officielle du 1er Salon aéronautique à Paris.

 Carte postale en hommage aux quatre militaires (coll. privée)

Afin de rendre hommage aux victimes, les autorités militaires décidèrent de baptiser quatre futurs dirigeables, de leurs noms.

Pour le capitaine Lucien Marchal, ce fut celui offert par la société Lebaudy, pour le lieutenant Jean Chauré, ce fut un dirigeable de la société Astra (le numéro X), quant aux adjudants Henri Vincenot et Albert Réau, ce furent respectivement un Clément-Bayard et un futur Astra (le numéro XI) offerts par le journal parisien Le Temps via une souscription lancée le 27 septembre, à la demande des lecteurs du quotidien.

Les 4 aéronautes du "République" (journal Le Petit Marseillais, Gallica)

Déjà un problème mécanique début septembre !

Le "République" avait déjà eu un petit accident sans conséquence humaine, le 3 septembre, lors du vol entre Chalais-Meudon et Lapalisse, pour participer aux Grandes manœuvres. Suite à une panne moteur à la hauteur de la Charité-sur-Loire, il dériva sous l'influence du vent et vint s'encastrer dans un pommier, sur la commune de Juvisy-le-Chaudrier, au sud d'Orléans, provoquant le dégonflage de l'enveloppe.

Carte postale Juvisy-le-Chaudrier Pommier 1 République 0 (coll. privée)

Les membres de l'équipage ont-ils pu déguster les pommes de cet arbre aux branches vindicatives face aux aérostats… telle une version actualisée de Cervantès !

Il fut réparé à La Palisse. C'est une vérité...

Décision des autorités militaires

Cette tragédie fit que les autorités militaires imposèrent aux constructeurs de revoir la conception des dirigeables pour sécuriser leur utilisation et éviter des pertes humaines, comme celles survenues le 25 septembre.

Décès du Capitaine Ferber

Cette semaine de septembre 1909 fut dramatique pour l'aéronautique française car elle avait perdu aussi un de ses brillants aviateurs, un pionner, le capitaine Ferdinand Ferber.

Carte postale Capitaine Ferdinand Ferber (coll. privée)

Cet accident mortel eut lieu à Boulogne-sur-Mer, le 22 septembre lors d'un meeting… annulé ! Mais il avait accepté d'effectuer quelques vols de démonstration. Sur un sol inégal, à l'atterrissage, une aile de son aéroplane toucha le sol et provoqua son basculement. Après s'être dégagé de l'emprise du moteur sur son abdomen, il fit quelques commentaires sur cette déconvenue et il perdit connaissance suite à une hémorragie interne qui provoqua son décès.

Carte postale Capitaine Ferdinand Ferber (coll. privée)

En sa mémoire, un dixième dirigeable construit par la Société Zodiac en 1911, fut baptisé à son nom, le "Capitaine Ferber". Pourvu d'une enveloppe de 6000 mètres cubes, mesurant 76 mètres de long et 12,50 mètres de diamètre, il était équipé de deux moteurs Danette-Gillet de 90 chevaux avec deux hélices à quatre pales de 3,5 mètres.

 Carte postale Épinal Capitaine Ferdinand Ferber (coll. privée)

Ferdinand Ferber était venu à Belfort lors de la Semaine de l'aviation du 12 au 18 juillet 1909 où il avait effectué des vols de démonstration, une première dans la Cité du Lion.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à l'article consacré à cette Semaine de l'aviation où l'aviateur fut l'invité de marque, lui qui fut un temps belfortain...

Épilogue

Donc si la Place forte de Belfort ne vit point arriver le dirigeable escompté, le "République", elle était toute aussi peinée de la tragédie survenue le 25 septembre 1909 avec le décès des quatre militaires aguerris à cet engin.

Avec retard au plan prévisionnel d'être pourvue de type d'équipement, la Cité du Lion fut toutefois informée qu'un autre dirigeable lui serait attribué. Elle reçut en lieu et place, le "Lieutenant Chauré" mais il n'arriva que le 21 août 1913.

NA : Un lien ci-dessous permet d'accéder à l'article consacré au dirigeable le "Lieutenant Chauré".

JM

Lien pour accéder aux articles cités

Les premiers dirigeables & le Parc à dirigeables de Belfort : Cliquer ici

La Semaine de l'aviation à Belfort : Cliquer ici

Le dirigeable "Lieutenant Chauré" à Belfort : Cliquer ici

Références textes : Le journal L’alsace (coll. Archives Départementales du 90 ‘’AD90’’), Le Petit Parisien, L'Auto et autres journaux (Coll. Gallica),

Références Internet : Wikipédia, Divers autres Sites…

Infos pratiques  

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