Fêtes des 2 au 4 juillet 1920 à Belfort, samedi 3 juillet, Concours Fédéral et International de gymnastique & de tir (5e partie)

MAJ le 22 août 2020

En ce samedi 3 juillet 1920, débutait le 1^er Concours Fédéral & International de gymnastique et de tir organisé à Belfort, par la Société de gymnastique, La Belfortaine.

Page d'en-tête du programme du Concours (coll. BF)

Cette 5^e partie de l'article est consacré à ce samedi 3 juillet 1920.

Si cette journée était consacrée principalement au Concours, d'autres animations étaient au programme.

La Belfortaine

Initialement, ce 1^er Concours Fédéral et International de Gymnastique et de Tir était initialement prévu les 14, 15 et 16 août 1914, mais l'avènement de la Première Guerre Mondiale mit fin à cette compétition.

En 1919, les deux sociétés de gymnastiques de la Cité du Lion, la plus ancienne L'Alsacienne (créée en 1882) et la benjamine La Belfortaine (créée en 1901) vont fusionner car elles ont perdu de nombreux membres du fait de la Première Guerre Mondiale !

La fusion fut entérinée lors du Comité du 2 juin 1919 et la nouvelle Société prit le nom... "La Belfortaine". Le palmarès prit le pas sur l'antériorité.

En-tête document de La Belfortaine (doc. AD90)

Le palmarès de La Belfortaine était sans contexte le plus remarquable et possédait une dynamique novatrice impulsée par le moniteur général Émile Parrot qui avait créé la Société en 1901. Car il n'avait pas trouvé dans L'Alsacienne, qui l'avait rejointe en 1899, la volonté de développer cette discipline.

Émile Parrot (photo brochure La belfortaine, coll. AD90)

Pour ne citer qu'un exemple, dès 1908, elle envoya aux Jeux Olympiques de Londres, un de ses gymnastes, Georges Thurnherr !

Carte postale Georges Thurnherr (photo Revue Municipale, coll. JM)

En ce 3 juillet 1920, Émile Parrot était loin de se douter qu'il participerait aux Jeux Olympiques d'Anvers en août avec 6 athlètes de La Belfortaine !

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder au sommaire des articles consacrés aux Jeux Olympiques dont ceux sur Émile Parrot et Georges Thurnherr.

Le samedi 3 juillet, le programme

Si le programme de la journée laissait une grande place aux gymnastes dont le 1^er Concours Fédéral et International de Gymnastique et de Tir, d'autres animations étaient prévues.

Extrait du programme du concours (coll. BF)

Matin

  - 6h00 Salves d'artillerie pour ouvrir la journée
  - 6h15 Réveils en fanfare
  - 10h30 Réception à l'Hôtel de ville des présidents des sociétés de gymnastique
   À l'issue du vin d'honneur, Congrès* de la Fédération de gymnastique
  - 11h00 Concert de l'Harmonie des Usines au Champ de Mars

*En réalité, il se déroula avant le vin d'honneur.

Après-midi

 - 13h30 Défilé des gymnastes
 - 14h00 à 18h00 Suite du Concours avec intervention de l'Harmonie des Usines à 17h
 - 20h30 à 23h00 Productions et attractions avec la Fête de la Nuit au Champ de Mars, avec la Lyre Belfortaine
   Illuminations

6 heures, le réveil

Ceux qui voulaient faire la grâce matinée étaient de la revue… Car comme prévu, à 6 heures tapantes, les salves d'artilleries furent tirées du Château !

Carte postale Belfort Canons sur la terrasse du Lion (coll. BF)

Au dernier coup de canon, les fanfares disséminées dans les rues de la ville, ou plus précisément sur les places, se mirent au diapason pour se faire entendre de la population et des visiteurs, afin de lancer ainsi le programme de la journée.

  - Place d'Armes avec les tambours et clairons du 35^e RI

Carte postale Musique du 35^e RI (coll. JM)

  - Place Corbis avec les tambours et clairons du 42^e RI
  - Place de la Gare avec les trompettes du 107^e RA
  - Place du Marché, avec les trompettes de La Lorraine

Arrivée des visiteurs

Les premiers trains arrivaient en gare et déversaient les visiteurs venus à ces Fêtes pour voir les gymnastes et tireurs à l'œuvre, et profiter des animations proposées…

Carte postale Belfort La gare (coll. JM)

À leur arrivée, ils découvraient une ville particulièrement décorée dès la sortie de la gare. Ils remontaient le faubourg de France et ils étaient encore plus subjugués par ces haies de drapeaux et d'oriflammes ornant la rue… Que dire quand ils débouchaient sur la place Corbis, en voyant le pont Carnot transformé en une réplique du pont Alexandre III et l'arc de triomphe de l'entrée du faubourg des Ancêtres ! Ils étaient admiratifs.

Carte postale Belfort Pont Carnot décoré en 1919 (coll. JM)

NA : La décoration du pont en juillet 1920 devait proche de celle-ci de 1919, avec moins d'apparats.

Mais une décoration non souhaitée venait perturber cette mise en valeur très réussie de la Cité du Lion, les incessantes averses de pluie !

Les rames du tramway départemental apportaient, elles aussi, leur flot de visiteurs.

6 heures, début du Concours

Les dernières Sociétés étaient arrivées dans la nuit, souvent accompagnées de musiciens pour annoncer leur présence...

Dès 5 heures du matin, la Cité du Lion était en éveil car les Sociétés de gymnastiques n'avaient pas attendu le réveil prévu avec les salves d'artilleries prévues à 6 heures et la musique !

Carte postale Belfort Le Lion (coll. JM)

Car dès 6 heures débutaient les premières épreuves sur le tout nouveau stade implanté au Champ de Mars. Les Sociétés concernées devaient se rendre en ce lieu pour prendre part aux compétitions conformément au programme, établi par le Comité du concours, validé par la Fédération des sociétés de gymnastique de Franche-Comté et du Territoire de Belfort

Vue aérienne du Champ de Mars (coll. BF)

88 Sociétés étaient prêtes à concourir en section adultes auxquelles s'ajoutaient 11 sections de pupilles, environ 2500 gymnastes.  

Rapidement les visiteurs se rendirent sur les deux lieux des concours, le Champ de Mars et le stand de tir de la Miotte, pour suivre les évolutions des gymnastes et la précision des tireurs.

Carte postale Belfort Stand de la Miotte (coll. JM)

Les épreuves étaient notées par les membres du Jury que présidait (Joseph) Chamot-Diény.

Extrait carte photo Gymnastes à l'échauffement au stade (coll. BF)

Les épreuves au programme du matin étaient :

  - Concours de section Adultes, en Simultané
  - Concours de section Adultes, en Alternatif
  - Concours de section Adultes en Individuel, en Artistique et en Athlétique (épreuves éliminatoires)

10h30, le vin d'honneur

Après le Congrès de la Fédération, la municipalité reçut à l'Hôtel de Ville les présidents des Sociétés de gymnastique et de tir où était prévu un vin d'honneur.

Carte postale Belfort L'Hôtel de Ville (coll. JM)

De nombreuses personnalités étaient présentes, le sénateur Laurent Thiéry, les députés Edmond Miellet et Jean-Baptiste Saget, le préfet Abel Maisonobe et son chef de cabinet, Ernest Grenier, les conseillers municipaux, le président de la Fédération, Charles Siffert, les présidents de La Belfortaine Émile Marlin et Edouard Lévy-Grunwald, le capitaine Berger de l'État-major de la 28^e Brigade, Charles Schlienger le commissaire du Concours…

Le maire, Léon Schwob prit le premier la parole. Tout en levant son verre, il souhaita la bienvenue à tous les invités. Il s'adressa aux présidents ses paroles "En vous occupant de l'éducation physique de la jeunesse, vous rendez service à l'humanité. Vous luttez contre deux fléaux : l'alcoolisme et la tuberculose…". Il termina en souhaitant succès aux jeunes et vétérans.

Léon Schwob, maire de Belfort (Livre Les maires de Belfort)

Le préfet, Abel Maisonobe, après les remerciements, revint sur son affectation à Belfort, "qu'il fut fier de cette affectation car il connaissait la réputation de Belfort, sentinelle avancée du droit et de la civilisation...". Il revint sur le comportement exemplaire de la ville ayant subi 3 Sièges et supporté les bombardements de 1914 à 1918…

Le président de la Fédération, Charles Siffert remercia le maire, son adjoint et tous les organisateurs pour la cordiale réception faites aux Sociétés de gymnastique, qui laissera le meilleur souvenir de Belfort. Il poursuivit par "La Belfortaine a su organiser très bien ces Fêtes, et nous n'avions d'ailleurs aucun doute à cet égard… mais la réalité a dépassé nos prévisions… Vive Belfort ! Vive La Belfortaine !"

Puis ce fut au tour du député, Jean-Baptiste Saget de prendre la parole pour revenir sur les liens entre la ville et la Suisse…

13h30, le défilé des gymnastes

Les Sociétés de gymnastiques s'étaient regroupées place d'Armes pour prendre part au défilé dans les rues de Belfort, dont le départ était prévu à 13h30.

Elles empruntèrent l'itinéraire suivant : place d'Armes, avenue de l'Arsenal, rue Denfert, faubourg de Montbéliard, rue de la Banque, avenue Wilson, faubourg de France, place Corbis, quai Vauban, Parc à Ballon et arrivée au Champ de Mars.

Trajet du défilé des gymnastes (réal. BF)

La pluie s'étant momentanément arrêtée, les gymnastes vêtus souvent de hauts blancs ou clairs, étaient récompensés par les applaudissements d'un nombreux public, débarrassé enfin des parapluies, qui avait envahi les trottoirs sur le parcours… Chaque Société était précédée de son drapeau.

Ils étaient accompagnés par les musiques de la Lyre Belfortaine et des trompettes de la fanfare La Lorraine.

Carte postale La Lyre Belfortaine (coll. JM)

La Belfortaine fermait la marche où s'était joint un groupe de cyclistes, des étudiants du Lycée qui avaient garni leurs bicyclettes de verdure.

Extrait Carte photo La Belfortaine (coll. JM)

Ils portaient un fusil Lebel en bandoulière, le canon garni d'une flamme tricolore.

Arrivés sur le stade, les gymnastes des Sociétés effectuèrent un tour d'honneur avant de reprendre la compétition.

 Carte photo Belfort Champ de Mars Défilé (coll. BF)

14 heures, le Concours continue

Après le défilé, le Concours se poursuivit avec :

  - Concours de sections (suite)
  - Concours spéciaux en section, Mouvements d'ensemble avec et sans engin
  - Concours individuels artistique et athlétique

Extrait photo La tribune de Champ de Mars (coll. BF)

Vers 15 heures, les autorités civiles et militaires se rendirent sur le Champ de Mars pour découvrir, pour la grande majorité, le nouveau stade moderne édifié par l'autorité militaire sous les ordres du général Petit.

Carte postale Belfort Champ de Mars La tribune (coll. JM)

NA : Probabilité que le général présent dans la tribune était le général Petit

Sa réalisation fut rondement menée par les ouvriers militaires sous les ordres des capitaines Berger et Tessane.

Plan d'occupation du stade (Programme du Concours, coll. BF)

Après avoir visité les lieux, les élus locaux félicitèrent les militaires pour le travail accompli pour créer cet équipement moderne tourné vers les Vosges. Ensuite, ils assistèrent au déroulé des épreuves du Concours.

Dans le cadre du concours, une répétition était prévue pour effectuer er parfaire le mouvement d'ensemble des 2500 gymnastes.

Carte photo Stade du Champ de Mars (coll. BF)

À 17 heures, l'Harmonie de la Société Alsacienne, dirigé par Jules Cabrol, joua plusieurs morceaux de leur répertoire donnant encore plus de dynamisme aux sportifs comme lors de la répétition du mouvement d'ensemble des athlètes, totalisant environ 2500 gymnastes.

Carte postale Jules Cabrol (coll. JM)

Malheureusement, la musique ne pouvait rien contre la pluie qui déversait ses humeurs humides…

15h30, la visite du général de Maud'huy

Dans l'après-midi, des personnalités arrivèrent en gare de Belfort, dès ce vendredi, dont plusieurs élus nationaux, le député du Doubs, le colonel Adolphe Girod, le député de la Moselle…

Ce dernier n'était pas en Territoire inconnu, car il s'agissait du général Louis Ernest de Maud'huy qui fut le commandant du 35^e régiment d'infanterie entre 1910 et 1912, avec le grade de colonel.

Carte postale Général de Maud'huy (coll. JM)

Il se rendit, en tenue, à la caserne Friederichs pour saluer le drapeau de ce glorieux régiment. Il fut accueilli à la grille par le colonel et les officiers du régiment. La Compagnie d'honneur et un peloton de caporaux lui présentèrent les armes. Le général les passa en revue et vint prendre la soie du drapeau pour l'embrasser.

Il fit un discours où il prononça ces paroles : "Le 35^e que nous avons préparé pour le rendre glorieux , a dépassé nos espérances, il a rendu plus qu'on l'espérait. Ses soldats, ses sous-officiers, ses officiers se sont couverts de gloire immortelle…".

Carte postale Belfort Caserne Friederichs (coll. JM)

Puis il visita la salle d'honneur du régiment, ensuite celle des caporaux et des sous-officiers où une flûte de champagne l'attendait.

À 20 heures, il retrouva au Tonneau d'Or, les 20 officiers qui avaient servi sous ses ordres. La salle du diner était décorée avec tous les fanions du 35^e RI avec la Croix de guerre.

 Carte postale Belfort Le Tonneau d'Or, salle à manger (coll. JM)

Le repas se termina par un nouveau discours du général de Maud'huy.

La soirée

À nouveau la météo fut désagréable pour le programme concocté par les organisateurs… elle vint imposer des averses drues obligeant d'annuler des animations prévues !

Ainsi la Fête de Nuit qui devait proposer aux spectateurs de belles figures athlétiques tels les pyramides, les tournois… les figures artistiques tels les poses plastiques, les ballets… ils durent se contenter des lignes de la pluie détrempant le terrain, le rendant impropre à tout mouvement ordonné de gymnastique ! Les organisateurs avaient dû se résoudre à annuler cette animation.

Carte postale Belfort, le Château sous la lune (coll. privée)

NA : Fausse nuit au demeurant… en fin de texte, un lien permet d'accéder à l'article consacré à ces trucages sous la lune.

La fête foraine n'était pas plus gâtée et les forains faisaient grise mine devant le peu de public présent devant les stands.

Que dire de la décoration qui subissait les assauts incessants de la pluie mettent à mal le travail accompli pendant de nombreuses heures par les bénévoles, les ouvriers, les militaires…

Carte postale Belfort, illustration (coll. JM)

Par contre les illuminations résistaient à l'image de la ville contre les assauts des forces contraires ! Seuls les restaurant et les bars se réjouissaient d'accueillir le public en leurs établissement, souvent frigorifié, même s'ils ne pouvaient compter sur leurs terrasses !

Demain serait un autre jour… comme dirait James !

Épilogue

Cette deuxième journée des Fêtes du 2 au 4 juillet 1920, première journée du Concours, avait proposé un programme attractif qui fut rogné par la faute d'une météo distribuant des litres d'eau d'ingratitude… le Lion avait la rage !

Pour la suite de cet article, un lien ci-dessous permet d'accéder au Sommaire.

JM

Liens pour accéder aux articles cités

Sommaire des Fêtes du 2 au 4 juillet 1920 : Cliquer ici

Belfort sur la lune (trucage) : Cliquer ici

Références textes : Les journaux L’Alsace et la Frontière (coll. Archives Départementales du 90 ‘’AD90’’), Programme du Concours (coll. BF), Livret Règlements & programme du concours (coll. Archives municipales de Belfort, "AMB"), Livre Les Maires de Belfort.

Infos pratiques  

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