Tour de France 1931, Belfort ville étape

En cette année 2021, je poursuis le passage en revue des Tours de France aux millésimes finissant en "1", après 1911 et 1921, voici 1931 où Belfort fut ville-étape.

La Cité du Lion recevait le Tour pour la 5^e année consécutive.

Belfort était l'arrivée de la 19^e étape, les coureurs venant d'Évian.

Pour l'étape du lendemain, la 20e, à destination de Colmar, les coureurs évitaient le Ballon d'Alsace, à l'inverse de l'année 1930; ils partaient directement en direction de Mulhouse !

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder au Sommaire des Tours de France où sont récapitulés tous les articles sur cette compétition.

Le Territoire de Belfort, offre ses routes au Tour de France

Avec cette 25e édition, le Tour de France venait pour la 23e fois sur les routes du Territoire de Belfort :

  -13 fois comme ville étape (arrivée et départ)
  -10 fois comme ville de passage
  -11 fois en passant par le Ballon d'Alsace

Carte postale Souvenir de Belfort (coll. BF)

  Belfort, ville étape (arrivée et départ) : 1907 à 1914, 1927 à 1931
  Belfort, ville de passage : 1905, 1906, 1919 à 1926
  Ballon d'Alsace, sommet au programme : 1905 à 1914, 1930.

Tour de France, le parcours 1931

Pour cette 25^e édition, le Tour de France se déroula du 30 juin au 26 juillet 1931 sur un parcours de 5095 kilomètres en 24 étapes dans le sens antihoraire; 3 étapes furent ajoutées pour cette édition par rapport à la précédente.

Tracé du Tour de France 1931 (création BF)

Au fil des ans, le Tour de France fit étape dans de nouvelles villes, il n'y dérogea pas en 1931 car trois vont connaître cet honneur : Gap (Hautes-Alpes, Aix-les-Bains (Savoie) et Colmar (Haut-Rhin).

3 journées de repos furent prévues, à Luchon (entre la 8^e et 9^e étape), à Perpignan (entre la 9^e et 10^e étape) et à Nice (entre la 13^e et 14^e étape).

Tour de France 1931, les nouveautés

En 1930, le règlement du Tour fut modifié par Henri Desgranges pour que le Tour s'effectue par équipe nationale et non plus, par marque. Cette formule fut un grand succès. Il reconduisit ce concept qui avait pour but de casser la mainmise des équipes de marques sur l'épreuve

Extrait livre Henri Desgrange L'homme qui créa le Tour

L'idée subjacente fut aussi de favoriser une victoire française du Tour ce qui se vérifia avec le titre obtenu par André Leducq !

Carte postale André Leducq (coll. privée)

Il avait toutefois encore un point d'insatisfaction, le trop grand nombre d'arrivée au sprint. Pour remédier à ce constat, il alloua une bonification de 3 minutes au vainqueur de l'étape s'il possédait plus de 3 minutes sur le deuxième.

Les Touristes-routiers devaient ne pas dépasser de plus de 10% le temps mis par le vainqueur de l'étape pour ne pas être éliminés.

Pour cette édition, il fut proposé de suivre le Tour en autocar; une initiative de la Société Internationale de Tourisme :

  - Tour complet pour 6150 francs,
  - Étapes 8 à 15, entre Bayonne et Nice pour 3450 francs,
  - Étapes 15 à 18, entre Nice-Évian pour 2650 francs.

Les voyages s'effectuant avec des autobus décapotables.

Carte postale Autobus décapotable (coll. privée)

Le prix comprenant le transport en chemin de fer jusqu'au départ, le logement dans les hôtels, les repas et le transport retour.

Tour de France 1931, les coureurs

Comme pour l'édition précédente, le peloton était composé :

D'une part, six équipes nationales avec 8 coureurs : l'Allemagne (maillot jaune, bandes noire et rouge), la Belgique (maillot noir, bandes jaune et rouge), la France (maillot bleu, bandes blanche et rouge), l'Italie (maillot vert, bandes blanche et rouge), une singularité avec une équipe composée entre l'Australie (maillot blanc et bandes rouge et bleu) et la Suisse (maillot rouge et croix blanche) avec 4 coureurs chacune ; la sixième, l'Espagne (maillot rouge, bande jaune) n'avait qu'un seul coureur.

D'autre part, la participation de quarante coureurs indépendants, les traditionnels "Touristes-routiers" (maillot jaune et bande noire). Ils étaient choisis parmi les meilleurs coureurs des années précédentes ou ayant obtenu de bons résultats au cours de la saison.

S'ils touchaient une indemnité de 35 à 50 francs par jour, par contre, ils devaient payer leurs chambres (réservées) et leur nourriture.

Les favoris

Pour cette nouvelle édition, quels coureurs pouvaient briguer le titre ?

En premier, le vainqueur de l'année précédente André Leducq mais aussi, Charles Pélissier et Antonin Magne.

Carte postale André Leducq (coll. privée)

Les principaux concurrents aux Français, étaient toujours les Belges avec Maurice Dewaele vainqueur 1929, Jef Demuyère, 4^e en 1930 voire Gaston Rebry, vainqueur du Paris-Roubaix 1931…

Côté des italiens, le vainqueur du Giro 1931, Francesco Camusso ?

Les bicyclettes

Les bicyclettes, sans marque, furent fournies par l'organisateur aux As pour mettre tous les coureurs au même niveau de performance du matériel.

Par contre les Touristes-routiers pouvaient utiliser n'importe quelle marque de bicyclette hormis une marque ou filiale ayant déjà participé à cette épreuve avec les coureurs de la 1^ère catégorie (ou As) depuis 1919.

Comme les années précédentes, les bicyclettes furent poinçonnées avant la veille du départ, le 29 juin.

La caravane publicitaire

Depuis 1929, une caravane publicitaire fut intégrée au Tour ce qui permit de participer significativement au financement de la compétition, suite à l'absence des marques, et d'offrir des récompenses aux coureurs en fonction des résultats.

Si la première année, elle fut réduite, elle va prendre de l'essor au fur et à mesure des éditions.

Tour de France 1931, le départ de Paris

À Paris, le regroupement pour le départ, prévu à 7 heures, s'effectua devant le siège de l'organisateur, le journal L'Auto, rue du Faubourg Montmartre.

Affiche Tour de France 1931 Journal L'Auto (coll. Gallica, BNF)

Le peloton où chaque équipe était accompagnée par un club sportif de la capitale, rejoignit le Vésinet pour le départ officiel prévu à 9 heures, après l'appel effectué par le secrétaire général du Tour, Lucien Cazalis. L'ensemble étant encadré des véhicules de l'organisation.

La ligne de départ était tracée devant les établissements de l'ancien stayer (coureur de vitesse), Julien Rudolphe.

Le départ fut donné par le boxeur Vince Dundee, le champion d'Amérique des poids moyens.

Carte postale Vince Dundee (coll. privée)

Les 81 coureurs, pour la 1^ère étape, devaient rejoindre Caen distant de 208 kilomètres. Combien seraient-ils encore à rouler sur la piste du Parc des Princes à Paris, au retour ?

Belfort 1931, ville étape d’arrivée

Le Tour de France poursuivait sa relation entreprise avec la Cité du Lion depuis 1905, il prenait une nouvelle fois étape dans la ville pour la 5^e année consécutive, avec une arrivée le 21 juillet en provenance d'Évian.

Pour l'accueillir, un Comité d'organisation fut mis en place sous la direction de Charles Chaussin, le correspondant du journal L'Auto, assisté de membres de l'antenne locale de l'UVF (Union Vélocipédique de France) dont son vice-consul Jules Littot.

Arrivée sur le stade du Champ de Mars

Comme en 1930, l'arrivée se déroula sur le Stade du Champ de Mars* pour accueillir les Géants de la route devant effectuer un peu moins de deux tours de piste !

Vue aérienne Belfort Le stade du Champ de Mars (Réal. BF)

*Stade du Champ de Mars : Il fut construit en 1920 par les militaires et utilisé pour la 1^ère fois pour les Fêtes du 2 au 4 juillet 1920, qui furent le théâtre de la 1^er Concours Fédéral & International de gymnastique et de tir.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à ces Fêtes.

À cette occasion de l'arrivée du Tour, la piste fut cylindrée, les virages relevés, la main courante rénovée… tout pour recevoir coureurs et public dans les meilleures dispositions.

Pour rejoindre le stade, les coureurs venant de Danjoutin, devaient emprunter le faubourg de Montbéliard, le pont Carnot, prendre à gauche sur le quai Vauban, continuer par la route des forges et rue de l'Est.

Itinéraire utilisé par les coureurs à Belfort (réal. BF)

Le programme prévoyait une arrivée vers 16h35.

Trois entrées permettaient d'accéder au stade, une centrale réservée aux coureurs, véhicules officielles et publicitaires, une entrée tribune et pesage et la troisième entrée des populaires.

Des cartes de différentes couleurs ou des brassards donnaient accès aux officiels, aux organisateurs, aux journalistes, aux contrôleurs…

Afin de faciliter l'accueil du public au stade et éviter de longues queues pour acheter les tickets d'entrée, le Comité d'organisation avait anticiper la mise en prévente chez Charles Chaussin au 24 faubourg des Vosges, Jules Littot au 21 avenue Wilson, à la permanence de l'UVF, Brasserie Servin, 41 quai Vauban, au café Grévillot face au stade de l'U.S.B. et chez Poujade à Danjoutin.

Les tarifs étant :

  - Tribune : 10 francs
  - Pesage : 7 francs
  - Pourtour : 4 francs
  - Militaires et enfants : 2 francs

Un emplacement destiné à la presse fut réservé sur la pelouse.

Ajouts d'équipements

Pour accueillir public et coureurs, les lieux reçurent divers équipements.

Un garage pour les autos et vélos fut implanté en face du stade.

Il fut installé par M. Guillin de Montreux-Château, un poste haut-parleur puissant, permettant d'informer le public sur le déroulement de l'étape et le du programme élaboré pour attendre les coureurs.

Une ligne téléphonique fut mise à disposition par les P.T.T.

Trois buvettes y furent aménagées et gérées par le personnel de Joseph Grevillot, permettant de rafraichir les gosiers du public.

Programme "En attendant le Tour"

À l'occasion de l'évènement, un programme fut édité annonçant les animations prévues, rappelant l'histoire du Tour de France, détaillant les coureurs engagés, les étapes… il comportait un bulletin pour un concours de pronostics doté de 1000 francs.

Dans la tribune avaient pris place plusieurs personnalités, dont le colonel Coulon le représentant du gouverneur de la Place, le député Edmond Miellet, le président du Conseil général Christophe Klopfenstein, le représentant du préfet, plusieurs officiers, les capitaines François et Fusil…

Comme pour l'édition précédente, les spectateurs présents au stade eurent droit à un programme composé de courses cyclistes :

  - Un Grand Prix de vitesse Tour de France (séries, demi-finales et finale)
  - Une individuelle sur 50 kilomètres
  - Une consolation

Des prix récompensant les meilleurs :

  - Course de vitesse : Prix de 80, 60, 40 et 20 francs
  - Individuelle : Prix de 100, 80, 60, 40, 2 de 20, 2 de 10 francs.

Pour ces courses, des coureurs régionaux furent présents : Bouriot de Besançon, Bourot-Martin de Besançon, Guillon de Troyes, Stuber de Mulhouse…

Mais aussi des locaux : Gamin, Détrié, Gibottet, Karm, Essner, Littot, Dalla Corte, Adam, Eugène Bilquiez, Georges Receveur, Emile Simon, Decker, Edgar Cuenin, Bienvenu et Henri Pelicioli, Fernand Quiquerez, Jean Laversini, Roger Hartmann…

Elles débutèrent à 14h00.

Hormis ces courses, une autre attraction fut la présence du célèbre champion de force Ernest Cadine, le Champion Olympique 1920 des mi-lourds aux haltères.

Carte postale Ernest Cadine (coll. privée)

Il offrit des exhibitions sensationnelles consistant à résister à la traction simultanée de 20 hommes cherchant à l'écarteler ou encore plus audacieuse, résister à 16 motocyclistes puis à deux automobiles, des 201, qui furent mises à disposition par la Maison Fierobe et Mettey !

Carte postale Belfort Fierobe à gauche (coll. FB)

Il fut appel à des volontaires pour participer à ces expériences; l'inscription étant effectuée auprès de Charles Chaussin.

21 juillet 1930, départ d'Évian

La 20^e étape rejoignait la ville d'Évian à Belfort, distant de 282 kilomètres, le 21 juillet.

Carte postale Évian Souvenir (coll. privée)

Au départ de la ville d'eau, Antonin Magne portait le Maillot jaune, devançant au classement général :

  2. Antonio Pesenti (I) à 5 mn 28 s
  3. Jef Demuysère (B) à 12 mn 56 s
  4. Maurice Dewaele (B) à 34 mn 35 s
  5. Louis Péglion (F) à 47 mn 9 s

Antonin Magne portait le Maillot jaune depuis sa victoire à Luchon lors de la 9^e étape, le 8 juillet. À Évian, il était arrivé à la 7^e place ex aequo avec 48 secondes de retard sur le vainqueur de l'étape de la veille, Aix-les-Bains-Évian, le belge Jef Demuysère.

Carte postale Jef Demuysère (coll. privée)

Il ne restait plus que 45 coureurs à prendre le départ :

 - 31 As (7 Allemands, 2 Australiens et 2 Suisses, 5 Belges, 1 Espagnol, 7 Français et 6 Italiens),
 - 14 Touristes-routiers

Le départ fut donné à 7 heures aux 45 coureurs restants sous un temps des plus maussades, sous une pluie diluvienne. Malgré les conditions météorologiques contraires, un nombreux public était venu encourager les forçats de la route, l'expression fut bien adaptée à la situation du jour !

Le parcours de la 19^e étape (L'Excelsior, Rétronews)

Le peloton resta groupé pour traverser Genève (42^e km), Gex (60^e km) ainsi que pour entamer les premiers kilomètres de la montée du col de la Faucille (71^e km, 7 km de montée, 1322 m d'altitude); la pluie et le froid refroidissant les ambitieux du jour. Mais cette situation gelée à l'image du temps, ne dura pas, car les allemands Oskar Thierbach et Erich Metze décidèrent de partir peu avant le sommet du col, cassant ainsi la passivité du peloton, entraînant la réaction des français René Bernard, Antonin Magne, Louis Péglion, de l'italien Felice Gremo et du belge Julien Vervaecke, qui ne voulurent pas permettre aux deux teutons de prendre le large.

Carte postale Le col de la Faucille (coll. privée)

Mais le peloton se reforma peu à peu entre la descente et les kilomètres effectués menant à Morez (87^e km) et à Pontarlier (160 km), atteint à 13h45; il est vrai qu'une pluie glaçante frigorifiait les forçats de la route. Pendant le contrôle dans cette ville où trois minutes furent neutralisées, ils tentèrent de se réchauffer par tous les moyens pouvant les dégeler; avaler des boissons chaudes, taper des pieds, frapper les mains…

Cet arrêt n'apporta pas totalement l'effet escompté mais permit au peloton, composé de 35 coureurs, de repartir un peu moins frigorifiés.

Au fil des kilomètres suivants, la météo va peu à peu s'éclaircir.

À nouveau un allemand, Ludwig Geyer, prit la pourpre d'escampette dès le départ ce que ne pouvait pas accepter les italiens; Rafaele Di Paco partit à sa poursuite.

Carte postale Ludwig Geyer (coll. privée)

Rattrapé, le germain décida de rouler de concert avec son poursuivant ce qu'ils firent avec réussite car l'avance ne va que croître au fil des kilomètres, 30 secondes, une puis deux minutes… Au contrôle de Montbéliard, le duo posséda 6 minutes d'avance sur un groupe de 15 unités dont le Maillot jaune.

Carte postale Montbéliard (coll. privée)

Avant Pont de Roide, l'allemand profita d'un petit du "coup de mou" de son adversaire pour prendre ses distances mais sa tentative fut tout aussi avortée qu'à Pontarlier.

21 juillet 1931, arrivée à Belfort

Avec cette confortable avance, le duo entra dans le Territoire de Belfort par Châtenois-les-Forges pour foncer se départager à Belfort !

Si la météo fut exécrable la veille et le matin de l'arrivée, elle devint beaucoup plus clémente à partir de 10 heures avec même l'arrivée du soleil; un invité surprise qui fit extrêmement plaisir aux organisateurs et au public, venu très nombreux pour voir ces fameux forçats de la route.

Extrait journal L'Alsace (doc AD90)

La police municipale sous les ordres de M. Naudin assura la sécurité en ville et le capitaine Mantion avec un peloton de 30 gendarmes à pied et 10 à cheval, celle du stade et de la rue de l'Est; cette dernière fut mise en sens unique.

Les deux coureurs arrivèrent dans le faubourg de Montbéliard sous une pluie d'acclamations du public formant une haie sur le parcours pour rejoindre l'arrivée. Elle grossissait au fur et à mesure de son approche…

Quand le duo déboucha sur la piste du stade du Champ de Mars, il reçut une clameur assourdissante.

Venons au fait, le résultat !

L'italien Rafaele Di Paco régla au sprint l'allemand Ludwig Geyer, étant vainqueur et remportant ainsi le gain de l'étape.

Carte postale Rafaele Di Paco (coll. privée)

Le troisième fut le belge Gaston Rebry qui arriva seul à 6 mn 24 s du vainqueur, précédent d'un peu plus d'une minute l'allemand Oskar Thierbach et le belge Maurice Dewaele.

Un groupe de 15 coureurs arriva à plus de 9 minutes du vainqueur, Charles Pélissier, Max Bulla, Demuysère, Antonio Pesenti (I), René Bernard 1^er Touriste-routier, Herman Buse (D), Julien Vervaecke (B), Hubert Oppermann* (AU), Albert Buchi CH), Siegel, Metze (D), Antonin Magne, André Leducq, Louis Péglion et Fabio Battesini (I).

*Hubert Oppermann : AppeléLe "Brummel du peloton" car toujours tiré à quatre épingles, fut ministre et ambassadeur de l'Australie.

Le premier Touriste-Routier fut Max Bulla qui termina 7e au classement de l'étape. Il ajoutait ainsi une 12^e victoire pour cette catégorie à son palmarès, confirmant sa place de leader au classement général de sa catégorie.

Carte postale Max Bolla (carte postale)

Il fut aussi vainqueur toute catégorie pour les 2^e, 12^e et 17^e étapes.

Les 45 partants de la journée rejoignirent Belfort.

Contrôle de signature

Après l'arrivée et les tours d'honneur, les coureurs devaient se rendre à la Grande Taverne, chez M. Hoffmann, faubourg de France, pour signer la feuille d'arrivée.

Carte postale Belfort La Grande Taverne (coll. JM)

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à l'article sur la Grande Taverne.

Pour les accompagner, les organisateurs avaient fait appel aux les boy-scouts; un balisage fut mis en place par sécurité depuis le stade passant par le pont et rue de l'Est, avenue Jean Jaurès, faubourg des Ancêtres, place Corbis et faubourg de France.

Sur ce parcours, là aussi un nombreux public fut présent pour tenter de reconnaître les coureurs mais le rinçage subit sur la première partie du parcours les rendait peu reconnaissables !

Les classements

Cette étape malgré sa distance de 282 kilomètres n'eut pas d'incidence sur le classement général des cinq premiers. Pour les cinq suivants, il eut l'inversion entre deux belges, Gaston Rebry qui prit la 6^e place à Julien Vervaecke.

Donc Antonin Magne conserva bien entendu le Maillot jaune.

Image Panini Antonin Magne (coll. privée)

Les primes de L'Auto pour la 19^e étape

  Di Paco : 1000 francs
  Geyer : 500 francs
  Rebry : 400 francs
  Thierbach : 300 francs
  Dewaele : 250 francs
  Charles Pélissier : 200 francs
  Max Bulla : 150 francs
  Brugère : 100 francs
  Venot : 75 francs
  Van Vierst : 75 francs

A ces montants s'ajoutaient des primes distribuées par les marques participantes à la caravane publicitaire.

Par exemple,

  Suze donna 1500 francs à Di Paco, 500 francs à Geyer…
  Lion Noir attribua 1000 francs à l'Équipe de France
  …

Logement

Concernant le logement de l'ensemble de la caravane du Tour de France forte d'environ 150 à 200 personnes, coureurs, mécaniciens, masseurs, organisateurs, journalistes, conducteurs véhicules, personnels de la caravane publicitaire…

Carte postale Belfort L'Hôtel de France (coll. JM)

Il revint au Grand Garage Citroën d'accueillir les véhicules de l'organisation (4 voitures, 4 camions et 2 camionnettes) et au Garage Fierobe et Mettey, les camions Latil de L'Auto.

Carte postale Belfort Fbg de France, garage Citroën à gauche (coll. JM)

Les camions ateliers destinés à la remise en états des bicyclettes des As furent implantés en face de la Brasserie Servin (Vauban), quai Vauban.

Animations en soirée

Après l'arrivée, le camion spécial de radiodiffusion, installé au stade Denfert*, fit son émission pour rendre compte du déroulement de l'étape du jour, des résultats…

*Stade Denfert : Nom donné au stade du Champ de Mars.

En soirée, le public avait envahi la place d'Armes, pour assister à une séance cinématographique présentant un résumé du déroulement du Tour de France depuis son départ jusqu'à l'arrivée du jour; un petit exploit technique pour la partie finale.

Carte postale La place d'Armes (coll. privée)

Cette projection fut suivie d'un concert de virtuoses de l'accordéon dont le fameux orchestre Fred Gardoni.

Ces deux animations furent très appréciées par le public.

22 juillet 1931, 20e étape Belfort-Colmar (209 km)

Pour cette édition, un changement notable car le Tour de France évita la montée du Ballon d'Alsace. Les coureurs partaient en direction de Mulhouse pour rejoindre Colmar, ville d'arrivée, en passant tout de même plusieurs cols des Vosges.

Les entités impliquées pour l'organisation mise en place pour l'arrivée de la veille, furent mises à contribution à nouveau sur le pont, du moins à côté du pont Carnot, car le départ s'effectua quai Vauban.

En ce mercredi 22 juillet, dès 8 heures, le secteur fut envahi par les spectateurs venus voir le départ des coureurs, acclamer par leur nom ceux reconnu comme Charles Pélissier, André Leducq et bien entendu le leader du classement général, Antonin Magne.

L'équipe de France (Journal L'Auto, coll Gallica, BNF)

De haut en bas :

  Joseph Mauclair, Louis Péglion,
  André Leducq
  Léon Le Calvez, Charles Pélissier
  Jean Maréchal
  Antonin Magne, Benoit Faure

Le contrôle des signatures s'effectua à la permanence de l'UVF située à la Brasserie Servin, aujourd'hui, le magasin Le grenier vert Biocoop, située au 41 du quai Vauban.

NA : En 1929, cette partie sud du quai Vauban fut rebaptisée avenue Foch; le commerce est au 3 de cette rue.

Carte photo Brasserie Vauban (collection privée)

Le contrôle des signatures fut effectué par Lucien Cazalis, le secrétaire général du Tour avec Henri Desgrange, le directeur du journal L'Auto, créateur de cette compétition en 1903. Après les formalités effectuées, les coureurs échangeaient entre eux ou avec le public avant de se positionner sur la ligne de départ pour une nouvelle journée d'effort.

Carte postale Belfort Pont Carnot Quai Vauban (coll. JM)

Pour cette 20^e étape, l'itinéraire pour rejoindre Mulhouse empruntait le quai Vauban, Le Fourneau, la route de Réthenans, les villages de Perouse, de Bessoncourt, de Frais, quittant le Territoire de Belfort à Foussemagne, en direction d'Altkirch

Le départ fut donné à 10 heures aux 45 coureurs rescapés, ils étaient 81 au départ à Paris. L'arrivée était prévue à Colmar peu après à 17 heures, avec un passage à Mulhouse à 11h30.

Les coureurs restèrent compacts, en peloton, jusqu'à Mulhouse (50e km) hormis les abandons de l'italien Eugenio Gestri et l'espagnol Francisco Cepeda. La côte de Ranspach (82^e km) commença à peser sur les jambes mais le peloton conserva sa densité, tout comme au contrôle à Remiremont (131e km).

Carte postale Remiremont (coll. privée)

Par contre, le col de la Schlucht (174^e km, altitude 1148 m) avec ces 10 kilomètres de montée avec une pente de 4 à 8%, provoqua sa dislocation avec des lâchés comme Oskar Thierbach (D), Joseph Mauclair, Benoit Faure… En tête, Charles Pélissier, André Leducq et Michele Orecchia (I), devant Kurt Stoepel (D) et Gaston Rebry (B) accompagnés de quelques Touristes-routiers.

Carte postale Col de la Schlucht (coll. privée)

En bénéficiant de la descente, les lâchés vont revenir peu à peu sur la tête de la course pour reformer un peloton d'une vingtaine de coureurs. Ce fut ce groupe qui pénétra dans Colmar sous les applaudissements d'une foule compacte sur tout le parcours pour rejoindre l'arrivée.

André Leducq remporta le sprint devant Charles Pélissier, Erich Metzte (D), Hubert Oppermann (AU), Roger Pipoz (CH) et 15 autres coureurs dont le Maillot jaune Antonin Magne. Sa première victoire sur ce Tour.

Carte postale André Leducq (coll. privée)

Le classement général n'était pas impacté pour les 10 premiers.

Classement général final à Paris

Antonin Magne avec l'Équipe de France relia Paris avec le Maillot jaune. Après sa 3^e place en 1930, il remportait le graal.

Carte postale Antonin Magne (coll. privée)

Après André Leducq, un deuxième français remportait le Tour de France, pour la 2e année consécutive. Cette victoire permettait de bloquer l'hégémonie belge des années précédentes. Toutefois, elle prenait les 2^e, 4^e, 5^e et 6^e place du classement général.

Antonin Magne reçut une acclamation du public dès son entrée dans la capitale et une bronca dans le Parc des Princes.

Le classement général

  1 Antonin Magne en 177h 10mn 3s
  2 Jef Demuysère  (B) à 12mn 56s
  3 Antonio Pesenti (I) à 22mn 51s
  4 Gaston Rebry (B) à 46mn 40s
  5 Marcel De Waele (B) à 49 mn 46s

Le second français fut Louis Péglion à la 7^e place et le vainqueur 1930, André Leducq termina à la 10^e place.

La moyenne du leader fut de 28,735 kilomètres heure sur ces 5095 kilomètres, une belle performance.

La dernière étape du 26 juillet, entre Malo-les-Bains et Paris, fut remportée par Charles Pélissier sur la piste du vélodrome du Parc des Princes; sa cinquième sur ce Tour. Il récidivait après sa victoire à Paris en 1930. Il devança André Leducq et l'italien Raffaele Di Paco.

Carte postale Charles Pélissier (coll. privée)

Il termina 14^e au classement général.

35 coureurs, sur les 81 au départ, terminèrent le Tour.

Le classement par équipe

La Belgique remporta le titre par équipe.

L'équipe de Belgique (Journal L'Auto, coll Gallica, BNF)

De haut en bas :

Alfred Hamerlinck, Romain Gijssels
Allons Scheppers
Gaston Rebry, Maurice Dewaele
Bernard Van Rysselbergue
Julien Vervaecke, Jef Demuysère

Le classement des Touristes-routiers

L'autrichien Max Bulla termina premier de la catégorie Touriste-routier et 15^e toute catégorie. Il avait porté le Maillot Jaune sur la 3^e étape suite à sa 2^e place la veille à Dinan.

Le vainqueur 1931

Antonin Magne est né le 15 février 1904 à Ytrac (Cantal). Ses parents étaient vachers chez un fermier en région parisienne. Il avait un frère, Pierre.

Suite à l'obtention de son certificat d'études primaires avec la mention "Bien", il reçut en cadeau, sa première bicyclette.

Fiche Antonin Magne (coll. privée)

En 1918, il entra en apprentissage chez un marchand de cycles et de voitures à Pavillons-sous-Bois où il fit de la boxe puis du cyclisme. Il disputa sa première course en août 1920, sans informer son père, retord à cette pratique. Son apprentissage terminé, il fut embauché comme mécanicien à la Société Daunay à Paris. Il continua à s'entraîner avec son frère en cachette.

Travaillant pour les Cycles Peugeot à partir de 1920, il participait à des courses interclubs avec succès. Il fut repéré par Alphonse Baugé, directeur de La Sportive et intégra la Société Sportive de Suresnes pour y disputer les principales courses amateurs. Il remporta de belles victoires en 1923 comme sur le Circuit des Monts du Roannais et Paris-Amiens.

Carte postale Antonin Magne (coll. privée)

Après son service militaire effectué à Kiel (Allemagne) puis à Épinal, il passa professionnel en 1926 au sein de l'équipe Alléluia. Il remporta sa premier course, Paris-Saint-Quentin.

En 1927, il participa au Tour de France avec son frère, remportant la 14^e étape et finissant à la 6^e place du classement général. Il gagna Paris-Limoge et le GP Wolber. Tour de France 1928, toujours 6^e mais avec deux étapes à son compteur. Il participa à son premier Bordeaux-Paris, le Circuit de Champagne (2^e place) et le Critérium des routiers (5^e avec 3 victoires).

Carte publicitaire Antonin Magne (coll. privée)

Il gagna à nouveau le Paris-Limoge et le Circuit des villes d'eaux d'Auvergne en 1929. Termina 7^e au Tour de France. En 1930, il fut 3^e sur Paris-Roubaix, 2^e sur Paris-Caen, 3^e sur le Tour de France avec une étape, et surtout participa activement à la victoire d'André Leducq. Il remporta Paris-Vichy, 2 étapes au Tour du Pays Basque et finit 2^e au Grand Prix du Marthonnais.

Après sa victoire au Tour de France 1931, l'année 1932 fut difficile. Mais l'année suivante, il finit 3^e au Paris-Tours, 2^e au Championnat de France, 8^e au Tour de France en étant 2^e au classement de la Montagne, et 2^e aux Championnat du Monde. Il participa aux épreuves sur piste organisées au Vélodrome d'Hiver. En 1934, à nouveau de bons résultats, 3^e sur Paris-Saint-Etienne et le Circuit de Paris, 2^e au Championnat de France et il remporta à nouveau le Tour de France avec deux étapes. Il gagna le Grand Prix des Nations.

Lors du Tour de France 1935, il fut percuté par une voiture entrainant son abandon. Il remporta tout de même à nouveau le Grand Prix des Nations. L'année suivante, il termina 2^e du Tour et 1^er au Championnat du Monde ainsi que le Grand Prix des Nations. Après une année mi-figue mi-raisin en 1937, lié à un accident, il finit 8^e au Tour de France 1938 avec 2 victoires d'étape. Il remporta le Critérium d'Europe en 1939, dernière victoire.

Carte postale Antonin Magne (coll. privée)

Après la Seconde Guerre Mondiale, il devint directeur sportif chez Mercier où il obtint de beaux résultats tout en mettant en selle de beaux champions. En 1970, il prit la présidence de la commission des professionnels de la Fédération. Il luta contre le dopage tout au long de sa carrière.

Il décéda le 8 septembre 1983 à Arcachon (Gironde).

Épilogue

Avec cette 25^e édition, une deuxième victoire française avec Antonin Magne après celle d'André Leducq, après une disette de six années.

À nouveau, le Ballon d'Alsace fut sevré du plaisir de voir les coureurs dans ses virages. Par contre, Belfort confirmait sa présence sur le Tour de France. Le nouveau succès rencontré devait conforter Henri Desgrange sur son choix. De plus, cette année, le soleil était de la partie.

JM

Liens pour accéder aux articles cités

Sommaire des Fêtes du 2 au 4 juillet 1920 : Cliquer ici

Article sur le Tour 1907 : Cliquer ici

Sommaire des articles sur le Tour de France : Cliquer ici

La Grande Taverne : Cliquer ici

Références presse : Journaux La Frontière et L’Alsace (Collection Archives municipales de Belfort), Le Miroir des Sports, L’auto (BNF), L'Excelsior (Rétronews), Livre Tour de France Histoires extraordinaires des géants de la route (coll. Bibliothèque municipale Belfort, BMB)

Référence Web : Wikipédia, Site La Grande Boucle, Divers autres Sites…

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