Square Lechten Mosaïculture, un nouveau millésime !
MAJ le 15 mai 2023
Chaque année, le square Lechten à Belfort offre, entre-autre une fresque en mosaïculture pour son motif principal, réalisée par les jardiniers municipaux.
En ce début du mois de mai, elle n'est pas encore réalisée; les gerbes de tulipes et autres vont bientôt laisser leur place à cette œuvre annuelle à découvrir.
Les bouquets de tulipes se sont appropriés ce printemps (photo JM)
Dans le 3e quart du 20e siècle, presque chaque année, le motif principal fut très photographié pour permettre aux éditeurs de cartes postales d'émettre un nouvel millésime annuel pour enrichir leur production. Par contre, malheureusement, elles ne furent pas datées !
En voici une de cette période à dater.
Carte postale Belfort le square Jean Jaurès (coll. JM)
L'année dernière, grâce à un article découvert, par hasard, dans la presse de 1952, j'ai pu dater deux cartes postales éditées en 1952 et 1953.
NA : Un lien en fin de texte, permet d'accéder à l'article consacré à celles-ci.
Le square Lechten
Dès 1921, un jardin public fut créé à l'entrée du faubourg des Vosges, à l'initiative du maire Noël Lapostolest. Entre 1923 et 1929, il va progressivement s'étendre…
Carte postale Belfort Le square Jean Jaurès (coll. JM)
NA : Des liens, en fin de texte, permettent d'accéder à l'article consacré à ce square et au Sommaire des articles sur les squares.
La mosaïculture
Né au 16e siècle en Europe, la mosaïculture vit son essor au 19e siècle. Elle est l'art de composer des motifs en associant les couleurs des plantes et des fleurs.
Carte postale Belfort Le square Jean Jaurès en 1952 (coll. JM)
NA : Un lien, en fin de texte, permet d'accéder à l'article où cet art est présenté dans l'article consacré aux motifs de 1952 er 1953.
Quid de l'année de ce motif ?
Quels sont les informations qu'on peut utiliser pour dater cette carte postale ?
Le verso
Cette carte postale n'ayant pas été utilisée, le verso vierge ne donne pas d'information de date. Hormis la raison sociale de l'éditeur, il est porté la légende du visuel, "Square Jean Jaurès".
Le verso de la carte postale (coll. JM)
Elle possède le cachet "Au Lion de Belfort" qui fait envisager qu'elle fut vendue à la boutique installée sur le site du Lion.
Extrait de la carte postale : Le cachet
Cette carte postale fut émise par un éditeur national, les Éditions Janin, installées à Maîche (Jura).
Extrait de la carte postale : La raison sociale de l'éditeur
Le visuel
Donc il ne reste plus que le visuel pour tenter de dater cette carte postale.
Carte postale Belfort le square Jean Jaurès (coll. JM)
Cette année-là, le créateur du motif du massif principal avait eu la bonne idée de spécifier ce que représentait le décor et la date, "L'Eclipse 1961".
Extrait de la carte postale : Le motif principal
Donc le cliché fut photographié en 1961.
Quid de l'éclipse 1961 ?
Le 15 février 1961 eut lieu une éclipse solaire totale dite "Européenne" au regard de son parcours, car elle débuta par la France, passant par le nord de l'Italie, la Yougoslavie, la Roumanie, l'Ukraine et la Russie.
Timbres émis par la Roumanie pour cette éclipse (coll. privée)
NA : Petite particularité pour ces timbres ci-dessus car la date est formée ainsi "15-II-1961" ! "II" étant février et non novembre car pour les autres chiffres "un" sont bien les chiffres "1".
Extrait du timbre de droite : La date d'émission
Si les éclipses de lune sont relativement courantes, les éclipses de soleil totales sont beaucoup plus rares; la précédente en France, remontait au 17 avril 1912, vers l'heure de midi ! À l'inverse de celle de 1961, elle était centrée plus sur la partie nord du pays (Pays de Loire). Il fallut attendre le 11 août 1999, pour voir la suivante. La prochaine est prévue le 3 septembre 2081; je ne pourrai pas vous en parler…
La zone couverte en 1961 sur la France fut une bande moyenne d'environ 190 kilomètres de largeur dont l'axe passait par Périgueux, Aurillac, Montélimar et Menton.
Carte présentant la bande où l'éclipse totale était visible
(journal L'Alsace, doc. AMB)
Elle fut visible à 7h31'36" à son entrée en France, sa vision dura environ 4 minutes avant de rejoindre l'Italie.
À Belfort, le disque du soleil était déjà à demi voilé par la lune quand il apparut et le soleil disparut peu à peu jusqu'à devenir un croissant; donc la nuit ou presque revint après le lever du jour !
Les collégiens de l'école de Châteaudun présents pour le spectacle
(article journal L'Est Républicain, doc. AD90)
Retransmission à la télévision
La télévision française avait programmé une émission spéciale en Eurovision, de 8h15 à 9 heures, pour présenter cet évènement; des techniciens étaient à bord d'une forteresse volante B17 de l'IGN (Institut Géographique National), à 8000 mètres d'altitude, pour filmer l'éclipse et la diffuser en direct.
Barrabas
À noter, que cette éclipse fut filmée en Toscane (Italie), plus précisément à Roccastrada, lors du tournage du péplum Barrabas, réalisé par l'américain Richard Fleischer; elle est présente, au début du film, dans la scène de la crucifixion.
Affiche du film Barrabas (coll. privée)
Parmi la distribution, on y trouvait Anthony Quinn, Silvana Mangano, Jack Palance, Vittorio Gassman…
Qui fut le créateur du décor 1961 ?
Il est probable, voir certain, que la création de ce décor fut la dernière du premier maître d'œuvre du développement de la mosaïculture dans la Cité du Lion que fut Émile Lechten, car il décéda la même année.
Projet Eclipse 1961 réalisé pat Émile Lechten (doc. AMB)
Il fut embauché par la ville en 1928, et dès l'année suivante, il va mettre en œuvre la mosaïculture dans le square Jean Jaurès, nouvellement créé. Tel un artiste, chaque année, avec sa palette florale, il réalisa des décors différents pour le massif principal et le massif "grec" de ce square, sans oublier les autres. Il fit la réputation des squares belfortains.
Émile Lechten devant l'Age de Pierre présent dans le square (doc. AMB)
Né le 2 mars 1895 à Strasbourg, il apprit l'horticulture auprès de son père; après la Première Guerre Mondiale, il exerça son métier en différents lieux dont Beaucourt avant d'obtenir le poste de jardinier-chef de la Cité du Lion.
La municipalité décida de baptiser le square Jean Jaurès de son nom dès 1961, suite à son décès survenu le 15 novembre.
En 1995, les jardiniers municipaux rendirent hommage à Émile Lechten à l'occasion du centenaire de sa naissance, en reproduisant le massif principal qu'il avait créé en 1961, L'Éclipse.
Photo du massif en 1995 (doc. AMB)
Ajout du 15 mai 2023
Suite à une recherche ce dimanche pour un futur article, j'ai fait une petite découverte !
Dans mes cartes postales modernes, j'en possédais une avec le visuel du massif réalisé en 1995 sur le thème "L'Eclipse 1961", pour le centenaire de la naissance d'Émile Lechten.
Carte postale Belfort Square Lechten Massif L'Eclipse en 1995
(coll. JM)
Cette carte postale fut émise par les Éditions Estel, installées à Blois (Loir-et-Cher)
Verso de la carte postale
Une nouvelle carte postale datée sur les massifs principaux du square, la quatrième.
Épilogue
Après avoir daté les massifs principaux de 1952 et 1953 du square Jean Jaurès (square Lechten), un troisième millésime est identifié, 1961 qui fut le dernier créé par le jardinier-chef Émile Lechten.
Certainement fut-il animé d'une prédiction involontaire car il s'éclipsa la même année, pour le jardin d'Eden…
JM
Liens pour accéder aux articles cités
Le square Lechten ex Jean Jaurès : Cliquer ici
Sommaire des articles sur les squares de Belfort : Cliquer ici
Square Lechten Mosaïculture, le millésime 1952 (& 1953) : Cliquer ici
Références presse : Journal L'Est Républicain (coll. Archives Départementales du 90, AD90), Journal L'Alsace et photo 1995 (coll. Archives municipales de Belfort)
Références livres : Belfort ville nature (coll. JM)
Références internet : Site Wikipédia
Infos pratiques
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