Tour de France 1933, Ballon d'Alsace & Belfort ville étape (2e partie)

En cette fin de mois de juin 1933, le Territoire de Belfort s'apprêtait à recevoir le Tour de France et plus particulièrement, le Ballon d'Alsace et Belfort, la Cité du Lion étant ville étape donc avec une arrivée et un départ.

Publicité du journal L'Auto (doc. Gallica, BNF)

Au regard de la densité de cet article, j'ai préféré le proposer en trois parties.

Dans la première partie de l'article, nous avons découvert la présentation de cette 27^e édition et la 1^ère étape entre Paris et Lille, plus précisément le départ réel eut lieu au Vésinet, le 27 juin.

Cette deuxième partie est consacrée à la journée du 30 juin 1933, dont la 4^e étape du Tour arrivant à Belfort via le Ballon d'Alsace, venant de Metz. Il fallait remonter à 1910 pour retrouver une étape Metz-Belfort.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder au Sommaire des articles consacrés au Tour de France et aux articles liés à cette épreuve cycliste.

Deuxième partie de l'article

Ballon d'Alsace 1933, passage du Tour de France

Après deux années sans le passage des coureurs du Tour de France sur son sommet, le Ballon d'Alsace les voyait revenir sur ses pentes dans le même sens qu'entre 1905 et 1914*. Lors de son premier passage après la Première Guerre Mondiale, en 1930, son parcours fut inversé (Belfort – Saint-Maurice).

*En 1913 et 1914, le Ballon fut gravi dans les deux sens.

Carte postale Ballon d'Alsace Le sommet (coll. BF)

La Société de Transports Automobiles de la Région de Belfort et Haute-Alsace organisa un service spécial d'autocars, pour le 30 juin, entre la gare de Belfort et le sommet du Ballon d'Alsace, avec un départ à 13h30 et un retour à 18 heures; le tarif étant à 15 francs (aller-retour).

Belfort 1933, ville étape d’arrivée

Le Tour de France revenait à Belfort, pour la 7^e année consécutive, le 30 juin 1933, lors de la 4^e étape, en provenance de Metz suite au changement de sens du parcours, par rapport à l'année précédente.

Extrait journal La Frontière (doc AD90)

À l'occasion de l'évènement, il fut créé un Comité d'organisation sous la présidence de Charles Chaussin, le correspondant du journal L'Auto, et de Charles Henner, secrétairegénéral.

Charles Henner & Charles Chaussin (journal L'est Républicain, AMB)

Pour marquer l'évènement, le journal L'Alsace sortit dans son numéro du 30 juin, une page spéciale "L'arrivée à Belfort du Tour de France cycliste".

Journal L'Alsace Page Tour de France à Belfort (doc. AD90)

Elle listait les coureurs encore présents, les visages des principaux, décrivait l'étape Metz-Belfort, présentait les animations prévues à Belfort…

Arrivée sur le stade du Champ de Mars

Depuis 1930, il revenait au Stade du Champ de Mars* d'accueillir l'arrivée des coureurs devant effectuer un tour trois-quarts de la piste.

Plan Belfort 1925 Le stade du Champ de Mars (doc JM)

*Stade du Champ de Mars : Il fut construit en 1920 par les militaires et utilisé pour la 1ère fois lors des Fêtes du 2 au 4 juillet 1920, qui furent aussi le théâtre de la 1^er Concours Fédéral & International de gymnastique et de tir.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à ces Fêtes.

Les aménagements du stade

À cette fin, plusieurs travaux furent engagés, dont la remise en état des tribunes dont la suppression des toitures vétustes, pour accueillir le nombreux public dans de bonnes conditions. Sur l'ensemble du pesage, un plan incliné fut formé pour améliorer la visibilité des spectateurs.

Tout comme le cylindrage de la piste et des abords fut réalisé peu avant le jour de l'arrivée du Tour.

Extrait plan Belfort Le Champ de Mars et le stade (doc. AMB)

En termes de sécurité, des grillages furent fournis par la Maison Kern, de Rougemont-le-Château afin d'une part, de canaliser les spectateurs se rendant à leur place et d'autre part, de former deux couloirs indépendants pour sécuriser l'accès des coureurs entrant sur la piste et les véhicules officiels se rendant au parking prévu pour leur stationnement. Ces lieux sécurisés étaient sous la responsabilité de Camille Mouilleseaux et de son équipe.

Organisation d'espaces protégés pour installer le chronométreur jugeant l'arrivée, emplacements dédiés aux officiels, à la presse…

Des lignes téléphoniques et de la TSF furent installées par l'administration des PTT pour permettre les reportages des journalistes; trois lignes de radiodiffusion furent mises à disposition pour les journaux de "L'Auto", "L'Intransigeant-Match", le "Miroir des Sports" et du "Petit Parisien".

Le stade fut équipé de hauts parleurs installés par la Maison P. Riche et G. Maurice installée 33, faubourg des Ancêtres, permettant à un speaker de tenir informé les spectateurs du déroulement de la fin de l'étape et des animations, sans oublier les messages publicitaires...

Publicité Maison P. Riche et G. Maurice
(brochure Paris – Belfort cycliste de 1933, coll. BF)

Trois buvettes de la Brasserie de Longwy étaient présentes dans le stade, installées par le représentant local G. Pernay, implanté 7 rue de Brasse.

Publicité Bière de la Brasserie de Longwy
(brochure Paris-Belfort, doc. BF)

L'accès du public au stade du Champ de Mars

Les tarifs d'accès au stade s'élevaient

  - Tribune : 10 francs
  - Pesage : 7 francs
  - Pourtour : 4 francs
  - Militaires, handicapés et enfants : 2 francs (pelouse)

Deux entrées permettaient d'accéder au stade, la première par le Pont de la rue de l'Est pour accéder aux places en tribune et au pesage, et une seconde, à l'autre extrémité face au Forges, conduisant au pourtour (pelouse).

Les spectateurs devant avoir un ticket acheté à l'entrée ou se l'être procuré lors de la location chez un des trois dépositaires à Belfort.

  - chez le représentant de L'Auto, Charles Chaussin, ou au 24 avenue Jean Jaurès,
  - au Café d'Alsace de G. Lagrenée, 4, faubourg des Ancêtres
  - au Café des Négociants, boulevard Richelieu

ou une carte officielle signée par Henri Desgrange ou Charles Chaussin.

 Carte photo Belfort Café d'Alsace 4, fbg des Ancêtres  (coll. BF)

Pour éviter les files d'attentes aux guichets, le Comité d'organisation vendit même des billets dans d'autres villes, à Delle, Lure, Héricourt, Luxeuil-les-Bains… et même à Épinal, Mulhouse et Besançon.

Pour les spectateurs, des parkings furent aménagés pour le stationnement des véhicules, des motos et des vélos.

L'accès à l'intérieur de la piste était réservé aux seuls porteurs de brassards jaunes (juges, commissaires, officiels, journalistes…); il était filtré par des membres de L'Auto.

Le service d'ordre fut assuré par les gardiens de la Paix de Belfort sous la direction du commissaire central G. Ponnavoy, du commissaire XXX Bouvet et de A. Ackermann; il était renforcé par des gendarmes sous le commandement du capitaine Mantion.

Le parcours dans la ville

Pour rejoindre le stade, les coureurs venant du nord de Valdoie passaient devant l'église et continuaient en direction d'Offemont par le chemin d'I. C. 22 (chemin d'Intérêt Commun) vers le Bois de l'Arsot; à sa sortie, ils tournaient à droite au hameau des Forges devant le restaurant Musy, passaient le pont du Martinet pour rejoindre l'avenue du Champ de Mars où était située l'entrée du stade.

Carte postale Belfort Café du Martinet (coll. BF)

Quant aux véhicules, un contrôle était installé à Valdoie, à l'intersection de la route G. C. 4 (chemin de Grande Communication) et l'I. C. 22; seules les voitures officielles pouvaient continuer, les autres étant déviées sur la route G. C. 4. Le service d'ordre était assuré par un gendarme et par les membres du VCV (Vélo Club Valdoyen), sous les ordres du président (Aloïse) Miesch.

Carte postale Valdoie Pont (coll. privée)

Un autre parking était réservé aux voitures officielles devant le théâtre.

Au regard des circonstances, la circulation et le stationnement dans la ville furent réglementés par un arrêté municipal; des déviations furent mises en place.

La brochure du Tour

Il fut édité une brochure pour mémoriser l'évènement avec photos et textes, et donner plein d'informations au public

   - historique du Tour
   - noms des gagnants depuis l'origine (1903)
   - les moyennes réalisées
   - les détails sur l'étape Metz-Belfort (horaires, contrôles…)
   - un article inédit du chroniqueur cycliste Félix Lévitan
   - les règles de la moto-ball
   - …

NA : Document non trouvé. Au cas où, je suis intéressé à la consulter.

Programme "En attendant le Tour"

Comme pour chaque arrivée du Tour, un programme d'attente fut proposé au public, avec cette année, une nouveauté !

Annonce journal La Frontière (doc. AD90)

À 14h30, un match de moto-ball entre deux équipes du club de Sochaux était prévu, dont l'une était vice-championne de France; sport communiant deux performances, être un bon footballeur et être très adroit sur une motocyclette tout en étant conquérant pour s'approprier le ballon pour marquer.

Le match se déroule avec 5 joueurs dans chaque camp possédant une moto de 100 cm3 immatriculée, en trois périodes de 30 minutes séparées par un repos de 8 minutes.

Une seconde animation était au programme avec une exhibition de l'As acrobate motocycliste Jules Spiess, du moto-club Peugeot.

L'affiche de Robert Hennin

Le magasin, le Bon Marché eut l'honneur de présenter une belle affiche illustrée par le talentueux dessinateur, Robert Hennin, dans une de ces vitrines, sur la course Paris-Belfort Cycliste 1933.

En voilà la description rédigée par le journaliste de L'Alsace "Sur un fond de tango, serpente l'itinéraire du Tour. A Belfort, but de la 4^e étape, le Lion de Bartholdi souhaite à sa manière la bienvenue aux Géants de la route, en tendant à l'un d'eux une large patte de velours. Dans le bas, les têtes des coureurs de l'équipe de France, groupées, chevauchent de fines bicyclettes".

SOS : Cette affiche ou sa photographie est dument recherchée par un collectionneur de cet artiste… me contacter si possession, merci.

Je vous propose une autre illustration

Page de garde de la brochure Paris – Belfort cycliste de 1933 (coll. BF)

Le pourquoi de ce dessin dans cet article, un élément devrait vous aider… qui va déboucher sur un autre article.

30 juin 1930, départ de Metz

Pour la 4^e étape, entre Metz et Belfort, le vendredi 30 juin, les coureurs n'étaient plus que 68 rescapés, 37 As et 31 Individuels, pour prendre le départ des 293 kilomètres à parcourir avec les premières difficultés sur les pentes du massif Vosgien dont le Ballon d'Alsace, avant de rejoindre la ligne d'arrivée dans la Cité du Lion.

La dernière même étape, Metz-Belfort, remontait à l'édition de 1910.

La veille, Charles Pélissier fit une grosse chute au 55^e kilomètre, après avoir quitté Linay, il termina l'étape comme il put, arrivant hors délai et dû se résoudre à abandonner.

Charles Pélissier à terre (journal Miroir des Sports, doc. Gallica, BNF)

Le Maillot jaune était, depuis la 1^ère étape, sur les épaules de Maurice Archambaud, devançant au classement général une armada belge

   2e : Jean Aerts (B) à 6 mn 32 s
   3e : Georges Lemaire (B) à 7 mn 32 s
   4e : Gaston Rebry (B) à 7 mn 32s
   5e : Louis Hardiquest (B) 7 mn 47 s

Carte Maurice Archambaud (coll. privée)

Pour voir un 2^e français à ce classement, Georges Speicher, il fallait descendre à la 13^e place !

Le départ fut donné à 9h30, place de Vigneulle, par le starter patenté à cet exercice, Georges Biscot.

Carte postale Metz Multivues (coll. privée)

Au regard de la fin difficile de l'étape, les coureurs choisirent de rester en peloton une bonne partie du parcours; il en fut ainsi à Pont-à-Mousson (28^e km) tout comme à Nancy (56e km). Il fallut attendre Nomexy (107^e km), pour voir une mini échappée de 6 unités qui fut rejointe à Épinal (125e km), le peloton était reformé et traversa ainsi Arches (135^e km), puis Remiremont (150^e km).

Carte postale Remiremont Les Arcades (coll. privée)

Deux coureurs décidèrent de quitter le peloton à Rupt-sur-Moselle (167e km), Roger Lapébie et l'individuel italien Giovanni Firpo qui vont prendre peu à peu de l'avance sur le peloton, 30 secondes au Thillot (174^e km).

30 juin 1933, le passage au Ballon d'Alsace

Les 2 échappées abordèrent les pentes du Ballon d'Alsace avec 55 secondes d'avance, pour gravir les 9 kilomètres pour atteindre le sommet. Mais dès les premiers hectomètres, l'italien ne put suivre le rythme.

Les spectateurs étaient venus en nombre sur les pentes pour encourager les géants de la route qui se trouvaient petits face à la difficulté pour vaincre le dénivelé du géant des Vosges ! 

Au Plain-du-Canon, le français fut rejoint par l'espagnol Vicente Trueba dit "La puce" et l'italien Francesco Camuso. Ce trio va être repris par deux Touristes-routiers, le belge Louis Hardiquest et Léon Level. Derrière, les autres coureurs étaient égrenés sur la pente qu'ils ne pensaient pas aussi dur ! Certains ont dû se dire "Notre route n'est pas droite, et en plus la pente est forte !".

Vicente Trueba dans la montée
(journal Miroir des Sports, doc. Gallica, BNF)

Peu à peu, l'espagnol va prendre la mesure de ses adversaires du jour et atteindre le premier, le sommet du Ballon où un nombreux public venant des trois départements, était présent pour les attendre et acclamer ces forçats de la route.

Donc l'espagnol Vicente Trueba franchit seul le sommet, peu après 16 heures (16h12); il inscrivait ainsi son nom sur les tablettes du col du Ballon d'Alsace.

Passage du col par Vicente Trueba
(journal Miroir des Sports, doc. Gallica, BNF)

Il devança de 35 secondes le belge Louis Hardiquest, de près d'une minute (55 secondes) le belge Alfons Schepers qui avait pourtant effectué une remontée fulgurante. Suivaient à 1 mn 20 s, le belge Jean Aerts, les individuels Fernand Cornez et Gaspard Rinaldi.

Tablette du Ballon d'Alsace

  1905 : René Pottier
  1906 : René Pottier
  1907 : Émile Georget
  1908 : Gustave Garrigou
  1909 : François Faber (L)
  1910 : Émile Georget
  1911 : François Faber (L)
  1912 : Odiel Defraye (B)
  1913 : Marcel Buysse (B) aux 2 étapes
  1914 : Henri Pélissier
  1914 : Jean Alavoine (pas certifié)
  1933 : Vicente Trueba (E)

Carte postale Vicente Trueba (coll. privée)

Après avoir franchi le sommet, l'espagnol effectua seul la descente, suivi de Fernand Cornez et Louis Hardiquest; Alfons Schepers avait crevé, du moins son vélo. Un groupe de quatre coureurs s'était formé pour tenter de reprendre les échappées, Maurice Archambaud, Jean Aerts, Learco Guerra et Antonin Magne.

Dans la descente du Ballon, illustration (L'Est Républicain, AMB)

Toujours en tête, Vicente Trueba, traversa seul Lepuix-Gy, Giromagny, Chaux avec sur ses talons un groupe reformé de 9 coureurs. Mais à la sortie du village, "La Puce" fut rejointe et ce nouveau groupe de 10 unités fila sur Sermamagny et Valdoie, pour rejoindre Belfort, la ville d'arrivée de cette 4^e étape.

30 juin 1933, Belfort en attendant le Tour

Mais avant de présenter la fin de la course de cette étape et les résultats, voyons les animations qui s'étaient déroulées en attendant les vedettes du jour.

Après avoir franchi le sommet

En tout début de l'après-midi, une grande partie de la foule s'était amassée autour du Champ de Mars, sur le parcours emprunté par les forçats de la route; les privilégiés, ceux qui avait pu obtenir un billet étaient dans le stade, archiplein.

Extrait journal La Frontière (doc AD90)

Les autres se bataillaient pour être le mieux placé, être aux premières loges sans en avoir sorti le porte-monnaie. Il fallait résister aux tentatives "de se faire piquer sa place" ! La maréchaussée avait du mal de contenir les spectateurs en effervescence et dont certains n'étaient pas toujours disciplinés.

Le programme d'attente du Tour

Comme présenté un peu plus haut, un programme fut monté par le Comité d'organisation en proposant des animations dans l'enceinte du stade; les coureurs étaient attendus vers 16h30.

La première animation débuta à 14h30 avec un match de moto-ball entre deux équipes de Sochaux (5 joueurs), en trois tiers-temps

  - Équipe Peugeot : Richert (cap.), Tournous (goal), Spiess (arrière), Walliton et Bischoff (avants)
  - Équipe Antar : Bourgeois (cap.), Le Brix (goal), Quirin (arrière), Cordier et Gissinger (avants), Labbaye (remplaçant, à jouer)

Extrait entier postal Moto-ball (coll. privée)

Le public apprécia le match avec ses batailles pour prendre possession du ballon et tenter de le mettre dans la cage adverse, mais aussi ses glissades, ses cafouillages… tout en étant subjugué par l'adresse des pilotes !

L'équipe Peugeot gagna sur le score de 6-3.

Le public était informé de l'avancement de la course grâce à la diffusion par un haut-parleur des informations communiquées par le speaker Georges Wandrès.

Entre deux tiers-temps, la deuxième animation mettait en scène toujours la moto avec les diverses exhibitions de Jules Spiess, du moto-club Peugeot, qui proposa saut du tremplin, passage dans un écran enflammé… conjuguant équilibre et audace dans des figures réalisées sur la moto, proposant des voltiges variées. 

Extrait carte postale Acrobatie en moto-ball (coll. privée)

Une dernière animation fut ajoutée, les acrobaties du jeune Jack Koolan, six ans, non pas avec une moto mais avec son vélo, malgré son jeune âge, il démontra une belle virtuosité tout en maîtrise, tout en maîtrise dans les figures proposées.

Ce programme apprécié permis de faire patienter les spectateurs, même s'ils attendaient avec impatience les vrais sportifs du jour, les coureurs du Tour.

Le photographe ElieFeugère fut présent sur le stade; a-t-il prit des photos, certainement, a-t-il édité ses clichés sous forme de cartes postales, apparemment pas !

30 juin 1933, l'arrivée du Tour à belfort

Avant l'arrivée des coureurs, vint la caravane publicitaire, elle aussi très attendue. Elle n'entra pas sur le stade mais continua via la rue de l'Est pour rejoindre l'avenue Jean Jaurès pour redescendre stationner dans le parc aménagé et gardé par la police, sur la place de l'Esplanade.

Itinéraire utilisé par les coureurs dans Belfort (réal. BF)

Enfin, les coureurs furent annoncés par le speaker, confirmés par l'arrivée de voitures officielles du Tour et, dont celles d'un commissaire pour juger sur la ligne, du starter Georges Biscot…

Carte postale Georges Biscot, le starter (coll. privée)

Venant de Valdoie par le Martinet, le groupe de 10 détachés pénétrèrent dans le stade pour un sprint emballé, avec les belges Jean Aerts et Georges Lemaire, l'italien Learco Guerra, Maurice Archambaud et Antonin Magne, les individuels avec le belge Louis Hardiquest, l'allemand Ludwig Geyer, l'espagnol Vicente Trueba et les français Fernand Cornez et Gaspard Rinaldi.

Jean Aerts s'était emparé de la corde dès l'entrée sur la piste, devant Fernand Cornez, Learco Guerra, Maurice Archambaud… Il conserva sa mince avance sur ces adversaires et remporta l'étape devant l'individuel Fernand Cornez, d'une demi-roue.

Victoire de Jean Aerts  (journal Miroir des Sports, doc. Gallica, BNF)

Il fit un tour d'honneur avec son bouquet de fleurs acclamé par le public.

Pour lui, s'était une petite revanche car il avait été battu sur cette même piste l'année précédente, par son compatriote Alphonse Schepers, lors de la course Paris-Belfort, du 28 juin 1932 !

Classement de l'étape

Les 10 coureurs furent gratifiés du même temps

   1 : Jean Aerts (B) en 7 h 14 mn 25 s
   2 : Fernand Cornez (individuel)
   3 : Learco Guerra (I)
   4 : Maurice Archambaud
   5 : Antonin Magne
   6 : …

Carte postale Jean Aerts (coll. privée)

Classement général

Le Maillot Jaune resta sur les épaules du français Maurice Archambaud.

Carte postale Maurice Archambaud (coll. privée)

Mais le Belge Jean Aerts lui reprenait deux minutes via la bonification.

Classement du Meilleur grimpeur

Concernant le classement du Meilleur grimpeur, il reprenait celui de l'ordre des coureurs au passage du col du Ballon d'Alsace, avec l'attribution de points au 10 premiers coureurs (de 10 à 1 point)

   1 : Vicente Trueba, 10 points
   2 : Louis Hardiquest, 9 points
   3 : Alfons Schepers, 8 points
   4 : Fernand Cornez, 7 points
   5 : Gaspard Rinaldi, 6 points
   6 : …

Signature de la feuille de contrôle

Après l'arrivée et les tours d'honneur, les coureurs devaient se rendre à la Grande Taverne, chez A. Hoffmann, pour signer la feuille de contrôle d'arrivée.

Ils empruntèrent la rue de l'Est, l'avenue Jean Jaurès, le faubourg des Ancêtres, la place Corbis et le faubourg de France où était situé l'établissement réputé.

Carte postale Belfort La Grande Taverne (coll. JM)

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à l'article sur la Grande Taverne.

Par contre, les coureurs rencontrèrent bien des difficultés pour s'y rendre vu le nombre de spectateurs et de véhicules de tous genres quittant le Champ de Mars en même temps ! Une belle cohue… la maréchaussée débordée ne put que tenter à canaliser, peine perdue.

Logement des coureurs

Les équipes nationales belges, françaises et italiennes étaient logées à l'Hôtel Américain, les équipes allemandes et suisses à l'Hôtel de Paris.

Carte postale Hôtel Américain (coll. JM)

Les Touristes-routiers étaient dispersés dans les hôtels du Chalet, Moderne et Jeannin. Quant à la caravane de l'Auto, elle était logée au Tonneau d'Or.

Les véhicules & les vélos des As

Après la course, les voitures officielles de L'Auto étaient stationnées au garage Pillat, rue de Turenne. Concernant les camions, ils furent accueillis par les représentants de la Maison Latil, Georges Fierobe et E. Mettey du garage Peugoeot, pour permettre l'entretien des vélos des As.

Carte postale Belfort Garage Peugeot, à gauche (coll. JM)

30 juin 1933, la soirée à Belfort

Plusieurs animations ou autres étaient prévues en soirée dans la Cité du Lion.

Place du théâtre

À 16h30 et 19h45, se déroulèrent les radioreportages sur le déroulement de la journée, les différents faits, les résultats, les comportements des coureurs, les incidents de course…

Réception à la Brasserie Danjean

À l'occasion de l'exposition de la caravane automobile du journal du soir "L'Intransigeant" et son hebdomadaire sportif "Match", une réception, sur invitation, fut organisée peu avant 19 heures, à la Brasserie Danjean, au 1^er étage. 

Carte postale Belfort Café-Restaurant Danjean (coll. JM)

De nombreuses personnalités belfortaines furent présentes à l'invitation de Pierre Ponnelle; il exposa l'organisation mise en place pour ce Tour, qui comprenait 42 personnes et 10 véhicules, pour réaliser les radioreportages via la TSF et transmettre les photos prises lors de l'étape.

Rues de la ville

Une retraite aux flambeaux se déroula, à 20h30, avec la musique du 35^e Régiment d'infanterie et les Trompettes d'artillerie, elle parcourut les principales rues de la ville.

Place d'Armes

Après la retraite, vers 21 heures, l'accordéoniste Frédo Gardoni proposa un concert sur la place d'Armes.

Carte postale Fredo Gardoni (coll. privée)

Au programme, la chanson du Tour "P'tit gars du Tour !" écrite par Lucien Cazalis, sur une musique de Fredo Gardoni et Roger Dufas, un enregistrement Pathé.

Après le concert, les spectateurs eurent droit à une séance cinématographique proposée par le quotidien parisien "Le Journal" avec au programme, un dessin animé, un film comique, les dernières actualités mondiales de France Actualités Gaumont, le film "Le Tour de France Automobile", un résumé du film de Fritz Lang, "Le testament du docteur Mabuse" (production Néro-film, Film Osso) et le concours Osso pour terminer la soirée, avec 9 prix.

Carte postale Belfort La place d'Armes (coll. JM)

Le public fut à nouveau fort nombreux à assister à ces projections et fut fort heureux de toutes ses animations gratuites.

La ville fut en fête toute la soirée, tel un 14 juillet !

Fin de la première partie de l'article.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à la troisième partie de l'article.

Épilogue

Une nouvelle fois, Belfort fut à la hauteur pour recevoir la 27^e édition du Tour de France et proposa un beau programme au public, avant, pendant et après l'arrivée.

Dans le Ballon d'Alsace, un coureur espagnol Vicente Trueba fit la différence mais pas suffisamment pour rejoindre seul Belfort qui vit le belge Jean Aerts remporter l'étape.

Le Maillot jaune resta sur les épaules du leader, Maurice Archambaud, en tête du classement général depuis la 1^ère étape.

La 3^e partie de l'article nous dira qui fut le vainqueur final au Parc des Princes, du Tour de France 1933.

JM

Liens pour accéder aux articles cités

Sommaire des articles sur le Tour de France : Cliquer ici

Tour de France 1933, Belfort ville étape (3e partie) : A venir

Sommaire des Fêtes du 2 au 4 juillet 1920 : Cliquer ici

La Grande Taverne : Cliquer ici

Références presse : Journaux La Frontière et L’Alsace (coll. Archives départementales du Territoire de Belfort, AD90), Journal L'Est Républicain (doc. Archives municipales de Belfort, AMB), Fascicule Paris-Belfort cycliste 1933 (doc. BF)

Référence Web : Wikipédia, Le Miroir des Sports et L’auto (Gallica, BNF), Site La Grande Boucle, Divers autres Sites…

Infos pratiques  

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