Émile Parrot, cadre technique aux Jeux Olympiques (Anvers 1920 & Paris 1924)

MAJ le 13 avril 2024
 

Dans le cadre des Jeux Olympiques, je vous propose de découvrir les Terrifortains* ayant participé aux Jeux Olympiques… 

Pour cet article, ici pas un athlète mais un cadre technique, le moniteur-chef de gymnastique de la Belfortaine, Émile Parrot.

Carte photo Émile Parrot (coll. privée)

*Terrifortain : Nom des habitants du Territoire de Belfort (90). Il a été choisi en 2011 par les auditeurs de Radio France Bleu Belfort et un jury de personnalités. Ce nom n'est pas, à ce jour, officialisé.

Il participa aux olympiades d'Anvers 1920 et Paris 1924 avec l'équipe de France de gymnastique.

NA : Un article plus complet suivra sur ce binôme que fut Émile Parrot et La Belfortaine, celui-ci étant ciblé principalement sur sa participation aux deux olympiades.

Pour mieux le connaître…

Né le 3 juillet 1876 à Audincourt, Émile Parrot entre dès l’âge de 12 ans à la Société locale, L’Expérience, pour pratiquer la gymnastique. Après son service militaire, il entre à la SACM (Société Alsacienne de Construction Mécanique) et rejoint la société belfortaine L’Alsacienne.

Dès 1901, il fonda une nouvelle société de gymnastique La Belfortaine avec 22 jeunes gymnastes, le 7 novembre, dans le café Thomas Heiné du faubourg des Ancêtres. Il assura la fonction de moniteur-chef.

La qualité de ses enseignements, fit que les gymnastes de La Belfortaine obtinrent de très bons résultats. Dès 1908, il envoya un gymnaste à l'Olympiade de Londres, Georges Thurnherr.

Georges Thurnherr (photo Revue municipale Belfort)

En 1919, suite aux nombreux gymnastes décédés lors de la Première Guerre Mondiales, les deux sociétés fusionnèrent en conservant le nom "La Belfortaine".

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à l'article consacré à la cérémonie du souvenir du 14 mars 1920 en l'honneur aux gymnastes de la Belfortaine morts pour la France.

Jeux Olympiques d'Anvers 1920

Pour cette VIIème Olympiade, Émile Parrot va fournir deux gymnastes à l'Équipe de France, à nouveau Georges Thurnherr et un nouvel athlète, Arthur Hermann, qui furent sélectionnés grâce aux résultats obtenus lors des concours, et confirmés lors du concours de qualification à Joinville le 25 juillet.

Carte postale Jeux Olympiques d'Anvers 1920 (coll. privée)

Les deux belfortains se classant respectivement 2^e et 4^e, il n'y avait que six places à prendre pour participer au Concours général individuel à Anvers.

 

Georges Thurnherr et Arthur Hermann
(extrait photo Revue municipale)

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder au Sommaire des articles sur les Terrifortains ayant participé aux Jeux Olympiques, dont ces deux athlètes.

Il lui fut proposé d'être membre du jury pour ces Jeux, il refusa le poste, préférant accompagner les gymnastes. 

Émile Parrot en 1920 pour les Jeux
(extrait photo Revue municipale Belfort)

Au regard de la qualité des gymnastes belfortains, quatre autres furent invités par l'USGF (Union des Sociétés de Gymnastique de France) à rejoindre l'Équipe de France pour participer à la démonstration de la gymnastique française à Anvers, composée de 24 athlètes dont 6 lions ! Aux deux premiers qualifiés, s'ajoutaient Henri Hermann le frère d’Arthur, Albert Hilbert, Alfred Droesch et Albert Goepfert.

La Belfortaine à Anvers (photo Revue municipale Belfort)

(1) Albert Goepfert, (2) Alfred Droesch, (3) Albert Hilbert,
(4) Henri Hermann, (5) Georges Thurnherr, (7) Arthur Hermann
et au centre d’Émile Parrot

Quant à Émile Parrot, il accompagna les belfortains en tant que cadre technique pour l'Équipe de France.

Arthur Hermann ne put prendre part au Concours général individuel du 26 août, suite à une blessure à la main. Seul Georges Thurnherr, comme belfortain, participa à cette épreuve et prit une très belle 5e place (3e français).

Les deux belfortains participèrent au concours général avec l'Équipe de France qui termina 3^e derrière la Belgique, l'Italie étant championne. Donc les athlètes français décrochèrent la médaille de bronze; "la" car seul le capitaine recevait la médaille.

Podium du Concours général par équipe de gymnastique (réal. BF)

À la suite de cette Olympiade, Émile Parrot reçut le titre de "Le plus valeureux moniteur de gymnastique de France". Il récompensait le sportif mais aussi l’homme pour son sens de meneur d'homme et sa passion pour ce sport.

Jeux Olympiques de Paris 1924

Quatre années plus tard, La Belfortaine fut à nouveau à l'honneur.

Consécration en 1924, pour Émile Parrot, il fut nommé "Directeur de l’équipe de France de gymnastique" pour les Jeux Olympiques de Paris.

Carte postale Affiche des Jeux Olympiques de Paris 1924 (coll. privée)

La préparation de l’Équipe de France pour ces jeux se déroula… à Belfort. Un seul gymnaste de la Cité du Lion fut qualifié, Arthur Hermann.

Sous sa direction, la France gagna la médaille d’argent au Concours général par équipe hommes où figurait Arthur Hermann.

Podium du Concours général par équipe de gymnastique (réal. BF)

Mais aussi 3 médailles à l’épreuve de saut de côté avec respectivement Albert Séguin (or), Jean Gounot (argent) et François Gangloff (argent) car ex aequo, la médaille d’argent à l’exercice de la montée de corde avec Albert Séguin et enfin la médaille de bronze à l’exercice de la barre fixe avec André Higelin.

Illustration Albert Séguin, journal L'Alsace (coll. AD90)

Donc un total de 6 médailles, Émile Parrot fut comblé par ses gymnastes.

A nouveau, après cette Olympiade, Émile Parrot reçoit pour la deuxième fois le titre de "Directeur de l’équipe de France de gymnastique". 

Émile Parrot (photo bulletin de La Belfortaine, coll AD90)

Son dévouement à la gymnastique fut à nouveau récompensé; il reçut la médaille de "Chevalier de la Légion d’Honneur".

La Belfortaine orpheline de son moniteur-chef !

Émile Parrot décéda prématurément le 20 mai 1927 en laissant un grand vide au sein de la société La Belfortaine mais aussi à la gymnastique française !

Pendant près de trente ans, il avait formé de très nombreux gymnastes à devenir des champions, organisé de nombreuses fêtes de gymnastiques et de concours, et participé à tous les évènements culturels de la Cité du Lion. Les belfortains avaient perdu un immense animateur sportif et meneur d'hommes.

En son honneur, le Comité de la Belfortaine décida le 30 mai, d'élever un monument à sa mémoire, de nommer la Maison du gymnaste "Gymnase Émile Parrot" et d'y mettre son portrait.

Le projet retenu le 11 mars 1928, pour le monument parmi les sept proposés, fut celui des Frères Thurnherr; Auguste en était l'auteur. Ceux-ci étant d'anciens  gymnastes, ils avaient eu à cœur de proposer un monument digne au moniteur-chef décédé.

En-tête facture Thurnherr Frères (coll. BF)

Il fut installé fin avril, début mai 1929 à l'entrée du stade de La Belfortaine, rue de Châteaudun et fut inauguré le 9 juin sous la présidence du maire de Belfort, Edouard Lévy-Grunwald.

Carte postale Belfort Le monument Parrot (coll. JM)

Le maire Émile Géhant inaugura le 16 mars 1981, le nouveau gymnase situé rue de Châteaudun, tout en conservant le nom de baptême Émile Parrot.

Le gymnase Parrot, rue de Châteaudun (photo JM)

Il remplaçait le vieux bâtiment précédent implanté côté sud, limitrophe avec la rue Victor Hugo.

Vue aérienne avec les deux emplacements (réal. BF)

    Cercle jaune : Emplacement 1929
    Cercle rouge : Emplacement fin des années 1970

Suite à la construction du nouveau gymnase, rue de Châteaudun, le monument fut déplacé du côté de la rue Victor Hugo, dans un petit square sans nom.

Le monument Parrot dans son nouvel emplacement (photo JM)

Son fils, Pierre, devint le moniteur-chef de La Belfortaine le 24 juin 1929, succédant à Arthur Hermann qui avait remplacé son père, à ce poste en 1927.

Épilogue

Si L'Alsacienne fut la première société de gymnastique créée à Belfort, La Belfortaine fut de loin la plus performante grâce à la détermination d'un homme, Émile Parrot. Il ne fit pas que la créer, il apporta la dynamique qui permit à des gymnastes belfortains de briguer les podiums nationaux et internationaux.

 Buste Émile Parrot au-dessus du monument (photo JM)

La Belfortaine fut reconnue comme une des meilleures sociétés de gymnastique française. Son décès fut une perte pour cette discipline mais Émile Parrot avait construit de solides fondations.

JM

Liens pour accéder aux articles cités

Cérémonie en l'honneur des gymnastes morts pour la France : Cliquer ici

Sommaire des Jeux Olympiques d'été : Cliquer ici

Références presse : Revue municipale Belfort, Journaux La Frontière et L’Alsace provenant des Archives municipales de Belfort et des Archives départementales du 90.

Références internet : Wikipédia, Site Mouvement Olympique, Site Sport Reference, Rapports officiels JO Anvers 1920, Rapport officiel JO Paris 1924, autres sites…

Infos pratiques

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