Alfred Droesch, un gymnaste belfortain

MAJ le 12 avril 2024

Au début du siècle dernier, Belfort possédait deux sociétés de gymnastique, L'Alsacienne créée en 1882 et La Belfortaine en 1901. 

Au sein de cette dernière, plusieurs gymnastes eurent des parcours plus ou moins mis en lumière grâce à leurs résultats, parmi eux, Alfred Droesch. 

Alfred Droesch (photo Revue municipale Belfort, doc. JM) 

Pour lui cette mise en lumière, entre-autre, vint d'être invité à Anvers pour les Jeux Olympiques de 1920.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder à l'article consacré à sa présence en Belgique. 

Le Strasbourgeois rejoint Belfort…

Comme plusieurs futurs athlètes belfortains, Alfred Droesch est né en Alsace plus précisément à Strasbourg, le 23 septembre 1895.

Carte postale Strasbourg (coll. privée)

Il vint à Belfort avant 1908, apparemment avec sa mère Louise; malgré mes recherches, je n'ai pas trouvé à quelle date précise et où ils habitèrent dans la Cité du Lion à leur arrivée ! 

Membre de La Belfortaine

Au début du siècle dernier, la gymnastique était le sport "à la mode" suite à la volonté des gouvernements de développer les capacités physiques des jeunes hommes devant dans le futur, être incorporé.

Alfred Droesch entra dans la société de la gymnastique La Belfortaine en 1908, inscription enregistrée le 3 décembre.

L'insigne de la Belfortaine (coll. privée)

Il fit ses gammes dans cette discipline au contact de gymnastes confirmés et sous l'autorité de moniteur.

Ses premiers résultats notables

Son nom apparait pour la première fois en 1912 dans les informations récoltées, à l'occasion des Fêtes de gymnastiques organisées à Montbéliard les 26 & 27 mai, pour l'inauguration du Monument aux Morts de 1870-71 en souvenir de l'Armée de l'Est.

Elles se déroulèrent en présence du sous-secrétaire d’état à l’intérieur Paul Morel.

Carte postale Montbéliard Gymnastique 1912 (coll. privée)

Il obtint un Prix simple en Catégorie Artistique, certainement un rang supérieur à la 56^e place*.

*Place déduite car son classement ne fut pas communiqué dans le journal L'Alsace et il n'est pas présent dans le classement de La Frontière.

Participa-t-il au concours par équipe ? Certainement, car La Belfortaine concourut en catégorie D, elle obtint le 1^er Prix.

*Catégorie D : Cette catégorie comprenait les équipes formées de 24 à moins de 36 gymnastes.

 Tableau de correspondance (réal. JM)

On retrouve son nom au palmarès lors du 27^e Concours de l’Union des Sociétés de Gymnastique du Pays de Montbéliard, des 15 & 16 août 1913, se déroula à Seloncourt; à son actif, le 41^e Prix couronné en individuel.

Carte postale Seloncourt École (coll. privée)

Il fut présent dans la formation de 72 gymnastes de La Belfortaine pour remporter le 1^er Prix couronné, en Catégorie A.

1914, la mobilisation

Avec l'avènement de la Première Guerre Mondiale, Alfred Droesch voulut s'engager comme volontaire dans l'Armée française. Pour ce faire, il se rendit à la mairie de Besançon où était installé le bureau de recrutement des étrangers. N'ayant pas effectué la démarche pour être dénaturalisé (ou n'ayant pas été effectuée ou finalisée), il était de fait, de nationalité allemande. Depuis le 10 mai 1871, l'Alsace était annexée par l'Allemagne via le Traité de Francfort.

Carte postale Besançon L'Hôtel de Ville (coll. privée)

Il s'engagea le 6 août 1914 pour la durée de la guerre; il fut incorporé au 14^e Régiment d'artillerie (Camp). Il fut versé au 3^e Régiment de Zouaves le 26 mars 1915 puis au 1^er Régiment de Zouaves le 1^er juin 1915.

Carte postale Patrouille de Zouaves à Compiègne en 1915 (coll. privée)

Pendant qu'il était incorporé, Alfred Droesch se maria avec une belfortaine Marie Mattler, le 8 novembre 1915 à Belfort... tout en étant absent ! Il était en campagne avec son régiment, le 1^er Régiment de Zouaves. Il fut représenté par Albert Anselme, un soldat du groupe d’aviation de la 1^ère escadrille. La loi du 4 avril 1915 permettait de conclure un acte de mariage sans être présent.

Carte postale Belfort Hôtel de ville (coll. JM)

Lors de ce mariage, leur enfant René, né à Bourg (Ain), le 4 février 1915, fut légitimé. Le père avait reconnu son fils le 6 mars 1915 en mairie de Cuisiat (Ain) où la mère résidait suite à l'évacuation de Belfort en août 1914. Elle fit partie dite "des bouches inutiles" et fut envoyée dans l'Ain, dans cette commune.

*Bouches inutiles : Au début de la Première Guerre Mondiale, le gouverneur de la Place, le général Thévenet, prit la décision dès le 3 août 1914, d'évacuer de Belfort et de certains villages, les personnes inutiles à la défense; étaient concernés les étrangers, les femmes, les enfants, les vieillards….

Carte postale Belfort Évacuation via la gare (coll. JM)

En parallèle à son engagement, Alfred Droesch effectua la demande pour obtenir la nationalité française. Sa dénaturalisation prit effet le 11 février 1916.

Il fut démobilisé le 21 mars 1919 avec le grade de Caporal, obtenu le 8 mars 1918, au 1^er Régiment de Zouaves.

Retour à la vie civile

Après son retour à la vie civile, Alfred Droesch va rejoindre les gymnastes de la société de gymnastique de La Belfortaine.

La Belfortaine (réal. JM, extrait doc. AD90)

La société de gymnastique qui avait dû mettre en veilleuse son activité, une grande partie de ses gymnastes furent mobilisés, reprit vie toujours sous les ordres du maître-chef, Émile Parrot. Alfred Droesch va reprendre ses gammes pour progresser et monter dans les classements individuels, et apporter sa contribution aux résultats par équipe dans les compétitions régionales, nationales et internationales.

Invité pour les Jeux Olympiques d’Anvers 1920

Grâce aux résultats de La Belfortaine et aux belles prestations des deux leaders de la société, Georges Thurnherr et Arthur Hermann qui se sont qualifiés lors du concours de Joinville, le 25 juillet 1920, une bonne nouvelle va concerner le gymnaste.

L’USGF (Union des Sociétés de Gymnastique de France) invita le club belfortain à fournir 4 athlètes supplémentaires pour renforcer l’Équipe de France devant assurer l’exhibition prévue dans le cadre des Jeux Olympiques à Anvers 1920.

Affiche des JO d’Anvers 1920 (coll. privée)

Alfred Droesch ainsi que les gymnastes Albert Goepfert, Henri Hermann, le frère d’Arthur, et Albert Hilbert furent choisis certainement par le moniteur-chef Émile Parrot.

NA : En fin de texte, un lien permet d'accéder au Sommaire des articles sur les Jeux Olympiques où sont présents les articles sur les différents gymnastes cités et sa présence à cette Olympiade.

La période post Jeux Olympiques

Après les Jeux, Albert Droesch participa le 5 septembre 1920 au 28^e Concours régional organisé par l’Union des Sociétés de Gymnastique du Pays de Montbéliard, à Valentigney.

Carte postale Valentigney (coll. privée)

Il prit la 8e place en individuel et participa à la victoire de La Belfortaine.

L'année suivante, il se rendit à la 43^e Fête Fédérale de gymnastique de l'USGF organisée à Lille du 14 au 16 mai 1921, où il obtint un 7^e Prix simple.

Carte postale Lille 43^e Fête Fédérale 1921 (coll. privée)

La Belfortaine, par équipe, décrocha un Prix d'excellence couronné.

A Audincourt, le 15 août 1921, pour le 29^e Concours régional organisé par l’Union des Sociétés de Gymnastique du Pays de Montbéliard, il fut à deux marches du Top Ten.

Carte postale Audincourt (coll. privée)

La Belfortaine concourut avec 96 athlètes et remporta le 1^er Prix couronné de concours à Audincourt.

En 1922, il poursuivit ses progrès, montant peu à peu dans les classements.

Au Concours régional du 21 mai à Poligny, dans une équipe réduite de 6 gymnastes, trois belfortains d'entre-deux, se classèrent aux cinq premières places; il prit la cinquième.

Carte postale Poligny Arc de triomphe des gymnastes (coll. privée)

A Delle, le 25 mai 1922, il se classa 13^e au Concours individuel.

Pour la 2^e édition du Concours de la Fédération de la Franche-Comté et du Territoire de Belfort qui se déroula à Vesoul, les 15 & 16 août 1922, il entra dans le Top Ten avec le 10^e Prix simple, en étant le 3^e belfortain. 

Carte postale Vesoul (coll. privée)

La Belfortaine s'était déplacée de nouveau en nombre avec 84 gymnastes et avec succès, s'adjugeant le 1^er Prix couronné.

Présence aussi de 96 gymnastes pupilles et même 60 pupillettes.

Pour le 30^e Concours régional organisé par l’Union des Sociétés de Gymnastique du Pays de Montbéliard, se déroulant à Valentigney, les 18 & 19 août 1923, Alfred Droesch acquit le 21^e Prix couronné en artistique et le 35^e Prix en athlétique.

Carte postale Valentigney La Boroillotte (coll. privée)

La Belfortaine s'accapara le 1^er Prix couronné avec 80 athlètes.

Le 26 août 1923, à Héricourt, lors du Challenge Édouard Japy, Alfred Droesch prit la 6^e place et la 4^e par équipe.

Toujours présent au sein de la société de gymnastique en 1924, il obtint, entre-autre, le 24e Prix simple lors de la 46e Fête Fédérale de Clermont-Ferrand en début juin et participa à l’excellente 2e place acquise par La Belfortaine.

Carte postale Clermont-Ferrand (coll. privée)

Par contre, son nom n’apparait plus dans les effectifs de La Belfortaine en 1926. A-t-il poursuivi la pratique du sport dans une autre discipline ou a-t-il prit sa retraite sportive ?

Alfred Droesch décéda le 15 septembre 1972 à Belfort, dans sa ville d’adoption.

Épilogue

Apparemment, Alfred Droesch n'a pas eu de premier prix à titre individuel comme d'autres sociétaires de La Belfortaine… mais il a obtenu tout de même plusieurs prix simples et couronnés ainsi que des places dans le Top Ten au cours des compétitions de différents niveaux (locales, régionales et nationales) effectuées. Il a contribué aux excellents résultats de La Belfortaine par équipe.

N'oublions pas qu'il eut l'honneur d'une sélection pour participer à l’exhibition de l'Équipe de France aux Jeux Olympiques d’Anvers en 1920; une belle récompense de reconnaissance pour le sociétaire de La Belfortaine.

JM

Liens pour accéder aux articles cités

Alfred Droesch aux Jeux Olympiques d'Anvers 1920 : Cliquer ici

Sommaire des Jeux Olympiques d'été : Cliquer ici

Jeux Olympiques 1920 à Anvers : Cliquer ici

Références internet : Wikipédia, Divers Sites

Références presse et autres : Revues municipales Belfort (coll. JM & BF), Les journaux La Frontière et L'Alsace (Doc. Archives Municipales de Belfort et des Archives Départementales du 90).

Infos pratiques  

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