Jeux Olympiques 1920 à Anvers
MAJ le 9 septembre 2016 (Refonte chapitre Les terrifortains aux Jeux d’Anvers)
Après huit années sans Jeux Olympiques, la 7ème Olympiade eut lieu en Belgique, à Anvers en 1920. Elle succédait aux Jeux de Copenhague de 1912. Ironie du sort, il était prévu en 1916 que les Jeux Olympiques se déroulent à Berlin mais le conflit mondial vint modifier ce programme…
Cette Olympiade d’Anvers a un gout particulier pour le Territoire de Belfort car pas moins de 8 athlètes Terrifortains y participèrent avec une forte représentation de la Société de Gymnastique La Belfortaine avec à sa tête son son maître-chef Emile Parrot et six gymnastes : Georges Thurnherr qui s’était déjà rendu à Londres en 1908, Alfred Droesch, Albert Goepfert, les frères Arthur et Henri Hermann, et Albert Hilbert.
Avec eux, un seul boxeur belfortain, Paul Fritsch, était qualifié pour défendre les couleurs de la France, il ramena l’or dans la Cité du Lion.
Le choix d’Anvers
Le CIO (Comité International Olympique) décida lors de son Congrès à Lausanne, le 5 avril 1919, d’attribuer la 7ème Olympiade à Anvers. Cet honneur offert à la Belgique avait pour vocation de rendre hommage à sa population qui avait tant souffert pendant ce conflit et le courage de son Roi, Albert 1er.
Affiche des JO d’Anvers 1920
Bien entendu, d’autres villes avaient proposé leur candidature comme Amsterdam, Atlanta, Budapest, … et Lyon pour la France.
Une autre décision fut d’exclure l’Allemagne et les pays associés de la Triple Alliance lors de la Première Guerre Mondiale, l’Autriche, l’Empire Ottoman, la Bulgarie et la Hongrie.
Timbres belges émis pour les JO d’Anvers
Organisation des Jeux
La Belgique n’étant pas dans une situation florissante après la guerre, elle concentra ses efforts financiers sur la construction d’un stade olympique, le Beerschot, lui permettant d’accueillir un maximum de disciplines et 35 000 spectateurs. La construction débuta le 6 juillet 1919.
Carte postale Stade de Beerschot à Kiel, un quartier d’Anvers
Toutefois, le Comité Olympique Belge fit aménager une piscine de 100 m de long dans les douves des fortifications de la ville.
La piscine et le plongeoir (photo extraite Livre le Siècle Olympique)
Elle utilisa d’autres lieux pour recevoir des épreuves en fonction des disciplines à effectuer comme des équipements militaires pour les tirs, voir les disciplines délocalisées au canal de Willebroeck à Bruxelles pour l’aviron, Ostende pour la voile …
Carte postale Le canal de Willebroeck à Bruxelles
Cérémonie d’ouverture
La cérémonie d’ouverture fut présidée par Albert 1er, roi des Belges le 14 août dans le stade Olympique. Après le défilé des 29 nations participantes, elles se réunirent sur la pelouse devant la loge royale. Il prononça le discours d’ouverture de la 7ème Olympiade.
Carte postale Le Roi Albert 1er
Si la cérémonie d’ouverture à Anvers, dans son ensemble, ressembla aux éditions précédentes, elle fut l’occasion de deux événements qui marquèrent le déroulement de la cérémonie.
Le drapeau Olympique
Ce fut lors de ces jeux que le drapeau olympique conçu en 1913 par le Baron Pierre de Coubertin fut hissé pour la première fois. Il l’avait présenté lors du Congrès du CIO en juin 1914.
Carte postale Le drapeau Olympique
Sur fond blanc, les anneaux entrelacés représentent soi-disant les 5 continents; en partant de la hampe, le bleu pour l’Europe, le noir pour l’Afrique, le rouge l’Amérique, le jaune l’Asie et le vert l’Océanie. Mais cette version n’est pas accréditée par le CIO. L’origine de ces six couleurs dont le blanc, était les couleurs présentes sur les drapeaux des pays en 1913.
Les 29 Nations dans le stade (source CIO)
Après la montée du drapeau, un lâcher de pigeons aux couleurs des 29 nations participantes fut effectué..
Le serment Olympique
Ce deuxième symbole, le serment Olympique, fut lui aussi à l’initiative du Baron Pierre de Coubertin qui proposa le texte suivant :
‘’Nous jurons que nous nous présentons aux Jeux olympiques en concurrents loyaux, respectueux des règlements qui les régissent et désireux d'y participer dans un esprit chevaleresque pour l'honneur de nos pays et la gloire du sport’’
Carte postale du Baron Pierre de Coubertin
Il avait un double objectif, d’une part obtenir l’engagement des athlètes aux règles de l’Olympisme et d’autre part rappelai le serment des athlètes aux jeux antiques.
Le 14 août dans le stade Olympique d’Anvers, il fut prononcé pour la première fois par l’épéiste belge Victor Boin, désigné porte-parole des athlètes, devant le roi Albert 1er de Belgique et les 35 000 spectateurs .
Carte postale le belge Victor Boin clame le Serment olympique
En 1964 à Tokyo, le contenu du serment évoluera pour privilégier ‘’l’honneur des équipes’’ à ‘’l’honneur des pays’’ et 2014, il sera à nouveau modifier pour tenir compte du fléau gangrenant les sport, le dopage !
"Au nom de tous les concurrents, je promets que nous prendrons part à ces Jeux Olympiques en respectant et suivant les règles qui les régissent, en nous engageant pour un sport sans dopage et sans drogues, dans un esprit de sportivité, pour la gloire du sport et l'honneur de nos équipes."
Timbre France 1924 Le serment Olympique
En 1972 à Sapporo, le serment olympique des athlètes fut complété par celui de l’arbitre et en 2012 à Londres par celui de l’entraîneur.
Les participants
Avec 2626 athlètes dont seulement 65 féminines, 29 nations* étaient représentées pour cette 7ème Olympiade à Anvers. Au programme, 22 disciplines se déclinant en154 épreuves.
*29 nations malgré l’exclusion de plusieurs nations. Pour mémoire, il y avait 22 nations en 1908 et 28 en 1912.
Carte postale Défilé de la délégation Sud-africaine
Afrique : Afrique du Sud et Egypte
Amérique : Argentine, Brésil, Chili, Canada et Etats-Unis
Asie : Inde Britannique et Japon
Europe : Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Italie, Luxembourg, Monaco, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Unis, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie et Yougoslavie
Océanie : Australie et Nouvelle-Zélande
Carte des nations participantes (réalisation BF)
La compétition
Les Jeux Olympiques d’Anvers débutèrent bien avant la cérémonie d’ouverture du 14 août. Ils débutèrent par le patinage artistique dès le 20 avril, suivi le 23 par le tournoi de hockey sur glace, sport en démonstration, puis le water-polo…
Cette Olympiade, vit l’apparition d’épreuves éphémères en athlétisme comme le 3000 m marche et le lancer du poids 56 livres. Il fut de même dans d’autres disciplines… Par contre, il n’y point eu de discipline ou d’épreuve majeure nouvelle.
Le tiercé final fut identique que celui de Copenhague en 1912.
Les Etats-Unis dominèrent à nouveau les autres nationalités lors de cette Olympiade organisée en Belgique avec 95 médailles dont 41 titres, 27 médailles en argent et en bronze.
Tableau des médailles (source : Wikipédia)
Les athlètes américains ont construit leur victoire en prenant l’ascendant sur trois disciplines majeures, l’athlétisme avec 29 médailles dont 9 titres, le tir avec 23 médailles dont 13 titres et la natation avec 16 médailles et 8 titres sur les dix en jeu. Ils étaient présents aussi sur de nombreuses autres épreuves…
A l’image de la délégation américaine, la natation mit en valeur le nageur Norman Ross qui va s’emparer des titres du 400 m, du 1500 m et du 4x200 m nage libre.
Mais aussi, sa compatriote Ethelda Bleibtrey qui s’adjugea des titres du 100 m, 300 m et 4x100 m nage libre.
Ethelda Bleibtrey à la piscine olympique (source Wikipédia)
Elle était par la même, la première championne olympique américaine et ses 3 titres en or étaient complétés par le record du Monde pour chacune des distances !
La deuxième nation fut la Suède avec 64 médailles et 19 titres. Elle ne domina aucune discipline mais ses athlètes réalisèrent de très belles performances sur l’ensemble de la compétition.
2 télécartes anglaises formant un puzzle
Le Royaume-Uni dut se contenter de la troisième place avec ses 42 médailles et ses 15 titres.
Du côté des performances, on peut souligner l’exploit du quintuple champion olympique, avec l’escrimeur italien Nedo Nadi qui prit l’or aux épreuves individuelles de fleuret et du sabre et aux épreuves par équipe aux trois armes (épée, fleuret et sabre).
Image Panini Nedo Nadi
Une deuxième performance, moindre mais tout de même assez exceptionnelle, eut lieu en athlétisme.
Avec le Finlandais Paavo Nurmi qui remporta 4 médailles dont les titres de champion olympique sur le 10 000 m, le cross individuel et par équipe, et l’argent sur 5 000 mètres.
Image Paavo Nurmi
Il fut nommé le ‘’Finlandais volant’’ et récidiva à l’Olympiade suivante à Paris avec les 5 nouveaux titres de champion Olympique.
Quand à l’Equipe de France, elle ne se hissa qu’à la 8ème place du classement général avec la présence de 296 athlètes dont six féminines. Elle obtint 41 médailles avec 9 titres Olympiques.
L’or récompensa le coureur du 5 000 m Joseph Guillemot avec un temps de 14 mn 55s 6, le boxeur belfortain Paul Fritsch en -57 kg, l’Equipe de cyclisme sur route composée de Fernand Canteloube, Georges Detreille, Marcel Gobillot et Achille Souchard, l’épéiste Armand Massard, les haltérophiles Henri Gance en -75 kg et Ernest Cadine en -82,5 kg, les tenniswomen Suzanne Lenglen en simple dame et en double mixte avec Max Decugis et pour finir, le tireur à l’arc Julien Brulé.
En tout honneur, la française Suzanne Lenglen apporta ses 2 médailles d’or complétées d’une médaille de bronze en double dame avec sa coéquipière Elisabeth d’Ayen.
Fiche détaillée sur Suzanne Lenglen
Lors de sa finale individuelle, elle va dominer la britannique Edith Dorothy Holman ne lui donnant que 4 jeux sur les dix manches.
Si l’escrimeur italien Nedo Nadi réussit l’exploit d’obtenir 5 titres olympiques en escrime, les français ne lui permirent pas de faire la passe de six, en prenant les 3 médailles de l’épée individuelle.
Ce fut Armand Massard qui fut titré en or devant Alexandre Lippmann et Gustave Buchard.
Image Félix Potin Armand Massard
Ce fut à nouveau un français, Joseph Guillemot qui empêcha le finlandais Paavo Nurmi d’obtenir 5 médailles en or en Athlétisme, en finissant en tête du 5 000 mètres. Il obtint l’argent aux 10 000 mètres.
Carte postale Joseph Guillemot
Des terrifortains aux Jeux d’Anvers
Pour ces Jeux, plusieurs terrifortains avaient été sélectionnés pour participer à cette olympiade. Ils ne firent pas que de participer, ils réussirent de très belles performances…
Le boxeur Belfortain Paul Fritsch remporta le titre de Champion Olympique dans la catégorie des -57 kg en battant son coéquipier Jean Gachet en finale. Il était ainsi le premier français Champion du Monde en boxe.
Carte photo Paul Fritsch
Quand aux gymnastes de La Belfortaine, Georges Thurnherr obtint une excellente 5èmeplace et au sein de l’Equipe de France avec Arthur Hermann, ils obtinrent la médaille de bronze par équipe.
La Belfortaine à Anvers (photo RM n°6 Juin 1967)
(1) Albert Goepfert, (2) Alfred Droesch, (3) Albert Hilbert, (4) Henri Hermann, (5) Goerges Thurnherr, (7) Henri Hermann, au centre Emile Parrot
Les six gymnastes participèrent à l’exhibition de l’Equipe de France.
Deux d’entre-deux, Georges Thurnherr et Arthur Hermann au sein de l’Equipe de France, contribuèrent à l’obtention de la médaille de bronze lors du concours par équipe. Georges Thurnherr au concours individuel termina à une excellente 5èmeplace.
Georges Thurnherr et Arthur Hermann
NA : A la suite du chapitre "Epilogue", des liens permettent d'accéder aux articles sur ces gymnastes.
Récompenses
Comme pour toutes les Olympiades, les athlètes du podium furent récompensés par une médaille des trois couleurs (or*, argent et bronze).
*L’or était en réalité du vermeil.
La médaille Olympique, au diamètre de 60 mm, fut l’œuvre du sculpteur-graveur belge Josue Dupon.
Sur l’avers, un athlète nu tenant la palme gagnée et la couronne de lauriers, avec en arrière plan, la Renommée jouant de la trompette et une frise grec, et le texte en bas ‘’VII OLYMPIADE’’.
Sur le revers, le monument d'Anvers commémorant la légende antique du soldat Silvius Brabo* avec en arrière plan, la cathédrale et le port d'Anvers, et le texte en haut ‘’ANVERS MCMXX’’.
La médaille des prix
*Silvius Brabo était un soldat romain qui tua le géant Druoon Antigoon qui terrorisait les marins qui naviguaient dans le fleuve l'Escaut. S’ils ne payaient pas son droit de passage, le géant coupait la main du capitaine du bateau. Silvius Brabo l’affronta, le tua et lui coupa la main qu’il jeta dans le fleuve. Le nom de ville, Antwerp en flamand signifie ‘’main jetée’’.
Le Comité Olympique Belge décida d’attribuer aussi une statuette aux vainqueurs des épreuves individuelles. Nommée, "L'athlète victorieux", l’œuvre en bronze fut créé par le sculpteur belge Léandre Grandmoulin. Haute de 28 cm, elle représente un athlète nu le bras levé avec sa couronne de lauriers. Elle fut coulée au nombre de 125 exemplaires, avec un numéro d’ordre, son moule fut détruit.
Une troisième récompense fut émise pour ces Jeux. Une médaille commémorative, en bronze, fut créée par le sculpteur belge Pierre Theunis.
Sur l’avers, le vainqueur de l'Antique Course de Chars et sur le revers, la déesse couronnant des vainqueurs des Jeux Olympiques.
Avec un tirage de 6 000 exemplaires, elle fut distribuée aux athlètes participants aux épreuves, aux membres des Comités des nations présentes et aux officiels.
La médaille commémorative Pierre Theunis
Cérémonie de clôture
La cérémonie de clôture se déroula le 12 septembre. Les prix furent distribués en présence du Roi des Belges.
Une nouveauté lors de cette olympiade fut le don du Comité Olympique Belge qui remit au Baron Pierre de Coubertin, le président du CIO, un drapeau Olympique brodé sur soie, à destination de la Municipalité de Paris, ville olympique choisie pour la 8ème Olympiade en 1924.
Carte postale Jules Rimet, l’américain Welsh et Albert 1er
Il revint au président du CIO de prononcer la formule de clôture :
"Puissent la joie et la bonne camaraderie régner et, ainsi le Flambeau Olympique poursuivre sa course à travers les siècles pour le bien d'une humanité toujours plus enthousiaste, plus courageuse et plus pure. Qu'il en soit ainsi! Amen!''
Avant d’amener le drapeau Olympique du grand mât où il avait flotté pendant la durée des jeux, les trompettes thébaines retentirent et le canon tonna.
La cérémonie prit fin avec la cantate de Pierre Benoist reprise par 1 200 choristes accompagnés par les musiciens.
Anecdotes
Lors de ces Jeux, le plus âgé des athlètes avait 72 ans. C’était le tireur suédois Oscar Swann qui gagna une médaille d’argent au tir au cerf courant en coup double par équipe. Il était déjà présent aux deux olympiades précédentes et avait déjà 5 médailles dans son escarcelle (3 en or et 2 en bronze).
Le suédois Alfred Swann (collection CIO)
Découvrez Alfred Swann à Londres en 1908 : Cliquer ici
Inversement, une toute jeune fille âgée de 13 ans, l'américaine Aileen Riggin remporta la médaille d'or du tremplin dans la discipline du plongeon.
Photo de l’américaine Aileen Riggin
Si l’épreuve de voile sur dinghy se déroula au large de la Belgique pour la 1ère régate, les deux suivantes se déroulèrent au large… des Pays-Bas avec une victoire néerlandaise.
Epilogue
L’organisation de cette Olympiade juste après un conflit mondial, n’était pas évidente mais la Belgique sut relever le défit et proposer une très belle compétition à Anvers. Le podium du classement général fut la reconduction des Jeux de Copenhague où la main mise des Etats-Unis fut à nouveau sans concurrence.
Carte postale Anvers Défilé pour les Jeux
La France recula de la 5ème à la 8ème place mais s’elle obtint plus de médailles, 41 au lieu de 14, et 9 titres au lieu de 7, le nombre d’épreuves était passé de 102 à 154, plus de 50% d’augmentation.
Du côté du Territoire de Belfort, ses athlètes avaient effectué de belles performances en revenant dans la Cité du Lion avec une médaille d’or en boxe avec Paul Fritsch et d’une médaille de bronze par équipe pour les deux gymnastes de La Belfortaine, Georges Thurnherr et Arthur Hermann.
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JM
Référence : Wikipédia, Rapport officiel du CIO JO 1920, Site Olympique
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